L’année au jardin n’est jamais vraiment finie. Une saison de récolte se prolonge par une autre saison de récolte, même en hiver, et ainsi de suite.
Pour l’instant, si de nouvelles productions se profilent pour l’hiver (choux, poireaux, carottes, chicorées, …), on en est encore à la récolte des légumes qui craignent le froid et qui doivent être arrachés avant le gel ou les grands gels. Ainsi les patates douces récoltées le week-end dernier.
De l’avis presque unanime, les récoltes 2021 sont à marquer dans les annales (à quelques exceptions de légumes près, comme les tomates).
Comment expliquer la belle année 2021 année au jardin ?
J’y vois deux explications principales.
La première, c’est que pour la plupart des plantes potagères, l’optimum de fonctionnement (la photosynthèse) se situe entre 15 et 25°C. C’est exactement ce que nous avons eu cette année, vu qu’il n’y a pas eu d’excès de température (il faut savoir que la plupart des plantes s’arrêtent de fonctionner à 35°C, température vite atteinte en plein soleil les années précédentes).
Deuxième explication : la disponibilité de l’eau. Car, outre le facteur « température », le facteur limitant reste, bien entendu, l’eau. Or, de l’eau nous en avons eu bien plus que d’habitude (25% en plus chaque trimestre, par rapport aux moyennes habituelles) et cette abondance d’eau a favorisé la plupart des plantes. Les légumes n’en ont jamais manqué (sauf en avril, ce qui explique d’ailleurs que les semis précoces n’ont pas forcément été de grandes réussites).
Mais cette situation, idéale à bien des égards, n’est pas sans contreparties. Qui dit « pluie et humidité », dit aussi « maladies cryptogamiques ». Et, si pour la plupart des légumes l’année a été très bonne, voire exceptionnelle, les quelques légumes sensibles au mildiou ou à l’oïdium en ont fait les frais. Et les quelques rares légumes (ou plutôt fruits-légumes) à avoir besoin de chaleur n’ont pas bien, eux aussi, profité de l’année.
Donc, très bonne année en général pour au moins une vingtaine de sortes de légumes, mais bien moins bonne pour trois ou quatre autres. Donc bilan largement positif quand même.
Cette année, j’ai énormément discuté avec des jardiniers (il se passe rarement une journée sans que je discute « jardin » avec quelqu’un) et tout le monde (ou presque) a été enthousiasmé par cette saison … sauf pour les tomates !
Voici dans le détail, le bilan que je peux tirer de l’année. Ce bilan est le fruit de mes observations mais, chaque fois que j’ai pu, j’ai croisé mes informations avec celles qui m’ont été données par mes copains jardiniers.
Voici ce bilan, en utilisant l’ordre alphabétique qui, finalement, est le plus pratique.
- ail : bonne récolte, dans la moyenne des autres années.
- aromatiques : que du bonheur (les roquettes, basilics, moutardes … qui, les étés précédents, montaient en graine à la vitesse grand V, ont pris le temps de pousser harmonieusement).
- aubergines : tout s’annonçait très décevant (manque de chaleur) mais étonnemment il y a eu une production d’automne plus que correcte (on a cueilli les dernières le 25 octobre).
- betteraves rouges : exceptionnel ! Des tailles rarement atteintes !
- carottes : dans la moyenne des autres années (à nuancer cependant : semis précoces avec rendements faibles, par contre semis tardifs avec très bons rendements).
- chou : une année comme on n’en avait pas vu depuis plusieurs années, il était devenu impossible d’en récolter en plein été, alors que cette année … !!! Les jardins en regorgent encore.
- concombres : exceptionnel ! Récolte jusqu’au 15 octobre.
- côtes de bettes : très bonne année (comme pour tous les légumes-feuilles).
- courgettes : production continue de juin à l’automne (j’en ai encore quelques-une à cueillir).
- échalote : j’ai oublié d’en planter, je n’ai pas de retour de mes amis jardiniers.
- fruits du verger : mauvaise année, mais après une année 2020 incroyablement excédentaire, on s’y attendait !
- haricots : année exceptionnelle avec une production d’arrière-saison étonnante (avec un petit bémol cependant : ceux qui ont voulu tenter des semis précoces fin avril ont constaté l’échec de ces premiers semis, mais pour la suite de l’année, que du bonheur !!!).
- melons et pastèques : quasiment néant.
- oignon : exceptionnel, c’est même du jamais vu à ma connaissance !
- patate douce : récolte très abondante, ce qui est assez étonnant pour des plantes réputées pour aimer la chaleur.
- petits fruits rouges : très bonne année, mais énormément de fruits consommés par les oiseaux (merle et fauvette principalement, également rouge-queue et pic épeiche).
- petits pois : rien à dire sur le sujet vu que j’ai oublié d’en semer, mais mes amis ont eu de super résultats au printemps, plus mitigés à l’automne.
- physalis : moins de fruits mais plus gros et plus goûteux.
- poireaux : jamais eu des poireaux aussi gros à l’automne, leur croissance s’est faite très vite.
- poivron et piments : année de bonne production, mais difficulté pour certaines variétés à ariver au stade de pleine maturité.
- pommes de terre : année exceptionnelle, sans doute la meilleure des 20 dernières années.
- potirons et courges : tout le monde au eu de bons résultats cette année, mais pas moi (et je n’en comprends pas la raison).
- salades : une situation redevenue normale : les laitues n’ont pas monté en graines aussi vite que les étés passés et la production a été régulière toute la saison, du printemps à l’automne. Production d’arrière-saison plus qu’exceptionnelle (on a rarement eu des conditions aussi bonnes).
- tomates : pour ma part, nettement en retrait par rapport aux années précédentes (3 mois de production au lieu de 5 mois) mais un ami est passé à la maison hier et m’a dit qu’il en avait encore quelques-unes à consommer (plantées à bonne exposition contre sa maison).
Bilan donc très positif mais curieusement, quelques personnes, qui ici avaient pris comme principe de ne pas travailler la terre, ont connu plein de déboires et n’ont pas eu ces résultats. Explication : la pluie a « dammé » le sol, celui a été tassé bien plus qu’à l’accoutumée et la terre (qui, chez beaucoup d’autres jardiniers, est travaillée après chaque pluie) a été bien moins aérée que d’habitude. Deux personnes, qui avait cru bon pailler leurs pommes de terres, ont même vu tous leurs tubercules pourir dès le printemps.
Mais bon, voilà, ce sont les aléas du jardin, chaque année est différente de la précédente et ça permet à chacun d’affiner ses méthodes.
Je persiste cependant à penser que le binage régulier de la terre compense les excès dans un sens ou dans un autre. En période de sécheresse, il permet d’améliorer la disponibilité en eau pour les plantes et favorise le développement des racines (d’où la fameuse expression « un binage vaut deux arrosages » qui est certainement l’expression la plus connue des jardiniers). A l’opposé, en période de fortes pluies, il permet d’aérer la terre asphyxiée par le surplus d’eau et favorise, là aussi, le développement du système racinaire. Avec le binage, on est donc gagnant dans tous les cas.
Une terre meuble, qui favorise donc la migration de l’eau dans le sol (par capillarité) et le développement des racines, voilà bien le principe le plus important du jardin.