Me voici parti pour une bonne semaine en Corse. Le prochain article reprendra le lundi soir 5 mai.
28 réflexions au sujet de “blog en congés”
Bernard, pour quelqu’un qui n’aime pas bouger, (tu me l’as dis texto !), je trouve que tu bouges pas mal !
Il n’y a pas si longtemps, tu n’étais pas à Venise ?
Et peu de temps avant, tu n’étais pas sur l’île de Texel ?
Ne t’inquiètes pas, Etincelle, Bernard peut être ici ou là, il ne bouge pas : il reste toujours le même.
Il a compris, je crois, qes seuls vrais voyages restent les périples intérieurs.
Errata : « que les seuls »…
Il arrive que les périples extérieurs enrichissent les périples intérieurs, non ?
On peut le dire.
Mais, pour ce qui me concerne, je ne crois plus aux « voyages », hormis la visite réciproque entre amis : la prochaine que j’envisage, par exemple, est d’accueillir chez moi un ami algérien, directeur d’école à Oran, collaborateur d’un quotidien régional francophone et qui n’a jamais mis les pieds en France, pays dont il parle pourtant parfaitement la langue. Son revenu ne lui permet pas d’envisager de « venir en touriste », peut être juste pourra-t-il payer son transport… Il n’aura pas d’autres frais. Je répondrai éventuellement à sa proposition de m’accueillir chez lui. Non pas aux conditions d’un occidental, mais à celle d’un algérien moyen d’un quartier populaire.
Autrement dit, et pour aller vite, le tourisme commercial de masse a tellement pollué de rapports marchands les milieux d’accueil qu’il est à mon avis quasiment impossible d’entrer dans un rapport d’échange inter-humain avec les habitants d’origine. Alors à quoi bon aller chez eux si c’est pour les méconnaître ?
De plus, l’invasion touristique concourt à l’approfondissement des inégalités entre pays riches et pauvres et entre riches et pauvres dans chaque pays. Il y a de nombreuses régions où les natifs ne peuvent plus se loger tant, par exemple, le prix des logements préemptés par des étrangers plus fortunés explose. Et il en va de même pour la nourriture et pour l’eau. Seule une bourgeoisie locale compradore tire, au détriment de ses concitoyens, son épingle à ce sinistre jeu.
Enfin, une part notable des ressources en énergies non-renouvelables part en fumée noire dans le transport par avion de millions d’errants à la recherche de sensations fortes.
Sachant cela, je ne vois pas trop en quoi les déserts intérieurs se trouveraient davantage irrigués.
Je vois bien que ma position puisse heurter des convictions bien assises sur ce sujet, mais question d’éthique…
Robert, ce n’est pas moi qui te contredirais sur le tourisme de masse.
Et même le voyage « humanitaire » a parfois l’effet inverse de celui escompté : un groupe de jeunes de je ne sais plus quel lycée est allé en Afrique aider à je ne sais plus quoi, une population vivant dans une région aride, et à force de se laver et d’utiliser l’eau de la même façon que nous, ici, en France, a réussi à assécher l’unique puit du village !!!
Désolée de n’être pas plus précise, je ne me souviens pas exactement où, quand, et qui (et même pas non plus ou j’ai lu ça !).
Mais, les voyages ne sont pas tous synonymes de lieux touristiques, d’avions, …
Certains traversent l’Asie en bicyclette (je crois que Bernard connait quelqu’un qui l’a fait).
Est-ce qu’un voyage à pied avec un sac sur le dos, dans des petits coins perdus des Alpes et sans touristes (Si, si, on en trouve) te conviendrait mieux ?
Je t’emmène si tu veux !
On pourrait par exemple grimper jusqu’aux Lacs Robert, en traversant la Brêche Robert Sud, dans le Massif de Belledonne.
C’est un lieu enchanteur : cinq lacs de montagne artistiquement disposés sur un replat cerné de beaux sommets enneigés.
On pourrait même pousser un peu plus loin et plus haut, jusqu’au Lac Bernard qui est une merveille de petit lac, avec un petit îlot dans un coin.
Oui, il existe sans doute d’autres formes plus valables de voyage et tu fais bien de me le rappeler.
C’est bien qu’il y ait encore dans les Alpes (ou ailleurs) des lieux sans touriste.
Question : le seraient-ils encore si nous y débarquions ?
Je crois très sincèrement aux présences polluantes : et si les contrées avaient besoin de notre absence pour tout simplement exister. Et si on essayait, pour une fois, de leur ficher la paix.
Tiens, pour une fois je suis du côté de Robert !!!
Mais pas pour les mêmes raisons, tout à fait. Il y a évidemment des centaines de façons de voyager, mais dans le voyage, dans son côté gloriole, dans les aventures qu’on s’y fabrique (et je sais de quoi je parle, j’ai adoré voyager quand j’étais bien plus jeune), il y a une sorte de fuite du présent et de l’ici que je trouve assez puérile somme toute. Je crois que d’une façon générale, cette tendance qu’on peut avoir de mépriser ou tout du moins mésestimer ce qu’on a, au détriment d’un exotisme temporaire et souvent même factice me navre. J’assimile les grands voyageurs aux consuméristes, qui souvent ne savent même plus savoureux les magnifiques et délicieuses choses simples.
précision : ce que je viens de dire n’a aucun rapport avec le voyage de Bernard !!!!
Évidemment, Oups, rien à voir.
Je ne sais plus où j’avais lu ça, qui disait à peu près : « l’homme a besoin de terres vierges pour parler à son âme ». Oui, je crois que lorsqu’on peut tout explorer, on perd quelque chose.
D’un autre côté, les écrivains voyageurs nous ont laissé de bien belles pages! Je pense à Nicolas Bouvier notamment.
Et j’aime bien les hommes aux semelles de vent, sans port ni attache, libres de se déplacer et donc curieux de tout.
Et les philosophes du temps des Lumières, n’ont-ils pas promené leur flamme un peu partout?
Il doit y avoir quelque part une façon juste de voyager.
C’est bien connu … c’est toujours mieux ailleurs ! LOL !
Plus sérieusement, avoir envie de découvrir (pas seulement dans les livres) et apprécier les petites « choses simples » sont vraiment incompatibles ?
Je dirais plutôt complémentaires.
Et ne faire que l’un ou que l’autre est un peu restrictif, en tout cas, en ce qui me concerne !
Il y a eu dans l’histoire de vrais et gentils voyageurs, j’en suis convaincu. La question, pour moi, est de savoir si aujourd’hui la chose est encore possible dans la cadre général du tourisme de masse. Autrement dit, Brind’Paille, pour reprendre ton propos, de voir si « une façon juste de voyager » peut trouve un terrain pour s’exercer dans ce contexte-là.
En cours de lecture nocturne, je tombe sur un article du Monde qui parle de Fernando Pessoa, de personnalités multiples et de voyages intérieurs. La totale, quoi !
Extraits :
… »Turismo infinito » est construit autour des hétéronymes de Pessoa, ces fameux doubles littéraires auxquels l’écrivain a donné une oeuvre spécifique mais aussi une identité et une biographie : Bernardo Soares, l' »auteur » du Livre de l’intranquillité, les « poètes » Alvaro de Campos et Alberto Caeiro, et l' »intersectionniste » Fernando Pessoa en personne.
[…]
… cette histoire d’hétéronymes est au coeur de la relation de l’écrivain avec le théâtre. Pessoa l’a exprimé assez clairement dans une lettre de 1935, l’année de sa mort : « Ce que je suis essentiellement – sous les masques involontaires du poète, du raisonneur et de Dieu sait quoi encore – c’est un dramaturge. Le phénomène de dépersonnalisation instinctive dont je vous parlais pour expliquer l’existence des hétéronymes me conduit tout naturellement à cette définition. Cela étant, je ne change pas, je VOYAGE. »
[…]
Pessoa, ce voyageur immobile enfermé tout le jour dans son bureau de modeste employé aux écritures d’une entreprise d’import-export, nous embarque dans un voyage infini dans les potentialités de l’être.
