Je ne rate jamais « le courrier des lecteurs » de Télérama. C’est encore ce qu’il y a de plus intéressant dans ce journal et c’est surtout la seule rubrique qui échappe à un certain parisiannisme. La semaine dernière, le courrier de Laurent, habitant de Marsac, m’a bien fait rire : « Travaillez plus pour perdre sa femme ? Non merci ! ».
Evidemment, dans le contexte politique actuel, ça fait sourire. Mais je ne voudrais pas insister trop sur cet aspect là. Il me semble que, d’une manière plus générale, l’activisme lié à notre époque, y compris sur le plan professionnel, n’est pas de nature à favoriser la durabilité des couples. Sujet délicat qui n’est pas du tout le genre de sujet habituellement abordé sur ce blog. Tant pis, c’est lancé !
Je serais plutôt de l’avis inverse ; quoi, comment ça je me prends pour Vincent ?!
Dans une vie de couple, s’il faut partager des « choses » (activités, amis, etc) je pense qu’il faut aussi se garder des moments à nous, que ce soit dans le boulot ou à côté. Ça permet à chacun de se réaliser pleinement, pas que en fonction de l’autre. Chez nous, les moments les moins faciles à gérer, c’était quand l’un des deux ne bossait pas justement…
Et moi qui suit plutôt du genre activiste, je peux te dire que ça permet à Mathieu de souffler ! Tu connais quelqu’un toi, qui serait capable de me supporter à temps plein ?
Moi aussi elle m’a bien fait rire cette phrase de « Laurent de Marsac »… au point que je n’arrête pas de chercher l’occasion de la « placer » dans la conversation, depuis que je l’ai lue (Les bons mots – et les sourires qu’ils engendrent – c’est comme les bons bouquins, les bonnes adresses, les bons vins, ça se partage !)
La « durabilité des couples » : vaste – et épineux – sujet !!! (… comme je les aime, donc).
L’activisme de l’époque est-il ou non de nature à la favoriser ? A vrai dire, je ne sais pas. Les deux positions peuvent à mon sens se défendre.
A mon sens, le « zapping » amoureux tient avant tout à l’idéologie « moderne » de l’amour. Un mariage de raison, bon an mal an, ça dure. Un mariage d’amour, forcément, c’est plus fragile. Et d’autant plus quand celui-ci est assimilé à la passion (comme tout un contexte culturel tend à nous faire croire) qui, on le sait, ne dure grosso modo (hormonalement parlant) jamais plus de trois ans.
Mais d’abord, est-ce forcément le but de « durer » ?
Pas dans la ligne éditoriale habituelle… ce n’est pas sûr : ne s’agit-il pas encore une fois de développement durable ou d’une observation naturaliste sur la période de nidification ?!
Le mariage est ce marathon qui a de plus en plus tendance à se contenter d’un cent mètres.
(Le livre de la déraison souriante, Albin Michel, 1991)
ETRE ou SUIVRE ? Faut-il « être » soi-même ou au contraire « suivre » son conjoint. La réponse des un(e)s et des autres n’est pas si simple que ça si j’en juge par le lapsus de Mag : « Moi qui suit… » au lieu de « Moi qui suis … ».
C’est un vrai lapsus car je peux vous assurer, pour avoir travailler avec Mag, qu’elle est une vraie pro de l’orthographe !
Mag prise en flag (pour la rime) !
Je n’ai pas la télé, mes des amis m’ont raconté un des derniers gags des Guignols de l’info : Un des guignols annonce qu’ils sont en mesure de nous présenter la nouvelle première dame de France. Suit un gros plan sur… la main droite de Sarkozy.
C’est scabreux, mais j’adore.
Etre ou suivre ? J’ai déjà eu cette conversation avec mes amies (féministes) et ma position a tendance à les froisser ; je ne comprends pas pourquoi… Il n’est pourtant absolument pas question de soumission…
Lorsqu’il s’agit d’amour, suivre l’autre peut être une véritable découverte de soi-même. Je crois même qu’il faut accepter de risquer de se perdre un instant en l’autre pour pouvoir mieux se retrouver. Il y a chez celui ou celle qu’on aime des phrases, des gestes et des attitudes qui font écho en nous. Pour ma part, je crois que c’est là que réside l’attirance qu’on peut éprouver pour quelqu’un : dans l’écho qu’on perçoit (d’aucuns m’objecteront que l’attirance pour une personne s’évalue en termes de « beauté physique » ou de « puissance » – je les plains !). L’amour est un mystère : pourquoi telle attitude, tel mot nous touche-t-il autant ? A quoi la personne que nous aimons répond-elle si bien ? Mieux que nous ne pouvons le faire nous-mêmes ? Comme si marcher dans les pas de l’autre nous ramenait à des sensations perdues.
Je crois – et pardon pour la banalité du propos – que lorsqu’on aime quelqu’un, d’un amour profond, c’est qu’on l’a reconnu. Soit parce qu’on l’a rencontré en d’autres temps, soit parce que, d’une façon ou d’une autre, il est une partie de nous. D’ailleurs, les deux choses vont peut-être ensemble : si on l’a connu en d’autres temps, c’est justement parce qu’il est une partie de nous qu’on a perdue. « Suivre » celui ou celle qu’on aime, s’il s’agit d’une reconnaissance intime de l’autre, reviendrait donc à « redevenir soi ». En d’autres termes, je ne considère pas que « suivre » l’autre et « être soi-même » soient des termes contradictoires.
Quant au « mariage », je le vois vraiment comme un acte de foi, quelque chose de très mystique, ni dicté par une passion (que vincent qualifie d’hormonale – argh !), ni établi par raison. J’aime l’idée du mariage qui est une célébration de la joie de s’être « reconnus » et de la foi qu’on a dans la force de ce lien, rien d’autre. Pas de question de durée, ni vraiment d’engagement : peut-on s’engager à aimer toujours ? Je ne crois pas. On peut s’aimer toujours, ça oui, j’en suis convaincue, mais s’y engager… ?
Et pour ce qui est du « zapping » moderne, il est plus sexuel qu’amoureux, non ?
ah oui ! petite précision quand même : moi je vis au Pays des Rêves Bleus, hein… il est probable que la réalité de l’amour soit beaucoup plus pragmatique, voire même biologique (une simple histoire de phéromones), que la vision romantique que je peux en avoir… je le conçois, mais je préserve mes doutes, parce qu’ils viennent bien de quelque part.
Anne, j’ai une info de dernière minute pour toi : il paraît que la main de la future première dame de France, celle qui soulage le Petit Nicolas, c’est celle de Rachida Dati… alors là…
Apparemment tout le monde le sait…. (j’comprends pas… pourtant, je l’ai, moi, la télé…)
Un petit détail :
Que ce soit « être » ou « suivre », ça s’écrit toujours « Mois qui suis« , non ?
Oups… « moi » sans « s » bien sûr (décidément !!!)
Oui effectivement, « suis » s’écrit « suis » mais le fait de l’avoir écrit « suit » traduit une certaine ambiguïté et fait référence, implicitement, au verbe suivre.
Antoine de Saint-Exupéry a dit (je ne sais plus où) que « Aimer ce n’est pas se regarder l’un l’autre mais regarder ensemble dans la même direction. », ce qu’un dessinateur humoristique a traduit de façon excellente : un couple sur un canapé regardant la télévision.
(Désolé, j’aurais préféré être moins bavard et montrer juste le dessin, mais il ne semble pas disponible sur le Net)
Pour illustrer la phrase de St Exupéry dont parle Humeur badine :
http://ddorch.free.fr/spip/IMG/jpg/techno_separe.jpg
oups ! j’ai écrit moi avec un « s » ??? rhôôôôôôôô…. je ne comprends pas qu’il n’y ait pas de correcteur d’orthographe automatique sur ce blog…
hhmmmmm…c’est fou ce que ça fait envie ! Mais on ne voit pas le haut de leurs corps : en fait, ils sont en train de s’embrasser passionément…(Vincent : un « n » ou deux ??? chais pas…)
J’aime bien le long texte de Oups. Rien à ajouter !
