Du changement dans l’air

Comme chaque année à cette période, il y a un je ne sais quoi de différent dans l’air. Bien sûr, le printemps est loin d’être là mais il y a déjà quelques signes avant-coureurs du changement en cours. La lumière est déjà différente, ce n’est plus une lumière de novembre ou de décembre. L’air est moins lourd et je me suis d’ailleurs réveillé plus léger ce matin.

Et puis l’environnement sonore a déjà bien évolué depuis quelques jours. Le 31 décembre déjà, une sittelle poussait son premier chant dans le petit bois derrière la maison.

sittelle.jpg

Le jour de l’an, c’était au tour du pic épeiche de manifester son excitation sexuelle en tambourinant avec force contre un tronc (je n’ai jamais entendu de tambourinage aussi tôt dans l’année).

pic.jpg

Hier matin 7 janvier, alors que j’allais au travail (c’était la reprise, la dure reprise, faut bien bosser de temps en temps, on ne peut pas être toujours sur le blog), une grenouille en vadrouille a évité de justesse mes pneus. Là aussi, je n’avais jamais vu de grenouille à cette période (et pourtant, j’ai de l’expérience en matière de grenouilles, j’en ai braconné des tas quand j’étais gamin).

grenouille.jpg

Dans la matinée, des abeilles sont venues me faire un petit coucou derrière la vitre. Jamais vu un petit coucou d’abeille aussi précoce.

Et vous, vous avez déjà remarqué des petits changements autour de vous ?

63 réflexions au sujet de “Du changement dans l’air”

  1. Si c’est pas de la poésie, ça, Bernard ?

    Les premiers jours de janvier me donnent souvent cet état d’exaltation, comme à la venue du printemps. J’ai beau avoir une tonne de scories qui m’encombrent la tête à ce moment là, tout devient soudain léger avec cette tendre euphorie des premières douceurs pritannières… Pourtant, c’est bien le froid qui s’accorde le mieux avec cette sensation presqu’ amoureuse…un froid sec et radieux de toute la splendeur de la lumière d’hiver…On attend la neige… Manque de chance, dans mon coin elle vient rarement nous rendre visite… Mais c’est sûr, les jours s’allongent. Youpiii !

    Tiens, c’est drôle ça: je vous communique le code de sécurité qui apparaît pour ce message: psexe5… Allez, je le laisse partir…

  2. Il y a dû y avoir quelque chose de particulier aujourd’hui avec la lumière car j’ai fait remarqué à mes collègue qu’on aurait dit une lumière de printemps.

    Moi aussi, j’ai entendu le pic épeiche tambouriner, c’était la semaine dernière au travail, donc le 2 ou le 3 janvier.

    Sinon, quelques chants que je ne sais, hélas, pas reconnaître (pour le tambourinage du pic épeiche, c’est facile, je le vois). Dont un qui m’étonne, plutôt strident et grinçant et que j’entends depuis hier. Mais je sais bien que ces indications sont trop floues pour permettre à quiconque de m’aider à trouver qui c’est.

  3. C’est peut-être un pic noir… ou le chant d’un verdier. Moi aussi j’ai senti, un peu surpris, l’odeur de fonte des neiges qui me grise chaque année, mais quelques moi plus tard, sur les hauteurs de Morteau. Pas de neige pourtant à Besançon, mais un dégel ? Ce n’était pas que de la lumière en tout cas.

  4. C’est avec impatience que j’attends aussi la fin décembre, pas le 24 ni le 25 mais plutôt le solstice d’hiver dont Vincent avait rappelé l’importance : je crois que je n’avais pas réagi à l’époque, mais je souscris à l’idée d’une fête du solstice plutôt que d’un Noël.
    En effet, c’est à ce moment que les mésanges commencent à chanter.
    J’ai depuis noté d’autres chanteurs précoces parmi les sédentaires (dont le troglodyte mignon) ou les hivernants (les tarins attablés à la mangeoire et qui sont plus de 30 actuellement). Anne ne serait-ce pas un serin ? Vérifie avec l’enregistrement sous l’image avec le lien :
    http://www.ivnvechtplassen.org/ivn_vogels_niet_vechtstreek/Sijs_Carduelis-spinus.html
    Ce sont surtout des pousses de jonquille qui ont attiré mon œil dans les plates-bandes au boulot.
    Mais aussi un Milan royal. Je sais bien qu’il hivernait et qu’il le fait encore en petit nombre… mais je soupçonne un retour précoce.
    Et il y avait en ces jours de reprise comme une petite douceur de mars… ce qui expliquerait les jonquilles.
    Malgré de longues vacances, j’ai aussi trouvé mon retour précoce !

