Les Asters (1)

Un article proposé par Albert
LES « INVASIONS BARBARES »
Le 30 septembre dernier, Dupdup nous parlait des asters, qu’il appréciait particulièrement comme les dernières fleurs de la saison au jardin ; l’article en question était à nouveau l’occasion pour Bernard de nous présenter une magnifique galerie de photographies d’insectes qui visitent ces fleurs. Dans les commentaires, j’ai signalé que ces asters figuraient parmi les plantes dites « invasives » de nos régions et j’ai proposé de rédiger une série d’articles sur ces envahisseurs à chlorophylle.

Voici donc la première note de cette série, dans lesquels je vais vous décrire ces plantes venues d’autres régions du monde (d’où le terme « barbare » qui signifie « étranger » dans sa première acceptation) et qui s’installent avec plus ou moins de bonheur chez nous, je veux dire en Europe moyenne et tempérée. Dans chacun des articles de cette grande saga des plantes « invasives », je vous présenterai ces végétaux (avec quelques photos si possible) mais également quelques éléments de leur biologie, leur mode de dissémination, les milieux naturels qu’elles investissent et les méthodes de lutte mises en œuvre contre ces invasions, lorsqu’il y a « péril ».

Par avance, je tiens ici à remercier Marc VUILLEMENOT, chargé de mission au Conservatoire Botanique National de Franche-Comté plus particulièrement sur ce sujet des plantes envahissantes, et qui me procure des informations toutes fraîches et précises sur la situation en Franche-Comté. Marc m’a révélé qu’il vient parfois à la rubrique « Jardinage » de ce blog.

Les asters, plantes de la famille des Astéracées, sont classés par les botanistes systématiciens et taxonomistes, dans le genre Symphyotrichum ; à signaler que ce groupe est différent voir éloigné des asters représentés dans notre flore régionale comme l’Aster amelle (Aster amellus) ou la fausse Pâquerette de Michel (Aster bellidiastrum).

On distingue 2 groupes morphologiques faciles à reconnaître :

D’une part, le groupe de l’Aster de Nouvelle Angleterre (Symphyotrichum novae-angliae) aux couleurs vives qui se déclinent du rose au violet en passant par de nombreux tons lilas ; il s’agit de plantes couvertes de poils glanduleux qui rend leur toucher assez rêche, et à floraison automnale assez tardive.

Aster de Nouvelle Angleterre (fleurs en fin de floraison et détail des feuilles)

D’autre part, le groupe de l’Aster à feuilles de Saule (Symphyotrichum x salignum), aux fleurs plus étalées et aux teintes mauve pâle (parfois blanches) à violettes ; les feuilles sont plus larges que celles du groupe précédent.

Aster à feuilles de Saule ( fleurs de diverses couleurs et pollinisateur)

Ces grands « asters » américains d’ornement constituent un groupe d’espèces plus ou moins proches qui nous arrivent du continent nord-américain. Leur présence est signalée dès le début du XIXème siècle à Strasbourg et dans la région de Mende. La « puissance d’invasion » de ces plantes reste modérée même si certaines situations semblent préoccupantes.

Ils possèdent un système racinaire avec des rhizomes qui donnent naissance à de nouvelles tiges, mais c’est la production et la propagation d’une grande quantité de graines à aigrette (semblables aux graines des pissenlits) qui confèrent à ces plantes une forte capacité à se disséminer ; cette production abondante de graines est contrebalancée par une viabilité faible de ces mêmes graines.

Il existe parmi ces plantes des hybrides issues de croisement entre les divers types introduits, cette origine hybridogène confère à ces plantes une plus grande vigueur, donc une plus grande plasticité et faculté d’acclimatation à notre climat.

La galerie de portraits des butineurs d’asters (voir article de Dupdup) confirme le rôle essentiel joué par les insectes dans la pollinisation de ces végétaux.

En Amérique, les asters constituent des mégaphorbiaies (zones de hautes herbes) de milieux frais à marécageux.