S’il n’y a pas de correcteur automatique d’aurthograffe sur ce blog, c’est tout simplement pour laisser les lapsus apparaître et obliger les blogueurs à se dévoiler un peu !
pardon pour la longueur… c’est vrai c’est malpoli…
Je tombe sur ce blog par hasard et jai envie de répondre parce quil me semble au’aujourdhui plus opersonne ne croit en la réalité de lamour en la beauté de lamour.
Non la réalité de lamour n’est pas plus pragmatique. Beaucoup disent que l’amour est souvent déformé par le quotidien et par les milliards de taches qui nous encombrent la vie et l’esprit. je pense au contraire que ces petites choses qui font le quotidien embellissent lamour quand elles sont partagées et vécues dans la vraie connaissance de lautre donc de soi.
Je mexplique. il y a 2 façons tres distinctes d’envisager le quotidien avec une personne (puisque c’est bien la le sujet de départ, trop de travail tue lamour pour simplifier).
Il y a d’un coté les couples qui s’aiment, décident de vivre ensemble parce quils ne se voient pas assez, parce que c’est plus facile, moins compliqué, parce que c’est franchement plus sympa de dormir tous les soirs ds le meme plumard et parce qu’en plus c’est moins cher… Ceux-ci (qui s’aiment fort, fort au départ, je nen doute pas)se trouvent vite (ou pas dailleurs, jai un ami qui a ouvert les yeux apres 10 ans de vie commune) lassés et énervés par toutes ces petites choses qui finalement prennent plus de place quil nen faudrait. faire les courses bordel, quelle chianlie un samedi apres midi à chateaufarine (et je ne parle meme pas de ceux qui emmènent avec eux leur douce et calme progéniture), faire a bouffer, ras le cul, récurer les chiottes, regarder un film puis dormir parce que de toutes façons lautre nous a énervée toute la journée alors un calin serait inenvisageable.
Ceux la pour moi se trompent. Je ne vais pas mentir et dire que ces situations ne me sont jamais arrivées (si jen parle si bien dailleurs c’est que…) mais il ya quelque chose à en tirer (sans vouloir etre vulgaire).
Aimer quelqu’un c’est le découvrir c’est se découvrir c’est etre attentif. pas juste le dimanche matin 2 minutes quand elle dort elle est belle ooooooh oui elle est belle. nan c’est aller au devant de ses attentes c’est prévenir la crise (ou la laisser éclater qd il faut) c’est avoir reconnu que l’autre nous rendait meilleur et avoir envie detre meilleur encore pour lui.
Pour son plaiz perso. Rien que pour ça. pour le rendre heureux ce qui nous rendra encore plus heureux.
Faire les courses un samedi apres midi avec 5 gamins enragés par la foule le bruit, la demie-heure de bouchons pré et post « courses » peut s’avérer etre un vrai moment de plaisir. je reviens a mon histoire de couple.
la deuxième catégorie vous laurez compris concerne les couples extra-ordianaires, (autant dire qu’il y en a peu puisque nous sommes tous des gens ordinaires). c’est justement la que la « reconnaissance de l’autre » comme disait oups entre en jeu. Seul je ne suis rien, je suis vide et triste. quand je suis avec l’autre, lautre partie de moi, je respire, je revis, je ris de toutes ces petites choses ou je pleure parce que ça ménerve, je vis . Simplement. Je vis pleinement grace à lautre, a lautre partie de moi que jai retrouvé. jai retrouvé la confiance en moi, jai retrouvé lenvie de donner plus que de recevoir.
dou lemploi du terme couple extra-ordinaire. prenons les 2 personnes séparées elles n’existent que peu. ensemble elles forment un tout, une unité.
Pour moi l’amour c’est ça.
Quant au mariage, il scelle cet amour. Il croit en lamour. Il célèbre, lunion et la reconnaissance de 2 etres et de 2 ames. Il n’est pas visionnaire, il essaie juste d’y croire. Y croire c’est faire la moitié du chemin.