  5. Merci.
    A priori, je pencherais plutôt pour le serin. J’essayerai de vérifier demain. Enfin, si c’est possible. Parce que déjà que mes pauses clops ne sont pas très bien vues, alors, si en plus je sors avec mes jumelles…

  6. Je partage le même étonnement que Serenense. Je n’ai jamais vu de serin en Franche-Comté avant le mois de mars. Et puis le chant du serin est un cliquetis métallique qui ne ressemble absolument pas à la description qu’en fait Anne.
    Non, je pense tout simplement au verdier.

  7. Vu aussi un couple de milans royaux au-dessus de l’Ognon ce dimanche. Pour la première fois, les cygnes marcher sur l’étang gelé; c’est plutôt marrant. Entendu la mésange charbonnière début janvier, la mésange à longue queue dimanche aussi.
    J’attends avec impatience le merle : quand j’ouvre mes volets le matin en hiver, et qu’il fait encore nuit, ça me ravit toujours …

  8. Moi j’ai juste senti que l’atmosphère était douce, en sortant du lit, Dimanche matin. Peut-être que mes yeux équarquillés et mon sourire béant laissaient rentrer plus d’air frais qu’à l’accoutumée et que mon cerveau, saturé d’oxygène, a eu le vertige? En tous cas, en en me laissant flotter dans la rue, je me suis dit : « Mais c’est l’printemps !!?! »

  9. Oui effectivement, j’ai déja vu un merle ravir un brin de paille, mais c’était plus tard, à la période des nids

  10. « En cette saison printannière de l’année, quand l’air est doux et plaisant, ce serait une injure à la nature et vraiment dommage de ne pas aller voir dehors sa magnificence et partager sa façon de relier le ciel et la terre. »
    John Milton

  11. Comme Obélix, je suis interdit de moquette : j’ai tout fumé il y a longtemps !
    Je vous invite à venir observer les serins qui s’attablent à ma mangeoire et mettent effectivement les pieds dans le plat : quelques mâles chantent depuis un certain temps déjà.
    Je pense que le solstice les stimule comme sûrement une forme de concurrence à l’égard des femelles présentes.
    On en est pas aux parades ni aux nids mais j’imagine que les premiers flirts se dessinent.
    J’ai découvert ça l’autre jour en aérant la maison et notamment une chambre désertée cause vacances. J’étais aussi un peu surpris car plus habitué aux cris des troupes hivernales ou aux chants qui accompagnent les migrateurs prénuptiaux… Du coup j’ai prêté l’oreille en me disant que la superposition des cris pouvait faire croire à un chant. Que nenni : ça chante !
    C’est donc assez naturellement que j’ai proposé le serin car la description d’Anne qui se mésestime me paraissait coller.

    Détail : plancher et carrelage partout ! Venez voir et entendre !
    PS : je me permets de transmettre la très intéressante observation de Brind’paille à la LPO car il y avait ce week-end un recensement hivernal (pfffftt !) de ce magnifique rapace. Je jubile rien qu’à l’idée de la synthèse qui sera faite pour la Franche-Comté à l’idée que les lecteurs découvriront le nom de l’observatrice ! De là à ce qu’i y ait un feu de plancher…

  12. En pointant l’oreille, j’ai entendu au moins 3 mâles chanter à 11 h 52.

    Et je lis dans « mon » Géroudet tome 3 page 157 « […] Un oiseau aussi sociable ne peut manquer d’être prodigue de ses appels. […] Ce chant vif, agréable et assez varié, ressemble un peu à celui du Serin cini, et peut être entendu peu ou prou à toute époque de l’année, sauf à celle de la mue, et surtout en mars-avril. »

    Ça me rassure un peu sur mon état de santé mentale !

  13. Arrête tout, Christophe, c’est mon merle à moi qui a fait l’observation! Moi je me suis contentée d’opiner (je sens que ça va plaire à Bernard, ça …).

  14. Désolé Brind’paille, mais je suis allé sans doute trop vite : j’ai transmis ton observation en signalant qu’elle provenait de la vallée de l’Ognon et que seul un pseudo était disponible. Ce serait bien sûr mieux si la localité était précisée comme le nom de l’observatrice mais à toi de juger : s’il tu le souhaites, il est possible de faire passer par Bernard ou de lui demander mon adresse de courriel.
    Sinon donne-moi le nom et l’adresse du merle !

    Je souhaite encore faire une mise au point : Paul Géroudet est un maître en ornithologie, paix à son âme, et lire ses description relève toujours de l’enchantement.
    Mais avant lui, il y a eu Bernard et notamment de merveilleux souvenirs d’affût qu’il a relatés sur ce blog. Merci encore.
    Bernard, c’est grâce à tes vœux de l’année passée, je crois, que nous avons de nouveau pu retrouver ensemble le chemin des oiseaux. J’ai aussi eu le plaisir de découvrir ici bien des plaisirs partagés, que ce soit sur le terrain des jardiniers ou celui des autres humains. Merci à tous.

  15. Ben dis donc, des serins aux mangeoires en plein mois de janvier, je n’en reviens pas. Va falloir que moi aussi je me mette à fumer la moquette si je veux faire des observations de ce genre ! (cela dit sans cini’sme !)

  16. En reprenant mon carnet d’observations je me rends compte que les tarins étaient moins précoces et moins nombreux à la mangeoire il y a deux ans. Premier mâle le 13 février 2006, 12 oiseaux le 21 et 25 le le 26.
    Mais tarin noté concernant le chant Christophe !

  17. Hé là, y’a pas de confusion entre tarin et serin ? Vous avez bien parlé de serin cini en janvier, non ? La conversation oscille entre tarin et serin et j’ai quelques doutes …

  18. Bonjour,
    Je débarque sur ce blog qui me semble intéressant. En effet Christophe, si tu confirmes que des Serins cinis chantent chez toi et qu’ils sont bien présents à ta mangeoire, j’en appelle à ta plume pour en informer la communauté via un petit bulletin dont la prochaine édition porte le n°13…
    Ce serait aussi incroyable que déprimant. L’hiver se meurt, vive l’hiver !

  19. J’habite en ville (en plein coeur de Besançon, même), ne jardine pas et ne prends guère le temps de fréquenter des lieux dits « naturels », mais j’ai la grande chance de pratiquer un boulot qui me permet d’être tous les jours environ une heure à l’extérieur, toujours au même endroit (une cour de récréation) et de pouvoir saisir ainsi, au jour le jour, les petites nuances « dans l’air ».

    Auncun indice animalier de mon côté, mais une qualité de lumière, c’est vrai, qui laisse entrevoir la promesse du retour du printemps.

    La jubilation sourde que cela procure est loin d’être anodine. Une joie que qualifierais volontiers d’archaïque : une sorte de souvenir incarné de la grosse trouille que devaient ressentir nos lointains ancêtres en voyant chaque année le soleil progressivement disparaître et de l’immense soulagement lorsqu’ils le voyaient finalement revenir.

  20. Un bon ornitho doit avoir du nez, un bon tarin, pour rester serin lorsqu’il s’agit d’identifier un oiseau jaune.

  21. Ah oui, c’est vrai… les instits en récré !
    Il paraît, Vincent, que vous avez le droit de déduire la crème solaire et les lunettes de soleil en frais réels sur vos impôts, c’est vrai ?

  22. Bien sûr que oui, qu’est-ce que tu crois !!!
    La chaise longue aussi (c’est capital, pour bien surveiller, d’être confortablement installés) et la machine à café.

    Mais aussi, faut bien le dire : l’imperméable, les moufles et le bonnet.

