Il y a des formules musicales qui résistent à l’épreuve du temps.
Ainsi, le quatuor à cordes dure depuis près de trois siècles. Haydn a été le premier grand compositeur pour quatuors, Chostakovitch fut sans doute le plus grand parmi les compositeurs récents. Si le quatuor pour cordes dure autant, c’est que l’instrumentation très simple (deux violons, un alto et un violoncelle) produit un son très équilibré et permet l’expression de toute une palette de sentiments et d’états d’âme. Exemple avec un extrait du seul quatuor qu’a composé Maurice Ravel.
Dans un autre genre (et c’est le sujet de mon article d’aujourd’hui), le trio de jazz est l’une des grandes inventions du 20ème siècle, dans un répertoire jazz essentiellement. Là aussi, la formule dure et cela fait 70 ans que toutes les générations de jazz qui se succèdent l’utilisent (un piano, une batterie et une contrebasse : rien de plus simple !), certains musiciens, comme Keith Jarrett, ayant presque exclusivement consacré leur vie entière à ce type d’instrumentation. Parmi les groupes de jazz récents ayant utilisé ce type de trio, j’avais été très impressionné par tous les disques de Brad Mehldau (musicien américain) produits à la fin des années 90 (la série « Art of the trio »).
Mais ce dont j’aimerais vous parler (ou plutôt vous faire écouter) aujourd’hui, c’est la formation construite autour du pianiste suédois Martin Tingvall qui s’est associé au contrebassiste cubain Omar Rodriguez Calvo et au batteur allemand Jürgen Spiegel. Du grand art !!! C’est ma grande découverte du moment (grâce à Sylvain qui m’a fait connaître ce groupe).
Pour celles et ceux qui ont accès aux sites de streaming (Spotify, Deezer, Qbuzz …), écoutez absolument le disque « Birds » paru en 2023 (vous le trouverez facilement), vous allez être conquis !
Un concert de ce trio :
Bonne écoute à tous !
Belle découverte aussi pour moi : j’aime beaucoup d’abord parce que c’est du très bon jazz mais surtout car il y a une joie et une légèreté qui sont une denrée rare en ce moment. Encore !
Et je trouve que ce jazz très moderne est malgré tout très mélodique.
J’ai un album de ce trio, Skagerrak. C’est mignon oui, mélodique oui, très cinématographique. Techniquement irréprochable. Mais ça me lasse assez vite. Tellement lisse, façon Beatles en fait, comme une palanquée de projets jazz actuels que j’ai écoutés. Comme pour beaucoup d’autres genres musicaux, le jazz semble avoir oublié sa capacité de rébellion / perversion (en même temps le jazz est enseigné au conservatoire….). Et c’est ce côté qui me manque, cette face rugueuse qui n’existe plus (bien sûr pour ce que j’ai écouté car je suis certain que plein de projets me contredisent mais que je n’ai jamais entendus). Blues pareil, rock pareil…. Du coup je réécoute Brassens, un vrai punk !
Oui, je comprends bien ce que tu dis, même le jazz est devenu très lisse, très académique. C’est très propre, sans doute extraordinaire d’un point de vue musical (la scène musicale jazz regorge d’excellents musiciens) mais il y manque l’étincelle qui met le feu aux poudres. Peut-être que c’est le lot de tout genre musical (rock y compris) de terminer ainsi. Au bout de quelques décennies où tout a été dit, le genre musical en question entre dans une certaine forme de déliquescence.
Finalement, quand j’ai écoute les joueurs de jazz très anciens (j’écoute en ce moment Bix Beiderbecke dans ses enregistrements de la fin des années 20), j’y trouve infiniment plus mon compte.
Mais Florent, fais gaffe quand même, avec ton type de raisonnement tu vas forcément finir par arriver à Dylan.
Pour revenir à ce que tu dis sur Brassens (auquel je finis toujours par revenir, pour sa qualité des musiques notamment), je me rappelle que parmi les innombrables bouquins qui lui sont consacrés, il y en a un qui s’appelle je crois « Brassens, esprit libre » et c’est sans doute là le qualificatif qui lui sied le mieux.
Et en parlant de Brassens, j’ai lu que les Cancoyote Girls se reforment (avec la géniale Maggy Bolle) et jouent à Miserey (25) en novembre. Il y aura forcément du Brassens au passage !