Cette année, beaucoup de gens se plaignent du peu de fruits sur les arbres, en raison d’un gel qui a eu lieu le 23 avril.
Quand j’étais gamin, les pommiers, pour la plupart, ne fleurissaient pas avant la fin avril. Et certaines variétés anciennes, ne fleurissaient qu’en mai. Cela leur permettait d’échapper au gel.
Aujourd’hui, les changements climatiques se caractérisent notamment par des hivers doux et une quasi absence de gel en fin d’hiver (une seule journée de gel cette année en février, en mars et en avril). Alors, les arbres fruitiers démarrent tôt, beaucoup trop tôt. Et lorsque survient un gel dans la deuxième quinzaine d’avril (ce qui était, il y a peu de temps encore, habituel en Franche-Comté), ça fait des dégâts.
Ce matin, je me rends compte que certaines de mes variétés, toutes anciennes, se mettent seulement à fleurir. Elles devraient donc avoir une belle quantité de fruits à l’automne.
Un article intéressant (je ne sais pas sur quel article le mettre) :
https://www.humanite.fr/sciences/sciences/du-brouillard-et-des-nuages-sans-chaleur-comment-est-ce-possible
Bien évidemment qu’il faut garder précieusement ces anciennes variétés. Elles sont robustes et possèdent une génétique prête à répondre aux défis des changements. Les sélections ne font que garder des avantages liés à la production de fruit et leur saveur en faisant disparaitre les caractères propres à leur permettre de s’adapter. Dit autrement, on a appauvri la variabilité génétique au profit du rendement. Mais dans ce scélérat contexte économique de profit maximum immédiat tes variétés n’intéressent pas, évidemment. Ajoute à cela des consommateurs qui ne veulent que des gros fruits brillant et sans taches. Difficile de s’en sortir.
Alors, garder les variétés anciennes est plus qu’une bonne idée, c’est une nécessité et une forme de résistance à l’uniformisation délétère des variétés standards.
Intervention tardive : je viens d’installer des colonies dans mon rucher. Chou blanc pour les aurores boréales annoncées, tant pis.
Je rebondis sur vos commentaires pour dire que oui variétés anciennes, tardives, c’est top, mais finalement c’est toujours la diversité qui permet de s’en sortir : une autre fois ce seront les variétés précoces qui tireront leur épingle du jeu. L’échelonnement, c’est une bonne tactique.
Je remarque d’ailleurs que le soleil tourne autour d’un de mes pommiers (si si, oubliez les astronomes charlatans !). Eh bien, la floraison s’échelonne selon les aléas climatiques et bien sûr l’exposition des rameaux. Ce qui fait de ce pommier une variété ni ancienne ni moderne : avec ce en même temps, et une variété dénommée nationale, je pourrais la rebaptiser Macron.
Mais elle deviendrait imbuvable.
Avez-vous aussi observé cet échelonnement de la floraison ?
Pendant 4 ou 5 ans, au début des années 90, j’ai noté les dates de floraison de 180 variétés fruitières différentes (le verger de la maison de la nature); La floraison de toutes les variétés s’étalait sur deux mois (du 15 mars avec l’abricotier au 15 mai avec les pommiers tardifs comme la reinette de Savoie).
Certes, cela est intéressant. Cependant, avec le réchauffement climatique, les arbres démarrent plus tôt mais les risques de gel diminuent également plus tôt: n’est-ce pas un mythe de grand-mère que de dire que le risque de pertes par le gel augmente avec le réchauffement climatique? (Je veux dire: les risques de pertes par le gel ne sont pas plus grands à Marseilles qu’à Stockolm parce que les plantes y démarrent plus vite au printemps, ou bien? Cela ne dépend-il pas au final d’une multitude de paramètres locaux? Et les variétés à floraison tardive ne gardent-elles pas simplement le même avantage qu’elles ont toujours eu?)
Bonjour Hildegarde. Oui, je pense qu’il y a plein de paramètres qui jouent mais on voit apparaître tout de même une fragilité nouvelle liée aux changements climatiques comme on le constate par exemple cette année avec le gel de la vigne. Autrefois, un gel dans la deuxième quinzaine d’avril n’aurait pas vraiment endommagé la vigne. Cette année, celui du 23 avril a fait des dégâts considérables.
Cela dit, pour les fruitiers, je ne vois pas d’augmentation ou de diminution des risques au fil des décennies qui passent.
Le mieux, comme le dit Christophe, est de miser sur la diversité de ce que l’on plante.