Les « laitues d’hiver » sont bizarrement dénommées car on ne les sème pas en hiver et on ne les récolte pas non plus en hiver. Simplement, elles passent l’hiver sans encombres, sans doute est-ce là l’explication du nom.
Autrefois, tous les jardiniers avaient ce type de laitues dans leur jardin. Ils les semaient au début septembre, les repiquaient fin octobre puis ils attendaient. Ils attendaient longuement car pendant plusieurs mois rien ne se passait. Les laitues restaient alors minuscules, elles ne se développaient pas mais elles ne crevaient jamais malgré le froid et l’absence de protection (même en Franche-Comté lorsque les températures descendaient à -15°C, voire encore plus bas). Et puis, en mars, miracle ! Les laitues se mettaient alors à pousser et on en récoltait alors pendant tout le début de printemps.
Ce qui est étonnant, c’est que la plupart des jardiniers que je connais ont oublié ces laitues d’hiver.
J’avais dit, je crois, dans un très vieil article (qui date de plus de 10 ans) que je testais un certain nombre de variétés d’hiver (qui ne sont pas très nombreuses, sans doute moins d’une quinzaine de variétés trouvables dans le commerce). Avec le temps, j’ai un peu épuré les choses, et je n’ai gardé que trois variétés que je vous présente aujourd’hui (toutes les photos de cet article ont été faites ce matin même).
Ces trois variétés ont toutes un intérêt complémentaire car elles permettent de faire durer la période de récolte sur deux mois complets (avril et mai), voire plus si on dispose d’une serre qui permet d’en consommer aussi tout le mois de mars.
La première de ces variétés est la plus classique dans ma région, il s’agit de la Merveille d’hiver, la plus tendre sans doute de toutes les laitues d’hiver. Elle est tellement tendre et délicate qu’elle se conserve très mal une fois cueillie (elle a « le défaut de ses qualités » dit-on ici en Franche-Comté). Habituellement, je ne suis pas vraiment un adepte des laitues pommées, je préfère en général les batavias plus croquantes ou les chicorées qui ont plus de goût, mais je dois dire que là, au sortir de l’hiver et de ses plantes un peu dures, manger une Merveille d’hiver aussi tendre que du beurre (d’où parfois le nom de « laitue-beurre » pour les laitues pommées) est un vrai régal !
La deuxième laitue que j’ai conservée parmi la dizaine de variétés testées est la Laitue Baquieu. C’est une variété rare que j’ai récupéré chez Kokopelli (comme c’est la seule et unique fois que je dirai du bien sur Kokopelli sur ce blog, notez-le et ouvrez vous une petite bière pour fêter cet événement ultra-rare ! Et j’en ouvre une en même temps pour vous accompagner, cela va sans dire …). Ce n’est pas une grosse salade, mais elle est très belle, possède une saveur très douce et produit un peu plus longuement que la merveille d’hiver, ce qui permet d’augmenter sensiblement la période de récolte.
Enfin, une nouveauté pour moi : la laitue Romaine rouge d’hiver qui est magnifique, à la saveur très douce, sans doute très peu connue aussi et qui est diffusée par les graines Baumaux (mon diffuseur de graines préféré).
Ah oui, j’oubliais : il y a une quatrième variété que je voulais tester, mais dont seules trois graines ont germé sur 1000 (les semenciers se foutent de notre gueule actuellement !), que je n’ai pas goûtée car je réserve les deux seuls pieds qui ont survécu à la production de graines : il s’agit d’une autre romaine : la Romaine Verte d’Hiver (que j’ai achetée sous le nom de Verde d’Inverno mais comme vous le voyez, je suis un traducteur hors pair de l’italien !!!!!!!).
Réserver quelques-unes de ces salades pour la production de graines, c’est à dire laisser monter en fleurs puis en graines ses plus beaux pieds de laitues est un enjeu majeur pour le jardinier …
… mais tout ça je vous l’expliquerai dans le prochain article que je ferai sur le thème du jardinage (et qui concernera les graines de toutes sortes de légumes, pas seulement les salades). Ce sera un article assez fouillé, je ne fais jamais les choses à moitié, car dans ce cas-là je serais sujet à la mi-graine ! :biggrin:
Petit ajout à mon article : fin août, je pourrai envoyer des graines de toutes ces variétés (y compris la romaine verte d’hiver) à celles et ceux qui seraient intéressé(e)s. Bien évidemment !
Merci Bernard pour cet article sur ces variétés d’hiver, que j’avoue avoir un peu délaissées. Peut-être à tort.
La 2è ressemble bcp à notre Grand-mère à feuilles rouges,qui peut devenir un peu plus grosse si printemps favorable. Chez nous on ne connait que les Grand-mère, et les Romaines classiques (bof…)
Chez moi la récolte de graines est quasi impossible (trop de rosée dès septembre, çà avorte)
Un peu fainéant (tu avais remarqué) j’ai remplacé par de la scarole semée tard (mi-sept) et repiquée en serre en Novembre. Elle y passe très bien l’hiver ,sous voile si çà pince fort. Tant qu’il ne gèle pas j’aère souvent, l’erreur possible étant de les confiner en permanence.
Dès reprise (en serre vers mi/fin Février) je ne cueille que les nouvelles feuilles comme sur une salade à couper, mélangée au départ avec du « chicon » (endive pour les non-initiés!), puis je continue le prélèvement sur la tige montée jusque mi-avril, ces dernières feuilles restent tendres et plutôt goûteuses. Largement mieux que les Romaines classiques (Re-bof!).
…mais dès que possible je passe à (pour moi) l’excellence de la salade de Printemps, à la feuille fine et au délicieux goût de vert :la Rouge grenobloise, repiquée d’abord sous châssis, fondante autant que craquante, plus goûteuse que la Blonde de Paris.
Je trouve que c’est le Top des batavias de printemps, seule saison (avec aussi un peu l’automne) où, pour moi, elle domine tout le reste. Si débutée sous châssis, je l’attaque début avril en bonnes conditions climatiques.
Si en Août tu avais une petite pincée des trois 1ères variétés, je serais bien tenté de faire un essai. Les deux 1ères pour les goûter, la 3è pour l’oeuvre d’art!
C’est de ta faute, t’avais qu’à pas publier!
Sais-tu si éventuellement elles gagneraient à hiverner en serre?
Essai de réponse à ta question. J’ai mis chacune des trois variétés en pleine terre, comme le veut la tradition, mais j’ai mis également les trois variétés dans ma serre, histoire de comparer. 1 mois d’écart entre les deux ! La serre permet de manger les salades d’hiver en mars et la pleine terre permet d’en consommer en avril et en mai (surtout cette année, le temps froid les empêche de fleurir trop tôt). Donc, trois mois de consommation au total dont un mois supplémentaire grâce à la serre, mais uniquement si l’on joue sur la complémentarité avec la culture en extérieur car dans la serre ça va trop vite et la récolte ne va guère au-delà du début avril.
A noter qu’il existe maintenant (c’est tout nouveau je crois) des variétés de laitues qui continuent de grandir tout l’hiver sous abri, il s’agit notamment des trois variétés : Matinale, Diola et Alexandria. Mais ni moi ni les amis jardiniers que je connais n’ont essayé ces trois variétés (vendues très cher en graines enrobées).
C’est vrai que la serre les accélère (c’est un peu le but), mais en avril/mai j’ai les laitues et batavias de printemps toutes fraiches.
Pour moi le but serait de boucher le trou février/mars avec autre chose que la sempiternelle scarole.
Possible aussi de re-repiquer un peu de ces salades d’hiver en pleine terre sous tunnel en février pour assurer si les salades d’avril ne sont pas là selon l’année.
Les 3 nouvelles , je ne connais pas du tout et je me méfierais plutôt de leur traficotage génétique. Leur Appia résiste certes à tous les froids printaniers : épaisse, fade et « caoutchoutée » comme elle l’est, elle a tout pour çà. La rouge grenobloise l’écrabouille.
PS: quitte à la démarrer en serre (la Rouge G.) puis terre et tunnel 2 ou 3 semaines..ou chassis avec urine , c’est encore mieux.
Ici en Franche-Comté, les scaroles blondes et frisées ne sont pas utilisées à la même époque que toi. Pour nous ce sont des salades de fin d’automne. Sauf hiver très doux comme l’an passé, elles ne dépassent pas le mois de décembre, le grand gel les tue. La chicorée « Cornet de Bordeaux » est plus résistante au froid mais elle est très peu cultivée ici. Dommage ! Les changements climatiques viennent chambouler tout ça et le nombre de type de salades pouvant être cultivées en plein hiver en Franche-Comté est plus important aujourd’hui (avant il n’y avait que chicorées italiennes, mâche et endives).
Chez nous hiver un peu moins rude (quoique…)Mais les scaroles de pleine terre ne résistent pas non plus. Ceci-dit elles sont plus « brûlées » par la rimée ou la neige que par la température.
Remises sous serre à temps, la feuille reste sèche, elles supportent facilement moins 4/5 sans protection , moins 7/8 avec voilage, quitte à le doubler.
Tout dépend aussi de la durée du gel en cours de nuit . Un gel de fin de nuit ne leur fait rien. Un gel qui traine en journée puis qui serre dès 21h , là c’est double voilage obligatoire.
Tu sais qu’on vit en pays laïc et que le double voilage est interdit dans l’espace public ? :whistle:
Ouais euh… , là je trouve que tu charrias un peu! :ninja: :ninja: :ninja:
Bonjour, Je découvre votre blog, très contente de trouver un jardinier Franc-Comtois.
J’habite près de Besançon, je vais essayer de trouver très vite certaines de ces variétés, J’essaie d’avoir des salades 12 mois par ans,
L’hiver dernier la cornet d’Anjou a bien résisté, sous tunnel, mais nous n’avons pas eu d’hiver….
J’ai essayé la romaine d’hiver, graine bio de la ferme de sainte Marthe… très décevante des feuilles dures immangeables…
La mâche ne se plait pas dans la terre lourde de mon jardin….
Mais je continue les essais.