Le « Sauvage Partageur »

Le jardinier est souvent un personnage ambivalent qui fait en permanence le grand écart entre deux attitudes opposées.
D’une part c’est un SAUVAGE. Car le jardinier aime la solitude de son jardin avec comme seuls compagnons la terre et ses légumes. Il y a ainsi des moments où le jardinier n’aime pas être dérangé, où il ne supporte que la compagnie des vers de terre (même s’il aura un jour toute l’éternité pour ça !). Ces moments où il est juste avec lui-même, dans l’air frais du matin et l’odeur du terreau, il ne les échangerait avec aucun autre moment.
Mais le jardinier aime aussi PARTAGER, COMMUNIQUER. Alors il parle. Il parle même beaucoup. Même les moins loquaces et les plus asociaux des jardiniers sont intarissables dès qu’il s’agit de parler de tomates ou de mildiou.
Le jardinier, quel qu’il soit, partage la parole mais partage aussi tout ce qu’un jardinier peut partager : des graines, des plants, des trucs à lui … Le jardinier est un sauvage généreux.
Dupdup est un jardinier comme tous les autres. Il aime discuter de sa passion du jardinage. Mais il a besoin aussi de s’isoler parfois.
Alors quand il fait du jardin dans la parcelle collective, en plein champ, dont il a déjà parlé, il y va avec son outil (la serfouette) très tôt le matin, quand il n’y a personne, mis à part le chant de l’alouette qui salue le lever du jour. Il peut alors vivre pleinement son côté sauvage. Sa journée de jardinier est finie dès 8H du mat’ quand il rentre à la maison boire un café et réveiller sa chère et tendre. Mais vers 10H ou 11H, quand il sait que ses camarades jardiniers sont en train de suer sang et eau en plein soleil au milieu de leurs tomates, il va les retrouver pour discuter un coup, échanger de tout et de rien. ça, c’est son côté sociable !
C’est pareil sur ce blog. Dupdup aime partager sa passion du jardin (et, d’une manière plus générale, de la nature). Mais il lui arrive parfois de mettre son blog en congés pour aller vivre sa sauvagerie dans des lieux perdus. Alors une semaine en Camargue est alors la bienvenue.
Et comme un lâche il vous laisse à cette discussion.
Alors, sauvage ou sociable le jardinier ?
Ou ni l’un ni l’autre ?
Ou les deux à la fois ?
JE VOUS RETROUVE LE LUNDI MATIN 13 MAI.
Mais on ne peut pas se quitter sans une petite musique, n’est-ce pas ? Et la chanson qui colle le mieux à cet article est sans doute « Pauvre Martin » de Brassens.

A très bientôt.

21 réflexions au sujet de “Le « Sauvage Partageur »”

  1. Reviens nous en pleine forme avec tes 2 côtés qui te vont si bien :tongue:
    Pour moi c’est plutôt sauvage ++
    J’suis sociable aussi mais ça dépend du jour , de l’heure et de la personne en face!! lol
    C’est c’que je disais sauvage ++ :biggrin:
    Bonnes vacances à mes oncles et tantines :heart:

  2. Je suis plus ce « sauvage » , lorsque je suis seul dans un coin de nature pommé au milieu de la lande à observer l’oiseau , la fleur ou l’insecte … que dans mon potager !

  3. Sauvage, partageur, mais aussi brodeur ! Quelle belle prose pour nous dire que tu t’absentes !
    Depuis longtemps l’endroit où je suis n’influence en rien ma solitude ou ma présence aux autres. Je ne sais pas si c’est une qualité, un don, une prédisposition ou un défaut, mais je peux être au milieu de personnes et m’isoler complètement et je peux être seul dans mon jardin ou ailleurs et me sentir proche d’autres.

  4. Je comprends bien ce que tu dis là. Etre absent au milieu des autres, cela m’arrive assez souvent.
    Je me sens très proche aussi de ce que dit Yves. L’approche naturaliste réveille en nous les côtés les plus sauvages, notamment lorsqu’on est en forêt, à la tombée de la nuit par exemple. On a alors l’impression parfois d’être proche de l’Homme préhistorique qui sommeille en nous.

