Pierre Louki avait comme habitude d’émailler son tour de chant de tas de petites histoires qu’il racontait sur scène entre chacune de ses chansons. En voici une qui devrait ravir les jardiniers que nous sommes (et pour commencer la semaine, un peu d’humour ne fait pas de mal !).
Un poireau oublié dans le fond d’un jardin
S’ennuyait à pousser en vain
Tous les pareils à lui – la dernière récolte –
Par le maraîcher mis en bottes,
Etaient partis tels des héros
A un festival de poireaux,
Parc des expositions, Paris.
Lui seul était resté, moqué par les souris
Qui le mordillaient pour rire, les salopes !
Il devait supporter le supplice non stop,
Ne pouvant se défendre, car ne pouvant bouger
Mais au fond de lui-même, rêvait de se venger …
Passe un chat, queue en l’air, regard indifférent,
Il n’est pas du quartier, sans doute un chat-errant.
Qu’importe, le poireau réalise soudain
Que c’est peut-être là l’envoyé du destin.
– Approche, lui dit-il. Approche, je t’en prie.
Sais tu que niche ici un peuple de souris ?
Tu peux, si tu m’en crois, t’en fourrer plein la panse.
Elles viennent chaque soir, sous peu de temps je pense
Elles seront là, tu n’auras qu’à croquer.
Si c’est pas du tout cuit, ça n’est pas compliqué.
Le chat était un chat grande gueule et dent dure.
Cà n’a pas fait un pli, ce fut net, sans bavure,
Du poireau il ne resta rien.
C’était un chat végétarien.