  23. Nom de nom… avant je ne confondais que les pseudos, maintenant ce sont les noms d’oiseaux.
    Le lien que j’ai affiché dès le départ montre un tarin. UN TARIN. DES TARINS !
    Je comprends enfin l’étonnement et je me disais que la vallée de l’Ognon était néfaste pour le tarin (c’est vous dire).
    Désolé mais j’ai lu lu tarin systématiquement c’est vous dire encore ma qualité de relecteur (je le suis régulièrement pour la LPO !).
    Soyons clairs : je partage l’étonnement et les craintes de Dupdup et Excubitor qui ont donc fait la preuve de leurs qualités d’observateurs : oiseaux comme coquilles.
    Je vais prendre rendez-vous chez l’ophtalmo, le gériatre en ce qui concerne les yeux, le cerveau, Alzheimer et le reste (enfin le peu qui reste), et Saint-Maclou : tant qu’à faire, autant m’en cramer direct quelques mètres-carrés !
    Tarin dans ton crâne d’oiseau mon pauv’toto !

  24. Christophe, je consulte tous les jours de 9H à 18H du lundi au vendredi et le samedi également en cas d’urgence (ce qui semble être le cas si j’ai bien compris, non ?).

  25. code de sécurité : 2cm7ac
    Nom : Gaaaaaaaaaahhhh…
    Required : moquette only
    42 brumaire du soir. L’heure des baves.

    Gnnnnnnnn…

    Gargl

    Je me suis envoyé 2cm carrés du premier modèle en vente libre, vous pouvez vérifier.
    http://www.saint-maclou.com/html/produits/prod_moquettes.php

    Ça déchire grave même sans la colle. Vous faites plus de soucis pour le reste.

    Au fait, sans déconner : 3 couples d’autruches exécutent leur parade nuptiale dans la cuisine ce soir. C’est dingue comme c’est sympa ces bêtes là… très méconnu d’ailleurs. elles vont aller couver dans le bureau. Un désert culturel qu’elles m’ont dit !
    Les pros vont quand même pas réagir pour une banalité pareille ?

  26. Au fait, les « pros » justement, pourquoi vous n’avez pas corrigé l’erreur de Christophe dès qu’il a mis l’image en lien ?

    Comment ??? Vous n’ouvrez pas tous les liens ??? Bouhhhhhh !!!

  27. Ben oui, c’est parce que je ne suis pas allé ouvrir le lien.
    Pas aussi pro donc que j’aimerais. C’est même un peu la zone. Le tarin des zones, même !
    Tien mon code de sécurité est TDkVtt. Vous saviez, vous, que TDK s’était mis à fabriquer des VTT ? ça vous arrive des trucs bizarres avec le code de sécurité ? Moi c’est la première fois.

  28. La saison « triste » est assurément l’automne (comme l’a si bien « chanté » Apollinaire).
    L’hiver, contrairement à l’idée répandue, est au contraire la saison qui porte le plus d’espoir car c’est clairement la saison « des jours qui rallongent ».

  29. Savez-vous que nos ancêtres les Celtes (le mot « Gaulois » étant à éviter car c’est celui que leur donnait leur principal ennemi, César) coupaient également l’année en quatre mais pas du tout comme nous ?

    Leurs quatre fêtes « cardinales » étaient fixées à ce qui est pour nous, en gros, le 1er février, le 1er mai, le 1er août et le 1er septembre : les solstices et équinoxes devenant donc à chaque fois le centre de la saison ainsi définie plutôt que son commencement.

    Ça ne me paraît pas idiot du tout !
    (Tiens, ben je vais en parler de suite aux membres de mon Parti Préhistorique, les occasions de faire des « fêtes archaïques » n’étant pas si nombreuses que ça !!!)

  30. Deux poèmes sur cette sensation imperceptible de prémisse de « fin d’hiver » (au moment paradoxal où il commence à peine) :

    Une idée sublime et monstueuse
    remue indubitablement

    Une nouvelle tyrannie se prépare
    à reprendre l’épopée du
    la boue.

    Le vide se pare déjà d’une
    frange d’oiseaux.

