L’Est Républicain du mercredi 25 janvier relate la tenue du Forum sur l’Education à l’Environnement et le Développement Durable à Dole. Belle initiative évidemment et bravo aux organisateurs de ce forum ! Sur la même page, le journal publie une interview de J.L., ancien directeur de Météo-France, qui a donné une conférence sur les changements climatiques lors de ce même forum. Bravo aussi à ce monsieur qui ose venir dire ce qui va nous arriver en pleine figure dans les décennies qui arrivent.
Mais je m’interroge quand même sur cette pratique, devenue habituelle, de parler tardivement, trop tardivement peut-être. Je m’explique. Avec ses 6000 personnes (dont beaucoup de chercheurs), on se doute que Météo France sait, depuis très longtemps, énormément de choses sur les changements climatiques en cours (d’autant plus que ces changements climatiques, Monsieur J.L. l’a confirmé, ont commencé dès le début de l’ère industrielle). Mais vous avez déjà vu, vous, un responsable météo venir nous parler, à la télé, des véritables problèmes ? Voilà donc un monsieur extrêmement compétent (il a aussi dirigé la recherche à l’organisation mondiale météorologique) qui, une fois en retraite, vient vendre une prestation de conférencier en présentant devant un parterre de gens convaincus les problèmes à venir. C’est très courageux. Mais n’aurait-il pu dire les mêmes choses, à l’ensemble du grand public, alors qu’il était encore en place et qu’il était payé pour ça ? Ou alors, et c’est pour moi une véritable interrogation, n’avait-il pas le droit de parler à l’époque ? La muselière imposée par le pouvoir ? Le poids des lobbies de tous genres et notamment industriels ? L’indifférence des médias ? Ou tout simplement du grand public ?
Ce type de questions concerne finalement l’ensemble du fonctionnement de notre société, car c’est bien de ça qu’il s’agit n’est-ce pas ? Que disent aujourd’hui les responsables en place ? Pas grand-chose. Pourtant, de grands chercheurs doivent d’ores et déjà savoir que certains produits mis sur le marché, commencent à causer des cancers à la pelle. Est-ce que ça fera comme l’amiante (car on savait tout depuis des décennies) ? On nous annoncera donc en 2030 seulement que depuis l’année 2000, tel produit phytosanitaire est responsable de 3000 cancers par an.
Mais non, je me trompe, tout va bien dans le meilleur des mondes et si Monsieur J.L. n’avait jamais parlé auparavant, c’était évidemment de sa seule responsabilité, le pouvoir n’avait rien à voir avec ça. Et s’il vient aujourd’hui parler devant un cercle restreint, ce n’est que l’illustration … de remords tardifs ! Vous pouvez donc dormir en paix, brave gens, nos dirigeants veillent !
Bernard, tu as raison de t’insurger contre cette double attitude des gens en responsabilité. On peut se remémorer les propos rassurants de certains scientifiques à propos du nuage de Tchernobyl, qui s’est arrêté par altruisme à la douane de Strasbourg pour ne pas nous contaminer ! C’est un collègue prof’ qui a osé dire cela sur les ondes … relayé par des politiques qui ont revu leur copie par la suite ! J’ajouterais à ces comprimissions celle de Charpak qui nous rassure, fort de son prix Nobel : « dormez tranquilles, le nucléaire civil n’est pas dangereux ! Les déchets sont bien gérés et EDF est irréprochable… »
Et tous ces ingénieurs agronomes au service des fabricants d’OGM !!!
Et ces pharmacologues qui mettent sur le marché des molécules à peine testées !
Le débat est ouvert et je suis persuadé que pas mal de gens vont te rejoindre . Roland
Oui, tu as raison, Roland, les scientifiques ont leur part de responsabilités, Charpak comme les fabricants d’OGM et comme d’autres. Rapelle-toi Haroun Tazieff, dans les début des années 80, qui considérait que l’homme n’était pas responsable du trou dans la couche d’ozone mais que ces trous évoluaient de manière aléatoire en fonction des rythmes volcaniques. A qui profite le doute ? Certainement pas, en tous cas, à certaines populations d’Amérique du sud à qui l’on conseille de ne plus aller au soleil, car trop dangereux !