En portugais, Pessoa, comme l’on sait, signifie personne. En latin, « personne » désignait le masque. La boucle est bouclée. »
Je crois que ce serait bien de quitter le terrain du tourisme de masse sur lequel, sans doute, tout le monde est d’accord. Et ce n’est évidemment pas ce tourisme qui est une façon juste de voyager.
Il y a deux pistes intéressantes dans la discussion : le voyage tel qu’on l’entend habituellement et le voyage intérieur.
Les deux notions ne s’annulent pas, à mon avis.
Robert, pourquoi parles-tu de « gentils voyageurs », ce qualificatif me paraît un peu condescendant vis-à-vis d’écrivains ou de philosophes.
Si je comprends bien, Robert, l’emploi d’hétéronymes (bref de pseudos qui peuvent à l’occasion dialoguer entre eux) ne te choque pas (ou plus) quand il provient d’un « gentil écrivain », c’est ça ?
Oh, quel malentendu, Brind’Paille ! J’entendais gentil au sens de gentilhomme et pas de bonasse cul-cul la praline. Rien de condescendant donc, au contraire.
Effectivement, Ourko, parce que dans ce cas on ne peut pas se tromper tant est incommensurable et inimitable le talent de Pessoa, qui ne se cache nullement d’ailleurs derrière un quelconque pseudo mais fait de l’hétéronymie un procédé littéraire subtil.
Ces incompréhensions levées, j’aimerais vraiment connaître vos réflexions sur le fonds de ces questions sur le voyage.
Nota bene : J’ai apprécié vos questions et ai taché d’y répondre.
Qu’il soit clair cependant que je m’emploierai à FUIR toute polémique ouvrant à un quelconque procès d’intention qu’on n’a pas.
Alors c’est mieux de dire « gentilhomme voyageur » au lieu de « gentil voyageur », comme ça, tout le monde comprend sans se tromper.
C’est juste, mais comme j’avais écrit « vrais » avant (de vrais et gentils voyageurs), ça n’aurait pas marché : de vrais et gentilhommes voyageurs… Non.
De plus, j’aime assez me demander ce qu’une personne a voulu dire dans ce qu’elle écrit. Que son propos m’échappe un peu et je me délecte à le relire pour tenter d’en décrypter le sens. Si je ne comprends toujours pas, je l’interroge, sans hésiter et j’apprécie beaucoup qu’elle y réponde.
Aussi, j’ai tendance à écrire avec parfois un défaut d’évidence, tout simplement pour inviter à me lire vraiment.
Bon, le procédé a ses risques et j’en ai subi parfois les effets. Mais il a aussi ses fortunes : j’aime assez que tu m’aies demandé des comptes et que, t’ayant éclairée, tu t’en trouves satisfaite.
Tu sais, les propos ultra évidents ne disent fréquemment rien de la personne qui les énonce à celle qui les reçoit et finalement, quel que soit le sujet, n’est ce pas là le but premier de la conversation : le plaisir de l’autre.
Une autre forme de voyage intérieur : à deux.
Incroyable, ce qu’une simple note de départ en congé pour quelques jours peut déchaîner comme commentaire lyrique et hautement philosophique.
Ça, c’est de la médiatisation !!! Chapeau Bernard !
Ben oui, BF15, quand le chat est parti, les souris dansent …!!
Pour celui qui vagabonde sous la lune (seul ou « …en masse ») comme pour celui qui reste sur sa chaise, « ici » est le lieu de tous les miracles.
Ah, mes soeurs, Ah, mes frères en DupDupisme, je viens d’être pris d’un sentiment terrible : Et si notre Grand Gûrû décidait de rester sur son île ?
Vite, vite, plasmodiez avec moi, cet appel :
« Reviens Gûrû DupDup ! Reviens Gûrû DupDup, Reviens… »
Pour vous changer les idées et respirer l’air frais des grandes hauteurs, allez donc voir les superbes panoramas des lacs Robert, Bernard, et de la Brèche Robert.
