Bon, je dois avouer qu’il y a des tas de sujets d’actualité sur lesquels j’aimerais discuter avec vous mais pour lesquels je ne m’estime pas à la hauteur, par manque de connaissance sur le sujet, manque de recul ou manque de compétence. Ainsi cette affaire « Polanski » qui m’a un peu irrité les oreilles (ou les yeux plutôt car je me contente de la presse écrite, sur papier ou sur le web) et dont j’aimerais quand même parler. Mais avec quels mots ? Quelle connaissance du sujet ?
Et puis je suis tombé hier soir sur un article publié dans la chronique des abonnés du Monde. Il s’agit d’une « lettre ouverte » qu’adresse Manu A, invalide et sans profession, à deux hommes politiques. Et je me suis dit que je pourrais prendre l’habitude de publier sur ce blog de tels articles, histoire de voir s’il est possible de discuter tous ensemble d’un sujet que vous et moi ne maîtrisez pas mais qui titille peut-être quand même chacun d’entre nous. Il s’agit donc là d’un essai. A voir si la mayonnaise prend.
Lettre ouverte à Monsieur Kouchner et Monsieur Mitterand – Par Manu A
« Vos prises de position au sujet de l’affaire Polanski me forcent à venir à vous. En 1989, il y a donc 20 ans de cela, je me suis rendu coupable des mêmes faits que l’on reproche à Monsieur Polanski. Je croyais, moi aussi, que j’avais un rapport sexuel avec une adolescente de 14 ans consentante. Contrairement à votre pauvre cinéaste, j’ai attendu sagement la venue des gendarmes, puis je suis resté en cellule deux ans et demi, jusqu’à mon procès devant la Cour d’assises. Et, toujours en cellule, j’ai compté deux mille deux cent cinquante cinq (2255) jours avant d’être enfin élargi. Soit dit en passant, sans une seule permission de sortir préalable.
Le fait est que la prison, le procès et la psychanalyse aidant, j’ai fini par saisir une subtilité qui jusque là m’avait échappé et qui, je l’avoue, était sinon à l’origine de mon acte, tout du moins un élément déclencheur de ce que j’infligeais à ma victime. Comme j’ai pu constater, suite à l’affaire Polanski, que cette subtilité vous échappe à tous deux, je m’empresse de vous en faire part. J’ai appris à mes dépends, mais aussi et surtout aux dépends de celle à qui j’ai fait tant de mal, qu’une gamine de 13 ans ne peut en aucun cas donner son consentement pour une relation sexuelle avec un adulte. Je le répète, il est impossible qu’elle donne son consentement, y compris lorsqu’elle est explicitement demandeuse, c’est vous dire combien certains font fausse route et pourquoi je fus très justement condamné pour viol. Si vous me demandiez la raison de cette impossibilité, je vous répondrais ce par quoi je commençais ce paragraphe. D’où, Messieurs les ministres, la nécessité de répondre de ses actes devant la justice, devant la victime et de les revoir, les mâcher, les ruminer, jour après jour, nuit après nuit. Tout cela bien sûr dans la douleur, les larmes, la contrainte, l’humiliation, la honte et la solitude de la prison. Travail qu’on ne peut nullement réaliser dans le strass et les paillettes. Travail que vous, Messieurs les ministres et tous ceux qui protègent Polanski depuis si longtemps, l’avez empêché de réaliser.
Voilà pourquoi cette affaire lève un tel tollé parmi les gens communs, et voilà la raison du décalage abyssal qu’il y a entre l’opinion du petit peuple, dont je suis, et vous et vos amis intellectuels : parce que vous vous dressez comme un seul homme contre ce que nous enseigne toute notre civilisation – excusez du peu !
