Il y a quelques années, j’étais en stage de formation dans la Brenne. La formation ne commençant qu’à 9 heures, j’avais le temps chaque matin, en me levant très tôt, d’aller faire un tour dans un affût qui surplombe un petit étang. On est le 29 juin 2010 et le jour est levé depuis peu de temps.
Dès mon arrivée dans l’affût, deux petites silhouettes s’offrent à moi, il s’agit de deux poussins de grèbes castagneux (je vous ai déjà présenté cet oiseau en plumage d’hiver au lace du Der dans un autre article).
L’un des poussins se rapproche de l’affût et rejoint un adulte.
Comme toujours, les oiseaux passent beaucoup de temps à faire leur toilette, on voit ici la goutte d’eau qui ruisselle sur le plumage, celui-ci étant très imperméable (l’oiseau étant un habitué des plongées à la recherche de petites bestioles qu’il capture sous l’eau).
Les castagneux disparaissent. Un ragondin se rapproche, se nourrit de plantes aquatiques puis aborde la rive et disparaît devant moi dans la végétation. La scène n’aura duré que très peu de temps.
Une cane colvert sort de la végétation fait un brin de toilette en s’ébrouant dans l’eau puis repart dans le couvert végétal.
Entre temps les grèbes castagneux sont revenus. La lumière est un peu meilleure, moins à contre-jour car le soleil est déjà un peu plus haut dans le ciel. On peut admirer la tête couleur de châtaigne (d’où le nom de castagneux).
Une guifette moustac passe avec une grande herbe dans le bec, elle va aller consolider son nid flottant.
Joli, Joli, Joli …
C’est très beau, cette nature qui se réveille! On a envie de connaître la suite de l’histoire!
Heureusement finalement que je suis bloqué à la maison par des problèmes de santé, ça me permet de prendre du temps pour trier des photos et retrouver des images anciennes (telles celles de Brenne) dont je me souvenais à peine de l’existence.
Je ne sais pas où mettre ce lien concernant une aurore boréale très très proche de chez nous :
http://www.lemonde.fr/sciences/video/2016/03/07/superbe-aurore-boreale-au-royaume-uni_4878109_1650684.html
L’éveil de la nature le matin, tandis que notre propre corps se désengourdit du sommeil puis du froid, c’est une réelle expérience de communion. Parole de païen.
A ce sujet, ce matin il y avait une mésange bleue endormie à l’abri d’une de mes mangeoires. Au lever du soleil, alors que ses congénères s’activaient déjà, puis un peu plus tard, alors qu’elle ne relevait toujours pas son niveau d’activité, je me suis dit qu’elle était sans doute condamnée, presque incapable de se nourrir, les pieds dans l’assiette.
Nuit de neige – Guy de Maupassant
La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
Quelque chien sans abri qui hurle au coin d’un bois.
Plus de chansons dans l’air, sous nos pieds plus de chaumes.
L’hiver s’est abattu sur toute floraison ;
Des arbres dépouillés dressent à l’horizon
Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.
La lune est large et pâle et semble se hâter.
On dirait qu’elle a froid dans le grand ciel austère.
De son morne regard elle parcourt la terre,
Et, voyant tout désert, s’empresse à nous quitter.
Et froids tombent sur nous les rayons qu’elle darde,
Fantastiques lueurs qu’elle s’en va semant ;
Et la neige s’éclaire au loin, sinistrement,
Aux étranges reflets de la clarté blafarde.
Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
Eux, n’ayant plus l’asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.
Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
De leur oeil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu’au jour la nuit qui ne vient pas.
Guy de Maupassant, Des vers
Joli poème !
Oui, c’est un poème que je ne peux jamais lire sans un petit frisson, et la mésange de ce matin me l’a immédiatement remis en mémoire : le poème ou le frisson, c’est pareil ?
A celles et ceux qui sont féru(e)s de poésie, juste pour dire que ce site-là est plutôt bien fait, avec un classement par thèmes.
Ah,oui ça a l’air sympa pour s’essayer à la poésie et bien sûr aussi pour en lire.
Le poème de Maupassant est magnifique, Merci Christophe.
Franchement, Maupassant y est pour beaucoup.
Je lis régulièrement René Char, un de mes poètes préférés.
Un exemple qui colle bien à ce blog…
La complainte du lézard amoureux
N’égraine pas le tournesol,
Tes cyprès auraient de la peine,
Chardonneret, reprend ton vol
Et reviens à ton nid de laine.
Tu n’es pas un caillou du ciel
Pour que le vent te tienne quitte,
Oiseau rural ; l’arc-en ciel
S’unifie dans la marguerite.
L’homme fusille, cache-toi ;
Le tournesol est son complice.
Seules les herbes sont pour toi,
Les herbes des champs qui plissent.
Le serpent ne te connaît pas,
Et la sauterelle est bougonne ;
La taupe, elle, n’y voit pas ;
Le papillon ne hait personne.
Il est midi, chardonneret.
Le séneçon est là qui brille.
Attarde-toi, va sans danger :
L’homme est rentré dans sa famille !
L’écho de ce pays est sûr.
J’observe, je suis bon prophète ;
Je vois tout de mon petit mur,
Même tituber la chouette.
Qui, mieux qu’un lézard amoureux,
peut dire des secrets terrestres ?
Ô léger gentil roi des cieux,
Que n’as-tu ton nid dans ma pierre !
Oups, j’ai oublié le titre : « Complainte du lézard amoureux »
Décidément, j’envie tes élèves.
Ah mais non : ces textes sont plutôt inaccessibles pour eux, avec tout le respect que je leur dois. Mais tout de même, ces deux derniers jours nous avons bien ri avec la leçon d’orthographe au bourgeois gentilhomme de Molière : c’est plus simple.
La poésie avec mes élèves, c’est plutôt…
LA VACHE : DESCRIPTION
La
Vache
Est
Un
Animal
Qui
A
Environ
Quatre
Pattes
Qui
Descendent
Jusqu’
À terre.
Jacques Roubaud
:biggrin:
Et voilà, à l’Amicale des Anciens Élèves on accepte tout.