23 réflexions au sujet de “Dis, quand reviendras-tu ?”
Wouahou ! Quel regard ! Je n’avais jamais vu Barbara interpréter cette chanson, ça change singulièrement de ce que j’en imaginais, moi en l’écoutant simplement. Je la sentais plus comme quelque chose de gentiment questionnant. Son regard, son ironie, lui donnent une toute autre dimension qui dément toute mélancolie !
Merci Bernard !
Raaaââhh… merci de l’avoir fait revenir un instant.
Je ne l’avais – moi non plus – jamais vue comme ça, rasée d’aussi près (carrément la… barbe à raz !)
Un petit extrait de l’article que consacre leMonde à Barbara et qui parle de cette chanson :
« Monique Serf, née le 9 juin 1930, s’était rebaptisée du nom de la martyre chrétienne d’Héliopolis, jetée aux lions en 306. Barbara, du latin « barbare », « étranger ». Etrangère aux lois communes, excessive, professionnelle, elle avait sapé dès 1954 les règles musicales en chantant d’une voix nue des classiques du répertoire français dans l’arrière-salle d’une friterie bruxelloise, puis Brassens ou Giani Esposito à L’Ecluse, cabaret parisien de ses débuts. Partout, elle chante. A Abidjan, en 1961, où elle rejoint son amant, le diplomate Hubert Ballay, pour qui elle écrira Dis, quand reviendras-tu ? avant de le quitter. »
J’avoue ne pas comprendre Nanou quand elle parle d’ironie. Je n’en perçois aucune ici. Mais d’accord avec elle, Barbara n’est pas que mélancolique dans cette chanson. Elle est aussi pleine d’une énergie incroyable.
Et ce regard, ce regard !
Il y a des moments où c’est limite dissonant ce qu’elle joue au piano (par rapport au chant), vous ne trouvez pas ?
donc, en traduction : tu trouves ça beau.
Oui, surtout ces moments-là.
Sinon, je n’ai (sans trop savoir pourquoi) jamais réussi à « accrocher » à Barbara. Je la trouve, souvent, un peu trop… comment dire… « maniérée » (mais suis prêt à admettre que c’est davantage en moi qu’en elle que se trouve la source de cette « rencontre imparfaite »)
pareil…
suis plus touchée par plus de sobriété. En tout.
par exemple, je préfère quand les chanteurs tombent pile poil sur la note, sans l’amorcer par le haut ou le bas, vous voyez ce que je veux dire ? (c’est sûr, c’est moins facile…)
Quand les chanteurs « tombent pile poil sur la note », ce ne sont parfois que des machines à chanter. Quand ils l’amorcent différemment, ç’est parfois là que commence l’art !
bah… moi j’aime pas… je préfère la sobriété de la note juste, mais c’est sans doute une question d’éducation (papa jazzman très très pointilleux).
en fait, comme c’ets souvent difficile de tomber juste, j’ai l’impression que l’amorce d’en haut ou d’en bas est souvent une façon de cacher son approximation sous des semblants d’habillage musical. D’autres fois, c’est pun style, qui ne cache rien, j’en conviens. Les goûts et les couleurs… C’ets un peu comme les vibratos utilisés à outrance. Bon, allez, j’arrête. Surtout que je suis mal placée pour commenter !
La manière de chanter de Barbara, en permanence sur le fil du rasoir (« approximative » dit Oups) me semble plutôt bien coller avec la fragilité et l’extrême sensibilité de cette chanteuse. Elle pose délicatement ses notes, ne les martèle pas avec force et sûreté, ça me va bien.
piti rectificatif : c’ets vrai, je ne suis pas particulièrement fan, mais ce n’est aps du tout d’elle que je parlais en disant « approximatif » (faut pas exagérer); c’était une généralité… qu’on retrouve aussi dans le piano : entre ceux qui vont vers l’accord très compliqué et ceux qui se contentent de la note, posée exactement au bon endroit, au bon moment. je vais me renseigner : il y a deux types qui jouent comme ça, avec une merveille de sobriété, et ça swingue de la mort !!!
d’ailleurs, le coup de la note sur laquelle on se perche avec précision, ça a commencé avec Jean Farine… allez, deux hommages sur le même article !
chuis pas fan… mais je l’ai quand même écoutée 6 fois ! quelle belle chanson quand-même !
Tu as écouté quand même la chanson 6 fois, c’est fort pour quelqu’un qui n’aime pas cette chanson ! Il m’est arrivé d’écouter parfois 15 fois certaines musiques que je n’aimais pas, mais dans le but de mieux connaître ces musiques. Il s’agissait en général de musiques asiatiques. Je pense qu’il faut bien 15 écoutes pour commencer d’apprécier par exemple la musique de Birmanie.
bah oui : ça ne me gêne pas de changer d’avis sur quelque chose…
Oups, c’est important ce que tu dis là, il est primordial de pouvoir changer d’avis sur quelque sujet que ce soit. Il faut même revendiquer haut et fort ce droit.
Pour revenir sur mes propos ci-dessus, je me rappelle d’une période où je suis allé, des années durant, emprunter des disques à la médiathèque de Besançon. J’avais droit à quatre disques chaque fois. A une certaine période, j’empruntais toujours deux disques que j’avais envie d’écouter ou qui étaient susceptibles de m’intéresser. Et les deux autres étaient des disques que je n’avais pas envie d’écouter. Je me suis forcé pendant longtemps. C’est comme ça je crois que j’ai appris à aimer la musique asiatique (dont la musique birmane dont j’ai parlé ci-dessus). J’ai ainsi découvert des tas de musiques.
Aujourd’hui, il y a très peu de musiques auxquelles je suis hermétique mais j’ai encore quelques irréductibles musiques gauloises qui ne me conviennent pas. Non pas que je ne les comprenne pas (j’ai écouté tellement de musiques dissonnantes dans ma vie que plus rien ne heurte mon oreille), mais je les trouve sans âme et sans émotion. J’adore Bartok et Shostakovich qui sont les derniers musiciens du 20ème siècle que je peux écouter. Mais la musique sérielle et les musiques plus récentes, non ! c’est de la musique de robots. Pourtant, j’en ai écouté …
J’aime beaucoup cette histoire de disques que tu n’avais pas envie d’écouter que tu empruntais à la médiathèque !
Mais alors, ton envie était où ?
Tu avais le souhait d’élargir tes goûts musicaux ?
Ou tu n’avais juste pas spécialement envie d’écouter parce que tu ne connaissais pas mais que tu te faisais une idée plus ou moins vague de ce que c’était ?
Moi aussi, il y a des musiques que je n’aimais pas il y a encore peu de temps, et que je commence à apprécier. C’est en creusant sur les influences d’untel que j’aime beaucoup et dont j’apprends qu’il a été influencé par tel autre que je n’apprécie pas beaucoup (mais qu’en fait je connais très mal) que, à force d’écoutes, je finis par aimer.
Je crois que les goûts musicaux s’éduquent (on en a déjà parlé, avec Steph notamment) et que plus on écoute de musique, plus nos goûts peuvent s’élargir, tout en devenant de plus en plus exigeants.
Pour répondre à ta question Anne, c’était une époque où j’avais une soif terrible de découvrir de nouvelles musiques (c’est encore un peu vrai mais je dois dire que je traverse actuellement une longue période d’écoute de musique classique et même très ancienne). Alors, j’étais très frustré à l’idée de passer à côté de quelque chose d’important. J’ai ainsi écouté des tonnes de disques pendant les dix années où j’ai été inscrit à la médiathèque. J’ai écouté de tout, sauf ce qui relève de la musique dite « de variété » pour laquelle je ne fais aucun effort d’écoute.
Aujourd’hui, l’idée de passer à côté de quelque chose d’important ne m’importe plus car de toutes façons, dans tous les cas de figure, je passe forcément à côté de tas de choses sensationnelles. Alors, un peu plus, un peu moins… Je préfère maintenant approfondir ce que je connais et rechercher les subtilités musicales qui m’ont échappé jusqu’à présent. J’avais aussi, à cette époque, un sentiment d’urgence (« la vie est courte » me disais-je) que je n’ai plus aujourd’hui. Il me semble que mon rapport avec le temps n’est plus tout à fait le même aujourd’hui. Peut-être aussi grâce aux discussions qui ont eu lieu sur ce blog.
Je crois effectivement que les goûts musicaux s’éduquent. C’est un peu comme pour la peinture, il est des mondes musicaux qui ont besoin « d’initiation ». C’est un sujet sur lequel il y aurait probablement beaucoup à dire.
Wouahou ! Quel regard ! Je n’avais jamais vu Barbara interpréter cette chanson, ça change singulièrement de ce que j’en imaginais, moi en l’écoutant simplement. Je la sentais plus comme quelque chose de gentiment questionnant. Son regard, son ironie, lui donnent une toute autre dimension qui dément toute mélancolie !
Merci Bernard !
Raaaââhh… merci de l’avoir fait revenir un instant.
Je ne l’avais – moi non plus – jamais vue comme ça, rasée d’aussi près (carrément la… barbe à raz !)
Un petit extrait de l’article que consacre leMonde à Barbara et qui parle de cette chanson :
« Monique Serf, née le 9 juin 1930, s’était rebaptisée du nom de la martyre chrétienne d’Héliopolis, jetée aux lions en 306. Barbara, du latin « barbare », « étranger ». Etrangère aux lois communes, excessive, professionnelle, elle avait sapé dès 1954 les règles musicales en chantant d’une voix nue des classiques du répertoire français dans l’arrière-salle d’une friterie bruxelloise, puis Brassens ou Giani Esposito à L’Ecluse, cabaret parisien de ses débuts. Partout, elle chante. A Abidjan, en 1961, où elle rejoint son amant, le diplomate Hubert Ballay, pour qui elle écrira Dis, quand reviendras-tu ? avant de le quitter. »
J’avoue ne pas comprendre Nanou quand elle parle d’ironie. Je n’en perçois aucune ici. Mais d’accord avec elle, Barbara n’est pas que mélancolique dans cette chanson. Elle est aussi pleine d’une énergie incroyable.
Et ce regard, ce regard !
Il y a des moments où c’est limite dissonant ce qu’elle joue au piano (par rapport au chant), vous ne trouvez pas ?
donc, en traduction : tu trouves ça beau.
Oui, surtout ces moments-là.
Sinon, je n’ai (sans trop savoir pourquoi) jamais réussi à « accrocher » à Barbara. Je la trouve, souvent, un peu trop… comment dire… « maniérée » (mais suis prêt à admettre que c’est davantage en moi qu’en elle que se trouve la source de cette « rencontre imparfaite »)
pareil…
suis plus touchée par plus de sobriété. En tout.
par exemple, je préfère quand les chanteurs tombent pile poil sur la note, sans l’amorcer par le haut ou le bas, vous voyez ce que je veux dire ? (c’est sûr, c’est moins facile…)
Quand les chanteurs « tombent pile poil sur la note », ce ne sont parfois que des machines à chanter. Quand ils l’amorcent différemment, ç’est parfois là que commence l’art !
bah… moi j’aime pas… je préfère la sobriété de la note juste, mais c’est sans doute une question d’éducation (papa jazzman très très pointilleux).
en fait, comme c’ets souvent difficile de tomber juste, j’ai l’impression que l’amorce d’en haut ou d’en bas est souvent une façon de cacher son approximation sous des semblants d’habillage musical. D’autres fois, c’est pun style, qui ne cache rien, j’en conviens. Les goûts et les couleurs… C’ets un peu comme les vibratos utilisés à outrance. Bon, allez, j’arrête. Surtout que je suis mal placée pour commenter !
La manière de chanter de Barbara, en permanence sur le fil du rasoir (« approximative » dit Oups) me semble plutôt bien coller avec la fragilité et l’extrême sensibilité de cette chanteuse. Elle pose délicatement ses notes, ne les martèle pas avec force et sûreté, ça me va bien.
piti rectificatif : c’ets vrai, je ne suis pas particulièrement fan, mais ce n’est aps du tout d’elle que je parlais en disant « approximatif » (faut pas exagérer); c’était une généralité… qu’on retrouve aussi dans le piano : entre ceux qui vont vers l’accord très compliqué et ceux qui se contentent de la note, posée exactement au bon endroit, au bon moment. je vais me renseigner : il y a deux types qui jouent comme ça, avec une merveille de sobriété, et ça swingue de la mort !!!
d’ailleurs, le coup de la note sur laquelle on se perche avec précision, ça a commencé avec Jean Farine… allez, deux hommages sur le même article !
chuis pas fan… mais je l’ai quand même écoutée 6 fois ! quelle belle chanson quand-même !
