Il y a quelques semaines, je suis allé à une dégustation de vins de la Loire chez Brind’paille. Très beau moment de partage. Mais ce n’est pas de ce partage-là dont je voudrais vous parler. Il y avait là plusieurs personnes que je ne connaissais pas, dont Vincent et Laure. La conversation a beaucoup tourné autour du thème du jardinage puis sur le thème du blaireau, Vincent et Laure venant de trouver une série de terriers en pleine forêt.
L’après-midi, nous nous sommes retrouvés à six pour une promenade sur le site des blaireaux. Joëlle était venue, Brind’paille était accompagnée de son Brind’foin, Vincent et Laure nous guidaient sur un magnifique sentier (à 1 km seulement de chez moi, à vol d’oiseau, et que je ne connaissais pas). Nous avons rapidement préparé une petite place avec l’idée d’y revenir plus tard, en éliminant quelques branches qui pouvaient gêner pour l’observation ainsi que les feuilles mortes qui pouvaient bruisser sous nos pas (très très important !).
Vincent est venu se poster en soirée devant les terriers à deux reprises et a observé chaque fois un blaireau, mais de manière fugitive.
Puis ce fut cette fameuse soirée où nous sommes allés ensemble. C’était le mercredi soir 27 avril.
La soirée avait mal commencé, j’avais eu du mal à trouver la maison de Vincent et de Laure et j’étais donc en retard. Nous sommes arrivés devant les terriers vers 20H15 (plus ou moins 5 mn). L’attente fut brêve, sans doute moins de 10 mn.
Lorsqu’une forme a émergé du terrier, quelques mètres seulement devant nous, un ronronnement faible m’a aussitôt fait comprendre qu’il se passait quelque chose d’inhabituel et que la soirée allait être différente de celles que je connaissais jusqu’à présent.
Ce n’était pas un, mais deux blaireaux qui étaient devant nous, et ils s’accouplaient. Oui, vous avez bien lu, ils s’accouplaient !
Jamais je n’avais imaginé que cette scène me serait un jour offerte. Je savais que même les observateurs les plus passionnés n’y arrivent pas en général. Le grand Robert Hainard, référence en la matière et qui a consacré au moins 70 ans de sa vie à observer le blaireau, son animal de prédilection, n’a eu l’occasion de l’observer qu’une seule fois, alors qu’il ne l’espérait plus. C’était le 23 mars 1976. Mais une saute de vent a porté l’odeur de l’observateur au terrier et la scène fut très courte, si courte même que Robert Hainard ne l’a pas décrite dans son livre.
Mais revenons à notre soirée. Les conditions d’observation étaient très bonnes, nous avions une bise assez forte dans le visage et il n’y avait aucun risque ce soir-là que notre odeur aille au terrier. Nous étions immobiles, debout derrière une touffe de noisetier.
La scène se passait juste dans la gueule du terrier et nous pouvions en voir les détails. Oh, l’accouplement du blaireau n’est pas très violent : le mâle est derrière la femelle (rien d’original dans la posture), il la tient avec ses mâchoires au niveau de la nuque. Quelques petits coups de reins de temps en temps et pas mal de gloussements, voilà pour l’essentiel. La scène a duré je pense une dizaine de minutes, peut-être à peine moins.
Les blaireaux sont ensuite rentrés au terrier, ils en sont ressortis un peu plus tard pour aller à une vingtaine de mètres de nous, en contrebas, faire leur toilette. Puis ils sont partis tranquillement en forêt. Nous avons alors quitté les lieux sur la pointe des pieds.
Il faisait encore bien jour lorsque nous sommes ressortis de la forêt. La soirée avait été courte. Mais quelle soirée ! Et là aussi, quelle chance de pouvoir partager cette scène !
Pour moi, cette soirée m’a semblé être l’aboutissement de trente années de persévérance (au moins 600 soirées devant les terriers à mon actif).
Vincent avait eu au contraire la chance du débutant. Une chance telle que Robert Hainard doit sans doute s’en retourner dans sa tombe !
Belle récompense !
Il manque une image comme tu le dis : celle de l’homme qu’a vu l’ours qui…
Oui belle récompense … méritée j’ajouterais.
Je me souviens d’un jour (L’an dernier ? Il y a deux ans ? Il y a trois ans ?) où Bernard m’avait envoyé un mail. Il disait qu’il était un peu démoralisé car en début de saison, il avait repéré un terrier de blaireaux qu’il pensait très prometteur pour les observations et qui finalement n’avait pas tenu ses promesses (comme les hommes politiques :whistle: ).
Alors, Bernard, ce moment exceptionnel que tu as vécu avec tes chers blaireaux, je suis sincèrement heureuse que tu aies eu la chance de le vivre.
Je voudrais savoir …
Est-ce qu’au printemps, le blaireau perd de la bourre comme certains autres animaux ?
Je demande ça parce que l’an dernier, j’ai trouvé plein de bourre grise sur le petit chemin derrière chez moi mais je ne sais pas de quel animal il s’agit.
Un lien mérité car on a beaucoup parlé de Paul Géroudet sur ce blog mais pas assez (il le mérite aussi), de Robert Hainard, un observateur extraordinaire.
http://www.hainard.ch/
On y trouve bien sûr des œuvres représentant le blaireau, et j’ai un penchant particulier pour les sculptures…
Cette scène d’accouplement de blaireau du 27 avril dernier était inespérée pour moi.
Mais curieusement, elle m’a empêché de retourner observer l’animal.
Sans doute en avais-je trop vu de soir-là et qu’il y avait trop d’émotion.
Le revers de la médaille d’une telle scène, c’est que je savais désormais que tout ce que je verrais dorénavant serait en deça de cette super soirée. Alors, je ne suis pas retourné auprès des terriers.
Enfin si, j’y suis retourné avant hier soir, pour la première fois depuis le mois d’avril. J’ai observé quatre blaireaux qui sont sortis assez tardivement (21H10), ont fait leur toilette, puis sont partis en forêt.
Mais je n’avais pas la foi et ce n’était pas une super soirée pour moi.
Trop d’émotion tue l’émotion ! :angry:
Une belle illustration du partage…
http://www.youtube.com/watch?v=fpfXqoKO5UQ&feature=player_embedded