Vendredi dernier, 15 copains marseillais ont touché le jackpot au loto : 100 millions d’euros. Après avoir, j’imagine, bien arrosé la nouvelle, chacun à dû se sentir, le lendemain au réveil, riche. Incroyablement riche !
Hier soir, je suis revenu d’un stage encadré par le grand Tom Wagner, un américain passionné de tomates et obtenteur de centaines de variétés dont la célèbre Green Zebra. J’en suis revenu avec une cinquantaine de variétés de tomates que je ne connaissais pas, de quoi meubler sans doute mes vieux jours de jardinier. J’ai passé la journée à extraire les graines et à les faire sécher. Demain matin, elles seront toutes en sachets, dûment étiquetées, en attendant que la main du jardinier les sème un jour en terre.
Les tomates sauvages de la vallée des Andes sont des espèces mythiques, et qui me semblaient inaccessibles jusqu’à présent. Elles sont si précieuses, en tant qu’espèces-souches de nos milliers de variétés obtenues par l’Homme que les endroits où elles poussent encore à l’état sauvage (dans les Andes) sont aujourd’hui classées en réserves mondiales de biosphère. C’est dire leur importance ! (on pourra lire « l’histoire de la tomate » dans l’un de mes articles anciens, en cliquant ici).
Aussi, j’ai vraiment crû rêver quand j’ai vu hier devant moi, au conservatoire de la tomate du château de la Bourdaisière où se déroulait mon stage, quatre espèces de tomates botaniques sauvages, celles justement qui sont aujourd’hui considérées comme extrêmement précieuses car c’est sans doute de la combinaison hasardeuse de plusieurs d’entre elles (bien qu’elles appartiennent à des espèces différentes) qu’est née l’ancêtre de notre tomate domestique. J’ai cueilli quelques fruits de chacune de ces espèces et les ai ramenés à la maison dans le but de prélever leurs graines. Ci-dessous, successivement (dans le sens de la lecture normale, de gauche à droite et de haut en bas) les quatre espèces dont j’ai eu la chance de prélever les fruits : lycopersicon spontaneum, lycopersicon hirsutum, lycopersicon pimpinellifollium et lyscopersicon cheesmanii.
Je me souviens vaguement que dans mon rêve de la nuit dernière, il était question de tomates et des vallées des Andes. Et ce matin, en me réveillant, en pensant à ces graines précieuses qui ont déboulé dans ma vie de jardinier, je me suis senti riche. Incroyablement riche !
Comme quoi l’argent fait le bonheur ! Tom mate ces productions ! Bernard Ande ses nuits
Et ce qui est naturel avec les plantes, c’est le nombre des copains qui pourront partager cette fortune potagère n’est pas aussi limité… Bon, je ne cracherais pas sur quelques euros, mais je ne suis pas prêt d’en donner à la Française des jeux !
Le couteau attend ceux qui voudraient te faucher les tomates , enfin ton trésor !!!!
Car contre tout « L’Or du Rhin » tu n’échangerais les tomates de Wagner !!!
« Quand le dernier arbre sera abattu,
La dernière rivière empoisonnée,
Le dernier poisson pêché,
Alors vous découvrirez
Que l’argent ne se mange pas. »
Proverbe des Indiens du Canada –
C’est vrai mais à ce moment là, il restera les tomates de Dupdup …
Et on sera sauvés !
Non, le couteau, c’est juste pour que vous vous rendiez compte de la taille des tomates. En effet, les tomates sauvages sont petites, à peine plus petites que la moyenne des tomates cerises.
Est-ce que tu as une idée, Bernard, approximativement de l’endroit où on trouve ces tomates sauvages ?
Les Andes, c’est immense !
Tu dis que c’est au pays des incas.
Ca doit donc être au Pérou, peut-être en Bolivie ou au nord du Chili ?
non, je ne sais pas mais je vais faire une petite recherche.
Curieusement ce ne sont pas les Incas qui ont développé la culture de la tomates (ils se contentaient de les cueillir à l’état sauvage), mais les Aztèques au Mexique qui avaient fait des incursions dans les Andes, en avaient ramené des tomates, les avait cultivées et sélectionnées au fil du temps.
Les graines ont toujours fasciné les hommes,
Sissa ne nous prouvera pas le contraire…
Je trouve ça effectivement fascinant : savoir que dans un truc minuscule, il y a tout pour reconstituer un être vivant. Les graines ont un côté magique.
Mais Bernard, en élève studieuse que je suis, je savais déjà que les Incas se contentaient de cueillir les tomates sauvages alors que les Aztèques sont venus chercher les graines pour les cultiver …
Parce que j’ai « cliqué ici ».
Et j’en ai profité pour lire toute la discussion fort intéressante et animée qui a suivi ton article … sur les OGM (la discussion, pas l’article).
Oui, la graine est fascinante parce qu’elle contient tout pour reconstituer un être vivant …
Qui n’est cependant pas un clone.
Il faut absolument que tous les jardiniers arrêtent d’acheter des plants et fassent des semis à partir de graines. Car cela donne un sens supplémentaire à l’activité du jardinier et cela démultiplie l’intérêt qu’on peut porter au jardin. Cet intérêt supplémentaire est lié, pour moi, à ce qui vient d’être dit sur la fascination qu’exercent les graines et leur transformation en petite plantule. Le miracle de la vie.
Et j’ajouterais à mon dernier commentaire que le must du must c’est aussi de produire ses propres graines et de boucler le cycle complet de la vie d’un légume. Mais malheureusement, si c’est facile à réaliser avec les tomates et les salades, ça l’est moins avec les autres plantes à cause des risques énormes d’hybridation. Encore que je ne sois pas féru sur cette question et qu’il y a peut-être des légumes autres que les tomates et les salades où les risques de fécondation croisée sont faibles. Quelqu’un saurait me répondre ?
Non !!
:happy:
il y a une explication fort intéressante (sur le maïs) qui explique l’hybridation, au MNHN (galerie de l’évolution, dernier étage)…
si un jour tu montes sur la capitale, je t’invite à aller y faire un tour…
Au fait aujourd’hui au boulot j’ai vu mon pote Jacques , en lui serrant la main j’ai touché le Jacques pote mais il est loin de valoir 100 millions d’Euros ce con …..
:biggrin:
MDR
je vois que ce blog, est passionnant :
– on rigole,
– on apprend,
bref, on s’amuse…
Bernard, je ne suis pas certain de comprendre ton interrogation concernant l’hybridation. Tu parles du cas où plusieurs variété poussent dans un même espace? J’ai toujours resemer mes propres haricots à rames, haricots verts et blanc, ainsi que les pois mange-tout. Penses-tu qu’un jour, je risque de récolter les variétés que sème mon voisin, 50 m plus loin? :pinch: C’est vrai par contre que pour les cucurbitacés, je suis prudent par habitude.
Et à ce propos, il est exacte aussi qu’avec les graines bio de chez Semailles, j’ai parfois des surprises… :angry: (c’est connu Semailles en France?)
Non, Semailles, ce n’est pas connu en France.
Luc, mon interrogation porte sur la chose suivante :
Lorsqu’on sème des variétés différentes d’une même espèce de légumes (ou que les voisins en sèment), quel est, pour chacune de ces espèces, le risque que les variétés s’hybrident entre elles ? Je sais par exemple que le risque est faible pour les tomates, ce risque est proche de zéro car dans 99% des cas elles s’autofécondent. Ce risque est également faible pour les salades. Par contre, comme tu le soulignes, l’hybridation est de règle chez les cucurbitacées et le risque d’hybridation est alors proche de 100%, ce qui rend impossible de conserver soi-même des variétés de courges (à moins de faire comme les professionnels, soit sous tunnel, soit en fécondant soi-même la fleur puis en l’isolant). Mais pour les autres légumes (haricots, piments, choux, radis, …), le risque d’hybridation, quel est-il ? 0%, 10%, 25%, 50%, 90% ? je ne sais pas. Et comme j’ai envie de maintenir certaines lignées (de radis par exemple) (et que je suis incapable de ne semer qu’une seule variété (tant j’ai soif de diversité), j’aurais besoin de savoir, légume par légume.
En complément de ce que j’ai écrit dans mon précédent commentaire : c’est aussi parce que la tomate s’autoféconde qu’il est si facile de maintenir dans son jardin les variétés que l’on aime et de produire ses propres graines. Ceci explique en grande partie l’engouement des jardiniers pour la sélection de leurs propres graines de tomates.
ref : étincelle : 19/09/18:34
tu penses aux spermatozoïdes ?
Woah, super! Quelle richesse, en effet!
Ça alors, lucpey, c’est Luc de Belgique! Aucune intention de ma part de « jouer avec les pseudos », il doit s’agir d’une fausse manœuvre de ma part: Désolé.
:ninja: De toutes façons on t’avait déjà démasqué, alors …
Il n’y a ici que des vieux renards!
En faisant des recherches sur le net, je m’aperçois que la « tomate groseille » que j’ai déjà cultivée est une tomate différente appartenant à une autre espèce botanique de tomate : lycopersicon pimpinellifolium. Il semblerait que les rares variétés de tomates groseilles que l’on trouve dans le commerce soient proches de l’espèce botanique sauvage (que j’ai récupérée au château de la Bourdaisière) et qu’il n’y a pas eu beaucoup de modifications apportées par l’Homme. Cette tomate, dans sa forme sauvage, est jaune.
Par contre la tomate « petit moineau » dont on a souvent parlé sur ce blog (et que j’ai eu la chance de récupérer grâce à Marie-Jo) ne serait que la tomate groseille dans sa forme rouge.
Et je me pose une autre question : la variété « Matt’s Wild Cherry » (ma tomate préférée) ne serait-elle pas aussi une tomate groseille (appartenant donc à l’espèce l. pimpinellifolium) ?
La tomate « Petit Moineau » que je croyais très rare est en fait facilement trouvable chez des semenciers belges ou suisses, c’est une chance ainsi pas de risque de perdre cette variété et cela démontre l’intérêt qu’un certain nombre d’entre nous lui portons.
Je ne vois pas qui pourrait répondre à tes questions mais je vais me renseigner pour essayer de t’aider.
Petit moineau ressemble à s’y méprendre à Matt’s Wild Cherry mais, d’un point de vue gustatif, cette dernière lui est supérieure. Plusieurs de mes amis partagent cet avis. Je crois que Marie-Jo elle-même qui m’avait transmis les graines de petit moineau avait été un peu déçue par cette variété.
Eh, bien rendez-vous à la récolte de Petit Moineau, j’apporterai une pierre à l’édifice et te dirai ce que j’en pense, puisque j’aurai les deux en même temps !
Tiens, je trouve bien des différences entre Petit-Moineau et Matt’s Wild Cherry :
– fruits plus petits chez Petit-Moineau
– peau plus épaisse chez Matt’s Wild Cherry, déchirure quand on prélève un fruit
– goût acidulé chez Petit-Moineau, plus sucré chez Matt’s Wild
– maturité plus homogène sur la grappe de Petit-Moineau
En revanche, la croissance, le port sont assez semblables.
Les fruits plus petits de la variété Petit-Moineau iraient bien avec la famille des tomates groseilles, moins sûr pour Matt’s Wild Cherry.
Cela me fait réfléchir aux semis que je vais préparer… Vivement la dégustation !
12 612 variétés de tomates connues à ce jour. Hou la la, que de travail pour la retraite !
Bernard, ces espèces de tomates étaient comment d’un point de vue gustatif ? J’ai vu que chez Germinance l’espèce Lycopersicon pimpinellifollium (tomate groseille Red currant) était vendue.
Je ne les ai pas cultivées depuis plusieurs années (sans doute que le ferai l’an prochain), je n’ai plus vraiment de souvenir (je vous ai dit que j’avais perdu beaucoup de neurones) et je ne suis pas certain de les avoir goûtées lorsque j’ai prélevées quelques échantillons au château de la Bourdaisière.
Pour pimpinellifolium voici le descriptif ça donne plutôt envie (Fruits croquants, fruités, plus sucrés et plus parfumés que ceux des tomates cerise, parfaits pour les salades ou l′apéritif.. )… sur le papier. Mais au-delà de cela, cultiver ces espèces doit procurer un grand plaisir.
Je crois justement que ma tomate préférée (Matt’s wild cherry) est une pimpinellifolium.
Petit moineau a un inconvénient : c’est une pieuvre. On la dit résistante au mildiou, je n’ai pas observé cela. Elle est dans la moyenne. Si son port est difficile à conduire c’est surtout un problème en cas d’attaque de mildiou : impossible de repérer et de tailler les branches atteintes dans un tel méli mélo, si bien qu’il reste toujours un foyer. Le goût ? toujours très subjective cette question….. La production ? vu la taille des fruits finalement pas très importante. Tout peut être intéressant à faire mais le rapport place/entretien/production me pousse à ne plus la faire. Mais j’ai des graines en réserve.
Au sujet du nom on trouve parfois Lycopersicon pimpinellifollium en variété, rouge ou jaune, je crois même l’avoir vu en verte. Confusion, précision des caractéristiques ? …. Une astuce serait de comparer les feuilles puisque le nom vient de pimprenelle, la plante, donc les tomates pimpinellifollium devraient toutes avoir des feuilles comparables à celles de la pimprenelle.