Tu as écouté quand même la chanson 6 fois, c’est fort pour quelqu’un qui n’aime pas cette chanson ! Il m’est arrivé d’écouter parfois 15 fois certaines musiques que je n’aimais pas, mais dans le but de mieux connaître ces musiques. Il s’agissait en général de musiques asiatiques. Je pense qu’il faut bien 15 écoutes pour commencer d’apprécier par exemple la musique de Birmanie.
bah oui : ça ne me gêne pas de changer d’avis sur quelque chose…
Oups, c’est important ce que tu dis là, il est primordial de pouvoir changer d’avis sur quelque sujet que ce soit. Il faut même revendiquer haut et fort ce droit.
Pour revenir sur mes propos ci-dessus, je me rappelle d’une période où je suis allé, des années durant, emprunter des disques à la médiathèque de Besançon. J’avais droit à quatre disques chaque fois. A une certaine période, j’empruntais toujours deux disques que j’avais envie d’écouter ou qui étaient susceptibles de m’intéresser. Et les deux autres étaient des disques que je n’avais pas envie d’écouter. Je me suis forcé pendant longtemps. C’est comme ça je crois que j’ai appris à aimer la musique asiatique (dont la musique birmane dont j’ai parlé ci-dessus). J’ai ainsi découvert des tas de musiques.
Aujourd’hui, il y a très peu de musiques auxquelles je suis hermétique mais j’ai encore quelques irréductibles musiques gauloises qui ne me conviennent pas. Non pas que je ne les comprenne pas (j’ai écouté tellement de musiques dissonnantes dans ma vie que plus rien ne heurte mon oreille), mais je les trouve sans âme et sans émotion. J’adore Bartok et Shostakovich qui sont les derniers musiciens du 20ème siècle que je peux écouter. Mais la musique sérielle et les musiques plus récentes, non ! c’est de la musique de robots. Pourtant, j’en ai écouté …
J’aime beaucoup cette histoire de disques que tu n’avais pas envie d’écouter que tu empruntais à la médiathèque !
Mais alors, ton envie était où ?
Tu avais le souhait d’élargir tes goûts musicaux ?
Ou tu n’avais juste pas spécialement envie d’écouter parce que tu ne connaissais pas mais que tu te faisais une idée plus ou moins vague de ce que c’était ?
Moi aussi, il y a des musiques que je n’aimais pas il y a encore peu de temps, et que je commence à apprécier. C’est en creusant sur les influences d’untel que j’aime beaucoup et dont j’apprends qu’il a été influencé par tel autre que je n’apprécie pas beaucoup (mais qu’en fait je connais très mal) que, à force d’écoutes, je finis par aimer.
Je crois que les goûts musicaux s’éduquent (on en a déjà parlé, avec Steph notamment) et que plus on écoute de musique, plus nos goûts peuvent s’élargir, tout en devenant de plus en plus exigeants.
Pour répondre à ta question Anne, c’était une époque où j’avais une soif terrible de découvrir de nouvelles musiques (c’est encore un peu vrai mais je dois dire que je traverse actuellement une longue période d’écoute de musique classique et même très ancienne). Alors, j’étais très frustré à l’idée de passer à côté de quelque chose d’important. J’ai ainsi écouté des tonnes de disques pendant les dix années où j’ai été inscrit à la médiathèque. J’ai écouté de tout, sauf ce qui relève de la musique dite « de variété » pour laquelle je ne fais aucun effort d’écoute.
Aujourd’hui, l’idée de passer à côté de quelque chose d’important ne m’importe plus car de toutes façons, dans tous les cas de figure, je passe forcément à côté de tas de choses sensationnelles. Alors, un peu plus, un peu moins… Je préfère maintenant approfondir ce que je connais et rechercher les subtilités musicales qui m’ont échappé jusqu’à présent. J’avais aussi, à cette époque, un sentiment d’urgence (« la vie est courte » me disais-je) que je n’ai plus aujourd’hui. Il me semble que mon rapport avec le temps n’est plus tout à fait le même aujourd’hui. Peut-être aussi grâce aux discussions qui ont eu lieu sur ce blog.
Je crois effectivement que les goûts musicaux s’éduquent. C’est un peu comme pour la peinture, il est des mondes musicaux qui ont besoin « d’initiation ». C’est un sujet sur lequel il y aurait probablement beaucoup à dire.