Je sors de chez le coiffeur. Et comme je n’y vais pas très souvent, je passe du look « cheveux longs » au look « cheveux courts ». Certains proches me disent parfois « les cheveux longs ça te va bien » mais d’autres me disent au contraire « les cheveux courts ça te va bien ». Si je voulais faire la synthèse de ce qu’on me dit de part et d’autre il me faudrait prendre le plus petit dénominateur commun et la conclusion serait inévitablement « les cheveux te vont bien ». Oui, évidemment. Mais ça ne veut rien dire et ça ne fait pas avancer le schmilblick. Car la synthèse c’est le degré zéro de la pensée (et, dans mon exemple, un truc tiré par les cheveux … oui je sais c’est facile).
Le parti socialiste en est là aujourd’hui. Faire la synthèse entre des courants opposés et irréconciliables. Entre ceux qui sont profondément imprégnés de l’esprit front populaire de 1936 (et ses avancées sociales) et ceux qui sont à genoux devant le monde de la finance (et qui pensent qu’être socialiste c’est juste essayer de tempérer – tel un emplâtre sur une jambe de bois – la casse sociale provoqué par le capitalisme) il y a un fossé.
Les socialos dirigeants sont obsédés par la synthèse. Et, tout obsédés qu’ils sont, ils organisent des « zob sessions ». En termes plus neutres : des congrès (dont le fameux « congrès des pines hé » en 1971) . Les zob sessions, vous savez ce que c’est, c’est un truc où on se triture vous savez quoi … le cerveau bien entendu.
Cette synthèse, si chère à Mitterand et à Hollande, (« cet art de la synthèse » dirait même Attali) c’est sans doute ce qui a permis de rassembler les uns et les autres en période électorale, mais ce n’est pas ça qui a permis ensuite de gouverner et de mener un programme clair et cohérent (le seul qui ait été bon en la matière c’est Lionel Jospin, mais c’est un autre sujet dont il faudrait parler un jour, le PS n’ayant même pas, à l’époque, fait son travail d’inventaire).
J’avais dit il y a un an sur ce blog que les primaires allaient être une machine à détruire les partis. On l’a effectivement vu depuis (et vous pouvez êtres assurés qu’il n’y aura plus jamais de primaires), cela a été le cas aussi bien pour le Parti socialiste que pour les Républicains. Mais dans le cas du PS s’ajoute cette foutue synthèse mortifère, qui chaque fois le conduit forcément, lorsqu’il accède au pouvoir, à mener une politique faite de bric et de broc (à l’image de la diversité de ses électeurs), faute d’avoir su trancher entre plusieurs lignes politiques possibles. Et c’est cela qui, aujourd’hui, provoque (ou va provoquer) l’implosion de ce parti.
Je hais les synthèses !