A la fin des années 70, j’ai découvert les disques édités par Harmonia Mundi. Leurs disques vinyles étaient particulièrement moches (pochettes en carton sans aucun relief) mais je me rappelle que grâce à eux, j’ai découvert beaucoup de musiques anciennes. Je me souviens avec émotion des chants des trouvères et troubadours, des messes de William Byrd et des oeuvres du Padre Soler. Les disques d’Harmonia Mundi avaient l’avantage d’être peu chers, ce qui convenait bien à ma pauvre bourse de l’époque.
Chaque fois que j’allais observer les oiseaux en Camargue, je m’arrêtais à Arles. D’une part pour faire un tour sur le marché de plein air du samedi matin (extraordinaire !) mais aussi et surtout pour acheter quelques disques chez Harmonia Mundi. Car cette maison est basée dans la cité arlésienne. Avec l’avènement du CD, les disques sont devenus plus esthétiques et même très beaux (en gardant un prix plutôt modique) et le répertoire s’est élargi. Le magasin d’Arles est devenu lui-aussi superbe (mais je n’y suis pas retourné dépuis six ou sept ans).
Harmonia Mundi a eu du courage. Pendant que les grandes compagnies flattaient l’oreille du public en enregistrant ce qui se vendait le plus (par exemple la 5ème de Beethoven dont il existe des centaines de versions et dont on n’a plus rien à foutre), Harmonia Mundi a fouillé le répertoire et a fait ressortir de l’oubli des oeuvres délaissées ou inconnues. Avec un goût très sûr. La musique ancienne est son domaine de prédilection mais le contemporain est également bien représenté au catalogue. Les disques d’Harmonia Mundi figurent parmi ceux que j’écoute le plus, qu’il s’agisse des magnifiques Chants de la liturgie slavonne, de René Clémencic et ses flûtes ou des versions originales de Carmina Burana (composées au 11ème siècle).
L’histoire de Harmonia Mundi est étonnante. Il y a 50 ans, Bernard Coutaz s’est lancé dans l’aventure. Il a rencontré à cette époque des tas de PDG de maisons de disques mais aucun ne lui parlait de musique. Simplement de marché et d’argent. Alors il a vendu sa maison (acquise avec l’argent gagné en dix ans de journalisme) et a créé son propre label avec simplement du petit matériel, un ingénieur du son, une 2 CV et quelques bouts de ficelles. 50 ans plus tard, alors que les maisons de disques connaissent une crise sans précédent (- 40% en quatre ans), Harmonia Mundi, grâce à sa politique de qualité, est devenue pour beaucoup « la » référence et connaît une croissance constante de 3 à 5% par an. De quoi faire baver d’envie Philips et Deutsche Grammophon. Aujourd’hui, Bernard Coutaz garde un enthousiasme d’adolescent : « Ma foi en l’avenir d’Harmonia Mundi est totale. Si je croyais en Dieu, je lui dirais merci. »
Pour le cinquantième anniversaire de sa naissance, Harmonia Mundi publie un coffret extraordinaire qui présente les meilleurs enregistrements de cette aventure. Bien sûr, la musique ancienne est fortement mise en avant mais les dix derniers disques de ce coffret sont consacrés à des compositeurs plus récents. J’ai beaucoup aimé François Couperin, les chants byzantins de Marie Keyrouz, Marin Marais, Monteverdi, D’Anglebert, Telemann, Janacek, Bartok … A propos de cette anthologie, on pourrait reprendre ces vers célèbres de Brassens : « Tout est bon chez elle, y’a rien à jeter, sur l’île déserte il faut tout emporter ».
Et le prix est assez incroyable : 41 euros pour un coffret de 30 CD (sur Amazon.fr ; c’est généralement plus cher ailleurs). Vous pouvez découvrir les oeuvres de ce coffret sur la page que lui consacre Amazon. A acheter les yeux fermés !
Ce serait pas une proche parente de la coccinelle asiatique, cette Harmonia mundi ?
Comme quoi on peut être une boite de disque, ne pas mettre d’internautes en prison, et croitre …
Parmi les grands interprètes présents sur ce coffret : Michel Chapuis, Philippe Herreweghe, William Christie, René Jacobs, Alfred Deller, Kenneth Gilbert, Andreas Staier, Michel Portal …
Il lit ton blog le Père Noël ?
Probablement qu’il le lit oui, vu que j’ai reçu les deux coffrets dont je parle par la poste …
Y a-t-il Medieval English Music dedans ?
J’aimais beaucoup ce disque, chez eux.
(Si c’est le cas, tu pourras m’en faire une tite copie, steuplé ?)
J’ai suivi tes conseils, et visiblement beau-papa en a été ravi ! Un grand merci pour nous avoir ôté une belle épine du pied, c’est tous les ans un casse-tête pour trouver un disque ou une bouteille qu’il ne connaît pas déjà … l’année prochaine, tu nous guides pour la bouteille ?
très bonne idée cadeau, indémodable !
Indémodable ….. :wassat:
Ah oui ,
Tu vends ta collection de disques de Dylan !!!!
:happy:
Une grande dame, directrice de ma maison de disques préférée, qui vient de partir :
https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/01/28/eva-coutaz-directrice-artistique-historique-d-harmonia-mundi-est-morte_6067945_3246.html