Je les ai découverts grâce à Œtincelleo, que je remercie.
J’ai suivi ton conseil mystique, j’ai grimpé et encore grimpé et je me trouve à 2977 mètres, au sommet du Pic de Belledonne : http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:Massif_belledonne.jpg
Vue des trois sommets principaux du massif de Belledonne.
De là, j’observe au sud et ne vois apparaître nulle caravane qui annoncerait Son Retour.
Et, comme je n’ai cessé de le faire durant mon ascension, je continue de psalmodier Son Nom…
C’est fait, je viens d’apercevoir dans la vallée la caravane qui avance vers le Nord.
Mais ils ne sont pas prêts d’arriver : figurez-vous qu’ils s’arrêtent devant chaque troquet rencontré pour siroter une mousse…
A ce train-là, je suis prêt à parier qu’ils n’atteindront la Haute-Saône que le 5 du mois.
Oui, effectivement, moi qui n’aime pas bouger, comme mes amis le savent, je bouge beaucoup cette année. Mais mes deux précédents périples (Venise et la Corse) ont été fait dans un contexte professionnel. Ils n’en étaient pas désagréables pour autant, loin de là. Quand à Texel, ce n’est pas un lieu de vacances pour moi, c’est un peu ma seconde patrie (une quinzaine de séjours déjà) et surtout un lieu que j’aime partager avec mes amis. Rien à voir donc avec une activité touristique au sens où on l’entend habituellement.
Dans quinze jours, j’ai l’occasion de partir pour un voyage d’études de dix jours en Pologne, tous frais payés dans le cadre d’un projet européen, mais j’ai décliné. Pas seulement parce que j’ai la phobie de l’avion, mais aussi et surtout que j’ai besoin d’un peu de calme dans les semaines qui viennent. Et puis j’ai du boulot en perspective : mon jardin est dans un état pas génial. Je lui manque et il me manque.
Bernard, pour quelqu’un qui n’aime pas bouger, (tu me l’as dis texto !), je trouve que tu bouges pas mal !
Il n’y a pas si longtemps, tu n’étais pas à Venise ?
Et peu de temps avant, tu n’étais pas sur l’île de Texel ?
Ne t’inquiètes pas, Etincelle, Bernard peut être ici ou là, il ne bouge pas : il reste toujours le même.
Il a compris, je crois, qes seuls vrais voyages restent les périples intérieurs.
Errata : « que les seuls »…
Il arrive que les périples extérieurs enrichissent les périples intérieurs, non ?
On peut le dire.
Mais, pour ce qui me concerne, je ne crois plus aux « voyages », hormis la visite réciproque entre amis : la prochaine que j’envisage, par exemple, est d’accueillir chez moi un ami algérien, directeur d’école à Oran, collaborateur d’un quotidien régional francophone et qui n’a jamais mis les pieds en France, pays dont il parle pourtant parfaitement la langue. Son revenu ne lui permet pas d’envisager de « venir en touriste », peut être juste pourra-t-il payer son transport… Il n’aura pas d’autres frais. Je répondrai éventuellement à sa proposition de m’accueillir chez lui. Non pas aux conditions d’un occidental, mais à celle d’un algérien moyen d’un quartier populaire.
Autrement dit, et pour aller vite, le tourisme commercial de masse a tellement pollué de rapports marchands les milieux d’accueil qu’il est à mon avis quasiment impossible d’entrer dans un rapport d’échange inter-humain avec les habitants d’origine. Alors à quoi bon aller chez eux si c’est pour les méconnaître ?
De plus, l’invasion touristique concourt à l’approfondissement des inégalités entre pays riches et pauvres et entre riches et pauvres dans chaque pays. Il y a de nombreuses régions où les natifs ne peuvent plus se loger tant, par exemple, le prix des logements préemptés par des étrangers plus fortunés explose. Et il en va de même pour la nourriture et pour l’eau. Seule une bourgeoisie locale compradore tire, au détriment de ses concitoyens, son épingle à ce sinistre jeu.
