124 rue du moulin (2)

LETTRE OUVERTE A MONSIEUR DUPDUP.
D’abord les présentations : Je m’appelle Corps d’Ulia et j’interviens ici au titre du syndicat des libellules dont je suis la très z’ailée présidente.

Notre syndicat s’est réuni d’urgence ce vendredi à la suite de la parution de votre article consacré au gobemouche gris. Les principaux représentants de notre organisation étaient là : il y avait les membres de la tribu ZYGO …

 … et ceux de la tribu ANISO :

Un seul sujet à l’ordre du jour de notre réunion : « Comment le sieur Dupdup a-t-il pu présenter le gobemouche gris de manière aussi peu objective et aussi flatteuse ? »

Il faut d’abord que je vous précise que nous sommes tous de fidèles lecteurs du blogadupdup, que nous apprécions en général l’impartialité avec laquelle sont présentés les articles (si, si !) et que ce n’est qu’à contrecoeur que nous postons aujourd’hui une lettre de réclamation, pour ne pas dire de protestation.

Il a l’air bien mignon ce gobemouche tel que vous nous le présentez. Mais derrière la poésie des images (la finesse du plumage, le bec coloré des jeunes, la délicatesse du vol …) se cache un redoutable prédateur. Et pas seulement un prédateur de mouches et de moustiques ! S’il ne s’attaquait qu’à eux, ce ne serait pas bien grave, malgré le côté concurrentiel de la chose (nous nous goinfrons nous-mêmes de diptères).

Mais ce que votre article n’a pas montré – et c’est en cela que nous vous reprochons votre manque d’objectivité, voire même une falsification de la vérité – c’est que nous payons nous-mêmes un énorme tribut à Sieur gobemouche et que vous n’en dites pas un mot. Alertés par un membre de la famille ZYGO, nous avions dépêché ce printemps l’un de nos photographes qui est entré en douce dans votre bureau. Dès que vous aviez le dos tourné, clic clac merci kodak, nous avons photographié tout ce qui se passait dans le nid !

Et ce que nous avons vu est EDIFIANT !
Monsieur Gobemouche est un véritable monstre sur pattes !
Pour ne pas dire sur roulettes !
Jugez-en par vous-même !

C’est avec une voracité extrême que notre gobemouche enfourne nos congénères.

 Il faut moins de cinq secondes, top chrono, pour que les corps disparaissent …
 … quelque soit leur taille !

 A la vue de ses documents, Saint-Petrum a vu rouge … !

 C’est lui d’ailleurs qui a provoqué la réunion de crise de notre syndicat.

Nous avons visionné et revisionné tous ensemble les images …

 … à chaque image, ça grinçait des dents !

 Le summum a été atteint lorsque nous avons constaté que cet infâme personnage capturait mâle et femelle dans la même becquée …

 … au moment même où Monsieur et Madame étaient juste en train de faire leur leçon de gymnastique quotidienne !

(une figure extraordinaire que même vous, Dupdup, si j’en crois votre aimable épouse, n’arrivez pas à faire sans vous casser la g…. du lit !)

A l’issue de notre réunion, les membres de notre syndicat ont désigné à l’unanimité le principal coupable : vous-même !

Car n’est-ce pas vous qui avez installé, un peu partout autour de votre bureau, des nichoirs à gobemouches ! Jusqu’à ce que vous le fassiez, il n’y avait qu’un seul couple de gobemouches. Et encore, pas chaque année ! Alors que depuis trois ans, 144 nichoirs installés par vos soins, tous destinés à des bêtes plus affreuses les unes que les autres (bergeronnettes, mésanges, …) ont permis à toute la racaille du coin de venir squatter le 124 rue du moulin !

Nous ne dormons plus la nuit.
D’habitude comme le dit le proverbe bien connu : « quand les chouettes hullulent, les lilis bellulent ».
Mais avec ce monstre dans nos pattes, comment ferons-nous désormais pour belluler ? Hein ?

30 réflexions au sujet de “124 rue du moulin (2)”

  1. Quelles superbes photos et j’adore l’humour du texte mais effectivement 144 nichoirs c’est beaucoup, ça va finir par une crise alimentaire et le prix du gramme de libellule va flamber au marais du coin

  2. Insoutenable en effet… :sick:
    Mais si je comprends la révolte chez les odonates, il faudrait que ces charmantes demoiselles et autres naïades poussent l’honnêteté jusqu’au bout : leurs mœurs culinaires ne donnent pas non plus dans la dentelle ! :wink:

    En tout cas, documents remarquables et très esthétiques, pardon aux proies !

  3. Christophe, ta remarque me fait espérer que le SJD (le Syndicat des Joyeux Diptères) viendra faire une déposition et témoigner en ma faveur !

  4. 144 nichoirs! Mazette! Je crains que cette réclamation ne soit que la première d’une longue série! Il faut espérer en effet que les Diptères t’apportent leur soutien et nous gratifient d’une série d’images dont l’horreur surpasse celle-ci ( Si c’est encore possible!)…
    En tout cas, là, c’est toi qui t’es surpassé, Bernard! C’est article est génial et les photos, comme d’hab’, sont superbes!
    Aurais-tu fais un article sur tes nichoirs?

  5. Le SJD, est dirigé par les taons et les moustiques, de tristes sires qui n’ont guère d’amis. Leurs avocats sont des vautours avec qui ils magouillent depuis longtemps dans des affaires véreuses, et ils ont l’art de faire disparaître leurs victimes… :alien:
    Leur organisation couvre la planète, plus dangereuse que toutes les maffias aux dires des rares rescapés de leurs agissements. :sad:
    Tu t’es fourré dans un sale guêpier. :smile:
    Comme ils sont eux-aussi victimes des gobemouches, à mon avis, tu es parti pour des ennuis juridiques à n’en plus finir. :pinch:
    J’ai éventuellement des amis qui ont des solutions plus expéditives que les gobemouches (3 couples pour 144 nichoirs, ça serait trop long !).
    :ninja:

  6. Quelles superbe série de photos, on comprend les inquiétudes du syndicat et de ses sympathisants.

  7. De la « diatribe » des demoiselles, je fus peu critique, m’extasiant sur la verve et le verbe de Bernard, un Buffon (pas boufon), un Jean photographiant ses fables et figurant tout à coup au banc des accusés. Les demoiselles, si prédatrices, sont des pondeuses, ma foi, fort généreuses (je ne me suis pas lancéE dans les multiplications de xoeufs toutes les 5 semaines sur xmois). La nature régule et les gobe-mouches me paraissent bien innocents, voire sages dans leurs prélèvements. La nature mange à sa faim, pas plus, ni moins et préserve son équilibre.

  8. J’ai peur, je ne vis plus, je guette ma boîte aux lettres tous les matins en espérant qu’il n’y aura pas de lettre de menaces émanant du syndicat des diptères ! :alien:
    Vous ne pouvez pas imaginer comme c’est dur la vie de blogblogueuradupdup ! :whistle:

  9. Waouh ! Quel article !
    Aussi bien que La Hulotte.
    Et même mieux parce que La Hulotte ne nous régale pas de si belles photos.
    Et quelle histoire !
    Bon courage Dupdup pour tes prochains ennuis juridiques.

  10. Le gobemouche gris est en train de se réinstaller (dans un nichoir juste à côté de celui de l’an passé).

    Autre info : le gobemouche nain a été observé ce matin dans le parc de bungalows du Slufter à Texel. Je n’ai jamais vu cet oiseau (tout le monde peut pas être parfait, hein !). Certains d’entre vous le connaissent-ils ?

  11. tres drole mais comme les photos sont reussies et tres belles mais pauvres libellules

  12. J’ai pu observer le Gobemouche nain en Franche-Comté en 2004, un mâle cantonné y avait chanté du 20 mai au 25 juin.
    Superbe petit passereau, découvert par un ornithologue suisse juste de l’autre côté de la frontière. Après quelques longs moments d’attente, c’est ma fille cadette qui avait repéré la bête, arrivant presque au sol, et que j’avais prise pour un troglodyte.
    Erreur !

    Cri différent :
    http://www.xeno-canto.org/sounds/uploaded/TDKREJUHOA/XC124347-Red-breasted%20Flycatcher.mp3

    Et chant inconfondable :
    http://www.xeno-canto.org/sounds/uploaded/VLLMNTIBZB/Red-breastedFlycatcher_song.mp3

    Bonne chance !

  13. Chant inconfondable :wassat: …
    Quand on connait tous les autres !
    Dis, Christophe, tu ne voudrais pas m’organiser une petite formation sur les chants d’oiseaux ? :whistle:
    J’en connais certes quelques uns mais beaucoup moins que ce que je voudrais. :sad:
    En échange, je t’emmène voir le sabot de Vénus et le Gypaète barbu :wink:

  14. Très tentant !
    J’anime chaque année une sortie chants d’oiseaux pour l’association locale qui regroupe plein de villages. L’an prochain, rdv sur la troisième commune (mon lieu de travail) probablement en première quinzaine d’avril (avant la profusion sonore !). Tu es évidemment la bienvenue.
    Mais un bémol…
    C’est pas pour me vanter mais les gens repartent enchantés de mes explications… :whistle:
    Mais l’apprentissage des chants, c’est comme pour reconnaître les tit’fleurs : il faut travailler ses gammes !
    Alors il vaut peut-être mieux un week-end Vercors avec séance de chants dans un village puis la quête des deux superbes espèces que tu me proposes et que je n’ai jamais eu la chance de rencontrer.

  15. Pour le sabot de Vénus, c’est début juin. Je connais plusieurs endroits. Le mieux est à côté du Mont Aiguille dans le Vercors.
    Pour le gypaète, c’est toute l’année en Haute Tarentaise mais sans certitude de le voir.
    Sinon, il y a le lâcher dans le sud du Vercors. Cette année, ce sera le 20 juin. Deux jeunes venus de Finlande et d’Autriche seront posés dans la cavité dans laquelle ils resteront jusqu’à ce qu’ils soient prêts à s’envoler. Je connais l’endroit de cette cavité et donc fin juin, on peut s’y rendre pour observer les gypaètes avec la certitude de les voir. Il y a une petite cabane d’observation tout près. Ne croyez pas que parce que ce sont des jeunes, ils sont petits. Ouh là là, non, ils sont déjà très gros !
    Ce sera l’avant dernière fois que des gypaètes seront lâchés dans le sud du Vercors. Le programme est prévu pour 5 ans et là, on en est au quatrième lâcher.
    Pour le sabot de Vénus et le gypaète un même week-end, cela me paraît difficile, les dates ne concordent pas.
    Sur le site du Parc, on peut voir les déplacements effectués par les gypaètes lâchés les autres années … Impressionnant !
    http://parc-du-vercors.fr/fr_FR/comprendre-et-partager-1110/nature-1255/faune-1259/reintroduction-du-gypaete-barbu-1964.html

  16. ça fait trois fois qu’on me propose d’aller voir le sabot de Venus pas très loin d’ici et trois fois que je ne suis pas disponible … :angry:

  17. J’avais vu le gypaète juste après le premier lâcher. Je ne sais plus trop quand c’était mais probablement autour de 1990, peut-être même un peu plus tôt.

  18. J’habite aussi près de la Côte d’Or …
    Cela dit, on m’a parlé aussi des sabots de Venus en Haute-Saône. Et ceux qui connaissent la station ne diront jamais où elle se trouve. Et je les comprends.

  19. Je viens de regarder la carte que tu proposes. Comme la carte montre que le sabot de Venus est disparu en Haute-Saône, il est possible, vu le faible taux de zones prospectées, qu’il y soit encore.

  20. Oui, bien sûr. Cela ne veut pas dire qu’il n’y est pas mais que personne ne l’a signalé à Telabotanica je suppose. Il qu’il doit être très rare.
    C’est comme un certain serapias qu’un de mes potes a soi-disant vu il y a quelques années dans un endroit ou théoriquement il ne devrait pas être. C’est tout près de chez moi. Cela fait plusieurs fois que je vais chercher mais je ne l’ai pas trouvé. Hier après-midi, j’y suis allée. j’ai répertorié 16 espèces d’orchidées mais pas le serapias. J’ai quand même un peu des doutes car c’est un lieu très parcouru par les orchidophiles et dans le dernier ouvrage paru en janvier de la Société d’orchidophilie, ils ne le signalent pas dans ce vallon. D’un autre côté, mon ami est quelqu’un en qui j’ai confiance. Alors ? Mystère et boule de gomme !
    Pour revenir à ce vallon, 35 espèces d’orchidées plus de nombreux hybrides y ont été répertoriés !
    Un vallon en or !

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