Vous, Messieurs, voilà que tout d’un coup, vous nous crachez que l’homme ne doit nullement faire amende honorable, ni redresser son chemin. Et vous voilà, soudain, la bouche pleine de ses pitoyables excuses que l’on entend si souvent dans la bouche de tristes individus, dont j’étais, plus proches de l’animalité que de ce à quoi ferait penser leur silhouette: « Elle était consentante, elle paraissait vingt ans, il y a si longtemps » Vous, ministres et intellectuels, vous n’avez loupé aucune de ces bestialités, plus l’insulte faite à tous ceux qui purgent leur peine dans la promiscuité, le silence et l’oubli de nos prisons.
Mais il y a pire. Les faits dont je me suis rendu coupable, je les ai commis en 1989, il y a donc vingt bonnes années. Personnellement, j’ai assumé, j’ai payé et j’ai même payé un second crime que je n’avais pas commis et puis surtout, j’ai réalisé l’infinie gravité de mes actes. Et si je n’ai jamais eu droit au pardon, j’ai en revanche eu droit à l’oubli… Jusqu’en février dernier. Car voilà qu’en février 2009, donc vingt ans après, ces messieurs en uniforme sont venus me notifier que dorénavant j’héritais d’une nouvelle punition qui consiste à devoir me rendre deux fois par an dans leurs locaux pour leur confirmer mon adresse. Vingt ans après Monsieur Kouchner ! Vingt ans après Monsieur Mitterrand ! Alors que j’ai tout assumé, payé et jamais récidivé. Alors qu’ils ont devant leurs yeux vingt longues années de non récidive. Et cette loi scélérate, c’est vous, Monsieur Kouchner, c’est vous, Monsieur Mitterrand, vous qui demandez à ce qu’on oublie un fugitif, c’est vous qui l’avez voulue et votée, quand pour Polanski « c’est si vieux, quel acharnement, méchants américains… »
Depuis février, je fais des cauchemars, depuis février, j’ai perdu ma paix et l’on m’a arraché à l’oubli, celui que la coutume ancestrale me concède. Depuis que vous m’avez infligé une nouvelle punition, vingt ans après les faits, ça va mal. Mais depuis trois jours, Messieurs les ministres, depuis que vous avez réagi pour Polanski, là vous m’avez mis la haine, j’ai perdu mon peu de sagesse. Vous m’avez empoisonné le sang. Je vous demande donc au nom du simple principe de cohérence de me faire enlever cette dernière punition aussi injuste que traumatisante. De lancer une pétition avec vos amis les intellectuels et autres cinéastes. Redonnez-moi mon droit à l’oubli, car moi, oui, j’y ai droit, j’ai fait plus juste que le « Pianiste » et son auteur : J’ai payé ! »
Je me demande quand même (d’ailleurs, non je suis sûre) …
Si c’était un ouvrier qui avait été dans cette situation, (La situation de Polanski), jamais Monsieur Mitterand et tous les artistes, intellectuels … n’auraient bougé le moindre petit doigt pour lui.
C’est assez écoeurant.
Ouaouhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh!
Je te dis pas le bien que ça fait!!!!!!!!!
Merci Dupdup!!!!!!!!!!!!!!
Tu te rends compte, il paraît que ça ne peut être un viol, qu’il n’y a pas eu violence puisque cette enfant avait été au préalable alccolisée et droguée par les soins du grand aaaaaaaaaaaaaaaaaaartiste ( dont j’aime énormément l’oeuvre cinématographique, je m’empresse de le dire, moi qui suis si peu cinoche!).
Ca me fait souvenir très douloureusement d’un ex juge qui prend la défense d’un psychiatre de Dordogne condamné pour avoir violé 4 de ses patientes à répétition. Ce n’était pas des viols, d’après lui, c’était sous hypnose.
Les salopards friqués sont bien défendus par l’intelligentsia. Les salopards moins friqués et jouissant d’une réputation inexistante dans les milieux où l’on cause, usant de la drogue du viol dans des boîtes de nuit de misère,n’ont qu’à prendre leur mal en patience. Dans ce monde où le virtuel est roi et dont les qualités morales s’améliorent de jour en jour comme vous l’aurez tous remarqué, cette mansuétude finira bien par descendre jusque sur leur tête.