  5. Bon, faut quand même que je prépare mes affaires, parce que si je veux arriver demain matin en Camargue … ! :wink:

  6. La Camargue que j’ai vu, connu, aimé ….

    Je te souhaite de très bons moments Bernard… ainsi qu’aux tiens,
    A bientôt

  7. Je ne me suis jamais sentit autant sauvage que lorsque je pêchais à la mouche étant plus jeune et que je traquais le moindre radier, rocher et gobage ça et là … par contre au potager je suis partageur et loquace …

  8. Moi aussi , j’en ai passé des heures à fouetter de la soie au dessus des rivières du coin … C’est vrai que c’était un plaisir solitaire , mais qui m’a aussi permis de faire de belles rencontres avec de vrais passionnés . Depuis quelques années , j’ai remisé la canne au grenier , pour m’intéresser un peu plus à la vie qui grouille autour de la rivière … Un vrai plaisir d’avoir ce nouveau regard sur ces petits endroits encore sauvages !!
    :happy:

  9. Le blogadupdup est donc un repère de sauvages si je comprends bien …
    Et moi la première !

  10. En ce dimanche , un poème de Sabine SICAUD : La Solitude
    On aurait pu le nommer : Verte solitude !

    Solitude… Pour vous cela veut dire seul,
    Pour moi – qui saura me comprendre ?
    Cela veut dire : vert, vert dru, vivace tendre,
    Vert platane, vert calycanthe, vert tilleul.
    Mot vert. Silence vert. Mains vertes
    De grands arbres penchés, d’arbustes fous ;
    Doigts mêlés de rosiers, de lauriers, de bambous,
    Pieds de cèdres âgés où se concertent
    Les bêtes à Bon Dieu ; rondes alertes
    De libellules sur l’eau verte…
    Dans l’eau, reflets de marronniers,
    D’ifs bruns, de vimes blonds, de longues menthes
    Et de jeune cresson ; flaques dormantes
    Et courants vifs où rament les  » meuniers  » ;
    Rainettes à ressort et carpes vénérables ;
    Martin-pêcheur… En mars, étoiles de pruniers,
    De poiriers, de pommiers ; grappes d’érables.
    En mai, la fête des ciguës,
    Celle des boutons d’or : splendeur des prés.
    Clochers blancs des yuccas, lances aiguës
    Et tiges douces, chèvrefeuille aux brins serrés,
    Vigne-vierge aux bras lourds chargés de palmes,
    Et toujours, et partout, fraîche, luisante, calme,
    L’invasion du lierre à petits flots lustrés
    Gagnant le mur des cours, les carreaux des fenêtres,
    Les toits des pavillons vainement retondus…
    Lierre nouant au front du chêne, au cou du hêtre,
    Ses bouquets de grains noirs comme un piège tendu
    A la grive hésitante ; vert royaume
    Des merles en habit – royaume qui s’étend
    Ainsi que dans un parc de Florence ou de Rome
    En nappes d’émeraude et cordages flottants…
    Lierre de cette allée au porche de lumière
    Dont les platanes séculaires, chaque été,
    Font une longue cathédrale verte – lierre
    De la grotte en rocaille où dorment abrités
    Chaque hiver, les callas et les cactus fragiles ;
    Housse, que la poussière blanche de la ville
    Givre à peine les soirs de très grand vent – pour moi,
    Vert obligé des vieilles pierres,
    Des arbres vieux, des toits qui penchent, des vieux toits –
    Un château ? Non, Madame, une gentilhommière,
    Un ermitage vert qui sent les bois, le foin,
    Où les bruits dé la route arrivent d’assez loin
    Pour n’être plus qu’une musique en demi-teintes.
    Un train sur le talus se hâte avec des plaintes,
    Mais l’horizon tout rose et mauve qu’il rejoint
    Transpose le voyage en couleurs de légende.
    On regarde un instant vers ces trains qui s’en vont
    Traînant leur barbe grise – et c’est vrai qu’ils répandent
    Un peu de nostalgie au fil de l’été blond…
    Mais le jazz des moineaux fait rage dans les feuilles,
    Les pigeons blancs s’exaltent, le cyprès
    Est la tour enchantée où des notes s’effeuillent
    Autour du rossignol. Du pré,
    Monte la fièvre des grillons, des sauterelles,
    Toutes les herbes ont des pattes, ont des ailes –
    Et l’Âne et le Cheval de la Fable sont là
    Et Chantecler se joue en grand gala
    Jour et nuit dans la cour où des plumes voltigent.
    Au clair de l’eau, c’est l’éternel prodige
    Du têtard de velours devenu crapaud d’or,
    De la voix de cristal parmi les râpes neuves
    D’innombrables grenouilles. Le chat dort.
    Dickette-chien s’affaire – et sur leur tête pleuvent
    Des pastilles de lune ou de soleil brûlant.
    S’il pleut vraiment, la pluie à pleins seaux ruisselants
    S’éparpille de même aux doigts verts qui l’arrêtent.
    Un tilleul, des bambous. L’abri vert du poète,
    Du vert, comprenez-vous ? Pour qu’aux vieilles maisons
    Rien ne blesse les yeux sous leurs paupières lasses.
    Douceur de l’arbre, de la mousse, du gazon…
    Vous dites : Solitude ? Ah ! dans l’heure qui passe,
    Est-il rien de vivant plus vivant qu’un jardin,
    De plus mystérieux, parfumé, dru, tenace,
    Et peuplé – si peuplé qu’il arrive soudain
    Qu’on y discourt avec mille petits génies
    Sortis l’on ne sait d’où, comme chez Aladin.
    Un mot vert… Qui dira la fraîcheur infinie
    D’un mot couleur de sève et de source et de l’air
    Qui baigne une maison depuis toujours la vôtre,
    Un mot désert peut-être et desséché pour d’autres,
    Mais pour soi, familier, si proche, tendre, vert
    Comme un îlot, un cher îlot dans l’univers ?…

  11. Je relis les commentaires précédents et notamment le poème proposé par Yves et qu’il présente comme « verte solitude ».
    je me pose la question « peut-on connaître la solitude véritable en étant en pleine nature ? ». Je pense que non. La sauvagerie oui, car notre côté sauvage reprend vite le dessus, mais la vraie solitude, peut-être pas. Vous en pensez quoi ?

  12. Tu n’as pas l’air sûr de toi Bernard sur le sujet en disant , je pense que non et peut-être pas !! C’est un peu comme nos discussions sur le Bonheur !
    :wink:
    Cette solitude verte est pour moi une forme de bonne solitude , une solitude bénéfique , souriante , elle me ressource , elle me fait du bien …. On devrait appeler cela , un moment de solitude … Car si c’était durable , le ressenti ne serait certainement pas le même .
    C’est idiot de dire cela car ça n’a aucun sens mais , voilà un moment de solitude qu’on aimerait partager !
    La solitude véritable , c’est autre chose , c’est un autre état d’esprit qui mène vers le dégoût des autres et l’isolement … Là , il n’est plus question de partager quoi que ce soit , ni le bon , ni le mal .
    Et arrive inexorablement l’oubli , comme dans cette triste affaire de véritable solitude .
    http://www.lasavoie.fr/Actualite/Fil_Infos_regionales/article_1736932.shtml

  13. Oui, je partage à 200% ce que tu dis.
    Le sujet me semble important, c’est pourquoi j’avais envie d’y revenir.

  14. C’est la différence entre être solitaire, et être seul. On peut se sentir seul dans la foule.

  15. Bon les gars excès ou manque de bière. Vous philosophez dur. On met chacun des choses différentes derrière les mots seul, solitude…. Mais comme le dit la chanson ça n’existe pas. Etre seul c’est ne pas exister donc ne pas pouvoir être seul. Comment exister sans vis à vis ?

  16. Ce que j’ai voulu dire, c’est que dans la nature, je me sens entouré de tellement de vie(s) qu’il me serait difficile de ressentir la solitude.
    Et comme le dit Zouzou, on peut se sentir tellement seul au milieu de la foule (et des autres, d’une manière générale).
    Je pense que la solitude est un terme qui est à relier avec les mots « amitié » et « amour ». N’est-ce pas les seules relations qui vaillent !

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