En compagnie de la buse variable

L’affût dans lequel j’ai passé des milliers d’heure à photographier la buse variable, et plus rarement le milan royal, a presque trente ans (28 exactement) et il est sur le point de s’écrouler.

Mais sa vétusté n’empêche pas qu’il soit efficace. Roland et moi avons partagé une belle séance d’affût dimanche dernier (l’une des dernières séances d’affût dans cet abri de fortune car une nouvelle cabane – trois étoiles au guide Michelin – sera construite au printemps prochain).

Il faisait gris mais l’ambiance était assez lumineuse à cause de la présente d’une bonne petite couche de neige. Les déchets de viande ont dans un premier temps attiré quelques geais.
La buse n’était pas au rendez-vous. Roland n’était pas très chaud pour rester une heure de plus mais j’ai insisté. Et puis miracle, un peu avant midi une belle buse est venue se poser à une quinzaine de mètres de nous. Elle est restée peu de temps, sans doute a-t-elle perçu l’ombre d’un mouvement ou un petit bruit venant de notre affût.

Très peu de temps après, une deuxième buse, beaucoup plus sombre s’est posée à une dizaine de  mètres des déchets de viande puis s’est avancée de manière gauche dans la neige, un peu à la manière d’un dindon, jusqu’à la source de nourriture. Elle est restée de longues minutes (peut-être une demie-heure) à se nourrir goulument.

Puis elle s’est envolée, le jabot plein (comme on peut le remarquer sur la photo).

Deux jours plus tard, je suis retourné seul dans mon petit abri. Pas l’ombre d’un geai, pas l’ombre d’une corneille, encore moins celle d’une buse. L’affût, c’est souvent comme ça. Et c’est bien ainsi.

26 réflexions au sujet de “En compagnie de la buse variable”

  1. Pourquoi cette buse est aussi foncée par rapport à l’autre !

    Bernard, s’il n’y avait jamais d’échec lors d’un affût, sûr que l’on apprécierait beaucoup moins lorsque la chance est au rendez-vous, beaucoup moins d’attente, beaucoup moins de piment, beaucoup moins d’heures à se geler, à s’engourdir, à retenir ses mouvements, son souffle. Ce qui est facile ne nous apporte pas la même sensation de réussite ! N’as-tu jamais remarqué que quand l’attente est brève, l’on n’éprouve pas le même sentiment jouissif, que lorsque les heures s’égrènent, qu’on se caille, que les doigts n’arrivent plus à se plier pour tenir l’appareil, qu’on a la goutte au nez, les yeux qui pleurent, les pieds endoloris, et qu’enfin, le miracle est là ! Enfin moi, c’est comme ça que je savoure le mieux les séances d’affût, quitte à rentrer bredouille, ce n’est finalement pas ce qui est important, mais cette communion totale avec la nature et l’incertain, ce tutoiement m’enchante au plus haut point ! :wub:

  2. En ce qui concerne la cabane, perso je ne consoliderais que l’intérieur en ne touchant surtout pas à l’extérieur ! Ces oiseaux sont habitués à l’aspect, si tu changes cela il se pourrait bien qu’ils mettent des années avant de se faire à la nouvelle construction !
    C’est une expérience que j’ai vécue en Sologne, et je m’en suis mordue les doigts

  3. Perso, l’affut, l’immobilité, les burnes qui caillent et tout ça, ça ne m’a jamais affolé. Je suis plutôt renard rôdeur, genre deux cents mètres à l’heure mais il faut que ça bouge. Un peu papillon aussi, question chaleur! Mais si vous aimez ça, n’hésitez pas à faire parvenir les photos aux copains, l’affut à l’ordi je tiens le coup et j’ :wub:
    La silhouette de la buse à l’envol est remarquable.

  4. Une cabane invisible. C’est Mandraque le magicien qui fait les plans ? Je ne savais pas le geai carnivore. Une buse blanche et une à collier ?

  5. J’admire Bernard et sa patience… Et je sens que j’ai beaucoup à apprendre. Certes, la magie – surprise d’une rencontre au cours d’une balade est géniale, et j’adore. Mais je découvre combien l’affût permet d’observer, d’apprendre à connaître nos amis à poils ou plumes. Et lorsqu’enfin, la « bête » apparait, c’est génial… Les doigts plus ou moins engourdis se précisent sur l’appareil, et les doutes : ai-je fais le bon réglage ? la bonne balance des blancs… Merde, elle est toute blanche, je vais être sous ex, etc… et en plus, la tremblotte de l’émotion, dont les meilleurs « anti bougé »de nos appareils ultra-modernes ne peuvent pas faire façon… Tant pis, je clique…
    Et lorsque, au chaud, après un bon petit whisky, on regarde le résultat sur l’ordi, c’est le bonheur… Alors merci Bernard, et c’est quand qu’on y retourne ???

  6. … parce qu’en plus, même quand il ne fait pas chaud, ce que Bernard ne dit pas, c’est que pour la buse, la consigne c’est « PAS BOUGER !!! » Donc prévoyez des chaussures assez amples pour pouvoir remuer vos petits orteils dedans…

  7. Avec la buse, lorsqu’elle se met à manger, il faut attendre au moins une minute avant de déclencher. Sinon, elle décampe très vite !

  8. C’est toujours un bonheur d’avoir la chance de vivre un moment comme celui que vous avez vécu avec Roland, ces photos sont de bien jolies récompenses ! Bravo à vous 2 !
    Je reconnais très bien cet endroit que tu m’avais fais découvrir, je sais que tu avais depuis plusieurs années l’envie de construire un nouvel affût à cet emplacement… l’endroit est idéal et fait ses preuves régulièrement ! …

    Si d’aventure tu avais besoin d’aide pour la construction, dès que j’ai un Dimanche de libre au printemps je me propose pour venir te filer un coup de main ! Et puis ça sera l’occasion de vous revoir toi et Joëlle, ces moments me manquent.