Je nai pas répondu a la question de départ, je m’aperçois que jai déja bcp parlé. Mesdames messieurs, ces commentaires mont beaucoup touchés. bonne soirée
à Manu di Bango,
juste une remarque : seule, je ne suis pas rien, je ne suis pas triste. Je vis déjà pleinement. Je ris, je danse, je soupire. Je n’ai pas besoin de l’autre. Mais ce que l’autre m’apporte est inestimable et me transporte ailleurs. Ce que l’autre m’apporte, c’est une alchimie.
« Aimer, écrit Aristote, c’est se réjouir » (Ethique à Eudème, VII, 2). Quelle différence alors entre la joie et l’amour ? Celle-ci, qu’énonce Spinoza : « L’amour est une joie qu’accompagne l’idée d’une cause extérieure » (Ethique, III) ou, ajouterai-je, intérieure. Aimer, c’est se réjouir de. Ou plus exactement (puisqu’on peut aussi aimer un mets ou un vin) : jouir ou se réjouir de. Tout amour est joie ou jouissance. Toute joie, toute jouissance – dès lors qu’on les rapporte à leur cause – est amour. Aimer Mozart, c’est jouir ou se réjouir de sa vue ou de son existence. S’aimer soi, c’est être pour soi-même cause de joie. Aimer ses amis, c’est se réjouir de ce qu’ils sont. Si l’on ajoute que tout en nous a une cause et que le plaisir sans joie n’est pas tout à fait amour (la chair est triste quand le plaisir du corps ne réjouit pas aussi l’âme : quand on fait l’amour, par exemple, sans aimer au moins le faire), on rejoint les deux définitions d’Aristote ou de Spinoza, en ce point lumineux où elles se rejoignent : il n’est joie que d’aimer ; il n’est amour que de joie.
(L’accord de ces deux génies me réjouit : ce m’est une occasion supplémentaire de les aimer.)
(…)
On peut aussi n’aimer rien (c’est ce que Freud appelle la mélancolie : « la perte de la capacité d’aimer »), et constater que la vie dès lors n’a plus ni saveur ni sens. Plusieurs en sont morts ou en mourront : on ne se suicide que lorsque l’amour échoue, ou lorsqu’on échoue à aimer. Tout suicide, même légitime, est un échec, comme l’a vu Spinoza, ou la marque d’un échec, ce qui devrait dissuader de le condamner – nul n’est tenu de réussir toujours – comme d’en faire l’apologie. Un échec n’est ni une faute ni une vivctoire.
La vie vaut-elle la peine d’être vécue ? Il n’y a pas de réponse absolue. Rien ne vaut en soi, ni par soi : rien ne vaut que par la joie qu’on y trouve ou qu’on y met. La vie ne vaut que pour qui l’aime. L’amour ne vaut que pour qui l’aime. Ces deux amours vont ensemble. Non seulement parce qu’il faut être vivant pour aimer, mais aussi parce qu’il faut aimer pour prendre goût à la vie, et même – puisque le courage ne peut suffire – pour continuer à vivre.
C’est l’amour qui fait vivre, puisque c’est lui qui rend la vie aimable. C’est l’amour qui sauve, et c’est donc lui qu’il s’agit de sauver.
(Dictionnaire philosophique, PUF, 2001)
Je crois que les mots seront toujours vains pour cerner ce qu’est l’amour (comme pour toute autre chose qui fait « écho » à des sensations vécues dans notre prime enfance, à une époque donc où justement nous n’étions pas encore sous leur empire).
D’où le succès et l’avenir assurés de ce thème en philosophie, littérature, chanson, poésie. (On pourra broder à l’infini autour de cette « source noire »)
D’où la pertinence (à mon sens) de Comte-Sponville (à la suite d’Aristotre et Spinoza) d’associer ça à la joie (qui elle-aussi est « en-deça » des mots).
Je ne crois pas, comme Vincent, que les mots sont toujours vains pour cerner ce qu’est l’amour. Dans les mots qui ont été écrits ci-dessus, il y a des mots qui sont vrais, qui touchent, qui me touchent …
Je ne crois pas que le quotidien tue l’amour, il le renforce au contraire et les périodes de crise traversées le renforce aussi. Mais c’est vrai qu’il peut aussi le détruire. Le quotidien est la hantise de bon nombre de personnes : aimer oui, mais qu’est-ce que ça va donner dans un an, dix ans ? Je ne crois pas à l’amour immédiat (le fameux « coup de foudre » qui, à mon avis, n’est qu’hormonal), je crois que l’amour, le vrai, ne s’installe qu’avec le temps qui passe.