Et au fait, de quoi c’est-il qu’il se mêle, le petit cultureux Mitterrrand? Depuis quand un ministricule français de la culture se permet-il de dénoncer les décisions de justice d’un autre pays?
Il y a vraiment des coups de pied au cul qui se perdent et j’ai le pied droit ( ben oui, je suis droitière), qui ne m’a jamais autant démangé.
je peux témoigner de ce dont j’ai été témoin il y a deux années quand j’ai eu la sale surprise d’être désignée comme juré d’Assises.
Que des affaires de moeurs plus glauques les unes que les autres ayant pour « acteurs » des ados sans repères, sans famille, sans image de la femme autre que des revues dont je vous laisse imaginer la teneur…
Ces deux gosses que j’ai jugés ont écopé d’un an ferme pour viol par un mineur sur un autre mineur…en vingt minutes c’était baclé : on est vite jugé quand on vient du ruisseau. Je n’en ai pas dormi pendant plusieurs semaines…triste justice que la nôtre…
… tellement de tabou.
La lettre de ce Manu A est sublime. J’espère trouver les mots pour en parler… un jour.
J’ai été bouleversé par cette lettre de Manu A.
Dans un premier temps, j’ai couru à toute vitesse sur les mots. Quand j’ai eu fini ma lecture à la vitesse grand V en diagonale, j’ai eu pour la première fois l’idée de publier in extenso un article venant de la presse.
J’ai mis cet article en ligne. Et puis je suis allé sur le blogadupdup. Et là, j’ai enfin pris le temps de lire l’article, calmement, mot par mot. Et les larmes sont venues …
Très bel article Bernard !
Et oui, cette lettre est émouvante, les larmes me sont montées à moi aussi, surtout vers la fin de la lettre, les deux derniers paragraphes…
Des larmes de colère…
Et j’espère qu’il ne viendra pas aux oreilles de Manu ce que nous apprend le Charlie de cette semaine. Tit Nico suivrait l’affaire heure par heure et songerait vivement à en parler à Obama afin d’intercéder en la faveur de ce pauvre Polanski.
Vinzou! C’est pas pour rien que les français ont élu le chantre de la tolérance zéro!
Sur la pente glissante, ce Polanski.
D’où le titre de cet article.
Ah ! Pas mal !
Je n’avais pas capté !
Waow.
Lettre magnifique, profondément extraite.
Et surtout très heureux de voir nos avis converger sur cette affaire.
Les cris d’orfraies des stars (avec tous mes respects pour les orfraies) face au sordide de l’histoire réelle et sur fond de justice de cour… tout ça m’agace depuis le début car je ne pense qu’à la pauvre gamine, le seul sujet.
C’est bien là la puissance du courrier de Manu A, celle de l’aveu, de la compréhension, puis le travail sur soi, la rédemption… ce que l’on aimerait voir accoucher plus souvent d’une prison, mais c’est impossible (lire Foucault).
J’adore moi aussi l’univers de Polanski et je crois bien avoir vu tous ses films.
Mais qu’il aille donc solder cette affaire devant la justice américaine avant que l’on nous parle à nouveau d’antisémitisme ; qu’il permette à tous et surtout à une femme la résolution. On nous raconte qu’elle a abandonné sa plainte ? Peu importe. Qu’il assume jusqu’au bout.
Manu A l’a bien fait sans être artiste lui.
Je n’avais jamais vu avant un ancien taulard d’une catégorie aussi stigmatisée affronter avec tant de puissance le système établi, pas plus qu’on ne voit la cancre fracassé par le maître lever le front devant l’école.
Il nous reste une chose terrible malgré tout : cette pantomime de justice dans laquelle même le people parvient à peser, cette justice qui n’en finit plus de désespérer le peuple et protéger les puissants. Polanski ne risque pas grand chose : Manu A est comme tout le monde, désespéré, même si ce sentiment lui a fait écrire un morceau de bravoure.
Ce qui est émouvant, c’est que l’homme « avoue » avoir pris conscience de son acte : oui, une adolescente ne peut en aucun cas donner son consentement à une relation sexuelle avec un adulte, tout simplement parce que la loi ne l’y autorise pas.
Tout est dit.
Quelle dignité dans les propos de l’homme …
J’aime beaucoup l’écriture de cette lettre ouverte, dès la première phrase d’ailleurs : « Vos prises de décisions … me forcent à venir vers vous ». C’est plutôt bien écrit, non ?
la justice doit être la même pour tous. dans des affaires récentes : le copain comédien de Mr le Président, le fils de Mr le 1er ministre, elle n’a pas été appliquée de la même façon ou pas du tout.
Manu dit la vérité dans sa lettre.
Mais dans l’affaire roman Polanski, je pense à la victime qui a purgé sa douleur et qui va revivre ce passé grâce à la presse. Et pourquoi, la justice a-t-elle mis si longtemps ?
Peut-être aussi que revivre sa douleur, c’est l’évacuer une bonne fois pour toutes, par-delà tous les non-dits et les souffrances trop intériorisées jusqu’à présent. J’imagine que cette femme, au final, sortira plus apaisée à la suite des moments difficiles qu’elle revit aujourd’hui. Enfin, c’est juste une intuition …
c’est juste une intuition parce que c’est elle qui le dit : elle a fini avec ce passé comme Manu avait fini avec le sien . Le temps permet le deuil.
C’est comme si tu ouvres une deuxième fois un tombeau.
Roman polanski doit être puni mais sans tout ce tapage.
Je ne savais pas qu’elle avait déclaré qu’elle en avait fini avec ce passé.
Bernard, je ne connaissais pas le journal l’express.fr. Je te mets le lien via lequel je me suis documenté sur l’affaire. C’est pas mal fait. Complet, avec beaucoup de lien sur leurs archives. (historique, point de vue de la coure américaine, réaction du monde du cinéma, du peuple…) Cette « affaire » me semble très bien refléter notre époque, en cela, elle est digne d’être commentée.
J’en oublie le lien http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/retour-sur-l-affaire-polanski_791349.html
Je sais , a la lecture de vos commentaires mes propos vont choquer mais , l’affaire Marie-Christine Hodeau fait que la lettre de Manu A ne me touche absolument pas … A part que C’est bien écrit c’est vrai . L’affaire Polanski on la connait depuis bien des années … Pourquoi réagir maintenant qu’il est arrêté … ça fait bien des années qu’il est couvert ce mec , bien avant Sarko !!!!
Pourquoi la justice n’a pas fait son boulot avant aujourd’hui dans l’affaire Polanski …. Why ????
Pourquoi personne n’a craché à la gueule de ce cinéaste pendant tant d’années , comme on crache à la gueule de Bertrand Cantat depuis qu’on sait son crime ? N’a t-il pas assez payé lui ? ou Le viol de cette petite n’était il pas assez cruel pour cela ? Ces ministres n’ont-ils jamais eu de gamins , pour savoir qu’une telle horreur sur un enfant ne s’oublie pas avec le temps … Ni pour l’enfant , ni pour les parents … Et de plus , voir ce mec qui n’a rien payé de sa faute en haut de l’affiche pendant temps d’années !!!! Quel supplice , ils ne risquaient pas d’oublier .
Alors qu’ils retournent à leur boulot nos ministres et qu’ils laissent la justice faire son travail , maintenant qu’elle veut bien prendre la peine de le faire .
Si Frédéric Mitterrand n’a jamais caché sa grande fascination pour les grands de ce monde et ne nous a jamais habitué à une réflexion approfondie sur les injustices à l’égard des plus faibles, Kouchner, au contraire, grand défenseur des victimes en Serbie et au Darfour, grand défenseur des droits de l’homme, pas de la femme ni de enfant, nous montre encore un fois (après Eric Besson, Claude Allègre…) que Sarkozy a bien fait son marché.
Oui toute cette affaire me semble bien bizarre. Ça me rappelle un peu l’affaire Bertrand cantat. Lisez ce que j’avais écrit à l’époque pour réagir à une certaine manière de voir : http://trionyx.free.fr/femme.htm
Je crois qu’encore aujourd’hui, on se laisse aveugler… J’apprends qu’un grand artiste a violé une enfant de 13 après lui avoir fait boire de l’alcool… Je rêve !
Je pense aussi à cet article que j’ai écrit sur Picasso, assassin de son petit fils Pablito, Picasso ce « génie du mal » comme disait sa petite fille. http://xiberoa.blogspot.com/2009/09/picasso-le-genie-du-mal.html
Je pense à la chanson de Brassens… « ce n’est pas tout d’être mon père, il faut aussi me plaire ». Vous connaissez cette chanson ?
Sauf Lurbeltz que Cantat a payé … Assez ou pas assez ça n’est pas à moi de juger .Mais il est vrai aussi que je suis tout à fait en accord avec ton article , que l’on avait pas le droit d’oublier Marie Trintignant , comme on avait pas le droit d’oublier toute ces années la petite de 13 ans violée par Polanski .
Oui c’est ça le plus gênant dans l’histoire… Comment autant de temps a-t-il pu passé ! Pourquoi maintenant tout à coup, 30 ans après.
Toujours est-il que Roman Polanski n’est pas digne de la moindre estime, non pas à cause de sa faute mais parce qu’il n’a pas assumé.
Quelqu’un qui n’assume pas les conséquences de ses actes n’a pas mon estime.
Ceci dit, je pense qu’il s’en fiche complètement de mon estime …
Du moment qu’il a l’estime des « grands » !
Alors je ne comprends pas Yves ?
Manu A, il a payé aussi non ?
Christophe, il me semble que Yves parle de Polanski et non de Manu A.
J’ai beaucoup apprécié le passage où Manu A reproche à tous ceux qui ont protégé Polanski d’avoir empêché que Polanski ne fasse un travail sur lui-même, travail qui, si j’ai bien compris, a mené Manu A à la rédemption.
Je cite : « Travail que vous, Messieurs les ministres et tous ceux qui protègent Polanski depuis si longtemps, l’avez empêché de réaliser. »
Xixaria, c’est effectivement le tapage qui est insupportable.
Moi, je ne demande pas que l’on fasse ceci ou cela à Monsieur Polanski. Je n’ai nullement le droit de juger de ce qui doit lui arriver ou pas.
Et je regarderai encore ses films avec bonheur, sachant faire la part des choses entre l’artiste (ou le penseur) et la personne humaine.
Mais il est absolument inadmissible, a contrario, que certains s’arrogent le droit de voler à son secours et fassent ce tapage, sous prétexte qu’il a le droit à l’oubli.
Que la victime ne veuille pas revivre tout ça, c’est évident. Mais laisser passer sans rien dire ce qui reste, je vous le rappelle, un crime, c’est faire peu de cas de toutes les victimes de viols, passées, présents et surtout à venir.
Yves, pourquoi maintenant? Je n’en sais rien et personne n’en sait rien. A moins que quelqu’un d’entre vous soit un grand spécialiste du droit américain. J’ai vaguement entendu quelque part que ce sont ses propres avocats, qui par une erreur ou une maladresse, ont réveillé l’affaire. Mais qu’importe? Doit-on gommer un crime, quel qu’il soit, sous prétexte qu’il a été perpétré il y a plus de 30 ans? Doit-on, peut-on, de cette manière, blanchir par avance les criminels du même type qui n’ont pas encore accompli leur forfait? Je fais partie des gens qui ont été outrés devant l’hallali sur Bertrand Cantat et je le reste et le resterai. Mais là, désolée, aucun rapport.
Perso, je le répète, au delà même du « Selon que vous serez puissant ou misérable », quelque chose me fait froid dans le dos:
A l’époque, Paul en ski avait plaidé coupable pour pouvoir avoir la paix en payant ( ah, le modèle américain!!!!!!!!!!), mais avait nié le viol. Pour lui, ce n’était pas un viol puisque la fillette avait été droguée auparavant. C’est le même argument utilisé par un triste ex-magistrat qui prend fait et cause pour le psychiatre violeur de ses patientes en Dordogne il y a quelques mois. Elles n’ont pas été violées, elles étaient sous hypnose, on ne peut donc parler de violence!!!!!!!!!!!!!!
Donc, violeurs, calculez, préparez, ne vous laissez surtout pas emporter par une pulsion bestiale : saôulez, droguez, hypnotisez vos victimes, mineures ou majeures, et vous ne craindrez rien de la justice des hommes ( les femmes, on ne leur demande pas leur avis—-) ! Enfin, bon—- il est préférable, tout de même, que vous soyez honorablement connus dans votre commune ou mieux encore, reconnus mondialement pour une fonction ou une autre.
A part ça, Kouchner grand défenseur de ceci ou de cela —–, bof, bof—-, moi je l’ai toujours connu sous cette appellation « Un tiers-mondiste, deux tiers mondain »——-
J’admire ceux qui, comme toi, Jenofa, arrivent à faire ainsi la différence entre l’artiste et la personne. J’en suis bien incapable et je pense sincèrement que tu as raison de dissocier les deux fonctions. Pour ma part, je serai dans l’incapacité d’aller désormais voir un film de Polanski en faisant abstraction de tout ça (car jusqu’à présent, je ne connaissais pas le passé de ce cinéaste jusqu’à ce qu’il soit de nouveau mis sous les feux de l’actualité).
J’ai adoré l’expression « un tiers-mondiste, deux tiers mondain » relative à notre vieux french doctor.
Ai-je dit le contraire quelque part Christophe dans mon commentaire ?
J’ai juste dit que sa lettre ne me touche pas plus que ça .
Moi dans mes commentaires sur cet article je m’intéresse au cas Polanski , pas de Manu A qui lui a payé pour son geste . Lui regrette et a compris son geste … Mais à cause de quelques cons qui en sortant de prisons récidivent , une loi a été mise en place et malheureusement il En pâtit .
C’est terrible de penser que pour quelques cas de récidives montés en exergue par les médias, on se met à pourchasser de nouveau ceux qui ont fait un effort énorme pour expier et « rentrer dans le droit chemin » (je n’aime pas cette expression mais je n’en ai trouvé aucune autre pour exprimer ce que je veux dire).
Le pire dans ce débat sur la récidive pour moi , c’est quand le porte parole de l’UMP relayé par M. Alliot-Marie parle de castration chimique des délinquants sexuels … Mais c’est inhumain , indécent , on se croirait de retour 60 ans en arrière au temps du nazisme … Après ce sera pour les gens aux pathologies psychiatriques , pour les homos …. Et jusqu’où peuvent-ils aller ???
« Après ce sera pour les gens aux pathologies psychiatriques , pour les homos …. » dis-tu. Mais pas pour les artistes ! L’est pas beau not’ monde ?
Lurbeltz, pour la chanson « ce n’est pas tout d’être mon père », je connais les versions qu’en ont faites Bertola puis Le Forestier plus tard.
Tiens, à propos de Brassens, je m’aperçois que ça fait deux ans que je n’ai pas chroniqué de disque de Brassens. Le dernier était le 9ème :
http://www.leblogadupdup.org/2007/11/14/discographie-de-brassens-9/
Va falloir que je m’y remette un jour.
Ben dis-donc, Lurbeltz, ton article sur Picasso est édifiant.
Je ne sais pas ce qu’en pensent les autres blogueurs. A lire absolument. Je remets à nouveau le lien :
http://xiberoa.blogspot.com/2009/09/picasso-le-genie-du-mal.html
Euh—- les artistes aux pathologies psychiatriques, ça existe aussi, Bernard. Et j’imagine que pour les homos, c’est pareil.
D’ailleurs, peut-on vraiment être artiste quand on n’a pas un bon vieux problème à évacuer?
Sur conseil de Lurbeltz, j’ai lu moi aussi le livre bouleversant de Marina Picasso.
Et j’ai lu également le superbe bouquin d’Elisabeth Hardouin Fugier « Histoire de la corrida en Europe du 18ème au 21ème siècle ». J’y ai appris que Picasso et Hemingway étaient au désespoir lorsque les associations de protection animale ont réussi à imposer le caparaçon pour les chevaux dans les arènes. Ils avouaient alors se rendre aux corridas en grande partie pour le plaisir de voir les chevaux éventrés. Hemingway précisait même que lorsque le cheval se prenait les pieds dans ses intestins et qu’il en tombait par terre, cela le faisait rire. Oui, oui, vous lisez bien!
Et tous les deux s’entendaient sur le fait de dire que privée de cette délicieuse gâterie, la corrida était promise à une fin proche car, d’après eux, les gens s’en désintéresseraient.
Si on farfouille dans la vie des génies de l’art et de la pensée, on va tous se faire très mal.
Alors, prenons un humain pour un humain, indépendamment de sa fonction et de son rang. Les choses seront plus simples et moins douloureuses. Perso, plus ça va, plus j’ai de la tendresse pour les gens qui n’ont guère d’autre ambition que celle de ne pas trop emmerder son voisin, comme aurait dit tonton Georges.
Tiens justement, Jenofa, après après lu le livre sur Picasso, est-ce que tu pourras dorénavant regarder une de ses toiles indépendamment de l’homme ?
Yves, je ne lis que maintenant ton commentaire de 21h41 : je n’avais effectivement pas compris ! C’est ta phrase sur Bertrand Cantat qui m’a égaré et replongé dans le même sentiment qu’à la première lecture de Manu A. Les mêmes causes produisent le mêmes effets, CQFD.
J’aime bien l’analyse de Jenofa sur les artistes, je la trouve très juste. J’en connais quelques-uns et beaucoup trimballent effectivement de sacrés souffrances ou de sacrés ambiguïtés. Fort heureusement, certains sont sains d’esprits !
Mais d’une façon générale, dans le vaste miroir aux alouettes qu’est devenu notre sphère humaine, beaucoup d’artistes n’en sont pas, n’étant même pas porteurs d’un message… remplacé qu’il est par des médias chauffés à blanc.
Battage inouï, c’est vrai, mais constant et auquel nous sommes devenus presque insensibles, sauf quand les forces présence sont des bêtes de scène.
J’en apprends de bien bonnes ici sur Picasso et Hemingway, j’en savais déjà pas mal sur Dali… mais aurais-je été aussi Miro ?!
Une précision sur la psychiatrie : elle aussi tourne à pleins tubes… de médicaments. Pas l’idéal sans doute, et je suis le premier à ne pouvoir avaler une pilule. Mais se rappeler quand même que ça apaise beaucoup de personnes, que cela les rend acceptables à leur entourage, et enfin que beaucoup de nouveaux traitements sont beaucoup plus légers et engendrent beaucoup moins d’effets secondaires qu’il y a 20 ans, pas la panacée mais beaucoup ne reviendraient pas en arrière. Cela établit bien une différence avec l’homosexualité qui n’est pas une pathologie.
Alors une castration chimique, consentie autant que possible, pour ces mecs-la, oui.
Un témoignage.
Une part des enfants que j’accueille dans ma classe relève des victimes de ces malades sexuels. L’une d’entre-elle, violée par son père dès l’âge de six mois, fut un des cas les plus marquants. Elle avait fait arrêter elle-même son père en le dénonçant… à l’âge de cinq ans.
Son père est venu voir sa fille, comme moi, venant de sortir de prison, en compagnie d’un psychologue (ça s’appelle visite médiatisée). La première fois, je peux vous dire qu’après avoir entendu un père qui reprochait à sa fille ses résultats insuffisants pour entrer au collège (totalement anéantie dans sa construction personnelle mais d’une grande intelligence), j’ai assisté à une des plus monumentales formes de déni qu’il m’ait été donné à voir.
Ben le deuxième entretien a été terrible et j’y ai vu une fille retomber sous le charme de son père, celui-ci renvoyer toute culpabilité sur sa victime sans que cela soit nécessaire de le dire, une mère détruite mais avec sa famille… inutile de tout dire de cette année-là.
Et quand j’ai appris que la protection de cette gamine avait baissé car les visites se passaient bien… je me suis bien demandé comment la vie allait pouvoir continuer pour eux. Je n’ai toujours pas de réponse.
Ce père-là, il a repris sa place dans la société, il travaille, et ça ne me gênerait absolument pas que sa sexualité soit réduite à néant.
Vous n’imaginez pas les dégâts sur les enfants. J’attends qu’un cinéaste ou un acteur célèbre en parle…
Réponse à Bernard:Oui. De toutes façons, mes parents ont rencontré plusieurs fois Picasso au Bateau Lavoir et ne m’en ont jamais dressé un tableau très flatteur.
Quant à Hemingway, du plus loin que je me souvienne, il me semble me que j’ai toujours su que c’était une grosse brute machiste, ce qui ne m’a, je l’avoue, jamais empêché d’apprécier ses romans, même « Mort dans l’après-midi ».
On dit que ce n’est pas avec de bons sentiments que l’on fait de la bonne littérature. En tous cas, cela ne suffit certainement pas.
J’ai appris récemment par leurs enfants des trucs pas très reluisants sur certaines icônes de la pensée écolo, icônes que j’avais moi-même beaucoup fréquentées. Il y a encore 10 ans, je crois que cela m’aurait bouleversée. Là, ma fois—-, vive la maturité!
J’ajoute que je n’ai jamais eu les moyens de m’offrir un Picasso et qu’en admettant que ça m’arrive un jour, l’argent n’irait pas à ce pauvre mec dans sa tombe mais à sa descendance. De toutes façons, y’a peu de chance. Si j’avais cet argent là, je le donnerai plutôt à une association.
Pour Hemingway, je crois avoir presque tout lu de lui. Mais c’était des héritages ou des achats d’occase.
Quant à Polanski, qui lui est encore vivant, je suis allée au cinéma une fois en fraude (je n’avais pas l’âge) pour voir Rosemary’s baby.
Depuis, ce que j’ai vu de lui, c’était à la télé chez des amis ou sur leur magnetoscope, vu que je n’en ai pas.
Je m’en tire plutôt bien, grâce à ma déjà très ancienne « décroissance », en def—-
Belle lettre et surement très juste.
Combien d’auteur de ces faits ont ce raisonnement de regret ; probablement la grande majorité.
Seulement, il y a les autres et c’est toute cette « communauté » des auteurs qui en paie le prix.
J’ajouterai si ça peut l’aider à surmonter cette épreuve, que ces fichiers ne sont accessibles qu’à une partie de ces messieurs en uniforme et en robe noire.
Aujourd’hui, dans Charlie Hebdo, une page d’explications sur comment ses propres avocats ont planté Polanski au bout de tant d’années.
Pas encore eu le temps de lire mais je crois que ça va me plaire!
Si ses avocats l’avaient planté à la Sainte-Catherine, nul doute qu’il s’en serait sorti !
T’as raison, ils se sont trop précipités.
Pauvre petit Polanski …..
Finir au parloir dans une prison Suisse alors que ces gens là ont plus l’habitude des guichets des banques Suisse … ça doit faire mal quelque part !!
hihihiii
Encore pauvre Polanski ….
Hospitalisé car il ne supporte pas la prison … Fallait alors l’y mettre plus tôt quand il était plus jeune , il aurait mieux supporté !!!