Dernier jour de février en Franche-Comté : des oiseaux qui construisent déjà leurs nids, qui ne viennent plus au poste de nourrissage, des gens qui sortent les parasols, qui font des barbecues, qui se déshabillent (j’ai même vu quelqu’un torse nu hier), c’est sans doute du « jamais vu » ici …
C’est pareil chez vous ?
Et comme les plantes fleurissent très tôt, une petite devinette botanique : c’est quoi ça ?
Lorsqu’on vient d’être élu, il y a « un moment de grâce », un moment où les gens « attendent pour voir ». Alors les nouveaux élus prennent parfois des mesures symboliques, pas forcément de grandes mesures, mais juste des décisions qui leur permettent de jalonner le début de leur mandat, de poser leurs marques.
Parfois je me pose la question « Tu ferais quoi, toi, si tu étais à leur place ? ». Et j’ai des tas d’idées qui me viennent par la tête.
Parmi ces idées, je vous en livre une toute petite (j’en ai des tas d’autres, mais c’est pour plus tard) : Je déclarerais illégal le démarchage téléphonique et je punirais sévèrement cette intrusion violente dans la vie des gens (ceux qui suivent assidûment les discussions de ce blog savent que c’est Jacqueline qui, du haut de ses 88 printemps, m’a soufflé cette idée).
Et vous, vous prendriez quoi comme « petites mesures » ?
Les amateurs de séries sont peut-être passés à côté de la série « Treme » (prononcez : Trémé) parue il y a une dizaine d’années. J’en parle seulement aujourd’hui car on vient juste de finir de la visionner (4 saisons, soit 36 épisodes de presque 1 heure chacun). Cette série est considérée comme une très bonne série, malgré le fait qu’elle n’ait pas eu beaucoup d’audience (elle a tout de même été diffusée en France sur France Ô). Mais la chaîne qui l’a produite (HBO) est réputée pour son engagement militant à faire des séries qui collent à la vie sociale américaine, en tournant de nouvelles saisons, même lorsque l’audience n’est pas au rendez-vous (cette chaîne a produit notamment The Wire, Les Soprano, Six feet under …). L’auteur de cette série, qui avait déjà réalisé The Wire (« Sur écoute ») est David Simon.
Le thème de cette série : la vie à la Nouvelle-Orléans après le passage de l’ouragan Katrina en 2005. La série raconte la vie d’une dizaine de personnes, venues de tous horizons, dans le quartier de Treme. La plupart de ces personnes sont amenées à se rencontrer pendant la série. La vie à la Nouvelle-Orleans est difficile pour presque tout le monde : barmans, cuisiniers, musiciens, enseignants, personnes en recherche de disparus, avocats … La vie est d’autant plus difficile que les croques-morts vieillent. Quand je dis « croques-morts », je veux bien entendu parler de tous ceux qui profitent de la situation chaque fois qu’un malheur s’abat sur le monde, et vous avez donc peut-être deviné qu’on croise aussi dans cette série des politiciens véreux (ouh le beau pléonasme !), des promotteurs, des financiers, des flics corrompus, des compagnies d’assurance, des meutriers, …
Le quartier de Treme est riche de la diversité des gens qui le peuple : noirs, blancs, asiatiques et même des indiens (22 tribus sont recensées à la Nouvelle-Orleans). C’est donc un quartier multiculturel dans lequelle les différentes communautés semblent plutôt bien s’entendre.
Je vous ai cité la plupart des ingrédients qui font de cette série une série très intéressante. Mais le véritable plus de cette série, c’est la musique. Car, bien évidemment, la musique est partout à la Nouvelle-Orléans. C’est quand même la ville de Louis Armstrong, de Sidney Bechet , de Fats Domino, … ! La musique est dans la rue, dans les bars, dans les circonstances difficiles (enterrements) ou heureuses (le carnaval), elle est partout et plusieurs personnages que l’on suit pendant la série sont d’ailleurs musiciens. Il y a du jazz, bien évidemment, du rythm and blues, de la country et plein d’autres musiques. Beaucoup de musiciens jouant dans la série sont de la Nouvelle-Orleans et jouent leur propre rôle (on y rencontre notamment Fats Domino et Dr John qui étaient encore vivants à l’époque du tournage). La série laisse donc une large part à la musique et c’est notamment à travers la vie des musiciens qu’on découvre la vie de la ville (et ses problèmes).
En temps normal je n’aurais sans doute pas parler de cette série ancienne sur le blog. Mais voilà, les séries consacrées à la musique, ce n’est pas si fréquent que ça !
On trouve quelques extraits de Treme sur Youtube, en voici cinq :
Pour amateurs de jazz (qui ne peuvent pas passer à côté de cette série) mais aussi, bien évidemment, pour tous les autres !
Pour celles et ceux d’entre vous qui n’habitent pas trop loin de chez moi, je peux prêter l’intégrale en DVD.
Au Parlement, on vient d’étudier une loi sur la souffrance animale.
Une loi vidée de sa substance dès le début des discussions, vu qu’il était hors de question d’aborder la première cause de souffrance : l’élevage industriel … Ni, bien évidemment, la chasse à courre et la corrida !
Et on fait ça sous la pression de qui … ? : des amis des animaux … qui n’hésitent pas, entre deux tranches de foie gras, à castrer leurs chats et leurs chiens.
C’est fou, dès qu’on s’intéresse à quelque chose de précis, on a l’impression qu’on va s’enfermer dans quelque chose de très réduit, un monde minuscule, mais c’est le contraire qui se passe et à chaque fois on se rend compte qu’on pénètre dans un monde infini. Celui qui déciderait par exemple de s’intéresser à la musique italienne du 17ème siècle pourrait y passer sa vie tellement le sujet est vaste, celui qui déciderait d’aborder le monde des papillons nocturnes ne verra jamais le bout de son sujet … Mais ça, vous le savez tous …
Lorsqu’on parle de biodiversité, on pense aussitôt aux espèces sauvages. Et on pense plus rarement à la diversité des plantes cultivées (ou des animaux élevés). C’est un sujet qui m’intéresse énormément. Ainsi, par exemple, je me penche depuis un an sur la diversité des houblons (je vous laisse deviner pourquoi …) et on a décidé, avec Christophe (d’Etuz) et Jacques, de mettre en place un mini-conservatoire sur le sujet (pour notre usage personnel, bien évidemment !) Déjà une quinzaine de variétés ! Et là, même chose, dès qu’on est entré dans ce monde-là, tout est devenu immense. Je savais qu’il existait plusieurs dizaines de variétés de houblons et je pensais que ça allait être dur de s’y retrouver ! Mais voilà-t-y pas qu’un site internet vient de naître et décrit, non pas vingt ou trente variétés mais 316 ! Bon, c’est pas grave, je prends d’ores et déjà l’option de vivre jusqu’à 150 ans pour avoir le temps de défricher un peu le sujet !
Autre exemple, et j’en arrive au sujet d’aujourd’hui : les tomates. Ce thème a déjà été traité de 1000 manières sur ce blog et on est loin d’avoir tout dit sur le sujet. Là aussi c’est un domaine inépuisable. La plupart des gens pense que les variétés anciennes ont été remplacées par des variétés modernes. C’est vrai pour les tomates achetées dans le commerce (sauf chez des tous petits producteurs) mais ce n’est pas vrai pour les variétés proposées aux jardiniers amateurs. L’offre est immense (plus de 16 000 variétés recensées) et ne fait qu’augmenter au fil des années. Pourquoi augmente-t-elle ? Tout simplement parce que partout dans le monde il y a des passionnés qui consacrent leur temps à obtenir de nouvelles variétés (en croisant d’abord deux variétés entre elles, puis souvent en recroisant avec une troisième, voire une quatrième). Et ces variétés ne sont proposées ensuite aux jardiniers que lorsqu’elles sont stabilisées (il faut au minimum 7 générations de tomates pour y arriver, d’où un travail immense). Ces variétés sont donc dites « reproductibles » (contrairement aux hybrides F1 vendues par les semenciers).
Le chef de file de ces « hybrideurs-développeurs-créateurs » (je ne sais pas quel nom utiliser) est Tom Wagner (USA) qui a obtenu en 1985 la première tomate verte (Green zebra) et avec qui j’ai fait un stage en 2008 au château de la Bourdaisière dans la vallée de la Loire. Mais d’autres noms sont devenus célèbres dans ce domaine : Brad Gates, Anna Kozula, Luc Fichot, Pascal Moreau …
A noter également que l’arrivée de tomates vertes dans les années 80 puis des tomates bleues dans les années 2000 a permis de démultiplier les possibilités de croisement et donc de combinaisons génétiques. D’où l’importance, dans les nouvelles variétés obtenues récemment, des tomates striées et des tomates bicolores. On pourrait croire que ces nouvelles variétés sont surtout obtenues pour leur aspect esthétique. On aurait tort de le croire, car les mélanges de couleurs correspondent à des pigments différents, et donc à des composés aromatiques différents. On a souvent de belles complexités d’arômes dans ces tomates-là.
Par cet article, je voudrais faire connaître le site belge Vertilom qui diffuse bon nombre de variétés très récentes, celles obtenues justement par tous ces passionnés du monde entier, et celà à un prix assez bas (2€ le sachet, frais de port gratuit à partir de 25€) . J’ai déjà effectué quatre commandes et j’ai toujours reçu mes commandes en quelques jours seulement. Vertiloom, c’est le top du top ! A noter que Vertiloom est également diffuseur de variétés de piments récemment obtenues.
Allez cliquer sur l’image ci-dessous, vous accéderez directement au site de Vertiloom (vous pouvez choisir la langue si le français ne s’affiche pas directement). Passez ensuite avec la souris sur le mot « tomates » sur le bandeau du haut et faites ensuite votre choix en fonction de la couleur, de la taille, de l’obtenteur … On peut ensuite cliquer sur chacune des photos pour avoir une description précise de la variété et son histoire.
Vous allez voir, vous pénétrez dans un nouveau monde !
Les gens du Sud, faut jamais se fâcher avec eux, ils vous envoient ensuite des nuages de sable.
Je vais faire gaffe dorénavant !
(image faite ce matin par Sylvain, les miennes sont floues tellement j’étais ému …)
Il y a eu une petite discussion un peu musclée sur ce blog à propos des sportifs, suite à un commentaire dans lequel je disais grosso modo que le sport professionnel n’a aucune valeur significative s’il n’est pas le reflet d’une vie sportive à la base et qu’un pays dans lequel les enfants ne jouent pas au ballon (dans la rue ou ailleurs) n’a pas beaucoup de légitimité pour gagner une coupe du monde. Et j’ai ajouté que si les pays africains nous fournissent en joueurs d’exception (les meilleurs au monde) ce sont avant tout eux qui méritent de gagner les coupes mondiales. Je ne l’ai pas dit avec ces mots-là mais c’est ce que ça voulait dire. Mais c’est sur le fait que j’aie dit que la pratique sportive diminuait en France que les échanges ont été un peu houleux. Tout ça c’est la vie !
Ce nouvel article, que je mets en ligne ce soir, va dans le même sens mais pour un domaine complètement différent : la culture. Mais la comparaison entre sport et culture s’arrête-là car s’il n’y a plus beaucoup de jeunes qui jouent au ballon, il y en a beaucoup qui jouent d’un instrument de musique et le nombre de personnes ayant appris à jouer à un moment ou à un autre d’un instrument est de plus de 20 millions dans notre pays. Mais bon, je ne voudrais pas réduire le sens de mon propos à la musique qui n’est qu’un aspect particulier de la culture.
Notre vie culturelle en France, ce n’est pas le monde des grands artistes professionnels (aussi excellents soient-ils d’ailleurs) mais avant tout le monde des petits artistes qui font vivre au quotidien la musique, la poésie, l’art en général. Et le secteur où j’habite vit, d’un point de vue culturel, grâce à un réseau non seulement d’artistes (amateurs ou professionnels « gagne-petits » qui n’arrivent pas forcément à obtenir le statut d’intermittents du spectale) mais aussi grâce à des structures associatives tenues par des poignées de bénévoles (exemple du Comité d’animation de Voray, dont je fais modestement partie, qui organise à quelques km de chez moi 4 concerts annuels de qualité exceptionnelle).
Lorsque j’ai écrit mon dernier article, celui sur Doumé, c’est avec la même intention de rendre honneur à ce peuple de fourmis, de petites mains, qui maintiennent vivante une certaine tradition de la chanson. Je pourrais dire la même chose, ou à peu près, si je parlais des groupes qui jouent dans les bars (quelque soit le type de musiqsue) ou des chorales qui contribuent à maintenir vivante la transmission de la musique.
La musique ne peut pas aujourd’hui se résumer à des vidéos qu’on regarde sur youtube ou des disques qu’on écoute sur les sites de streaming (tout comme on ne peut réduire la littérature d’aujourd’hui aux derniers Goncourt …). Car ce mode de diffusion, que l’on dit plus moderne, c’est aussi la mort annoncée des artistes (vaste sujet dont on peut discuter). En d’autres termes : le concert vivant avant tout, bordel de m… !
J’en arrive à l’objet de mon article.
Depuis une dizaine d’années, j’ai vu apparaître un phénomène nouveau en Franche-Comté : celui des spectacles à domicile. Peut-être qu’auparavant ça existait ça et là, mais la dynamique de ce genre de spectacle est plutôt récente. Il est bien évident que cela a lieu également dans les autres régions. Mais personne n’en parle (je n’ai jamais vu un seul article sur le sujet dans la presse), alors qu’il s’agit là d’un vrai fait de société, qui donne peut-être même un aperçu de ce que sera une partie de la culture demain. Toujours est-il que depuis une dizaine d’années Joëlle et moi sommes allés dans une dizaine de lieux, souvent chez des amis (Bernard et Brigitte, Thérèse et Jean-Pierre, Monique …). Au total cinq ou six lieux fréquentés régulièrement plus quelques autres. Et nous avons pu y apprécier un large panel de productions artistiques : expos de peinture, chanson française, jazz, flamenco, musique vocale de la Renaissance, musiques expérimentales, poésie, théâtre, … le tout joué aussi bien par des amateurs que des professionnels (d’ailleurs si j’ai pensé à faire cet article c’est grâce à Yves qui a signalé sur ce blog le décès de Morice Benin, et cela m’a rappelé que cet artiste était coutumier des interventions à domicile).
Ce mode de fonctionnement de spectacles « chez les gens » présente plein d’avantages par rapport aux spectacles plus classiques : proximité avec les artistes, très faible coût (souvent juste un « chapeau à la sortie »), public restreint (rarement plus de 30 personnes) et donc beaucoup de convivialité : il y a toujours de bonnes bouteilles à boire, chacun amène souvent un petit plat à partager et l’après-spectacle dure souvent des heures. Et à part les amis qu’on y rencontre, les musiciens qu’on connaît parfois, il y a aussi d’autres personnes qu’on finit par croiser régulièrement et avec qui on noue des relations. Tout ça c’est du bonheur ! Du vrai bonheur !
Le covid a quasiment tué le monde de la culture (c’est sans doute le domaine qui a le plus morflé). Evidemment, les spectacles à domicile ont, eux aussi, énormément souffert de la situation. La culture qui renaîtra dans notre pays aura forcément une autre forme que celle que nous connaissions jusqu’à présent. Peut-être que les spectacles à domicile, qui ont l’avantage de fonctionner avec de toutes petites jauges, ont de l’avenir. Mais avec quels artistes ? Il restera peu d’artistes professionnels. Subsisteront tout de même tous les musiciens et artistes amateurs. ça ne compensera pas la perte mais il faudra bien s’en contenter. Et peut-être que tout va repartir de ce vivier de base. Enfin, on a le droit de rêver …
La petite question que je voudrais poser avec cet article est la suivante : Est-ce que chez vous aussi, dans vos régions respectives, ça fonctionne de cette manière ? Et est-ce que vous sentez que ça pourrait bouger dans ce sens-là ?
Pour terminer cet article, comme j’ai eu l’occasion d’organiser un concert du trio Louki dans la grange désaffectée de mes parents (le 6 septembre 2018), je vais mettre quelques vidéos de mon ami Jean-Pierre qui, accompagné de Pascal et de Philippe, joue régulièrement dans toutes sortes de lieux. Il y récite ou chante quelques textes de Pierre Louki. J’ai trouvé ces vidéos par hasard ce soir (ce sont les seules qui existent a priori), au moment où j’allais mettre mon article en ligne, alors je vous les livre (elles viennent toutes du même concert, je ne sais pas où les vidéos ont été filmées) !