Je parlerai dans les temps qui viennent de quelques oiseaux de mer. Attention, goélands, mouettes rieuses, bécasseaux, gravelots … ne font pas partie des oiseaux marins, ce sont des oiseaux de littoral (la nuance est importante) dont l’activité se limite bien souvent à la zone de battement des marées. Les oiseaux de mer sont ceux qui passent leur temps en mer, souvent très loin du littoral, et qui ne reviennent sur les côtes qu’une fois par an (à partir de l’âge adulte seulement) pour construire leur nid.
Avec les guillemots, les pingouins, les fulmars et quelques autres, la mouette tridactyle fait partie de ce petit club privilégié des oiseaux de mer. Rien à voir donc avec la mouette rieuse que tout le monde connaît, qui est un oiseau de rivage (et même parfois des étangs d’eau douce), et dont les moeurs sont complètement différentes.
Les marins au long cours connaissent bien la mouette tridactyle qui sillonne tout l’Atlantique nord et qui en général se montre peu farouche envers l’Homme (à noter que ce caractère peu farouche est inné chez la tridactyle, contrairement aux mouettes rieuses et aux goélands, plus sauvages au départ mais qui ont été progressivement « apprivoisés » en quelque sorte par l’Homme au fil du temps).
C’est en Bretagne du Nord que j’ai souvent observé les tridactyles à la période des nids. Elles n’y sont pas très nombreuses. D’ailleurs, si la mouette tridactyle est l’espèce de Laridé (famille des mouettes et goélands) la plus fréquente sur notre planète (environ 5 millions de couples), les côtes françaises n’abritent qu’une toute petite partie des effectifs (0,2% seulement de la population européenne).
L’adaptation des tridactyles à nicher dans des falaises abruptes au-dessus même des flots et ne disposant que d’un espace très restreint pour le nid est étonnante.
Cette particularité permet à ces mouettes de jouir d’une certaine protection vis à vis des goélands. Protection somme toute très relative car une proportion non négligeable des poussins de tridactyles passe aussi à la casserole ! (on remarquera d’ailleurs sur le bas de la photo suivante que les goélands veillent !)
Toutes les photos de cet article ont été réalisées il y a une quinzaine de jours au cap Fréhel en Bretagne. Sur la photo suivante, les goélands nichent sur la partie herbeuse au sommet du rocher, les nids de tridactyles sont en-dessous dans la falaise (zone plus sombre juste au-dessus des fougères).
La période de nidification commence assez tard et les couples ne se forment bien souvent qu’en mai, voire en juin seulement (on notera au passage sur la photo suivante la couleur noire des pattes qui est une caractéristique de cette espèce).
Les couples se livrent à tout un cérémonial, toute une série de démonstrations nuptiales (la couleur orangée du bec jouant un rôle d’excitation), qui préludent à l’accouplement.
Le nid est construit à neuf ou, le plus souvent, complété année après année. L’activité de recherche de matériaux (mousse, algues, herbes sèches, terre humide) se fait souvent en groupe. Le nid est confectionné par piétinement de la terre humide qui est apportée. Les déjections et les embruns salés achèvent de le consolider et au final il sera bien ancré à la falaise. Ce nid peut devenir assez volumineux au fil des années.
Les oeufs sont couvés pendant une période de 26/28 jours. Il n’y a en général que deux oeufs.
Pendant toute ces périodes d’installation et de couvaison, les allées-et-venues entre la mer et la falaise sont nombreuses (et j’en ai largement profité car j’ai dû passer 5 ou 6 heures à admirer ces oiseaux lors de leurs allées-et-venues).
Sans doute aurais-je la chance de retourner sur le site plus tard dans la saison et de vous parler de l’élevage des jeunes.
Je n’ai pas voulu en rajouter plus dans un article déjà suffisamment long mais j’aimerais amener dans ce commentaire d’autres précisions sur l’état des populations françaises de mouettes tridactyles.
On assiste en effet à une évolution divergente des mouettes selon la région. Ainsi, en Bretagne où elle est présente depuis le 18ème siècle au moins, la population a régressé de 2 000 couples à guère plus de 1 000 alors qu’en Normandie et dans le Pas-de-Calais où elle ne s’est installée que dans les années 70, la population augmente avec des effectifs qui atteignent maintenant les 4 500 !
Quelqu’un me disait ce matin qu’il y avait une belle colonie à Etretat.
C’est une très très très belle mouette, sans doute un de mes Laridés préférés.
A noter pour cet oiseau de haute mer, qu’il nous arrive de l’observer en Franche-Comté !
C’est exceptionnel, et généralement consécutif à une tempête qui a tout emporté, souvent aussi des océanites, un genre encore moins probable.
Et on y voit aussi de jeunes oiseaux, tout aussi esthétiques avec leur jolies marques noires.
Yves, je n’ai pas le temps de fouiller sur ton blog : as-tu un lien vers un plumage juvénile ? Je préfère un de tes images à celle d’un inconnu.
Euh… La Bretagne du nord, c’est l’Angleterre ? Ce n’est pas en petite Bretagne ? :ninja:
Je me suis posé la question tout à l’heure en relisant dans mon texte « Bretagne du Nord ». Je me suis dit que c’était sans doute incorrect mais que si c’était le cas ça pourrait provoquer des discussions sur le blog. Et ça n’a pas loupé … !
Christophe , Sur cet article de mon site tu peux voir quelques photos de tridactyles juvéniles !
http://naturepassion.e-monsite.com/pages/balade-du-jour-1/balades-2014/le-08-janvier-2014-port-manec-h.html
En tous les cas Christophe ne se rappelle pas qu’il avait déjà mis un commentaire sur ton blog … :whistle:
Damned ! Merci Yves.
Bien vu, et remarque méritée : ça m’apprendra à verser dans le trop facile sarcasme géographique.
Il vaudrait mieux que je consulte mon neurologue… :cwy:
Merci Bernard pour ces belles photos, cela me rappelle un voyage en Bretagne, tous ces oiseaux sur les rochers c’était magnifique.
Juste, mais juste en passant, car je sais qu’elle lira, merci Geneviève pour les photos.
Amitiés à tous.
mon fils habite juste a coté d’ètretat ,yport ,une plage de galets entourée de falaises et dans chaque recoin des nids. il y a longtemps que nous y sommes allés et ça me manque ce joli coin de normandie , jacqueline en a une photo panoramique
Je crois que d’ici deux ou trois ans on ira passer une semaine au printemps du côté d’Etretat.
qui sait peut être pourrions nous nous y rencontrer ,il y a beaucoup d’eau a passer sous les ponts d’ici là!!!
avec plaisir …