Je vais relater deux observations très inhabituelles dans cet article.
La première concerne un animal que je vois rarement. En effet, voir la martre est chose rare (en tous les cas, pour moi). Je ne l’ai observée qu’à six reprises dans ma vie. Ce qui m’est arrivé dimanche est donc un énorme coup de chance.
J’avais prévu d’aller faire un tour dans mon affût en lisière de forêt. Je n’étais pas encore parti, j’étais en retard par rapport à ce que j’avais prévu. Heureusement ! car juste au moment où je partais, une martre est arrivée derrière la maison. Je ne l’avais pas remarquée, c’est Sylvain qui l’a vue dévaler la pente. Il était 13H40 exactement.
Ce n’était sans doute pas la première fois que la martre venait car elle est allée directement vers les déchets de viande (que je laisse en permanence sur le terrain dans le but de nourrir les buses).
La martre est partie la gueule bien chargée. Elle est revenue de nouveau dix minutes plus tard. J’ai eu le temps de faire pas mal de photos à travers la vitre, mais très peu sont potables, il faisait sombre malgré l’heure et les conditions lumineuses étaient très mauvaises (je tournais au 1/15 de seconde).
(petit problème de la balance des blancs qui explique les différences de couleur)
Sylvain a revu la martre lundi vers 15H et mardi vers 12H30. Voici donc une nouvelle habituée de la maison à Dupdup !
La deuxième observation concerne le pic épeiche. Il s’est passé une scène à laquelle je n’avais jamais assisté. Une petite précision en préalable tout d’abord : deux pics épeiches viennent tous les jours à la mangeoire : un mâle reconnaissable à sa tache rouge derrière la tête …
… et une femelle identifiable grâce à l’absence de tache.
Et j’en arrive au fait du jour ! Ce matin, il y a eu, comme chaque jour, une attaque fulgurante de l’épervier. D’habitude, ce sont des petits oiseaux qui font les frais de ces attaques : mésanges, moineaux, chardonnerets, … et j’ai même assisté un jour à une attaque réussie sur un étourneau.
Ce matin, la femelle d’épervier avait jeté son dévolu sur le pic épeiche. L’attaque fut maîtrisée et réussie. Il était exactement 9H10 et je regardais juste par la fenêtre à ce moment-là. L’épervier est resté très très longtemps sous la haie du voisin à dépecer sa proie, cela a duré plus de deux heures, il n’est reparti qu’à 11H34. De temps en temps, je l’apercevais à travers les branches.
Pendant ce temps-là, un mâle de pic épeiche est venu se nourrir, indifférent à la présence de l’épervier.
C’est donc la femelle qui a été capturée. Je dois dire à ce stade du récit que j’ai été très touché par cette scène car cette femelle était devenue très peu farouche à mon égard. Elle semblait intéressée aux noix, noisettes et tournesol que j’avais dans la main lorsque je nourrissais « mes » petites mésanges charbonnières. Dimanche dernier, elle était même venue à un mètre de moi. Il y avait donc une relation qui commençait à s’établir entre elle et moi. La concrétisation de nos amours n’aura donc lieu que dans une autre vie …
Heureusement que je ne suis pas cardiaque, car les émotions en ce moment, c’est pas ça qui manque !
Les histoires d’Amour finissent mal……en général………
De toute façon, tout finit mal au bout du compte et tout se termine dans un trou noir … les amours comme le reste !
que de bien belles images!
j’imagine dans les deux cas le coeur qui bat;
Je me demande si je ne l’ai pas déjà vue près de chez moi. La martre vit-elle près des habitations et dans les villes?
Bonjour Marido.
Non, la martre est très liée aux arbres et à la forêt.
Les villages et les villes sont par contre habitées par un autre mustélidé (c’est ainsi que s’appelle la famille) qui est la fouine et dont la taille est assez proche (le dessous est par contre plus blanc que jaunâtre).
Petite précision en complément à mon commentaire précédent.
La fouine est très liée à la pierre, c’est au départ un animal de falaise et de pierriers qui s’est adapté à l’Homme (qui a construit des maisons en pierre) alors que la martre est très liée à l’arbre et est restée en grande partie cantonnée aux forêts.
Les Allemands ont d’ailleurs deux noms très explicites pour ces deux espèces : Steinmarder (meurtrier des pierre) pour la fouine et Baummarder (meurtrier des arbres) pour la martre.
Les retards ont du bon, parfois… nous n’aurions pas pu bénéficier de tes observations et photos, et apprendre un peu, grâce à toi. Bon week-end à toi et ta famille.
bernard je te remercie pour ta réponse.
je pense que j’ai donc vu une fouine et non une martre car c’était presque en pleine ville
le prochain coup je regarderai mieux.
Dans les années 70, Antoine Waechter avait fait une thèse sur le sujet et avait montré comment la fouine était inféodée au milieu bâti et la martre au milieu forestier.
Bonjour Dupdup,
Grâce aux photos que vous avez fait de la martre, j’ai pu enfin identifier l’animal que j’ai vu il y a une vingtaine d’années dans le Tarn à la lisière d’un bois. C’était en plein jour.
Donc bien observable. Par contre la fourrure de l’animal m’a semblé plus chatoyante.
Continuez à nous faire part de vos observations. Vos photos sont superbes aussi.
Ça doit être ça : vu les conditions dans lesquelles Dupdup a pris les photos et l’aspect de cette martre, le temps n’était pas chatoyant !
Joëlle, Sylvian et moi avons remarqué que le pelage de la martre n’était pas en très bon état. On s’est même demandé si elle n’avait pas été attaquée (il lui manquait une plaque de poils sur le haut de la cuisse droite).
Très impressionnantes ces deux histoires ! … en te lisant j’avais même l’impression de le vivre « en direct » ! :biggrin: J’adore, merci !!!!!! :wub:
Tu parles de mauvaises conditions de prises de vue à cause du temps et donc de la luminosité médiocre mais franchement je trouves les clichés de la martre vraiment supers on y voit quand même beaucoup de détails, non vraiment bravo !!!!!!
Tu habites la « maison du paradis » pour les amoureux de la nature, ça me sidère toujours autant ! …
Pour qu’elle soit vraiment « maison du paradis », faudrait que je transforme une partie de la maison en brasserie ! Après, ça serait parfait ! :whistle:
Ca viendra !!!!!! :biggrin: :biggrin: :biggrin:
C’est Philippe Bouchey (dont je suis voisine à St Seine sur Vingeanne) qui m’a parlé de vous et donné vos coordonnées. J’ai passé beaucoup d’heures en forêt Chatillonnaise (forêt que je regrette et qui n’existe pas par ici où on ne trouve que des bois), et je découvre maintenant le milieu de prairie et de bord de rivière. Nous tentons de créer ici un espace pour la petite faune en organisant l’espace et la flore. Je vais vérifier mes intuitions et mes recherches avec vos photos!
Ici aussi, un épervier vient faire son marché chaque jour auprès des mangeoires. Je tiens mes chats enfermés et lui choisit une proie par jour! quelques fois sous notre nez et celui du chien! par contre, je ne nourris pas (volaontairement) les buses. elles avaient tendance à gouter mes quelques poules!
en espérant vous rencontrer un de ces jours, lors de mes très réguliers voyages vers Besançon
Cordialement
CA Morin
Bonjour Claire-Alix et bienvenue sur ce blog.
Un grand bonjour à Philippe que je n’ai pas vu depuis quelques années.
Est-ce vraiment la buse qui s’attaque aux poules ou n’est-ce pas un autre rapace : l’autour des palombes, qui est mieux armé pour le faire ?
J’espère qu’on aura l’occasion de se voir, je n’habite qu’à 1/4 d’h de Besançon.
Il y avait à l’instant deux pics épeiches l’un à côté de l’autre à la mangeoire : un mâle et une femelle.
Après la disparition de la femelle précédente suite à l’attaque par l’épervier, notre mâle aura eu vite fait de se consoler ailleurs … ! :whistle:
Ainsi va la vie …
Bernard STP nom et adresse de l’épervier. Merci
Dans la demi-heure qui a suivi la mise en ligne de mon commentaire, j’ai reçu 2 486 mails qui me demandaient tous la même chose que toi ! :whistle:
:tongue:
Je confirme, l’épervier est injoignable…
Tu es sûr ? J’en ai vu un à l’instant qui partait à fond la caisse en direction du secteur de Quingey …
J’ai l’impression qu’il venait d’être appelé en urgence ! :devil:
Décidément … !
Le mâle de pic épeiche s’était retrouvé une nouvelle femelle. Elle s’est scratchée sur la fenêtre du salon et on l’a retrouvée morte ce soir en rentrant du boulot. :angry:
Elle s’est scotchée ou crashée ? Les deux à la fois peut-être ?
Tellement d’émotions que le Dupdup nous invente des mots ! :biggrin:
Meuh non. C’est une vieille expression franc-comtoise… :silly:
Oui, je confirme, l’expression « se scratcher » est très utilisée ici en Franche-Comté. Je pensais qu’elle l’était aussi ailleurs.
Ben oui, je viens de vérifier sur le net. Non seulement cela se dit en Franche-Comté (d’après vos dire) mais il semble que cela se dise de partout !
Honte à moi ! :blush:
Ceci dit, je viens de vérifier dans le Petit Larousse (version papier) que j’ai à la maison. Ce mot existe mais n’est pas donné dans cette signification. :wassat:
Je comprends qu’avec un Larousse datant de 1930 tu n’aies pas adhéré à ce que j’ai dit sur la signification de ce mot. :biggrin:
Et je suis content de constater que maintenant notre Etincelle de la Drôme adhère ! :whistle:
Un peu chameau le Dupdup !
Un chameau pour une chamelle ! :w00t:
En fait de chameau, petite devinette:
Qu’est-ce qu’un chalumeau ?
Facile à répondre vu le contexte… :silly:
Ah ! Je m’en souviens : Un chalumeau, c’est un dromaludaire à deux bosses ?
Eh ben en voilà une réponse qu’elle est bonne ! :tongue:
Petit rappel des derniers épisodes : Quelques semaines seulement après avoir été veuf, notre mâle de pic épeiche se trouve une nouvelle femelle. Avant-hier soir, la nouvelle femelle se scratche contre la vitre. Hé bien, hier matin, soit le lendemain de cet accident, une nouvelle femelle était là au poste de nourrissage. Je ne sais pas comment le mâle s’y prend, d’abord pour attirer une nouvelle femelle aussi vite :wub: , ensuite pour l’éliminer sans avoir la police sur le dos … ! :devil:
Michel m’a dit hier qu’à son poste de nourrissage dans son verger, il y a 4 pics épeiches : 1 mâle et 3 femelles. Il y en a qui s’y prennent quand même mieux que d’autres ! :whistle:
Il y a beaucoup d’émotion dans la vidéo de cet article (merci à Brind’paille de me l’avoir envoyée) !
Superbe. Merci
Woufff !
Splendide document avec une de mes idoles. J’admire le travail de Jane Goodall depuis que je suis gosse.
Quelle superbe scène, de celles qui brisent la frontière inutile entre l’homme et l’animal, ou permettent d’autres choix que l’opposition systématique entre les choses.
:heart: