Un article proposé par Etincelle
Qui ne connait les merveilleuses aquarelles de Samivel ?
Avez-vous remarqué que sur la plupart d’entre elles, le peintre a représenté un couple d’oiseaux ?
Cet oiseau, emblématique de la haute montagne, est le Chocard à bec jaune (Pyrrhocorax graculus), le compagnon de l’alpiniste, celui qui est toujours là, à vous narguer de ses acrobaties alors que vous êtes bêtement accroché à la paroi, sans le droit de la lâcher, ne serait-ce qu’un instant …
Celui qui vient sautiller près de vous au sommet tandis que vous sortez du sac à dos le pain et le saucisson …
Celui aussi qui vous réconforte, lorsqu’il apparait soudain, planant entre roches et nuées, alors que vous vous imaginiez seul au monde, perdu sur cette crête immergée dans le brouillard.
Ce petit corvidé noir, endémique des zones montagneuses, au bec jaune caractéristique ne peut être confondu avec aucun autre.
Et pourtant en montagne, que ce soit les alpinistes, les touristes, les montagnards du cru, et même Samivel, tout le monde ou presque l’appelle le choucas.
Simplement une fausse appellation parce que personne ne le confond vraiment avec le choucas des tours, qui ne vit pas en altitude et qui de toute façon ne lui ressemble pas.
Qui, d’ailleurs, pourrait lui ressembler, avec ce plumage noir aux reflets bleutés et ces pattes rouge corail (la première année, ses pattes sont noires) ?
Seul, son cousin, le crave à bec rouge pourrait faire penser à lui, mais … son bec est rouge !
S’il est impossible de confondre le chocard à bec jaune avec une autre espèce, en revanche, il est impossible de différencier le mâle et la femelle qui sont exactement semblables.
L’analyse génétique n’étant pas à la portée du promeneur, seule l’observation du comportement est accessible au simple naturaliste amateur pour distinguer le mâle de la femelle.
En effet, un rituel d’offrande de nourriture du mâle à la femelle est pratiqué au sein des couples de chocards, lesquels sont unis à vie (le choix du partenaire est fait par la femelle.)
Ces oiseaux vivent en moyenne 8 ans mais des records de longévité ont été observés jusqu’à 20 ans. Les femelles vivent en général plus longtemps que les mâles.
Le chocard à bec jaune, s’il se montre volontiers opportuniste, en fréquentant les villages de montagne et stations de ski à la mauvaise saison, n’est pas pour autant dépendant de l’homme pour son alimentation.
La pelouse alpine riche en invertébrés est son domaine de prédilection mais il ne dédaigne pas les prairies subalpines, les pâturages, les prés maigres ou les landes montagnardes, où abondent baies (airelles, myrtilles) et fruits d’arbustes (genévriers, sorbiers, églantiers).
Par contre, peut-être parc e qu’il a besoin de grands espaces ( ?), il ne fréquente pas les massifs forestiers.
Son chant ne ressemble pas aux croassements des autres corvidés et est omniprésent quand on se trouve en haute-montagne.
Les capacités volières de ce prince des cimes lui permettent d’explorer en détail falaises et escarpements rocheux, dont les cavités servent à la nidification et au repos, entre 2000 et 3500 mètres d’altitude.
Dans l’Himalaya, on le trouve même bien plus haut. Il peut supporter une température de-30° sans problème. Ses narines sont protégées du froid par des vibrisses.
D’une envergure de 80 cm, le chocard à bec jaune possède des rémiges larges et arrondies et des rectrices longues, ce qui lui permet d’être d’un as des vrilles aériennes et autre acrobaties.
C’est un régal, après de longues heures d’effort, de l’admirer tout en lézardant sur une belle dalle de granit.
Alors si vous allez en montagne, ne vous en privez surtout pas !
J’ai fait toute une série de photos de chocards dans le massif des Bauges (je voulais en faire un article mais Etincelle m’a devancé ).
Ces oiseaux étaient incroyablement confiants, presque autant que mes choucas de Texel et les marcheurs qui arrivaient à chaque sommet pouvaient les photographier à quelques mètres.
Oui, contrairement au crave à bec rouge qui est très sauvage et que l’on ne voit quasiment jamais tant il est discret, le chocard à bec jaune est toujours là, à portée de vue et d’objectif.
C’est un oiseau que j’aime beaucoup aussi, pour sa familiarité avec l’homme sans doute mais surtout pour sa parfaite maîtrise des airs dans l’espace qu’il occupe, c’est toujours un merveilleux spectacle.
Il réunit la roche et le ciel dans ses évolutions, en exploitant le moindre courant d’air, et pour cette raison annonce souvent une bonne nouvelle au marcheur : le col n’est pas loin !
Et pour ceux qui oublient de lever les yeux dans ces derniers mètres escarpés, il est annoncé par de jolis cris plus mélodieux que ceux des grands corvidés, plus doux que ceux du choucas.
Samivel ne s’est pas trompé en l’intégrant dans son œuvre.
Puisqu’on m’a invité sur ce blog, j’y ai jeté un coup d’oeil.
Surprise : que d’oiseaux avec de grandes pattes et un bec immense !
Je ne savais pas que de tels oiseaux existaient.
Dans mes montagnes, j’ai beaucoup de copains oiseaux, grands, petits, jaunes, rouges, gris …, rapaces ou pas mais comme ceux qu’on voit dans ce blog, pas un.
On vit dans son monde à soi et on croit tout savoir mais finalement, je me rends compte qu’il y a plein de choses dont on n’a pas idée !
Au fait, qui a lu « Le fou d’Edenberg » de Samivel?
Non, Bernard, je ne ferai pas d’article sur ce livre. Je l’avais beaucoup très aimé pour ça!
Non, je ne te solliciterai de nouveau que lorsque tu nous auras transmis tous les articles déjà prévus !
En fait, ce n’est pas sur la plupart des aquarelles de Samivel qu’il y a un couple d’oiseaux mais sur certaines seulement. Etincelle, faut pas abuser de substances illicites quand on écrit un article ! :biggrin:
Oh ! Mille fois merci Jenofa car grâce à toi, je viens de réaliser que je n’ai jamais lu Le fou d’Edenberg !!!!
C’est dingue ça !
C’est pourtant le ou un des plus connus de ses livres.
Je viens de vérifier dans ma bibliothèque personnelle, et bien qu’une bonne dizaine des livres de Samivel y soient en bonne place, non, il n’y a pas Le fou d’Edenberg.
Je vais rattrapper cet oubli dès cet été.
Cool !
Le troisième tome de l’oeuvre de Panaït Istrati, Le fou d’Edenberg, …
De belles lectures en perspectives.
Au fait, oui, Bernard, j’ai un peu exagéré (je suis presque de Marseille pour vous, gens du nord ) mais je t’assure que les chocards reviennent quand même assez souvent dans les aquarelles et les dessins de Samivel (il n’a pas fait que des aquarelles même si ce sont celles-ci qui sont les plus connues).
Et M… !
Je me suis trahie …
Et oui, Chocard, c’était moi et j’ai oublié de changer !
C’est énervant ces trucs là :angry:
Lurbeltz, qui intervient parfois sur ce blog avait parlé de ce livre dans son blog :
http://xiberoa.blogspot.com/2008/05/le-fou-dedenberg.html
Oh, tu t’étais déjà trahie par ton adresse IP !!!!!!!!!!!!
Et grâce à kikil en avait parlé du Fou d’Edenberg, Lurbeltz?
Hein? Je vous le donne émile?
Un vrai Big Brother ce Dupdup ! :biggrin:
D’après Géroudet, il semblerait que les chocards, qui sont d’excellent svoiliers, peuvent descendre rapidement à des altitudes inférieures et éviter ainsi, en faisant des allers-retours fréquents entre sommets et fonds de vallées, les orages et autres turbulences atmosphériques.
J’ai oublié de dire que les images d’Etincelle sont très belle. Je sais que le Chocard est familier et qu’elle passe son temps en montagne mais il faut quand même les réussir : ces petites bêtes ont l’habitude de toujours rester à un jet de pierre des hommes.
On voit bien sur la dernière image qu’il s’agit d’un oiseau en mue. Ses rémiges primaires internes sont en cours de repousse et dorment une encoche à l’arrière de l’aile et celles qui restent sont bien usées.
Et les oiseaux au plumage noir sont sans doute encore plus difficiles à photographier, d’un point de vue rendu des couleurs, que les oiseaux au plumage blanc.
C’est bien quand il y a des gens compétents qui commentent les photos.
Chaque fois que j’ai vu un chocard (ou un autre oiseau d’ailleurs) avec de telles ailes « abîmées », je n’ai jamais pensé qu’il pouvait s’agir de la mue mais de la vieillesse.
Ces encoches à l’arrière des ailes m’intriguaient justement.
Maintenant, je saurai à quoi m’en tenir.
Le chocard de la dernière photo a été photographié dans le Massif du Vercors au Grand Veymont (sommet le plus haut : 2341 m). Mais ce massif n’est pas celui où il faut aller pour observer les chocards car ils ne sont pas vraiment présents. Ils fréquentent les massifs plus hauts.
Les autres photos ont été prises dans le Massif des Aravis sauf le crave à bec rouge en Bretagne.
Bernard dit que les chocard sont d’excellents voiliers et c’est tout à fait vrai.
Un exemple : Les chocards du Massif du Mont-Blanc entreprennent chaque jour entre octobre et avril un aller et retour jusqu’à la ville de Martigny, en Suisse, ou ils trouvent à se nourrir parmi les déchets abandonnés par les hommes.
Chaque matin, ils parcourent ainsi 30 kilomètres de distance, entre 4000 et 500 mètres d’altitude. La luminosité détermine l’heure de son arrivée à Martigny.
Et le soir, ils font le chemin inverse pour dormir dans la Vallée de Chamonix.
On ne sait pas pourquoi ils ne descendent jamais à Chamonix.
Ville trop chère peut-être ? :silly:
Ce soir (quand je rentrerai chez moi), je citerai un extrait du livre de Géroudet qui décrit le vol du choucas et le fait qu’il soit un excellent voilier.
Vivement ce soir !
C’est un excellent voilier et on ne le trouve pas en Bretagne … C’est étrange mais c’est pas crave !!!
:happy:
Relevé dans Paul Géroudet :
« De structure élancée, élégante, avec les ailes assez longues et larges, une longue queue arrondie, ils sont coutumiers d’évolutions stupéfiantes. Sur les crêtes et contre les parois abruptes ou déchiquetées, ils jouent avec les courants aériens, se livrent à d’étourdissantes acrobaties en effleurant les rochers, décrivant des « loopings », des vrilles, se laissent choir en « piqués » vertigineux passant en quelques minutes des sommets les plus élevés aux prés du fond de la vallée. Ils en remontent avec autant d’aisance s’ils ont découvert le moindre appel d’air qui les emporte sans effort vers les hauteurs. Le plus caractéristique de leurs mouvements est cependant le « carrousel » où les oiseaux planent en cercles et en spirales ascendantes, tourbillonnant en tous sens dans un désordre apparent ; les ailes tendues et frémissantes détachent sur le ciel chaque point de leurs rémiges primaires, tandis que la queue ne cesse de gouverner pas ses torsions. Ainsi, la colonne tournoyante surgit du vide, brusquement se rabat en essaim de flèches glissant à folle allure, puis disperse ses participants aux flancs d’un ravin dont leurs noires silhouettes garnissent les corniches. Un moment plus tard, ils se seront disséminés au flanc des pentes gazonnées ; ils passeront lentement au ras du sol, toujours planant et s’arrêteront ici et là pour arpenter le terrain et piquer quelque menue proie. Les chocards marchent avec légèreté, explorent les pâturages à la manière des étourneaux, l’arrière-garde de la bande se portant sans cesse au premier rang en survolant les oiseaux qui précèdent. Il n’y a guère qu’en vol battu horizontal qu’ils perdent quelque peu de leur grâce, mais ces voiliers consommés y sont rarement contraints : ils savent si bien mettre à profit le moindre mouvement de l’air ! »
Si avec ça, vous n’avez pas envie de lire toute l’oeuvre du Paul … !
Non mais qu’est-ce qu’il croit notre p’tit breton préféré ?
Y’a pas qu’en Bretagne qu’il y a de bons voiliers ! :tongue:
Et pis d’abord, Bretagne et montagne, ça rime, alors …
Si, si, ça donne envie de lire toute l’oeuvre de Paul Géroudet parce que c’est exactement ça quand il parle des chocards.
Et est-ce que ce Monsieur explique comment on sait qu’un chocard est agé ou jeune (plus d’un an puisqu’avant ses pattes sont noires et là, on le reconnait facilement) ?
Alors ?
Paul le dit-il ?
Chaque article de Géroudet est précédée d’une courte description.
Géroudet nous dit dans le préambule à l’article sur le chocard que le plumage des jeunes est noir mat (sans les reflets verdâtres et bleuâtres de l’adulte), que leur bec est noirâtre mêlé de jaune à partir de juin, encore marqué de brunâtre en hiver et que les pattes sont encore noirâtres en hiver.
La lecture de Paul Géroudet est inestimable.
Débutant, mais déjà lecteur compulsif, un hiver à lire ses 3 volumes de l’époque sur les passereaux m’ont fait vivre un printemps inoubliable : je savais grâce à ce qu’il avait écrit… Ce que je voyais et que j’avais jusque-là beaucoup raté.
Observer est un art qu’il a su transmettre, et c’est bien dommage que la tendance à se documenter plutôt grâce à Internet ne coupe les nouveaux lecteurs des écrits fondateurs.
Eh bien, mais cela n’est pas pour le simple observateur amateur, la gorge (à l’intérieur) d’un jeune chocard est rose alors qu’elle est noire pour un vieux chocard. Ceux qui étudient le chocard, comme Anne Delestrade par exemple, les capturent, les pèsent, prennent des mesures, etc et regardent leur gorge avant de les relâcher.
Le réchauffement climatique ferait des siennes même en montagne ? Diable !
L’évolution majeure observée au cours des dernières décennies est un démarrage de plus en plus précoce de la reproduction. Les jeunes chocards quittent le nid en moyenne huit jours plus tôt qu’il y a vingt ans.
(Et les glaciers reculent à une vitesse incroyable, on le dit et c’est vrai car je l’ai observé de mes propres yeux.)
En montagne, le réchauffement climatique est déjà bien ancien car la limite des différents étagements de la végétation a déjà remonté de plusieurs dizaines de mètres. Pour que cela soit aussi palpable pour les arbres, il faut donc admettre que ces modifications ne datent pas d’aujourd’hui.
Bonjour,
En rééducation a Sancellemoz plateau d’Assy ( face au mt blanc;-)..)tous les matins ces petits coquins viennent quémander leur petit déjeuner !!
Magnifique et je pense qu il participe au maintien du moral de beaucoup de patients …
Par contre es ce vrai qu il ne faille point leur donner de pain ??
Merci
Oui, j’ai lu ça quelque part, je ne me souviens plus où.
Mais est-ce vrai ?
Peut-être bien que je l’ai lu sur un bulletin de liaison du Parc National de la Vanoise ?
Puisque nous revoilà, grâce à JJ74 sur cet article, j’en profite pour dire que cet été, j’ai lu Le fou d’Edenberg dont Jenofa avait parlé.
Pas de surprise à le trouver excellent puisque tous les livres de Samivel le sont mais celui-là encore plus que les autres je crois.
Pas de pain pour les oiseaux: il y a du sel et c’est mauvais pour leur petite santé! :cwy:
Si tu mange du pain sans sel tu peux y aller sinon, surtout pas…
Le pain sec après que l’oiseau ait bu de l’eau , gonfle dans son estomac , il se sent rassasié et ne se nourrit plus ce qui peut entraîner la mort par grand froid .
Bon, il va falloir qu’on se mette d’accord. :cwy:
Le pain qui gonfle, j’y crois pas trop. :ermm:
Hey l’ami , donc qu’on se miette d’accord avec le pain sec !!!
Il en est de même avec les biscottes, noix de coco desséchée, riz cru … Toujours pour ces raisons de gonflement de l’estomac des passereaux .
:sick:
Parce que c’est bien connu, l’estomac des passereaux est paresseux :silly: