En Franche-Comté, le temps n’est pas encore venu de semer ses courges et potirons car traditionnellement on les sème en pleine terre courant mai (même si la tendance actuelle est de les semer en godets, notamment pour mieux gérer le problème des limaces). Si cela est vrai pour la plupart des courges appartenant aux deux espèces dominantes (cucurbita maxima et cucurbita pepo), il est une espèce de courge qu’il est impératif de semer plus tôt car son cycle de développement est plus long. Il s’agit des courges appartenant à l’espèce cucurbita moschata, que l’on appelle couramment courges musquées ou muscades. Ces courges sont à mon avis les meilleures (en tous les cas des « valeurs sures ») de toute la grande famille des courges et potirons. De couleur discrète, ces courges-là sont pourtant bien moins « tape à l’oeil » que leurs cousines présentées habituellement sur les étals (potimarrons, rouge vif d’Etampes, …).
Deux courges appartenant à ce groupe des courges musquées sont très connues.
La première est la muscade de Provence. Elle se reconnaît à son aspect côtelé et sa couleur devenant bronze à maturité.
La chair de cette courge est ferme, légèrement sucrée (rappelant paraît-il un peu le goût de la carotte), de très bonne qualité. La saveur est épicée (d’où le nom de « musquée »).
On peut l’utiliser aussi bien pour les potages, la purée, les gratins, les tartes, la confiture et les flans. Personnellement, je trouve que c’est en potage qu’elle développe le plus ses qualités, notamment son côté onctueux (mais je n’ai pas essayé cette courge en tarte, confiture ou flan, n’étant pas habitué aux courges cuisinées sucrées).
A noter que cette courge, plutôt volumineuse (régulièrement plus de 15 kg), se conserve bien mieux que les autres variétés une fois entamée.
La deuxième courge est, elle aussi, de très bonne qualité. Il s’agit de la courge butternut.
En fait, on devrait parler des courges butternut car le nom « butternut » correspond à un type de courges se déclinant en de nombreuses variétés. Ces variétés se différencient par la taille, la forme plus ou moins longue ou ventrue. L’utilisation est globalement la même que pour la muscade de Provence précédemment décrite. Les graines de la courge sont concentrées du côté renflé du fruit. Deux exemples de variétés de Butternut :
Il y a une troisième courge musquée que je cultive tous les ans. Je l’ai achetée sous le nom de F1 Barbara, elle me semble extrêmement proche des butternut par sa forme et la qualité de la chair. C’est un hybride japonais d’obtention assez récente.
A noter qu’en plus des utilisations précédemment citées, elle peut se cuisiner sautée ou dans une ratatouille. Elle est très productive et l’on peut avoir plus de dix fruits par pied.
Autre avantage : la plupart des courges musquées sont de très bonne conservation. Si vous avez encore des courges à consommer en mai, il s’agit certainement de courges musquées pour la plupart.
Je disais en début d’article que toutes les courges appartenant au groupe des courges musquées devaient être semées en godet car elles avaient un cycle de développement plus long que les autres courges. La photo suivante montre par exemple qu’une courge musquée de Provence ne prendra pas sa couleur bronze si on la sème trop tard. Elle restera alors couleur vert bouteille et ne mûrira que très peu en cave. En plus sa durée de conservation sera faible et sa qualité gustative bien moindre. Il n’y a donc que des avantages à les semer dès avril afin qu’elles aient le temps d’aller au bout de leur cycle.
Je les sème en général les courges musquées (quelque soit la variété) en godets vers le 10/15 avril (c’est donc le moment de le faire), je mets trois graines par godet et je les recouvre d’un cm de terreau.
Il sort alors deux ou trois plantules par pot (selon la qualité des graines). Au bout de quelques jours, je sépare très doucement les plantules (opération très délicate) et les repique en godets individuels (important : même s’il n’est sorti qu’une seule graine, repiquer quand même la jeune plantule dans un autre godet individuel, histoire de lui changer de terre).
Un peu plus tard, lorsque la taille du godet s’avère trop petite, je les repique une deuxième fois dans un pot plus gros (c’est indispensable car les courges poussent très vite). La mise en terre définitive se fait lorsque les gelées ne sont plus à craindre. Le repiquage en pleine terre est également délicat, il faut faire attention de ne pas bousculer le chevelu racinaire qui est très fragile.
Attention également aux limaces (surtout celles dont vous entendez le cri de guerre « où vais-je, où cours-je ! »
Cette année, d’un point de vue lunaire, les dates du 10, 11, 12 et 19 avril sont très bonnes pour les semis de courges musquées. Alors à vos graines toutes !
Merci pour cette piqûre de rappel bien utile : mes différents plannings se télescopent très fortement au printemps.
Je bénis donc ta sciatique qui te contraint évidemment au repos : elle t’oblige à faire tes devoirs bloguesques !
Tiens, en parlant calendrier, quand sème-tu tes choux à choucroute ?
PS : désolé, je te souhaite de cavaler au plus vite et je compatis, je connais bien la sciatique, c’est une vieille copine bien toxique perdue de vue. Je connais 2 ou 3 trucs pour la faire déguerpir.
C’est une épidémie de sciatique ma parole ?
Moi, ça va (je touche du bois), mais j’ai plusieurs amis qui sont touchés assez méchamment, tout comme toi.
Pour un jardinier, souffrir d’une sciatique au printemps, ce n’est pas la joie …
Je compatis.
Sur ta 4ème photo, il me semble que la courge est posée sur un tapis de mouron des oiseaux (Stellaria media). Sais-tu que tu pourrais agrémenter ton velouté de courge avec du mouron des oiseaux ?
J’allais oublier …
Tu ne m’enverrais pas quelques graines de ces courges ?
Des fois que j’arrive à en cultiver :whistle: (l’an dernier, tout a crevé et je n’ai pas eu une seule courge de quelque variété que ce soit et je ne sais pas pourquoi)
Oui, je t’en prépare ce week-end.
Effectivement, sur la photo 4 il s’agissait d’une courge qui se faisait beaucoup de mouron, ce qui ne l’a pas empêché toutefois de pousser normalement.
Merci pour la recette.
Malheureusement, « les courges seront vertes cette année »
Etincelle, tu n’aurais pas une recette avec le bouton d’or, j’en suis envahie. :devil:
D’accord avec toi Cath. Les jardins où les renoncules abondent sont difficiles à travailler. C’est une plaie pour le jardinier.
Cela dit, si on avait trouvé une manière de cuisiner les boutons d’or, les limaces … ça se saurait et on n’en serait pas là aujourd’hui … :angry:
@Christophe : je sème mes choux destinés à faire de la choucroute (soit la variété Quintal d’Alsace, soit Filderkraut) en mai.
C’est peut être parce que l’on n’a pas testé. La petite boutique près de chez moi vends des vers et autres bestioles grillés pour l’apéro, ça devient très branché sur Paris. Rien a faire ça me tente pas. Pour les boutons d’or il est possible de faire des soupes mais là non plus je n’ai guère envie, alors peut être des tartes? j’aimerais bien savoir si quelqu’un a déja essayé.
Les Verts mangent des vers.
Alors moi qui suis plutôt rouge, je bois du rouge. :whistle:
:w00t:
Cath, je suis surpris que les renoncules, avec leur côté âcre, puissent être cuisinées. Même les vaches ne les mangent pas. Franchement, à part quelques écolos parisiens, je vois pas qui … :whistle: :devil:
Jamais entendu qu’on pouvait consommer les boutons d’or moi non plus
A savoir que cette plante perd son caractère vénéneux une fois séchée !
De plus ,
Elle favorise un bon sommeil … Il suffit de croquer un bout , on dort !!
:w00t: :sleeping:
Peut-être que ça se fume !
Alors c’est plus pour moi , ça fait deux ans que j’ai arrêté de fumer !!
Par contre on si ça se boit …. Faut pas tout arrêter quand même !
http://astuciosites.fr/outils/blog/wordpress/wp-content/uploads/2011/12/fumer.jpg
la butternut, c’est aussi ma préférée, et comme toi, je la cuisine en potage. Avec un peu de céleri rave, ou de céleri branche, avec quelques petites poignées de lentilles corail, c’est délicieux aussi ou bien des poireaux…. J’ai aussi une recette où tu fais d’abord griller tes morceaux de courge au four et tu les fais en soupe ensuite.
Personnellement, je n’en mets pas au potager, car ici, en montagne, on peut déjà avoir des petites gelées fin août début septembre. Et vu la place que cela prend, les mettre en couche me parait difficile.
Plusieurs personnes que je connais pensent aussi que la butternut est la meilleure des courges. S’il fallait que je ne garde qu’une seule variété, ce serait soit la butternut soit la musquée de Provence. Joëlle a la même appréciation que moi.
Pour les boutons d’or, c’est ma grand mère qui m’avait dit il y a fort longtemps qu’elle en mettait dans la soupe pendant la guerre. Y a-t-il différents boutons d’or? Sur le net, c’est pas net
En général, on donne le nom de bouton d’or à la renoncule âcre (Ranunculus acris) mais il est probable que ça et là on donne aussi ce nom aux autres renoncules qui sont proches : renoncule bulbeuse (Ranunculus bulbosus), Renoncule rampante (Ranunculus repens), Renoncule des montagnes (Ranunculus montanus) ou Renoncule des champs (Ranunculus arvensis) (sans compter qu’il en existe encore bien d’autres). Toutes contiennent des substances vénéneuses, soit l’anémonine, soit la proto-anémomine, soit même souvent les deux. A noter qu’une autre renoncule proche, le caltha des marais, contient aussi les mêmes substances vénéneuses. Mais, comme l’a dit Yves plus haut, la plante perd son caractère vénéneux en sèchant. Mais de là à la consommer … !
François Couplan, dans son guide nutritionnel des plantes sauvages et des légumes, ne parle pas du bouton d’or.
Mes courges musquées qui ont été semées en godet vendredi en début de matinée sont en train de sortir de terre. Soit 4 jours tout juste ! Elles étaient dans des conditions favorables : à la maison à 20°C … et avec de la bonne musique baroque italienne !
Merci pour les graines que je trouve dans ma boite aux lettres en rentrant de vacances
Après les vacances le travail au jardin ! :devil:
Les graines que tu m’as envoyées ont enfin germé … Au bout de 10 jours voire peut-être plus ?
Faut pas croire mais la Drôme, ce n’est pas si chaud que ça :ermm:
Peut-être aurais-je du les mettre à l’intérieur ?
Bon, maintenant, il y a l’étape suivante « très délicate ».
Ouh là là, comment vais-je m’en sortir ? :cwy:
C’est quand même très technique le jardin pour les filles ! :whistle:
10 jours pour la germination en extérieur ça me paraît normal.
Ah bon, tout va bien alors sauf que je vais récolter « éventuellement » des courges pour Noël
Désolé pource message personnel mais impossible Bernard de te joindre par mail, téléphone depuis hier…
Tout ça pour dire que les cènes sont arrivés.
Je répète, les cènes sont arrivés.
Ils datent de samedi, sont précieusement conservés donc pas de panique mais il faut qu’on fasse la jonction.
Pour ne pas être trop égoïste, il s’agit de la Cèbe de Lézignan, un oignon doux excellent en salade ou dans la fameuse pissaladière provençale.
En voici la description… l’or blanc comme le dit moi voisin méridional, fournisseur officiel. On exagère tout dans le sud.
Ici l’or blanc, c’est la neige.
Oups : le lien.
http://www.oignonsdelezignan.net/#Accueil_.A
Nous avons constaté que trois potirons datant de 2014 étaient encore intacts au sous-sol. Il s’agit de deux potirons bleus de Hongrie et de la courge butternut F1 Barbara. On a cuisiné avant-hier un bleu de Hongrie. Très bon, malgré son grand âge (récolté il y a près d’un an).
Juste pour dire à celles et ceux qui voudraient semer potirons, melons, pastèques ou toute autre cucurbitacée que les deux week-ends qui viennent (le 9 et le 16/17) sont très favorables d’un point de vue lunaire.
Puisque tu parle de la lune …
Je viens de lire, à propos de la construction d’un refuge à la Meije dans les années 1890 ceci :
« C’est un bois très resserré, coupé à la pleine lune, séché avec des méthodes de luthiers. La pointe est coupée, elle aspire toute la sève pendant un ou deux mois. »
L’un d’entre vous sait-il pourquoi le bois est coupé à la pleine lune ?
Oui, c’est parce que par pleine lune, on y voit plus clair pour couper le bois ! :tongue:
Oui , parce que les bûcherons sont insomniaques lors de la pleine lune !
:sleeping:
C’est plutôt la lune descendante, d’une façon générale, qui est privilégiée pour la coupe du bois, cela résulte de l’expérience des anciens, de leurs observations, du souci d’économiser les gestes, le rude labeur.
C’est compliqué en fait : selon que l’on veuille du bois d’œuvre, des manches d’outils, du bois de chauffage…
Aujourd’hui, on se moque largement de tout ça, on coupe même lorsque la sève est montée, et on passe à l’étuve. Mais pour faire un escalier en chêne qui ne craque pas… ça ne suffit pas. Dans ma famille paternelle de menuisiers charpentiers, le bois d’œuvre était hérité de la génération précédente, un processus presque impensable aujourd’hui.
Dans cet article qui date de 2015, je parlais de la courge F1 Barbara qui est une obtention japonaise. L’une de ses qualité est sa très bonne capacité de conservation. Mais je ne pensais pas jusqu’à présent qu’elle se gardait une année complète. Il m’en reste trois récoltées à l’automne 2017 et on en a encore consommée ce soir.
Je tombe par hasard sur cet article (alors que je cherchais si tu avais parlé quelque part de culture sur butte, je sais que tu adores la permaculture :biggrin: ). Coup de chance niveau lune aujourd’hui on est bons. J’y vais de ce pas. Par contre ça m’étonnerait qu’elles poussent au son du baroque italien les miennes…. :sick:
Alors tu les cultives en mettant ta musique de sauvage et moi je passe à mes courges une compil « Bach/Dylan/Brassens/Beatles ». Ensuite on compare la taille des fruits à l’automne !
On parie une bière et celui qui gagne a le droit d’imposer à l’autre sa propre musique pendant qu’on boit la bière ensemble.
Il y a d’autres facteurs en compte que la musique il me semble, et tu as plus d’atouts que moi à ce niveau-là. Les dés sont pipés !
(Léonard Cohen « Everybody knows – the dices are loaded »)
Dakhabrakha, Lhasa de Sela, Rihannon Giddens de la musique de sauvage ?
Dans tous les bouquins de jardinage, on dit que si on cultive des courges avec beaucoup de fumier, elles deviennent plus grosses mais elles se conservent moins en raison d’un excès d’azote.
L’an passé, j’ai cultivé mes musquées de Provence directement sur un tas de fumier, ce que je n’avais jamais fait auparavant. Résultat : elles ne sont pas devenues plus grosses pour autant et elles se conservent malgré tout allègrement jusqu’en mai. Aucune différence donc avec les années précédentes.
Comme quoi, les bouquins … !
Les seuls bouquins intéressants, question jardinage, sont les vieux bouquins. Les autres, c’est pour les parisiens (je sais, je force le trait, c’est juste pour provoquer une ou deux réactions).
Si tu cherches un pignouf* tu vas le trouver ! :angry:
Je ne vais pas aller chercher des poux dans la tonsure approximative d’un jardinier expérimenté. :whistle:
Mais !
Juste lui rappeler que déduire d’une occurrence peut-être unique et consécutive à une situation dont la causalité est éminemment multifactorielle une vérité univoque… c’est croire que Sibeth Ndiaye est LE prophète, prendre sa vessie pour une lanterne brassicole ou se comporter comme un pignouf de la science.
Non mais.
Fallait pas m’énerver.
* Allusion à un commentaire récent sur un article également récent (Le jardinage, étonnamment moderne ? 5 mai 2020 à 12h03). Je t’en ficherais des pignoufs !
:sleeping:
On avait dit qu’on parlait plus de permaculture sur ce blog … c’était trop dangereux !!! :tongue:
J’aurais quand même dû écrire un article sur le sujet avant d’arrêter le blog.
A noter que je suis en train de prévoir une formation sous forme d’un cycle annuel, avec deux visites de jardins qui auraient lieu chaque trimestre (février, mai, août, novembre) dans deux jardins aux conceptions différentes : jardinage à l’ancienne et permaculture. Si quelqu’un connaît un jardin permacole aux alentours de Besançon qui ait de quoi présenter des choses, notamment en hiver, je suis preneur de l’adresse. Pour ce qui est des jardins « à l’ancienne », cela pourrait se faire un peu n’importe où, notamment chez mes amis jardiniers.
Bonsoir,
Merci pour cet article. J’ai appris pas mal de chose sur les potirons.
Bonne soirée
Merci Emily.
J’en profite pour donner un lien sur un site intéressant qui présente les différentes variétés de courges et potirons cultivées :
http://www.cucurbitophile.fr/gnr/009.php
Allez cliquer dans la colonne de gauche sur le nom des trois espèces botaniques qui ont donné toutes les variétés actuelles ! pepo (courges), maxima (potirons) et moschata (courges musquées) et vous verrez apparaître toutes les variétés.