En France, outre les jardins, on les retrouve dans des milieux relativement secs (friches et bords de routes) mais aussi en secteur humide ; c’est là qu’ils posent des soucis en se substituant aux mégaphorbiaies naturelles des plaines et forêts alluviales et des prairies fraîches abandonnées par notre agriculture. Ils constituent des peuplements très denses qui évincent toute autre présence végétale.

La lutte contre les asters se fait principalement par fauchage répété avant la floraison des vastes communautés mono-spécifiques ou par arrachage des touffes de plantes en prenant soin de ne pas laisser des portions de rhizome dans le sol. Sur les talus routiers, certains services de voiries procèdent à des éliminations thermiques ou chimiques, mais l’aspersion de désherbants est proscrite dans les sites marécageux ou alluviaux afin d’éviter les pollutions de nappes phréatiques.

En Franche-Comté, le Marais de Saône situé non loin de Besançon sur la route de Pontarlier, fait l’objet, depuis 5 ans, d’un suivi par les équipes du Conservatoire Botanique national et par les gestionnaires de ce haut lieu de la « biodiversité » comtoise. Une partie de ce marais est activement envahie par les asters à feuilles de Saule et d’autres astéracées américaines dont on parlera dans un prochain article de cette série sur les « pestes végétales ». Quelques autres sites marécageux sont sous surveillance mais la situation n’est pas alarmiste vis-à-vis de ces asters américains.

55 réflexions au sujet de “Les Asters (1)”

  1. Je viens de lire attentivement l’article et je me pose la question : faut-il quand même avoir des asters dans son jardin ? Les miens me plaisent bien (notamment parce qu’il y a toujours des tas d’insectes sur leurs fleurs), ils se plaisent bien dans mon sol, mais je n’ai pas noté qu’ils s’étendaient ailleurs. Je n’ai donc pas l’impression qu’ils posent problème mais je n’en suis plus très sûr suite à la lecture de l’article et je me dis qu’ils sont « potentiellement dangereux ».

  2. Pour l’instant, ma région semble assez préservée de ces asters invasifs. En tout cas, je n’ai rien observé de particulier même si j’en ai déjà vu sur une aire d’autoroute entre Grenoble et Chambéry. Par contre, nous avons pas mal de vergerette du Canada, beaucoup de renoué du Japon dans certaines vallées alpines même si certaines communes tentent de l’éradiquer et surtout l’ambroisie qui a tout envahi vers chez moi dans la Drôme. C’est foutu, on ne s’en débarrassera plus :sad: C’est un véritable fléau :angry:

  3. Moi aussi je n’en ai jamais vu dans la nature quand j’herborisais. C’est dommage que les asters soient invasifs c’est si beau.
    Personnellement je préfère planter des végétaux de notre flore comme la tanaisie qui fleurie très tard dans la saison (aout septembre octobre). En plus on peut l’utiliser pour faire des purins etc … j’allie à la fois le côté plante mellifère et plante utile au jardin :wink:

  4. Nous avons fait quelques travaux de réfection d’une terrasse dernièrement, et comme il fallait remettre de la terre végétale, nous disions à notre maçon qu’il fallait prendre garde à la qualité de la terre, pour éviter d’avoir des invasives comme la renouée du Japon.
    « Ah, on en a, des problèmes avec les étrangers », nous répondit-il. :heart:

  5. Sachant qu’il y a des centaines d’espèces invasives en France et que notre ami Albert a commencé un article en annonçant que c’est le premier d’une série, ce blog a encore une longue vie devant lui … ! :wink:

  6. Ben flûte alors, je viens d’en repiquer !
    De bien belles plantes ces asters, et celles illustrées par Albert sont des géantes à côté de la seule que je connaissais lorsque je crapahutais en montagne : l’Aster des Alpes. Comme Jérôme, le fait qu’elles soient mellifères m’intéresse, et puis elles ont le petit côté naturel des pâquerettes et des pissenlits qui poussent partout, tout en ayant une dignité ornementale… la couleur sans doute.
    J’avais compris qu’Albert s’attaquait aux asters, pas à toutes les invasives ?

  7. En fait, je ne sais pas vraiment si Albert s’attaque à toutes les invasives. Disons, pour être honnête, que je lui force un peu la main … ! :whistle:

  8. Albert semble être aux abonnés absents … !
    Je l’ai toujours soupçonné d’entrer en hibernation dès le mois de septembre et de n’en sortir qu’au mois de mai ! :whistle:

  9. Petit ajout à ma phrase : « Je l’ai toujours soupçonné d’entrer en hibernation dès le mois de septembre et de n’en sortir qu’au mois de mai ! »
    … sauf pour la Saint-Vincent de Champlitte, bien évidemment ! :biggrin:

  10. Je sors de ma torpeur supposée pour préciser que cette chronique qui débute, traitera des plantes « invasives » qui posent le plus de problèmes en France et surtout en Franche-Comté mais également celles qui sont spectaculaires dans leur expansion et leurs retombées. Comme tu l’as dit, Bernard, je ne prétends pas faire un inventaire exhaustif.
    Pour ce qui est de l’Aster des Alpes, il est autochtone ; quant à l’Aster maritime il est également à sa place dans les estuaires de la zone atlantique. Ces 2 plantes sont des Asters vrais, pas des Symphyotrichum.

    Si j’ai débuté cette série par les asters américains, c’est simplement pour rebondir sur l’article récent ; il est vrai que ce ne sont pas les plantes qui posent le plus de soucis d’envahissement mais restons vigilants tout de même !!
    En avant première, je vous signale que le prochain opus de la série sera consacré aux Renouées asiatiques, sacrées « clientes » comme disent les cantonniers.
    Bonne soirée à tous, je retourne à mon oreiller puisqu’il paraît que j’y passe une majeure partie de mon temps. Vérifiez quand même vos sources d’informations ! :wink: :tongue: :sleeping: :sleeping: :sleeping:

  11. Bizarre ! Un émoticône invasif dans le message précédent !
    Cette fois, c’est bon : :sleeping: :sleeping: :sleeping: :sleeping: :sleeping:

  12. Bizarre ! Un émoticône « invasif » dans le message précédent !
    Cette fois, c’est bon, bonne nuit à tous !
    :sleeping: :sleeping: :sleeping: :sleeping: :sleeping:

  13. Y a-t-il un seul exemple d’espèce invasive (animale ou végétale) que l’on ait pu éradiquer ? J’ai l’impression que non, tant les moyens qu’il faudrait mettre en oeuvre sont gigantesques.

  14. Aster que vous nous jouez là nous ramène au bon vieux temps que nous avions passé à Sion. :smile: Et vous avez même mis l’asteréo !

  15. Et oui, Etincelle est là pour nous rappeler l’aster Sion, celui que l’on cultive avec conviction!

  16. Etincelle quand tu parles de l’air musical que nous écoutons en stéréo, j’imagine que tu parles d’un air d’Aster Piazzolla, non ? :w00t:

  17. J’ai 6 réponses à ta question, mais je pense qu’il me faut trouver parmi toutes, la meilleure réponse « des six Yves ! » :smile:

  18. C’est une plante qui envahit aussi la rivière de mon enfance.
    Lors de mon séjours dans les Dolomites il y a quelques années, la rivière de vallée alpine qui se trouvait à côté de mon logement était bordée presque exclusivement de deux espèces invasives : balsamine de l’Himalaya et Buddléia. Joli, mais inquiétant.
    Dans quelques millénaires, lorsqu’on recherchera (et si ON le fait !) les causes du déclin planétaires seront vite élucidées : facile de tracer notre espèce, elle n’a pas trouvé le Yéti, elle a hérité de la balsamine !

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