Enfin, une part notable des ressources en énergies non-renouvelables part en fumée noire dans le transport par avion de millions d’errants à la recherche de sensations fortes.
Sachant cela, je ne vois pas trop en quoi les déserts intérieurs se trouveraient davantage irrigués.
Je vois bien que ma position puisse heurter des convictions bien assises sur ce sujet, mais question d’éthique…
Robert, ce n’est pas moi qui te contredirais sur le tourisme de masse.
Et même le voyage « humanitaire » a parfois l’effet inverse de celui escompté : un groupe de jeunes de je ne sais plus quel lycée est allé en Afrique aider à je ne sais plus quoi, une population vivant dans une région aride, et à force de se laver et d’utiliser l’eau de la même façon que nous, ici, en France, a réussi à assécher l’unique puit du village !!!
Désolée de n’être pas plus précise, je ne me souviens pas exactement où, quand, et qui (et même pas non plus ou j’ai lu ça !).
Mais, les voyages ne sont pas tous synonymes de lieux touristiques, d’avions, …
Certains traversent l’Asie en bicyclette (je crois que Bernard connait quelqu’un qui l’a fait).
Est-ce qu’un voyage à pied avec un sac sur le dos, dans des petits coins perdus des Alpes et sans touristes (Si, si, on en trouve) te conviendrait mieux ?
Je t’emmène si tu veux !
On pourrait par exemple grimper jusqu’aux Lacs Robert, en traversant la Brêche Robert Sud, dans le Massif de Belledonne.
C’est un lieu enchanteur : cinq lacs de montagne artistiquement disposés sur un replat cerné de beaux sommets enneigés.
On pourrait même pousser un peu plus loin et plus haut, jusqu’au Lac Bernard qui est une merveille de petit lac, avec un petit îlot dans un coin.
Oui, il existe sans doute d’autres formes plus valables de voyage et tu fais bien de me le rappeler.
C’est bien qu’il y ait encore dans les Alpes (ou ailleurs) des lieux sans touriste.
Question : le seraient-ils encore si nous y débarquions ?
Je crois très sincèrement aux présences polluantes : et si les contrées avaient besoin de notre absence pour tout simplement exister. Et si on essayait, pour une fois, de leur ficher la paix.
Tiens, pour une fois je suis du côté de Robert !!!
Mais pas pour les mêmes raisons, tout à fait. Il y a évidemment des centaines de façons de voyager, mais dans le voyage, dans son côté gloriole, dans les aventures qu’on s’y fabrique (et je sais de quoi je parle, j’ai adoré voyager quand j’étais bien plus jeune), il y a une sorte de fuite du présent et de l’ici que je trouve assez puérile somme toute. Je crois que d’une façon générale, cette tendance qu’on peut avoir de mépriser ou tout du moins mésestimer ce qu’on a, au détriment d’un exotisme temporaire et souvent même factice me navre. J’assimile les grands voyageurs aux consuméristes, qui souvent ne savent même plus savoureux les magnifiques et délicieuses choses simples.
précision : ce que je viens de dire n’a aucun rapport avec le voyage de Bernard !!!!
Évidemment, Oups, rien à voir.
Je ne sais plus où j’avais lu ça, qui disait à peu près : « l’homme a besoin de terres vierges pour parler à son âme ». Oui, je crois que lorsqu’on peut tout explorer, on perd quelque chose.
D’un autre côté, les écrivains voyageurs nous ont laissé de bien belles pages! Je pense à Nicolas Bouvier notamment.
Et j’aime bien les hommes aux semelles de vent, sans port ni attache, libres de se déplacer et donc curieux de tout.
Et les philosophes du temps des Lumières, n’ont-ils pas promené leur flamme un peu partout?
Il doit y avoir quelque part une façon juste de voyager.
C’est bien connu … c’est toujours mieux ailleurs ! LOL !
Plus sérieusement, avoir envie de découvrir (pas seulement dans les livres) et apprécier les petites « choses simples » sont vraiment incompatibles ?
Je dirais plutôt complémentaires.
Et ne faire que l’un ou que l’autre est un peu restrictif, en tout cas, en ce qui me concerne !
Il y a eu dans l’histoire de vrais et gentils voyageurs, j’en suis convaincu. La question, pour moi, est de savoir si aujourd’hui la chose est encore possible dans la cadre général du tourisme de masse. Autrement dit, Brind’Paille, pour reprendre ton propos, de voir si « une façon juste de voyager » peut trouve un terrain pour s’exercer dans ce contexte-là.
En cours de lecture nocturne, je tombe sur un article du Monde qui parle de Fernando Pessoa, de personnalités multiples et de voyages intérieurs. La totale, quoi !
Extraits :
… »Turismo infinito » est construit autour des hétéronymes de Pessoa, ces fameux doubles littéraires auxquels l’écrivain a donné une oeuvre spécifique mais aussi une identité et une biographie : Bernardo Soares, l' »auteur » du Livre de l’intranquillité, les « poètes » Alvaro de Campos et Alberto Caeiro, et l' »intersectionniste » Fernando Pessoa en personne.
[…]
… cette histoire d’hétéronymes est au coeur de la relation de l’écrivain avec le théâtre. Pessoa l’a exprimé assez clairement dans une lettre de 1935, l’année de sa mort : « Ce que je suis essentiellement – sous les masques involontaires du poète, du raisonneur et de Dieu sait quoi encore – c’est un dramaturge. Le phénomène de dépersonnalisation instinctive dont je vous parlais pour expliquer l’existence des hétéronymes me conduit tout naturellement à cette définition. Cela étant, je ne change pas, je VOYAGE. »
[…]
Pessoa, ce voyageur immobile enfermé tout le jour dans son bureau de modeste employé aux écritures d’une entreprise d’import-export, nous embarque dans un voyage infini dans les potentialités de l’être.
En portugais, Pessoa, comme l’on sait, signifie personne. En latin, « personne » désignait le masque. La boucle est bouclée. »
Pour l’article complet :
http://www.lemonde.fr/culture/article/2008/04/28/fernando-pessoa-un-monument-qui-tisse-des-liens-entre-portugal-et-france_1039328_3246.html#ens_id=1037546
Je crois que ce serait bien de quitter le terrain du tourisme de masse sur lequel, sans doute, tout le monde est d’accord. Et ce n’est évidemment pas ce tourisme qui est une façon juste de voyager.
Il y a deux pistes intéressantes dans la discussion : le voyage tel qu’on l’entend habituellement et le voyage intérieur.
Les deux notions ne s’annulent pas, à mon avis.
Robert, pourquoi parles-tu de « gentils voyageurs », ce qualificatif me paraît un peu condescendant vis-à-vis d’écrivains ou de philosophes.
Si je comprends bien, Robert, l’emploi d’hétéronymes (bref de pseudos qui peuvent à l’occasion dialoguer entre eux) ne te choque pas (ou plus) quand il provient d’un « gentil écrivain », c’est ça ?
Oh, quel malentendu, Brind’Paille ! J’entendais gentil au sens de gentilhomme et pas de bonasse cul-cul la praline. Rien de condescendant donc, au contraire.
Effectivement, Ourko, parce que dans ce cas on ne peut pas se tromper tant est incommensurable et inimitable le talent de Pessoa, qui ne se cache nullement d’ailleurs derrière un quelconque pseudo mais fait de l’hétéronymie un procédé littéraire subtil.
Ces incompréhensions levées, j’aimerais vraiment connaître vos réflexions sur le fonds de ces questions sur le voyage.
Nota bene : J’ai apprécié vos questions et ai taché d’y répondre.
Qu’il soit clair cependant que je m’emploierai à FUIR toute polémique ouvrant à un quelconque procès d’intention qu’on n’a pas.
Alors c’est mieux de dire « gentilhomme voyageur » au lieu de « gentil voyageur », comme ça, tout le monde comprend sans se tromper.
C’est juste, mais comme j’avais écrit « vrais » avant (de vrais et gentils voyageurs), ça n’aurait pas marché : de vrais et gentilhommes voyageurs… Non.
De plus, j’aime assez me demander ce qu’une personne a voulu dire dans ce qu’elle écrit. Que son propos m’échappe un peu et je me délecte à le relire pour tenter d’en décrypter le sens. Si je ne comprends toujours pas, je l’interroge, sans hésiter et j’apprécie beaucoup qu’elle y réponde.
Aussi, j’ai tendance à écrire avec parfois un défaut d’évidence, tout simplement pour inviter à me lire vraiment.
Bon, le procédé a ses risques et j’en ai subi parfois les effets. Mais il a aussi ses fortunes : j’aime assez que tu m’aies demandé des comptes et que, t’ayant éclairée, tu t’en trouves satisfaite.
Tu sais, les propos ultra évidents ne disent fréquemment rien de la personne qui les énonce à celle qui les reçoit et finalement, quel que soit le sujet, n’est ce pas là le but premier de la conversation : le plaisir de l’autre.
Une autre forme de voyage intérieur : à deux.
Incroyable, ce qu’une simple note de départ en congé pour quelques jours peut déchaîner comme commentaire lyrique et hautement philosophique.
Ça, c’est de la médiatisation !!! Chapeau Bernard !
Ben oui, BF15, quand le chat est parti, les souris dansent …!!
Pour celui qui vagabonde sous la lune (seul ou « …en masse ») comme pour celui qui reste sur sa chaise, « ici » est le lieu de tous les miracles.
Ah, mes soeurs, Ah, mes frères en DupDupisme, je viens d’être pris d’un sentiment terrible : Et si notre Grand Gûrû décidait de rester sur son île ?
Vite, vite, plasmodiez avec moi, cet appel :
« Reviens Gûrû DupDup ! Reviens Gûrû DupDup, Reviens… »
Pour vous changer les idées et respirer l’air frais des grandes hauteurs, allez donc voir les superbes panoramas des lacs Robert, Bernard, et de la Brèche Robert.
Je les ai découverts grâce à Œtincelleo, que je remercie.
J’ai suivi ton conseil mystique, j’ai grimpé et encore grimpé et je me trouve à 2977 mètres, au sommet du Pic de Belledonne :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:Massif_belledonne.jpg
Vue des trois sommets principaux du massif de Belledonne.
De là, j’observe au sud et ne vois apparaître nulle caravane qui annoncerait Son Retour.
Et, comme je n’ai cessé de le faire durant mon ascension, je continue de psalmodier Son Nom…
C’est fait, je viens d’apercevoir dans la vallée la caravane qui avance vers le Nord.
Mais ils ne sont pas prêts d’arriver : figurez-vous qu’ils s’arrêtent devant chaque troquet rencontré pour siroter une mousse…
A ce train-là, je suis prêt à parier qu’ils n’atteindront la Haute-Saône que le 5 du mois.
Oui, effectivement, moi qui n’aime pas bouger, comme mes amis le savent, je bouge beaucoup cette année. Mais mes deux précédents périples (Venise et la Corse) ont été fait dans un contexte professionnel. Ils n’en étaient pas désagréables pour autant, loin de là. Quand à Texel, ce n’est pas un lieu de vacances pour moi, c’est un peu ma seconde patrie (une quinzaine de séjours déjà) et surtout un lieu que j’aime partager avec mes amis. Rien à voir donc avec une activité touristique au sens où on l’entend habituellement.
Dans quinze jours, j’ai l’occasion de partir pour un voyage d’études de dix jours en Pologne, tous frais payés dans le cadre d’un projet européen, mais j’ai décliné. Pas seulement parce que j’ai la phobie de l’avion, mais aussi et surtout que j’ai besoin d’un peu de calme dans les semaines qui viennent. Et puis j’ai du boulot en perspective : mon jardin est dans un état pas génial. Je lui manque et il me manque.