  9. Nico, ta proposition est la bienvenue. Cet affût sera reconstruit collectivement avec tous ceux qui ont envie de l’utiliser. Ce sera sans doute le week-end du 11/12 juin (je pense que le samedi devrait suffire si on est efficace). Il y aura également Dan et Roland.
    Mais d’ici là, tu peux venir l’utiliser en amenant des déchets de viande (j’ai du mal à m’en procurer), mais uniquement pendant les périodes très froides car sinon ça ne marche pas (la buse ne vient plus depuis trois jours, il fait trop doux).

  10. D’accord, c’est noté !
    Et merci pour la proposition de venir d’ici là faire de l’affût, je ne sais pas si je viendrai mais j’avoue que c’est très tentant ! :biggrin:

  11. Et dire qu’avec moi pour ce qui concerne les déchets de viande il n’y aurait pas de problème …. Malheureusement , il me faut traverser la France pour admirer le spectacle en votre compagnie !!!
    :sad:

  12. Hou la la, le Dupdup n’est plus le Dupdup qu’il était. Ce matin, il est allé dans son affût à la buse et le bougre n’a pas tenu plus de 3/4 d’heure tellement la bise était glaciale. Petite nature, va ! :angry:

  13. Ah !
    Cela ne m’étonne pas !
    Ce matin, je suis allée en montagne et même si la température n’était pas si terrible (seulement -7°), j’ai rarement eu aussi froid, un froid qui pénètre jusqu’au plus profond des os.
    Je retente une sortie cet aprés-midi, notamment pour rechercher ces fameux arbres à l’écorce si joliment décorées de petits losanges.

  14. Bizarre. La page s’affiche mais impossible de faire jouer la vidéo.
    Ceci dit, un aigle qui se jette sur un enfant, j’ai quand même un petit doute. :wink:
    Une vanne de chasseur ? :blink:

  15.  » …Les prétendus enlèvements d’enfant sont inventés de toutes pièces(si le fait s’est produit jadis réellement, il à dû être le produit de circonstances extraordinaires) de même que les attaques montées par des journalistes en quête de sensations…
    Paul Géroudet 1965 dans « Les rapaces d’Europe, L’aigle royal. »
    :wink:

  16. Un commentaire qui en dit long :
    « Yep, it’s fake. « A Montreal animation and digital design college has admitted that three of its students were responsible for the ‘Golden Eagle Snatches Kid’ video that went viral on Tuesday ». From the netsite Global Montreal. »
    Une vanne d’étudiants donc… d’assez mauvais goût. :getlost:

  17. Et oui , c’était une blague de collégiens qui voulaient faire le BUZZ !! C’est quand même dingue ce que l’on peut faire croire aux gens avec ce genre de bidouillage informatique !! Nous qui avons un peu d’expérience avec les oiseaux , on se laisse avoir au premier coup d’oeil et puis vient le doute … ! Mais l’observateur lambda lui ne se pose pas toute ces questions … Il est simplement mort de trouille pour ses enfants !
    Un trucage de ce genre avec une Buse variable et c’est vrai qu’on appelle les chasseurs à la rescousse !! Voilà pourquoi j’ai mis cette vidéo dans cet article .

  18. Une explication plus détaillée :
    Une image arrêtée du rapace dans sa phase d’approche montre qu’une de ses ailes disparaît sur plusieurs plans, l’ombre du rapace n’est pas toujours présente au sol et le corps du bébé a un comportement surprenant quand il est relâché par l’oiseau, comme s’il flottait un instant en l’air.
    S’il restait encore quelque suspense, il a été levé mercredi après-midi par un communiqué du Centre national d’animation et de design (NAD) qui offre des formations en animation 3D et effets visuels, design et arts numériques.
    La vidéo en question, indique-t-il, a été produite par Normand Archambault, Loïc Mireault, Antoine Seigle et Félix Marquis-Poulin, étudiants au Centre NAD, dans le cadre du cours « Atelier de simulation de production » du baccalauréat en animation 3D et design numérique.
    « L’enfant et l’aigle ont été créés en animation 3D par les étudiants puis intégrés dans un tournage réel », précise-t-il.
    C’est dans le cadre du même cours qu’a été produite il y a un an une vidéo similaire montrant un pingouin se balader dans Montréal. Il semblait plus vrai que nature mais là encore, c’était un canular.

    Sans doute cette vidéo…

    Je me suis laissé prendre au jeu, ayant comme le disent Fifitoucourt et Luc, un gros doute. Ce n’est qu’une fois le doute levé, que les détails qui clochent deviennent crédibles : plumage impossible pour un Aigle royal immature (et même une autre espèce américaine), improbabilité d’une capture dans un parc fréquenté, etc.
    La propagande a de beaux jours devant elle avec les moyens modernes… :cwy:

  19. Le pingouin a tout de même l’avantage d’être sympa !
    Concernant l’aigle, c’est tout de même énervant de constater que premièrement on essaie encore de faire croire qu’un oiseau de moins de dix kilo arrive à s’attaquer à un gamin beaucoup plus lourd que lui et deuxièmement qu’on arrive à gober ça sans sourciller sous prétexte que c’est une vidéo. :angry:
    Heureux celui qui ne crois pas ce qu’il voit (sur Youtube ) ! :w00t:

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