On n’imagine pas à quel point la nature est généreuse. Chaque plante produit la plupart du temps des milliers de graines. Les naturalistes le savent. Les jardiniers aussi.
Lorsque j’ai semé un sachet de graines de mâche le 15 août dernier, je savais que des centaines de petites plantules sortiraient de terre si je prenais le soin de maintenir la terre humide, le temps que la germination se fasse. Comme la germination s’est déroulée dans de bonnes conditions (chaleur et humidité), ce ne sont pas des centaines, mais des milliers de graines qui sont sorties de terre sur quatre parcelles différentes.
Comme j’avais eu besoin de place pour semer la mâche, j’avais au préalable éliminé sur l’une des parcelles tous mes pieds de tomates (qui avaient donné beaucoup de fruits et qui étaient au bout du rouleau). Mais j’avais oublié que des tomates cerises abîmées étaient tombées à cet endroit-là. Alors, j’ai vu sortir de terre, en même temps que la mâche, des centaines de plantules de tomates. J’ai donc obtenu à certains endroits un parterre mâche/tomates que je ne savais pas vraiment comment gérer.
Et finalement, la nature faisant bien les choses, c’est le gel qui a eu raison en octobre des plantules de tomates.
Comme j’ai été impressionné aussi bien par le nombre de plantules de mâche que celui de tomates sorties de terre, je me suis amusé à faire un petit calcul, calcul basé sur des comptages précis que j’ai effectués.
L’une de mes pieds de tomates a donné 90 fruits de taille assez petite. Il y avait une moyenne de 32 graines par tomate, soit un total de 2 880 graines par pied de tomate. On peut imaginer qu’au moins 90% de ces graines vont germer, soit 2 500 graines (chiffre sans doute sous-estimé car le taux de germination des graines de tomates est plus proche de 100%).
Et que se passerait-il si je donnais une graine à 2 880 personnes et que ces personnes les diffusent ensuite à leur tour les années suivantes ?
Voici ce qu’il adviendrait …
La situation de départ : le 1er mars 2016, j’ai semé une graine de tomate. Au fur et à mesure de la récolte des tomates, je prélève toutes les graines. L’année suivante, le 1er mars 2017, je donne une graine de chaque à 2 880 jardiniers. En fin de saison, en tenant compte que 90% seulement des graines vont germer, ces jardiniers récoltent à eux tous 6 250 000 graines susceptibles de germer (2 500 X 2 500). Le 1er mars 2018, ces graines données à plus de 6 millions de personnes vont produire en fin de saison à leur tour 15 625 000 000 graines. Plus de 15 milliards de graines ! Dès septembre 2018, on a donc de quoi donner deux graines à chacun des habitants de la planète. Et tout ça en deux ans et demi (trois cycles de végétation complets).
Quant on a fait ce constat, il y a deux attitudes possibles.
On peut se contenter de se lamenter et de râler contre le prix injustifié des graines, sachant que de toute façon on ne changera pas grand chose au système, qui est bien plus qu’un système de vol organisé : un véritable système de racket (je parle des semences qui sont vendues parfois à plus de 1 € la graine ; si si ça existe) !
Mais on peut aussi se dire qu’on a tous (en tant que jardiniers) un pouvoir énorme : celui de diffuser gratuitement partout autour de nous les graines des variétés que l’on a produites et que l’on a aimées.
La nature est généreuse, à nous de l’être aussi !
Je reconnais bien là le Dupdup avec ses idées de calcul savant :biggrin:
En lisant tout ça, je me demandais quand même si 90% de graines germées, ce n’était quand même pas sur-évalué :wassat:
Parce que j’ai repensé au dernier numéro de la Hulotte arrivé récemment dans nos boites aux lettres sur le chabot.
Bien sûr, on ne parle pas là de graines mais sur les grandes quantités d’oeufs pondus, seuls une petite partie donneront un poisson adulte, pour un tas de raisons à chaque moment de son évolution.
non non, c’est au contraire sous-évalué. Je me rappelle avoir semé un jour 32 graines de tomates (elles dataient de 2 ans), 31 graines avaient germé. Lorsqu’on procède avec des graines qui ont été récoltées l’année précédente et qu’elles ont été bien conservées, le taux de germination est très proche de 100%.
Pour rebondir sur ton commentaire sur le chabot, j’ai lu également le numéro de la Hulotte il y a quelques jours et j’ai trouvé que la vie de ce poisson était admirable sur plus d’un point. Je ne savais pas que le chabot est le seul poisson à être dépourvu de vessie natatoire (la vessie natatoire est une poche d’air à l’intérieur de l’organisme des poissons qui permet aux différentes espèces, en vidant ou gonflant cette vessie, de conserver la même densité de l’eau et de rester toujours à la même hauteur d’eau, même dans le courant). Le chabot en étant dépourvu et étant plus lourd que l’eau, il est obligé de vivre au fond du lit de la rivière et de mener ainsi son mode de vie particulier.
ok avec ton calcul à condition que chaque graine donne un pied qui a 90 fruits
vous êtes tous trop forts pour moi!!!
Cath, dans les petites tomates, il y a plein de variétés qui donnent plus de 90 fruits par pied.
Pour les grosses variétés, il y a moins de fruits mais il y a bien plus de graines, parfois une centaine par fruit.
alors je suis nulle avec mes tomates, quand j’en ai 30 sur mes petits pieds je suis contente, quand aux grosses c’est plutôt 7 ou 8
Sur la dernière photo de la variété Pokusa dans mon article sur les tomates en pots, il y a 100 tomates (rouges ou vertes) sur le même pied, ce n’est pas exceptionnel, d’autant plus que pour bon nombre de variétés cultivées en pleine terre, et non en pots, le nombre de petites tomates est bien supérieur à 100.
Cath, est-ce que ton sol ne manquerait pas d’éléments nutritifs ? :blush:
étant donné que j’ai peu de place et je plante presque toujours au même endroit j’ai beau mettre de l’engrais ça suffit pas. J’ai acheté de l’or brun fumier algue et je vais tester mais il faudrait qu’il ne gèle pas
il faut dire aussi que là ou je récupère un peu de place c’était les vivaces avant
Je connais plusieurs personnes qui avaient des rendements très faibles dans leur jardin et qui ont eu à nouveau de beaux légumes dès qu’ils ont mis du fumier à l’automne. Je pense que la plupart des jardins souffrent aujourd’hui d’une carence en éléments fertilisants.
Une nouvelle pas rigolote…
http://www.courrierinternational.com/article/changement-climatique-le-permafrost-entourant-la-banque-mondiale-de-graines-fondu
Hello Christophe, et bien, quelle nouvelle. Nous étions sur l’île de Svalbard il y a 4 ans, et ça gelait dur, au mois d’août.
bonne nuit.
C’est bien ça : aujourd’hui ça gèle moins dur !
Bonne nuit Jacqueline. :sleeping:
Avec son initiative Carrefour pourrait apparaître comme un progressiste.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2017/09/20/carrefour-va-vendre-des-legumes-que-la-loi-interdit
Je pense qu’il n’en est rien : après avoir tué la poule aux œufs d’or de l’agriculture industrielle en accaparant les profits, les prochains agriculteurs qui tomberont au champ seront bios.