Je crois aussi qu’aimer quelqu’un c’est d’abord s’aimer soi-même. C’est un passage obligé. L’incapacité de certain(e)s à aimer quelqu’un et à construire quelque chose de solide avec une autre personne traduit souvent le peu d’estime que ces personnes ont pour elles-mêmes. L’admettre et faire un véritable travail sur soi permet de résoudre en grande partie ce problème. Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet je crois.
Assez d’accord avec cette analyse de Bernard à une réserve ou une précision près.
Impossible d’aimer sans estime de soi, d’accord. Mais lamour porté (je trouve drôle et intéressante cette façon de l’écrire, ça paraît plus solide !) redonne justement l’estime à celui qui peut douter, vivre la dépression.
L’amour serait alors une arme très puissante de contruction massive.
Il nous arrive juste parfois de l’oublier, de ne pas le voir ou de ne pas le reconnaître car il ne porte que rarement les traits sensuels d’une sémillante personne : je pense là à l’imaginaire perturbé du publivore et à la confusion amour/sexualité qui est fréquente.
L’amour serait alors pour moi un sentiment inconditionnel, cela peut d’ailleurs être gênant de puissance… terrible alors de penser qu’un être capable d’aimer n’en fasse pas profiter les autres !
C’est donc en cela que je rejoins le commentaire de Vincent : difficile de se satisfaire des mots à ce sujet, mais en revanche aucun risque à rechercher les émotions qui peuvent résulter de sa rencontre… sauf celui de se livrer.
Tout cela est bien facile à écrire ile est vrai… et pas assez quotidien à mon goût.
Vous me semblez bien assurés sur le sujet, ça m’impressionne un peu.
Mais en même temps, je dois peut-être admettre que je ne cherche pas vraiment à le maîtriser, que je tiens à lui garder en quelque sorte sa part de mystère, que je me complais dans l’idée (faussement modeste) que j’en ai sur la question encore plein à apprendre.
Est-ce que j’aime bien ceux que j’aime ?
Je préfère attendre encore 30 ou 40 ans avant de pouvoir vraiment répondre.
C’est fabuleux de devenir progressivement vieux, ridé et moche. Quand on nous aime alors, c’est vraiment pour ce qu’on est et non plus pour l’apparence. Il faut bien que la vieillesse ait du bon quelquepart !
Pas rassuré pour autant, je sais que tout peut cesser en un instant…
Croire maîtriser tout ça est effectivement un leurre dangereux, empreint de possessivité je crois.
D’accord donc aussi pour le mystère et de bien belles découvertes !
Alors pourquoi attendre 30 ou 40 ans : il serait peut-être bien tard, et les jugements devenus bien futiles ?
Je crois qu’aimer bien c’est de la connerie : on aime un point c’est tout ou comme on le peut, et même si c’est mal, l’appétit vient en mangeant !
Là je sais c’est débile : je viens de dire qu’amour et sexualité sont différents, et je ne pense qu’à bouffer !
La réaction du ridé me fait penser à ce merveilleux sketch de Coluche : http://fr.youtube.com/watch?v=Nhudq6E5QdI
Une belle dose d’amour non ?!
J’aime bien ce texte de Kalil Gibran (extrait du Prophète) même si c’est un classique et malgré les quelques références à Dieu :
Alors Almitra dit : Parlez-nous de l’amour.
Et il leva la tête et regarda le peuple, et un silence tomba sur eux. Et d’une voix forte il dit :
Quand l’amour vous fait signe, suivez le,
Bien que ses voies soient dures et escarpées.
Et lorsque ses ailes vous enveloppent, cédez-lui,
Bien que l’épée cachée dans son pennage puisse vous blesser.
Et lorsqu’il vous parle, croyez en lui,
Malgré que sa voix puisse briser vos rêves comme le vent du nord saccage vos jardins.
Car de même que l’amour vous couronne, il doit vous crucifier. De même qu’il est pour votre croissance il est aussi pour votre élagage.
De même qu’il s’élève à votre hauteur et caresse vos branches les plus légères qui tremblent dans le soleil,
Ainsi pénétrera-t-il jusques à vos racines et secouera dans leur attachement à la terre.
Comme des gerbes de blés il vous emporte.
Il vous bat pour vous mettre à nu.
Il vous tamise pour vous libérer de votre bale.
Il vous broie jusqu’à la blancheur.
Il vous pétrit jusqu’à ce que vous soyez souples ;
Et alors il vous livre à son feu, pour que vous puissiez devenir le pain sacré du festin de Dieu.
Toutes ces choses, l’amour vous le fera pour que vous puissiez connaître les secrets de votre cœur et devenir, en cette connaissance, un fragment du cœur de la vie.
Mais si dans votre peur, vous ne recherchez que la paix de l’amour et le plaisir de l’amour,
Alors il vaut mieux couvrir votre nudité et sortir de l’aire de l’amour,
Pour vous rendre dans le monde sans saisons où vous rirez, mais mon pas tous vos rires, et pleurerez, mais non pas toutes vos larmes.
L’amour ne donne que de lui-même et ne prend que de lui-même.
L’amour ne possède pas, et ne veut pas être possédé ;
Car l’amour, suffit à l’amour.
Quand vous aimez, vous ne devez pas dire « Dieu est dans mon cœur », mais plutôt, « je suis dans le cœur de Dieu ».
Et ne pensez pas que vous pouvez guider le cours de l’amour, car l’amour, s’il vous trouve dignes, dirigera votre cours.
L’amour n’a point d’autre désir que de s’accomplir.
Mais si vous aimez et devez avoir des désirs, qu’ils soient ceux ci :
Se fondre et être un ruisseau coulant qui chante sa mélodie à la nuit.
Connaître la douleur de trop de tendresse.
Être blessé par sa propre intelligence de l’amour ;
Et saigner volontiers et joyeusement.
Se réveiller à l’aurore avec un cœur ailé et rendre grace pour une autre journée d’amour ;
Se reposer à l’heure de midi et méditer sur l’extase de l’amour ;
Rentrer en sa demeure au crépuscule avec gratitude,
Et alors dormir avec en son cœur une prière pour le bien aimé, et sur les lèvres un chant de louange. »
Moi il semble que c’est en aimant que j’apprends à m’aimer. Je sais, vous dites l’inverse pour la plupart; je ne cherche pas à l’expliquer (ni à vous contredire). Je le constate juste avec émerveillement. Il était grand temps. Il y a tellement de magie là-dedans.
Je ne suis pas non plus d’accord avec Humeur moins le quart, même si il/elle me fait rire : jusqu’à présent, il semblerait que j’aie bien trop mal aimé.
Ca me plaît beaucoup de lire autant d’interventions masculines sur le sujet. Je m’attendais pourtant à ce que les filles s’expriment plus (saletés d’idées reçues !)
Quant aux vieux ridés : contrairement à vous, messieurs, nous les femmes, nous savons apprécier la patine de l’âge sur un visage et sur un corps…
« La patine de l’âge… » Oups, ça a un rapport avec « rouler un patin » ?
si j’ai beaucoup de chance, ça peut….
mais ça veut dire qu’en plus d’être vieux, le mec est aveugle et sourd !
Désolé pour le pseudo mais Humeur moins’l’quart c’est aussi moi. Je n’aime pas trop les pseudos sur le net sauf pour dire des conneries !
Je donc utilisé ce pseudo pour un bête contrepet de zèbre et fatale punition, quand on ne fait pas gaffe à reprendre le nom dans le champ de saisie idoine… on se goure de masque !
J’avais déjà fait l’erreur et dévoilé ma supercherie, je le fais donc à nouveau pour oups.
Cette mise au point faite (je suis donc aussi un mec), je ne pense pas que ta réaction s’oppose aux autres : l’amour se nourrit de lui même je crois.
