« La lecture est un acte purement gratuit dans un monde vérolé par l’utilitarisme ».
(Charles Dantzig, « Pourquoi lire ? », éd. Grasset)
10 réflexions au sujet de “Petite citation”
C’est pas gratuit, c’est pour survivre.
Cette citation me semble elle est aussi très « gratuite » :angel:
Déjà, opposer la lecture en tant qu’acte gratuit à l’utilitarisme me parait très étrange. Voici une définition de l’utilitarisme:
Par principe d’utilité, on entend le principe selon lequel toute action, quelle qu’elle soit, doit être approuvée ou désavouée en fonction de sa tendance à augmenter ou à réduire le bonheur des parties affectées par l’action. […] On désigne par utilité la tendance de quelque chose à engendrer bien-être, avantages, joie, biens ou bonheur.
La lecture, qui apporte par exemple bonheur de se plonger dans un récit, enrichissement personnel, évasion, … est tout sauf opposable à l’utilitarisme, bien au contraire !
En fait, l’auteur de cette citation, utilise ce mot sans en connaitre vraiment la définition. Plus d’infos par exemple sur la page wikipédia qui traite de ce concept : http://fr.wikipedia.org/wiki/Utilitarisme
Quelques extraits :
Il convient donc de ne pas réduire le concept d’utilité à son sens courant de moyen en vue d’une fin immédiate donnée.
La notion d’utilité n’a pas chez les utilitaristes le sens qu’on lui attribue couramment. Ce qui est « utile » désigne ce qui contribue à maximiser le bien-être d’une population.
Et même si on fait abstraction de ça et qu’on imagine le sens que l’auteur a voulu donner au mot « utilitarisme », la lecture est de toute façon un acte qui peut être tout sauf gratuit/inutile.
Qui plus est, on pourrait de toute façon remplacer « lecture » par tellement d’autre choses, que la citation en perd de toute façon tout son éventuel poids…
(Oui, je sais, j’interviens rarement, et que quand je suis pas d’accord ! :devil: )
Eh bien !
Steph intervient rarement mais quand il le fait, ce n’est pas pour rien !
En tout cas, gratuit ou pas, opposé à l’utilitarisme ou pas, lire, oui, mille fois oui. :wub:
Au fait, Steph, on ne peux plus aller sur ton site ?
Hier, je voulais aller voir si tu avais composé de nouveaux morceaux et je n’ai pas pu me connecter.
@Etincelle : mon site est en cours de refonte, j’espère le finir cet automne, faut que je m’y mette !
Oui, ça me rappelle une discussion sur un autocollant de l’ASPAS » Le renard est utile et beau ».
Ou une phrase qui me fait froid dans le dos et que j’avais lue un jour sur une banderole « Etre fort pour être utile ».
Malheureusement , combien ne savent pas lire … Et pourtant c’est tellement utile dans la vie . Inquiétant quand on sait que le pourcentage de personnes qui ne parviennent pas à déchiffrer un texte simple ne fait que croître ….
En écho à la phrase de Jenofa : ce que les gens considèrent comme le plus inutile dans cette société de consommation (les arts, la lecture, la musique, les discussions avec les autres, …) n’est-il pas ce qui nous aide le plus à nous construire ? Donc, pour faire un raccourci, ce qui semble être le plus inutile n’est-il pas, au final, le plus utile ?
Je comprends la réaction de Stéphane à propos de cette citation. Je ne l’ai mise que parce que je trouvais qu’elle pouvait être sujet à discussion.
D’abord, je partage complétement l’avis sur le fait qu’il s’agit-là d’une formule choc, médiatique, « à l’emporte-pièce ». Sans doute, et c’est malheureux, faut-il en passer par là pour avoir droit à un article dans le figaro Littéraire, le Monde ou Marianne.
La citation laisse à penser que le fait de lire, dans une société utilitariste telle qu’on la vit, constituerait presque un acte de résistance. C’est sans doute en partie vraie et en partie faux.
En partie vraie, car le lecture est subversive. Et la résistance que chacun d’entre nous peut offrir à cette société ne peut que se nourrir de lectures. L’expérience des uns et des autres, relatées dans les livres, leurs réflexions profondes ne peuvent qu’alimenter les nôtres et nous aider à formuler ce que serait notre idéal de vie, à nous recentrer sur l’essentiel. Cette liberté de pensée que nous donne la lecture, par l’élargissement de nos horizons, n’est jamais vue d’un bon oeil par le pouvoir en place. En cela, lire constitue un acte de résistance profond.
Mais en partie faux car lire est bien souvent synonyme de fuite. Le livre est un refuge pour bon nombre de personnes (tout comme peuvent l’être par ailleurs d’autres loisirs gratuits tels que le jardinage, les affûts en forêt, les balades en montagne …). Beaucoup de personnes lisent simplement pour se distraire, pour faire passer le temps, pour passer un bon moment … Et là, bien que ce ne soit pas un jugement de valeur pour moi, lire est, dans un certain nombre de cas, synonyme de passivité plus que de résistance.
Sans doute mal dit, mais si l’on imagine ce qu’il a voulu dire, alors d’accord sur l’idée des actes gratuits, disons ceux dont on espère pas une contrepartie, et qui engendrent un plaisir pas nécessairement égoïste.
Je fais aussi partie des personnes qui trouvent de merveilleuses choses dans les livres mais un autre bémol à cette citation : beaucoup de personnes sur cette planète ne lisent pas et mieux ou pire, n’en éprouvent pas le besoin. Alors une anecdote savoureuse au sujet des peuples de langue orale.
Lorsque les négriers ont sévi en Afrique, de nombreuses familles ont été séparées. Longtemps après, grâce à l’abolition de l’esclavage, de nombreuses familles ont tenté de retrouver les leurs. Deux difficultés majeures : les moyens financiers et le temps passé qui a modifié les traits, et même qui a décalé les générations. On m’a rapporté, est-ce vrai (?), que certaines tribus africaines de tradition orales ont été seules capables de retrouver leur famille : en raison des nombreux détails, des subtilités transmises lors des palabres, grâce à un caractère physique anodin que les états civils ne relatent pas.
La vie sans livre, riche d’autres informations, constitue une bien belle expérience humaine aussi.
Bon, ben j’espère qu’elle est vraie mon histoire !
Je me rappelle avoir lu cette histoire, sans doute était-ce toi qui l’avais racontée sur ce blog. Mais ce rappel est le bienvenu.
C’est pas gratuit, c’est pour survivre.
Cette citation me semble elle est aussi très « gratuite » :angel:
Déjà, opposer la lecture en tant qu’acte gratuit à l’utilitarisme me parait très étrange. Voici une définition de l’utilitarisme:
Par principe d’utilité, on entend le principe selon lequel toute action, quelle qu’elle soit, doit être approuvée ou désavouée en fonction de sa tendance à augmenter ou à réduire le bonheur des parties affectées par l’action. […] On désigne par utilité la tendance de quelque chose à engendrer bien-être, avantages, joie, biens ou bonheur.
La lecture, qui apporte par exemple bonheur de se plonger dans un récit, enrichissement personnel, évasion, … est tout sauf opposable à l’utilitarisme, bien au contraire !
En fait, l’auteur de cette citation, utilise ce mot sans en connaitre vraiment la définition. Plus d’infos par exemple sur la page wikipédia qui traite de ce concept : http://fr.wikipedia.org/wiki/Utilitarisme
Quelques extraits :
Il convient donc de ne pas réduire le concept d’utilité à son sens courant de moyen en vue d’une fin immédiate donnée.
La notion d’utilité n’a pas chez les utilitaristes le sens qu’on lui attribue couramment. Ce qui est « utile » désigne ce qui contribue à maximiser le bien-être d’une population.
Et même si on fait abstraction de ça et qu’on imagine le sens que l’auteur a voulu donner au mot « utilitarisme », la lecture est de toute façon un acte qui peut être tout sauf gratuit/inutile.
Qui plus est, on pourrait de toute façon remplacer « lecture » par tellement d’autre choses, que la citation en perd de toute façon tout son éventuel poids…
(Oui, je sais, j’interviens rarement, et que quand je suis pas d’accord ! :devil: )
Eh bien !
Steph intervient rarement mais quand il le fait, ce n’est pas pour rien !
En tout cas, gratuit ou pas, opposé à l’utilitarisme ou pas, lire, oui, mille fois oui. :wub:
Au fait, Steph, on ne peux plus aller sur ton site ?
Hier, je voulais aller voir si tu avais composé de nouveaux morceaux et je n’ai pas pu me connecter.
@Etincelle : mon site est en cours de refonte, j’espère le finir cet automne, faut que je m’y mette !
Oui, ça me rappelle une discussion sur un autocollant de l’ASPAS » Le renard est utile et beau ».
Ou une phrase qui me fait froid dans le dos et que j’avais lue un jour sur une banderole « Etre fort pour être utile ».
Malheureusement , combien ne savent pas lire … Et pourtant c’est tellement utile dans la vie . Inquiétant quand on sait que le pourcentage de personnes qui ne parviennent pas à déchiffrer un texte simple ne fait que croître ….
En écho à la phrase de Jenofa : ce que les gens considèrent comme le plus inutile dans cette société de consommation (les arts, la lecture, la musique, les discussions avec les autres, …) n’est-il pas ce qui nous aide le plus à nous construire ? Donc, pour faire un raccourci, ce qui semble être le plus inutile n’est-il pas, au final, le plus utile ?
Je comprends la réaction de Stéphane à propos de cette citation. Je ne l’ai mise que parce que je trouvais qu’elle pouvait être sujet à discussion.
D’abord, je partage complétement l’avis sur le fait qu’il s’agit-là d’une formule choc, médiatique, « à l’emporte-pièce ». Sans doute, et c’est malheureux, faut-il en passer par là pour avoir droit à un article dans le figaro Littéraire, le Monde ou Marianne.
La citation laisse à penser que le fait de lire, dans une société utilitariste telle qu’on la vit, constituerait presque un acte de résistance. C’est sans doute en partie vraie et en partie faux.
En partie vraie, car le lecture est subversive. Et la résistance que chacun d’entre nous peut offrir à cette société ne peut que se nourrir de lectures. L’expérience des uns et des autres, relatées dans les livres, leurs réflexions profondes ne peuvent qu’alimenter les nôtres et nous aider à formuler ce que serait notre idéal de vie, à nous recentrer sur l’essentiel. Cette liberté de pensée que nous donne la lecture, par l’élargissement de nos horizons, n’est jamais vue d’un bon oeil par le pouvoir en place. En cela, lire constitue un acte de résistance profond.
Mais en partie faux car lire est bien souvent synonyme de fuite. Le livre est un refuge pour bon nombre de personnes (tout comme peuvent l’être par ailleurs d’autres loisirs gratuits tels que le jardinage, les affûts en forêt, les balades en montagne …). Beaucoup de personnes lisent simplement pour se distraire, pour faire passer le temps, pour passer un bon moment … Et là, bien que ce ne soit pas un jugement de valeur pour moi, lire est, dans un certain nombre de cas, synonyme de passivité plus que de résistance.
Sans doute mal dit, mais si l’on imagine ce qu’il a voulu dire, alors d’accord sur l’idée des actes gratuits, disons ceux dont on espère pas une contrepartie, et qui engendrent un plaisir pas nécessairement égoïste.
Je fais aussi partie des personnes qui trouvent de merveilleuses choses dans les livres mais un autre bémol à cette citation : beaucoup de personnes sur cette planète ne lisent pas et mieux ou pire, n’en éprouvent pas le besoin. Alors une anecdote savoureuse au sujet des peuples de langue orale.
Lorsque les négriers ont sévi en Afrique, de nombreuses familles ont été séparées. Longtemps après, grâce à l’abolition de l’esclavage, de nombreuses familles ont tenté de retrouver les leurs. Deux difficultés majeures : les moyens financiers et le temps passé qui a modifié les traits, et même qui a décalé les générations. On m’a rapporté, est-ce vrai (?), que certaines tribus africaines de tradition orales ont été seules capables de retrouver leur famille : en raison des nombreux détails, des subtilités transmises lors des palabres, grâce à un caractère physique anodin que les états civils ne relatent pas.
La vie sans livre, riche d’autres informations, constitue une bien belle expérience humaine aussi.
Bon, ben j’espère qu’elle est vraie mon histoire !
Je me rappelle avoir lu cette histoire, sans doute était-ce toi qui l’avais racontée sur ce blog. Mais ce rappel est le bienvenu.