S’il n’y avait eu que des scientifiques pour me transmettre leurs connaissances de la nature, jamais je ne me serais intéressé au monde sauvage. Mais j’ai eu la chance de rencontrer des gens qui étaient des amoureux de la nature, avant d’en être de fins connaisseurs.
La connaissance pure est aride, le monde scientifique emploie un ton distancié et froid qui n’est pas là pour faire des émules (ce n’est pas son rôle d’ailleurs). Par contre, l’amour pour les êtres vivants qu’ont certains est un feu qui se transmet de proche en proche et qui conduit certains d’entre nous (ceux qui avons eu la chance de rencontrer de telles personnes) à vivre quelque chose de fusionnel avec la nature.
Il y a eu Claude-Roland dans ma vie, puis Jean-Yves, Jean-Claude, Jean-Pierre … ils étaient bien plus que des universitaires, ils étaient des « passeurs » qui nous indiquaient un chemin possible. Tout cela s’est passé pour moi à la fin des années 70.
Et si je me suis nourri de ces très belles rencontres, j’ai puisé également beaucoup de choses dans les écrits de très grandes personnes, et notamment de deux grands auteurs suisses. Ces deux auteurs m’ont accompagné toute ma vie.
Si j’ai aimé les textes de Robert Hainard, c’est parce que je sentais, par-delà le connaisseur de terrain qu’il était, l’artiste et l’homme sauvage, l’homme de la forêt primitive, derrière chacun de ses mots.
Si j’ai aimé Paul Géroudet et l’ai autant lu (plusieurs fois chacun de ses livres) c’est parce que je sentais, bien plus que le scientifique qu’il était, le poète derrière chacune de ses phrases.
J’ai souvent fait référence à Paul Géroudet sur ce blog. C’est pourquoi, avant d’écrire quelques articles sur les vautours (suite à une petite escapade en mai dernier dans la Drôme), j’ai eu envie de citer une fois de plus ce grand écrivain. Disons plutôt, pour être honnête, que j’ai eu envie d’écrire un petit préambule sur les milieux naturels dans lesquels vivent les vautours et sur leur rôle dans la nature, que j’ai relu avant cela l’ouvrage de Géroudet consacré aux rapaces et que dans ce livre tout était écrit de manière admirable.
Sur l’habitat commun à toutes les espèces de vautours, voici ce qu’écrivait le grand Paul en 1965 : « Plateaux déserts, croupes dénudées, gorges taillées au vif des montagnes, pierres surchauffées sous la lumière … des ombres immenses glissent lentement sur la terre, de grands oiseaux planent en silence dans un ciel qui semble plus profond … Cette âpreté tragique, ce sauvage romantique d’un Midi presque africain, nous le trouvons encore ça et là, de l’Espagne à la Grèce, dans les contrées les moins peuplées, les plus pauvres, celles surtout dont l’ossature a été dépouillée par la hache, le feu et la dent du bétail – celles que hantent les vautours. »
Quand au rôle des vautours et la répulsion que nous pouvons avoir vis à vis de ces mangeurs de cadavres, tout est dit dans cette phrase : « Ces rapaces impressionnants sont aussi les plus inoffensifs : ils ne donnent pas la mort, ils la suivent et en effacent les traces ».
Rendez-vous bientôt pour un premier article sur le vautour fauve.
Chouette !
Pour une fois que la Drôme sera à l’honneur sur le Blogadupdup :whistle:
En plus, Rémuzat (je suppose que c’est de cette localité que tu vas nous parler) est un endroit tellement beau.
Je signale quand même qu’on peut voir les vautours dans d’autres lieux drômois et que la Drôme recèle d’une multitude d’endroits aussi beaux que Rémuzat (avec ou sans vautours).
Si tu veux, je peux faire un article sur la flore de Rémuzat pour compléter les tiens .
Non, non, il n’y a pas d’autre endroit dans la Drôme où nichent les vautours. Mais comme tu le dis, ils sont visibles un peu partout, vu qu’ils vont sans doute à plus de 100 km de leur nid …
Pour l’article sur la flore, oui, bien évidemment.
Comme c’est étrange… Nous avons eu les mêmes maîtres et gardons la même admiration pour eux !
… mais on n’a sans doute pas eu les mêmes maîtresses !!!!!!!!!!!
Va savoir … ! :w00t:
Didier me transmet à l’instant un article qui parle du vol des vautours à … 11 300 m d’altitude !
http://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/oiseaux-oiseaux-jusqua-altitude-peuvent-ils-voler-2610/
Waow…
Et bien mêmes passeurs pour moi, c’est une chance de rencontrer les personnes, les livres ou des situations qui éveillent notre cerveau et ce qui va avec, sûrement un beau remerciement en retour d’être devenu à ton tour un passeur.
Paul Géroudet est effectivement un grand ornithologue et un grand écrivain.
Lorsque je suis rentré dans l’univers des oiseaux de façon approfondie, on m’avait conseillé sa lecture. J’ai acheté les 3 tomes qui traitaient des passereaux (2 dans l’édition actuelle), et ça m’a valu un superbe voyage. La description que tu cites est très bien choisie, elle montre comment sa plume installe l’oiseau dans un paysage qu’il a finement observé.
Après avoir avalé les trois livres pendant un hiver, je me souviens qu’au printemps, j’entendais des oiseaux auparavant inconnus, et ils portaient un nom, directement sorti des pages d’un livre comme par magie.
Aujourd’hui, je constate souvent que les jeunes ornithologues ne connaissent pas le travail de Géroudet, sûrement en raison des mutations technologiques. Accéder au savoir est devenu à la fois plus simple et plus rapide, mais on peut rater de gros morceaux car la lecture ne se résume pas à l’Internet.
J’attends avec impatience l’article sur les vautours fauves. je les ai admirés pour la première fois dans le Vercors drômois en 2003. C’était magique de les voir arriver le long de la falaise, en groupe. Nous étions au-dessus d’eux. Moment extraordinaire et souvenir très présent.
En fait dans le prochain article il n’y aura pas encore de vautours, je vais juste présenter le lieu où l’on était. Je fais durer l’attente, c’est mon côté sadique …