Le retour du grand taille-crayon !

Cela faisait au minimum un siècle qu’il avait disparu de la vallée de l’Ognon.

Mais aujourd’hui, le castor est de retour dans ma commune.

Imaginez mes battements du cœur (ma plus grande émotion naturaliste jusqu’à présent ?) lorsque je suis tombé ce dimanche (il y a deux jours donc) sur ceci :

20 réflexions au sujet de “Le retour du grand taille-crayon !”

  1. J’ai eu la même émotion quand j’ai trouvé les mêmes traces d’activité du castor le long de la Loue , à Chenecey, il y a environ 5 ans. Ces rongeurs sont d’une efficacité surprenante, et ils trouvent bien à mettre sous leurs dents les bois tendres …..
    As tu fait un affût pour quelques photos, et as-tu trouvé leur « gîte » qui est plutôt un terrier creusé dans la berge et non pas une hutte construite avec une couverture de baliveaux ?
    A suivre….
    A+, JPH.

  2. Pour l’instant je laisse le site tranquille. S’il y a une possibilité d’observer d’assez loin, je le ferai ce printemps.
    Le site est quasiment impossible à trouver, très caché.

  3. Je ne sais pas quand il a disparu précisément de la région. La seule chose que je sais c’est qu’il n’existait plus que dans la basse vallée du Rhône au début du XXème siècle.

  4. Ah il faudrait parler de ces émotions naturalistes, en lieu et place de celles des chasseurs qui veulent monopoliser ou capitaliser la nature ! Ils n’en sont pas tous, mais c’est une sale période.
    Bernard : si tu uses de tes compétences avérées avec bien d’autres animaux à plumes ou à poils, je pense que tu sauras établir une relation solide avec ton nouvel ami pour construire ta prochaine cabane-affût !

  5. Je ne sais pas, Bernard, si c’est toi qui as inventé cette expression « grand taille-crayon » pour parler du castor ou si cela vient d’ailleurs mais cela reflète vraiment la réalité. C’est en tout cas chaque fois l’idée qui m’est venue à l’esprit quand j’ai vu le travail du castor, au Canada, en Alaska, et plus récemment tout près de chez moi sur les berges de l’Isère entre Romans sur Isère et Châteauneuf sur Isère.
    Très heureuse pour toi. Ta plus grande émotion naturaliste à ton âge, ce n’est pas rien quand même (Oups ! je crois que j’ai dit une bêtise … Mais non, je ne pensais pas que tu es très agé :blush: :biggrin: ).
    Tu vois, finalement l’année ne commence pas si mal que ça.
    Allez, même si ce n’est pas vraiment évident, il faut essayer de rester optimiste :wink:
    Brel a dit dans sa magnifique chanson « Fernand » : « Les hommes sont tellement cons qu’ils nous f’ront bien une guerre » (de mémoire)
    C’est déjà fait ! mais …
    Moi je dis :
    Les hommes sont tellement intelligents qu’ils vont bien réussir à trouver la clé pour sortir de ce m… vers lequel nous nous dirigeons à grand pas.
    Euh, je ne suis pas sûre d’y croire :unsure:

  6. A noter que le Castor nord-américain, qui est une autre espèce, est beaucoup plus bâtisseur que notre espèce eurasienne. Il peut y avoir des constructions de barrages mais ça reste tout de même peu fréquent et cela n’arrive que lorsque la rivière a peu de largeur (ce qui n’est pas le cas pour l’Ognon chez moi). Ici, le gîte sera plutôt un terrier creusé dans la berge, comme l’a dit Jean-Pierre ci-dessus, plutôt qu’une hutte.

  7. J’imagine que de loin, si on ne voit pas la queue, on puisse facilement le confondre avec un gros ragondins ? Je vais être plus attentif !

  8. Il y a plusieurs critères de différenciation. Parmi ces critères :
    – la taille : un castor atteint un mètre sans la queue (le poids d’un chevreuil) alors que le ragondin ne dépasse pas 60 cm.
    – les incisives supérieures du ragondin sont oranges alors qu’on ne voit jamais les incisives supérieures chez le castor
    – chez le castor, seule la tête émerge à la nage alors que chez le ragondin on voit le dos
    – chez le ragondin, les narines apparaissent nettement de face alors qu’elles pointent sur le côté chez le castor.

  9. Etincelle, le nom de « taille-crayon », je crois que c’est Christophe qui l’a utilisé un jour sur ce blog, alors je lui ai piqué l’expression qui me plaît beaucoup.

  10. Ca fait des années qu’il est de retour dans la rivière Doubs. On constate de nombreuses traces mais alors pour en voir un…. Personnellement jamais. Un collègue pêcheur 1 fois très tôt le matin… Discret le bestiau

  11. ça fait des années aussi qu’il est présent sur l’Ognon, mais je ne savais pas qu’il était déjà aussi en amont. Je m’attendais à son arrivée dans les 2-3 ans qui viennent.
    Bien que discret, je le verrai sans doute cette année. En tous les cas, je vais m’y atteler.

  12. L’appellation grand taille-crayon n’est pas de moi ! Je l’ai entendue dans la bouche de Jean-Philippe P un naturaliste franc-comtois bien connu. Je le crois capable d’avoir inventé l’expression mais quand on voit ces arbres coupés et qu’on constate qu’une des marques de taille-crayons s’appelle Kastor…
    https://www.lerendezvousdesign.com/accessoires-bureau-design/taille-crayon-kastor-alessi.html

    Et puis pour observer la bête c’est une autre paire de manches : c’est une espèce très difficile à voir de jour, ce qui rend l’observation des critères compliquée.

  13. Les deux vidéos sont très très belles, la première donne une très belle idée des ambiances nocturnes dans lesquelles évolue le castor.

  14. Je regarderai ça ce soir !
    En ayant visionné qq minutes de la première vidéo (remarquable) cela me rappelle ma seule observation directe du castor en forêt rhénane très tôt le matin : le déplacement était tellement lent que je me suis demandé si j’avais rêvé. Cette vidéo montre un autre mammifère très présent dans le lit mineur des rivières : la chauve-souris ! Le murin de Daubenton par exemple adore les eux calmes et les forêts, il est donc très présent en Franche-Comté mais encore plus difficile à observer que le castor car il est exclusivement nocturne.
    La rivière nocturne (ou le marais et même la forêt), c’est un monde incroyable.

  15. Christophe, est-ce que tu sais quand le castor a disparu de la vallée de l’Ognon ou de Franche-Comté ?
    Dans ses voeux, le maire du village va parler demain soir du retour du castor mais personne ici ne sait quand il a disparu.

  16. Le castor était répandu en France il y a plusieurs centaines d’années. Le XVIIème siècle est celui de l’hécatombe. Il n’y a jusqu’en 1986 aucune donnée historique de présence. Cette année là, en juillet, c’est un couple de Canadiens (sic) qui observe l’espèce sur la Jougnena commune de Jougne (je m’y étais rendu avec Dominique Michelat), en provenance de la Suisse où des réintroductions ont eu lieu dès 1958. Ce retour sera de courte durée : en 1987, le site est déserté. Cf article dans Falco N°22, fascicule 1 de 1987.
    A noter que dans cet article il est déjà fait état du retour improbable par ce cours d’eau qui prend sa source au pied du Suchet s’écoule vers la mer du Nord via l’Orbe.
    Les grosses populations de castors se trouvent alors dans le bassin versant du Rhône.
    En 1972, Robert Hainard (une référence monumentale) constate que le castor a remonté la Saône jusqu’à Mâcon.

    Le reste se trouve dans la monographie sur le castor. Site LPO Bourgogne Franche-Comté : http://franche-comte.lpo.fr/index.php?m_id=20136
    Afin d’éviter sa disparition, le Castor fut protégé dès 1909 dans les départements des Bouches-du-Rhône, du Gard et du Vaucluse (première espèce protégée au niveau national). Par la suite, une lente et progressive recolonisation du bassin rhodanien s’opéra vers l’amont. Depuis le début des années 1960, une vingtaine d’opérations de
    réintroduction concernant environ 270 castors a été réalisée à partir de la souche rhodanienne. Aujourd’hui, l’espèce est présente à des degrés divers dans 53 départements, essentiellement dans la moitié Est et le centre de
    la France.
    La recolonisation (colonisation car pas de trace historique ?!) a ensuite été constante et assez rapide finalement « suite au franchissement par le Castor de la ligne de partage des eaux entre la Moselle et la Saône au cours des
    années 2000 ».
    Voilà un petit aperçu historique.
    Et d’autres infos récentes toujours sur le site LPO :http://franche-comte.lpo.fr/index.php?m_id=20176

  17. PS : la revue Falco était publiée par le Groupe Naturaliste de Franche-Comté (GNFC), une association qui m’a permis de rencontrer un autre mammifère proche de la rivière : Dupdup ! Ça c’était en 1983 je pense. Le gaillard a surtout colonisé le jardins :wink:

  18. J’aurais dû supprimer l’extrait « Aujourd’hui, l’espèce est présente à des degrés divers dans 53 départements, essentiellement dans la moitié Est et le centre de
    la France. » car le aujourd’hui dans cette monographie est largement dépassé.

  19. Je viens d’achever le visionnage de la première vidéo donnée par Fifi (c’est plus court ;-)
    C’est vraiment remarquable pour plein de raisons : sujet, cadrage, montage… esthétique !
    Aujourd’hui, les moyens techniques rendent accessibles une image de la nature incroyable. Mais c’est la conséquence d’une acuité d’observation issue d’une connaissance remarquable et d’une patience absolue dans des conditions difficiles. Robert Hainard doit se retourner dans sa tombe !

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