    (François Jaqmin)

    *

    Craque
    alors l’épure.
    S’insinue
    le printemps.
    Il casse
    l’espèce de vitre
    Qui dans l’espace
    dominait.
    L’immobilité
    ne tiendra pas.
    L’espace
    ne feindra plus
    d’être figé.
    Le mouvement prendra
    des mouvements de formes.
    Le grouillement.
    Fermentation
    comme si,
    Milliards, milliards,
    des vermisseaux
    Remuaient les croûtes.
    L’épure de verre
    va pourrir.
    Même vers le haut :
    dégouliner.
    Ce sera
    Pour que recommence
    l’engendrement.

    (Eugène Guillevic)

  31. Sur l’hiver proprement dit (ou plutôt la « saison froide et sereine » entre le Samain du 1er novembre et l’Imbolc du 1er février) ces petites « perles » (ou flocons de neige) :

    « L’hiver, la terre demande à se reposer de ses fleurs. »
    (L. Aragon)

    *

    (…) « Quand, dans l’air nu, seul restera l’arbre droit,
    Et que partout l’absence aura pris laplace
    Des choses, et que,très au loin dans l’espace,
    Rien ne sera que levide et que le froid,

    Quel rire alors, en vous, fraternelle idée !
    Quel beau vouloir sur ce vain néant souffert !
    O nuit pure ! Et vous, si libre en ce désert,
    Vous, pensée, aux sept étoiles accordée ! »

    (V. Museli)

    *

    « L’esprit savoure l’air
    incisif
    Il y retrouve une
    exactitude tant souhaitée
    Il applaudit à la rigueur qui
    épelle chaque chose avec la
    netteté du silence sec.
    Sa jubilation est une braise
    taillée dans la glace. »

    (F. Jaqmin)

    *

    « Voici moins de plaisirs, voici moins de peines.
    Le rossignol se tait, se taisent les sirènes :
    Nous ne voyons cueillir ni les fruits ni le sfleurs ;
    L’espérance n’est plus bien souvent tromperesse ;
    L’hiver jouit de tout. Bienheureuse vieillesse,
    La saison de l’usage, et non plus des labeurs ! »

    (A. d’Aubigné)

    *

    « Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un été invincible. »
    (A. Camus)

  32. « Une nouvelle tyrannie se prépare
    à reprendre l’épopée du
    la boue. »

    Il manque quelque chose ou je ne comprends simplement pas ?

  33. Le monde n’est plus éparpillé
    dans cette fécondité emphatique
    où le sol perdait patience.

    *

    La détresse de l’esprit est
    superflue lorsqu’on a froid.

    *

    Le silence est devenu matière.

    L’air a la dureté du noyau.

    Façonner une parole est une
    épreuve qui revient désormais
    au sculpteur.

    *

    L’atmosphère a la dure fixité
    des musées

    Une promenade prend l’aspect
    d’un combat au burin.

    *

    L’esprit savoure l’air
    incisif.

    Il y retrouve une
    exactitude tant souhaitée.

    Il applaudit à la rigueur qui
    épelle chaque chose avec la
    netteté du silence sec.

    Sa jubilation est une braise
    taillée dans la glace.

    *

    L’hiver pèse cruellement sur
    le feu.

    On lui résiste à coups de légendes.

    *

    etc…

    (Les saisons, Labor, 1988)

  34. LA FIN DE L’AUTOMNE

    Tout l’automne à la fin n’est plus qu’une tisane froide. Les feuilles mortes de toutes essences macèrent dans la pluie. Pas de fermentation, de création d’alcool : il faut attendre jusqu’au printemps l’effet d’une application de compresses sur une jambe de bois.

    Le dépouillement se fait en désordre. Toutes les portes de la salle de scrutin s’ouvrent et se ferment, claquant violemment. Au panier, au panier ! La Nature déchire ses manuscrits, démolit sa bibliothèque, gaule rageusement ses derniers fruits.

    Puis elle se lève brusquement de sa table de travail. Sa stature aussitôt paraît immense. Décoiffée, elle a la tête dans la brume. Les bras ballants, elle aspire avec délices le vent glacé qui lui rafraîchit les idées. Les jours sont courts, la nuit tombe vite, le comique perd ses droits.

    La terre dans les airs parmi les autres astres reprend son air sérieux. Sa partie éclairée est plus étroite, infiltrée de vallées d’ombre. Ses chaussures, comme celles d’un vagabond, s’imprègnent d’eau et font de la musique.

    Dans cette grenouillerie, cette amphibiguïté salubre, tout reprend forces, saute de pierre en pierre et change de pré. Les ruisseaux se multiplient.

    Voilà ce qui s’appelle un beau nettoyage, et qui ne respecte pas les conventions ! Habillé comme nu, trempé jusqu’aux os.

    Et puis cela dure, ne sèche pas tout de suite. Trois mois de réflexion salutaire dans cet état ; sans réction vasculaire, sans peignoir ni gant de crin. Mais sa forte constitution y résiste.

    Aussi, lorsque les petits bourgeons recommencent à pointer, savent-ils ce qu’ils font et de quoi il retourne, – et s’ils se montrent avec précaution, gourds et rougeauds, c’est en connaissance de cause.

    Mais là commence une autre histoire, qui dépend peut-être mais n’a pas l’odeur de la règle noire qui va me servir à tirer mon trait sous celle-ci.

    (Le parti pris des choses, Gallimard, 1942)

  35. …sans dec’
    Z’avez vu le lien que j’ai mis pour Saint-Maclou ? Le premier clic, le premier modèle moquette et hop ! Destination Jamaïque !

    Alors je vous le dit tout net : j’ai testé toute la gamme, c’est pas la colle qui arrache. C’est le propylène qu’est propice.

    Et si vous regardez bien l’image, au premier plan, les cônes sont déjà roulés !

    Finalement, c’est peut-être la taille du cône ?

  36. Bernard, j’crois qu’faut admettre que Christophe a bel et bien pété un câble.
    Dommage car on l’aimait tous bien, mais là j’crois vraiment que c’est fini… On le récupérera plus « entier » !
    (Faut dire qu’avec les cadences infernales que tu nous imposes !!!!)

  37. Moi c’est comme ça que je le préfère, Christophe, complètement parti en live… parce que d’habitude, il écrit tjs des trucs tout juste borderline… on sait pas trop où on le situe dans les degrés… là, il est à fond, il a complètement débloqué !!!! youhouuuuuuuu !!!! la fête du slip !!!

  38. La dernière fête du slip à laquelle j’ai assisté c’était quand un neveu (par alliance, 10 ans de moins que moi quoi) est allé coucher les gosses des autres parce qu’il avait le BAFA et qu’il voulait bien. Les vieux voulaient rigoler tranquillos.
    S’agissait de calmer les engins à l’occasion d’une retrouvaille.
    1/2 heure plus tard, les morpions nous ont sauté à la face : écartates, éruptifs, tous un slip sur la tête en criant « gang des slips sur la tête ! » car tonton BAFA les avait coaché. Ils étaient dans un état qu’il a fallu 1 nouvelle pour les calmer. Font chier les animateurs !
    Dis donc Oups : je veux bien un nouvel épisode car ces moments là valent le coup de la vie, mais s’il s’agit d’une connerie sexuelle, je ne touche plus qu’aux Jamaïquaines !

  39. CHANT D’AUTOMNE -I

    Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
    Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
    J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres
    Le bois retentissant sur le pavé des cours.

    Tout l’hiver va rentrer dans mon être : colère,
    Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
    Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
    Mon coeur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé.

    J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;
    L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd.
    Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
    Sous les coups du bélier infatigable et lourd.

    Il me semble, bercé par ce choc monotone,
    Qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
    Pour qui ? – C’était hier l’été ; voici l’automne !
    Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.

    (Les fleur du mal)

  40. Deux tempérament, finalement face à l’hiver.

    Etes-vous plutôt Baudelaire (« Tout l’hiver va rentrer dans mon être (…) et, comme le soleil dans son enfer polaire, on coeur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé ») ou Camus (« Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un été invincible.”) ?

  41. « La bise de l’hiver qui me mord et crache sur mon corps à m’en faire grelotter, me fait sentir qui je suis. »

  42. L’hiver, la terre, nue, paraît abandonnée. Dans le froid et l’obscurité, elle se durcit, se contracte, se referme sur elle-même. Elle semble retenir sa respiration (ou « se reposer des ses fleurs » comme le dit Aragon).

    C’est alors le triomphe de la dure loi de pesanteur. Tout tombe et se fait tombe : le silence, la nuit, la neige parfois, le suaire qu’elle semble poser sur le paysage et l’ennui, en quelque sorte, qu’elle engendre à l’infini. Plus de chatoiement de couleurs. C’est la saison du noir et blanc, des contrastes et des oppositions.

    Tout se réduit ainsi à l’essentiel : les arbres à leur squelette, les feuilles à leurs nervures. Tout se minéralise aussi : l’eau devient glace, les plantes annuelles graines dures. Dans ce dépouillement naît une nouvelle clarté. L’architecture, les lois de l’univers se révèlent à qui sait voir. Tous les arbres, d’une certaine façon, dévoilent leurs nids.

    L’hiver rend lucide. Tout y est « clair et dur », écrivait justement Mallarmé. C’est « la saison de l’art serein ».

  43. Je ne sais pas vous, mais moi j’ai vraiment toujours un peu de gêne, l’hiver, lorsque je vois un arbre sans feuille qui dévoile un nid, comme si, plus nu que nu, je surprenais son coeur derrière ses côtes.

    L’hiver, en ce sens, est pour moi une saison « impudique ».

  44. Le printemps
    A son porte-parole dans le coucou
    Quand les bois reviennent de la préhistoire,

    L’été dans l’hirondelle
    Quand elle s’en prend au tissu du ciel.

    L’automne aussi dans l’hirondelle
    Quand elle rengaine ses ciseaux.

    L’hiver a les corbeaux qui eux-mêmes s’étonnent
    De leur présence et signifient

    Que cela pourrait être pire, que tous ces gris
    Pourraient être noirs comme eux,

    Et c’est contre cela sans doute
    Qu’ils ont ce cri venu d’un temps

    Hors des quatre saisons.

  45. Il n’y a rien d’impudique au fait que l’hiver nous dévoile des nids. Car le nid de l’oiseau n’est jamais réutilisé. Il n’a servi que quelques semaines, le temps de la reproduction. L’année suivante, l’oiseau construira un nouveau nid. De toutes façons, les intempéries se chargent d’éliminer les vieux nids …

  46. Et puis, si le nid de l’oiseau doit rester caché, c’est bien vis à vis des prédateurs et non pour préserver une certaine intimité. Le nid n’est pas l’équivalent de notre lit. D’autant plus que leurs cochoncetés, les oiseaux les font en plein air, à la vue de tout le monde. Bonjour la moralité chez les oiseaux … !

  47. Oui, bien sûr, objectivement parlant tu as raison.
    N’empêche, un nid au coeur d’un arbre dénudé, m’évoque toujours l’image (« impudique » à mon goût) d’un coeur dans une cage thoracique écorchée.
    Tu me confirmes juste que ce genre d’impression n’est sans doute pas partageable. Et ne devrait du coup peut-être même pas se dire.

  48. nanan, moi j’avais saisi l’image de l’arbre un peu écorché. mais là, c’ets l’ornitho qui a pris le dessus !
    En même temps, tout le monde ne trouve pas impudique de dévoiler son coeur !

  49. Oui, pas forcément impudique dans une sphère intime, mais là, comme ça, en public et surtout… sans lui laisser le choix de faire autrement !

  50. Ouais, ben si je peux me permettre un conseil, Vincent : toi qui a le choix, tu devrais les garder secrets tes « nids », au lieu de les dévoiler comme ça (de façon impudique) sur un espace public.
    Ça gêne un peu tout le monde !

  51. La remarque « ornitho » de Bernard a modifié mon regard. J’ai vu autrement les nids dans les arbres, ce matin. Non plus comme des coeurs impudiquement dévoilés, mais plutôt comme les stigmates d’une ancienne passion (qui va lentement s’effacer). Le « vrai coeur vivant » de l’arbre est peut-être ailleurs finalement… et sans doute invisible.
    (Pourquoi pas près du cambium : sous l’écorce, mais « à fleur de peau »)

Laisser un commentaire

:D :-) :( :o 8O :? 8) :lol: :x :P :oops: :cry: :evil: :twisted: :roll: :wink: :!: :?: :idea: :arrow: :| :mrgreen: