Ce blog est en congés jusqu’au mercredi 1er mai. En attendant, je vous laisse avec un nouvel exercice littéraire.
Un article proposé par Etincelle :
A la demande de Bernard, je vous propose un atelier d’écriture, le trentième.
Cela faisait longtemps qu’on n’en avait pas eu l’occasion
Je ne doute pas que, comme moi, vous prendrez plaisir à renouveler l’exercice.
Je rappelle qu’il s’agit d’écrire un texte, sous quelque forme que ce soit, contenant les
dix mots suivants …
Creux – groupe – brise – lumineuse – écrin – crête – sereine – merveille – esprit –
soleil
Vos créations sont attendues avec impatience … alors, à vos plumes !
8 heures du matin. Je somnole, encore à moitié endormie. Je suis au creux de mon lit, ce petit écrin douillet que je n’ai pas envie de quitter. Je me suis rarement sentie aussi bien. Je suis sereine, lumineuse même, l’esprit libre, j’ai l’impression de surfer sur la crête de la vague. A travers la vitre de la chambre éclairée par les rayons du soleil, je vois les feuilles du platane agitées par une légère brise. Il fait beau, une belle journée commence. Une vraie merveille !
Et puis tout d’un coup je me réveille tout à fait. Aïe aïe aïe, la réalité est toute autre. Je ne suis pas du tout une jeune fille de 20 ans. Tout ça c’est du rêve. Ce matin je suis devenu un petit vieux du groupe des septuagénaires. 70 ans au compteur aujourd’hui !
Mais il fait effectivement beau, une brise légère souffle, une belle journée lumineuse s’annonce, je suis serein, l’esprit libre … Finalement, ce rêve a du bon !
Petite balade au Creu du Van
Le sentier du Single permet de gravir le cirque depuis le fond, à partir du restaurant de La Ferme Robert. Cette métairie peut accueillir tout groupe de randonneurs dans un cadre typique et où vous ne peut échapper aux röstis. Réservez-y votre table et votre couchage. C’est en effet une idée lumineuse de démarrer tôt la balade : arrivés au sommet, vous serez accompagnés des bienfaits conjugués du soleil et de la brise, et l’ascension sera rendue plus sereine car le site est de plus en plus fréquenté au cours de la journée.
Vous pourrez profiter au mieux de cette merveille de réserve naturelle et de ses richesses biologiques ou paysagères, en savourant l’harmonie qui s’établit peu à peu, lorsqu’on marche, entre le corps, l’esprit et la nature.
Le début de matinée, c’est aussi le bon moment pour rencontrer les bouquetins sur la crête ou au-dessous, dans les éboulis.
Il est encore possible de trouver côte à côte, dans cet écrin de verdure, deux espèces de gentianes, l’une aimant les sols calcaires (la gentiane de Clusius) et l’autre les sols acides (la gentiane de Koch). Les anémones à fleurs de narcisses et les pulsatilles des Alpes s’y trouvent en nombre.
Et, sait-on jamais, vous aurez peut-être la chance de savourer l’odeur de l’Orchis vanillé.
Quant au lynx ou au grand tétras, c’est une autre paire de manches !
https://www.creuxduvan.com/
Creux du Van 2
C’est une idée lumineuse que cette balade au Creux du Van. Cela fait d’ailleurs longtemps que l’envie de parcourir la crête de cette falaise en amphithéâtre trotte dans mon esprit. Deux choses ont empêché ma visite de cette merveille.
D’une part, c’est assez loin de chez moi et cela me brise le dos de faire tant de voiture.
D’autre part, un site si réputé doit attirer plein de promeneurs, surtout si le soleil brille. Un groupe par ci, un groupe par là, cela gâche un peu, même si l’écrin de verdure en question recèle des trésors naturalistes.
Etant plutôt sauvage, je ne suis pas sereine à l’idée d’être dans la foule et préfère les endroits déserts. Mais promis, avant la fin 2025, je viendrai au Creux du Van.
ATTENTION, cela n’est pas un texte avec les mots demandés.
Je remets ci-dessous un texte que j’avais écrit pour le A vos plumes n°28 car dans le cadre de ce A vos plumes n°30, je vais faire une suite.
La petite crête
Déterminée, elle chemine sur la crête effilée de l’éperon rocheux.
Cette si jolie petite crête qu’elle a découverte un peu par hasard un jour de balade solitaire. Elle savait qu’elle reviendrait ici encore, toujours et enfin. L’éperon rocheux domine les Gorges de la Bourne, là où elles s’évasent pour abriter le village de La Balme de Rencurel dans son écrin vert de prés parsemés de villardes.
Sereine, elle chemine sur la crête effilée de l’éperon rocheux.
Pas à pas, elle avance tranquillement, l’esprit déjà tourné vers ailleurs. Elle est prête. Autrefois, son regard aurait été attiré par le bleu profond de la gentiane à feuilles étroites, le rose délicat de l’œillet de Grenoble ou le jaune vif du passerage des montagnes. Ou bien, son ouïe aurait été alertée par le chant du pinson des arbres, le tambourinage du pic noir ou l’aboiement d’un chevreuil vers la Roche Chalve. Elle aurait aussi pu tendre son visage à l’agréable petite brise rafraîchissante remontant la vallée. Aujourd’hui, rien ne distraira son attention.
Concentrée, elle chemine sur la crête effilée de l’éperon rocheux.
Encore quelques mètres. Elle songe à ces jours heureux passés ici même, seule ou avec ses plus chers amis avec qui elle voulait partager sa petite crête. Elle est maintenant arrivée au bout de l’éperon. Elle imagine son âme (qui sait ? Pourquoi pas ?) se libérer de son enveloppe charnelle et, lumineuse, virevolter quelques instants le long des parois rocheuses parées de potentilles caulescentes, avant de se nicher au creux d’une anfractuosité. Jusqu’au jour où elle serait appelée de nouveau dans le monde des humains.
Déterminée, sereine, concentrée, elle chemine sur la crête effilée de l’éperon rocheux.
Pour la dernière fois, elle dirige son regard vers le soleil …
Le dernier cheminement
Trois jours plus tôt à l’aurore, sereine, elle avait quitté Autrans avec dans son sac à dos, quelques litres d’eau, son gros duvet et une lampe frontale. Elle n’avait pas besoin de plus. Elle voulait libérer son corps et son esprit de tout ce qui les encombrait. Son corps en jeunant, son esprit en évacuant toutes les pensées toxiques qu’il pouvait recéler.
La journée s’annonçait belle. Le soleil n’avait pas encore fait son apparition au-dessus de la crête de Charande mais le ciel était d’une pureté incomparable et à l’est, derrière elle, les sommets étaient auréolés d’une couronne lumineuse. Le village s’éveillait tout juste : à part quelques chats en maraude, pas grand monde. Personne ne la vit s’éloigner, de ce pas tranquille qui conduit loin. Un délicat petit banc de brume matinale traînait à ras du sol dans la plaine. Les vaches semblaient flotter dans leur pré. Des vaches qui lévitent, avait-on jamais vu ça ? Elle se retrouva au pied de la pente sans même s’en rendre compte tant son esprit avait été distrait par ce spectacle insolite. Malgré son âge tout à fait respectable, les muscles de ses jambes fonctionnaient à merveille. Ah ! Qu’elle aimait sentir ses mollets entrer en action, s’étirer et se rétracter efficacement et sans aucune douleur. C’était sa petite jouissance personnelle, fruit de toutes ces belles années à parcourir à pied les montagnes de la Terre.
Lorsqu’elle attaqua la montée, la lumière du soleil avait atteint le sommet des rochers de Pertuson. Mais l’astre solaire restait encore caché et la plaine demeurait dans l’ombre. A mesure qu’elle s’élevait, la lumière descendait et elle la rencontra à mi-pente. La forêt s’illumina alors instantanément, créant de mystérieux jeux d’ombre et de lumière. On aurait dit une nuée d’elfes malicieux jouant à cache-cache avec elle. Après une pause au Pas de Pertuson, elle continua vers le sud pour rejoindre la piste forestière de Pertuson qui conduit à la route des Feuilles. Ici, elle décida de remonter la piste de ski alpin pour emprunter ensuite la piste des Abeilles. La pente était plus raide sur la piste de ski et elle dut s’arrêter un instant pour reprendre son souffle. A son âge ! Mais ce petit crochet pentu lui éviterait de marcher sur la route goudronnée, ce qu’elle n’aimait guère. Enfin, la piste des Abeilles atteinte, il ne restait plus qu’à la suivre par une succession de faux plats montants ou descendants sans difficulté, qu’elle connaissait bien pour les avoir souvent parcourus à ski de fond. De grands bouillons blancs montaient la garde sur le bord du chemin comme des petits soldats bien disciplinés. Elle s’amusa à les saluer chacun par un prénom qu’elle inventait au fur et à mesure : Ernest, Magloire, Gustave, Eugène, Ferdinand … Elle pouvait bien s’amuser un peu à faire l’enfant. Qui viendrait le lui reprocher ? Ou se moquer d’elle ?
Soudain, une tache fauve posée sur le blanc d’un rocher attira son regard. L’hermine ! Cette dernière l’observait avec curiosité, sautait se cacher dans un creux derrière le rocher, revenait, retournait se cacher et trop curieuse revenait, dans un incessant et charmant manège. Quel régal que d’admirer ce petit animal sauvage dans son élément. Aujourd’hui, les dieux de la montagne avaient-ils décidé de lui envoyer des signes ? Les vaches en lévitation, les elfes malicieux, la gracieuse hermine. Etait-ce pour l’encourager ? Pour lui signifier leur bienveillance envers sa démarche ?
Elle parvint enfin au bout du chemin, à l’endroit où démarre le dernier sentier qu’elle devrait emprunter pour atteindre son but. Avant d’attaquer cette ultime pente, elle prit le temps d’admirer la dorine à feuilles alternes, merveilleuse et originale petite plante qu’elle savait se trouver là, dans cet écrin humide du talus.
C’est avec émotion qu’elle entama la montée qui serait cette fois sans retour.
Dans la Combe du trou de Vau, un groupe de merles à plastron l’égayèrent un moment puis bien vite, elle fut sous la crête qu’elle pu rejoindre à travers bois. Un petit point de vue permettait d’admirer le panorama avec le village de Rencurel juste en-dessous, environ 800 mètres plus bas, ses fermes et quelques habitations plus récentes dont une avec une piscine : un rectangle bleu incongru dans ce paysage à la fois campagnard et montagnard.
Il ne lui restait qu’a suivre la ligne de crête vers le sud pendant une dizaine de minutes pour parvenir à « sa » petite crête où elle s’assit face au vide, délicieusement rafraîchie par une légère brise bienvenue. Après cette longue marche, le temps de la contemplation et de la méditation était venu.
Sous la crête du punk, pas d’idée lumineuse. Si dans son écrin, l’esprit c’est merveille, rien de nouveau sous le soleil,.
Ce texte creux d’une sereine bêtise, brise, peut-être, l’enthousiasme de ce petit groupe de fans d’écriture.
Les paroles s’envolent l’écrit dure…
Non non, une jolie petite virée punk, c’est un excellent détournement !
Au creux de son écrin de velours noir, la lumineuse pierre précieuse brille de mille feux. Quelle merveille ! Alice passe la bague à son doigt et la fait miroiter sous le soleil matinal émergeant au-dessus de la crête. C’est comme si la lumière irisée de la pierre apaisait son esprit. Maintenant sereine, elle brise alors le silence pour remercier son groupe d’amis du beau cadeau.
Dans un autre genre que nos exercices littéraires, pour ceux qui aiment les films d’animation japonais, un bonne nouvelle :
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2024/04/17/le-studio-ghibli-recevra-une-palme-d-or-d-honneur-a-cannes_6228372_3476.html
Je ne suis pas du tout cinéphile mais je connais une vingtaine de films des studios Ghibli et franchement j’adore ! Ceux que j’ai sont tous en blu-ray et je peux les prêter à celles et ceux qui n’habitent pas trop loin de chez moi.
Ah! Encore un admirateur de Hayao Miyazaki.
Oh, « admirateur » est un bien grand mot. Disons que je préfère les films d’animation aux films et que l’œuvre de Miyazaki, très au-dessus du reste de la production sans doute, me suffit dans ce domaine-là.
Dans l’ordre décroissant de mes préférences :
– le théâtre (très loin au-dessus du reste)
– les séries télévisées
– les films d’animation
– les films
Oui je sais, je suis un peu anormal …
Il semble que les ateliers d’écriture du blogadupdup ne passionnent plus les foules
Bon, ben, je suis un peu confuse de vous envahir avec mes histoires, mais j’ai encore écrit une suite au texte précédent, et avec les bons mots, évidemment.
En tout cas, moi, je m’éclate avec cet exercice …
La terrasse dans la falaise
Lorsqu’elle reprit pied dans la réalité, le soleil avait décliné sur l’horizon à l’ouest, par delà les Monts du Matin. Il était temps pour elle de s’installer dans le dernier logement qu’elle s’était choisi. Après un retour de quelques mètres en arrière le long de la crête, elle trouva le câble métallique qui lui permettrait de descendre dans la falaise. Sereine, car l’ayant déjà pratiqué, elle saisit le câble.
Le jour où elle avait découvert ce câble, il y a bien longtemps, elle avait pensé qu’il devait y avoir ici un passage qui permettait de franchir la barre rocheuse. Mais non, le câble, prolongé par une corde conduisait à une incroyable et magnifique terrasse en bois, construite dans un creux de la falaise, véritable écrin rocheux vertigineux. La terrasse était bordée d’un garde-corps rustique mais solide et agrémentée d’une grande table, de deux bancs et d’un coin pour faire un feu. Quelle merveille ! Cette découverte l’avait ébahie. Qui avait bien pu construire cette terrasse en plein ciel ? Elle avait tout d’abord songé à des chasseurs mais après avoir mené sa petite enquête, elle avait compris que la construction avait été l’idée d’un groupe de jeunes grimpeurs et accompagnateurs en moyenne montagne du plateau. C’était là une riche idée qu’ils avaient eu et elle n’avait pas manqué, à de nombreuses reprises, d’amener des amis pour un apéritif ou une soirée sympa dans cet endroit insolite et magique.
Son installation fut rapide. Elle n’avait pour tout matériel que son duvet et sa lampe frontale, Petzl bien sûr, offerte par son ami Rémi qui travaillait chez ce grand fabricant de matériel de montagne. Elle prit le temps de faire un feu avant de se blottir au chaud dans son sac de couchage, sans manger puisqu’elle n’avait pris aucun aliment dans l’intention de jeuner. Elle voulait consacrer les deux journées suivantes à revenir sur sa vie et revivre en pensée certains des bons et mauvais moments qu’elle avait pu connaître, tous ces instants vécus qui font une vie. Pour l’instant, elle ne désirait que rêver sous les étoiles, bercée par les nombreux bruits nocturnes de la nature.
Les étoiles … Combien de fois avait-elle contemplé la voûte céleste lors de ses bivouacs en montagne ? Chaque fois, elle avait l’impression de se perdre dans cet infini : une sensation de vertige. Elle était pourtant habituée à côtoyer le vide sans aucun malaise mais là, face aux étoiles … La notion d’infini n’est pas si difficile à comprendre en théorie mais elle est difficile à appréhender, déroutante, lorsqu’on se trouve confronté physiquement à elle.
Ce soir encore, bercée par la bienveillance de la lumineuse voie Lactée, loin du monde, elle s’égara longuement dans le vide sidéral jusqu’aux confins de l’espace avant de sombrer dans les bras de Morphée.
Au petit matin, le mélodieux et délicat gazouillement des oiseaux la réveilla tout en douceur. La falaise où elle nichait était exposée au nord-ouest. La brise étant plutôt fraîche, il faisait un peu froid, aussi se permit-elle de demeurer dans son douillet et chaud duvet.
De toute manière, rien ni personne ne l’attendait.
Alors que l’astre solaire entamait sa trajectoire circulaire de la journée, elle se laissa peu à peu pénétrer par les bruissements de la nature qui s’éveillait, jusqu’à ce qu’ils deviennent comme un bruit de fond berçant son esprit.
En allant fouiller d’abord au plus loin, celui-ci s’engagea alors dans son ultime rétrospection …