C’est dingue ça : je parle encore de bouffe…
Il ne me reste plus qu’à trouver un autre pseudo pour une nouvelle bêtise !
Pour revenir sur la première intervention de Oups :
Le sentiment de « reconnaissance » implique pour toi une théorie de la réincarnation, c’est bien ça ? On retrouverait des personnes « connues dans d’autres temps » ? C’est une explication possible, en effet. Un peu trop « idéaliste/spiritualiste » à mon goût, cependant.
Je sais que les conceptions « matérialistes/réalistes » n’ont pas trop bonne presse ici (surtout quand elles s’approchent trop de la psychanalyse), mais tant pis, j’ose et assume : comme je l’ai déjà laissé entrevoir plus haut, j’aurais pour ma part plutôt tendance à croire les théories faisant simplement remonter ce sentiment à la petite enfance (ce temps d’avant les mots qui nous hante tous).
Pascal Quignard (entre autres) en fait le coeur de ses « recherches » sur la question. Comme il « parle mieux que moi »(et y a surtout davantage réfléchi), voici un extrait (parmi 1000 autres possibles), (re)trouvé en feuilletant Vie secrète (Gallimard, 1998) :
(…) Dans l’amour l’impression d’avoir déjà connu et déjà vécu ce qui survient est une perception exacte.
La mémoire n’a pu garder en elle le souvenir de la première fusion, et le langage ne l’a pas distinguée, faut d’avoir été, l’un comme l’autre, constitués alors. Ce retour de la fusion (qui a été vécue mais qui n’a pas été perçue par une identité qui puisse prendre distance vis-à-vis d’elle et manier son souvenir, ni par un sujet linguistique qui puisse la nommer ou la redécouvrir, adhérence qui est donc immémoriale) angoisse car dans la sensation de l’unité, dans la con-fusion, dans la fascination, la seule chose qui puisse faire retour est l’arrachement qui lui succède et où naît la mémoire et où s’engendre le langage, l’expulsion qui fut nous-mêmes, le rejet auquel la mère a donné lieu de toutes ses forces pour que nous apparaissions dans le jour et que nous devenions nous-mêmes. Le désuni crie au plus près de ce qu’il a déchiré pour être et s’effare dans le perdu.
Chez les espèces sexuées le pôle inverse de la fascination est la parturition : le moment où la forme unique se dédouble en sortant du sexe maternel.
La fascination rend compte des coïncidences merveilleuse qui peuplent les débuts de l’amour. La fascination est un non-voir qui précède le voir personnel, un voir agglutinatif, un être-englouti par le regard de l’autre qui déclenche le désir de voir à n’importe quel prix ce qui lui arrive. C’est un voir qui n’a pas de conscience et qui est pluscontinu, au point d’être fusionnel à l’état cru et jusque dans la violence mortelle dans la carnivorie. (…)
(Zut, encore « merdé » avec les italiques ! C’est pas une heure aussi pour « blogadupduper » !)
Trop de lien entre cette conception « quignardienne » de l’amour et les théories du langage (que j’ai déjà défendues ici), l’importance de l’impression de « déjà connu » (évoquée par Oups), le rapport étroit avec la pulsion nutritive (pointée par Christophe), etc… pour ne pas la soumettre au débat.
On peut même, si on pousse au bout, y trouver des liens avec le plaisir musical (mais là j’avance à pas feutrés) :
(…) « L’amour, en quelque culture que ce soit, à quelque époque que ce soit, consiste dans la formation d’un attrait irrésistible qui perturbe l’échange social programé.
En Chine ancienne l’obéissance à un sentiment passionné et l’écoute d’une musique merveilleuse sont toujours associés.
Ce que les anciens Romains décrivirent comme « fascinatio » ou « fulguratio », les anciens Chinois le désignèrent comme obéissance au chant de perdition. C’est un même transport irrésistible. C’est une même emprise sans délai du Jadis pur.
Il n’y a pas de différence entre musique et amour : l’écoute d’une émotion authentique égare absolument. » (…)
(Pascal Quignard, Vie secrète)
J’aime bien cette dernière idée sur les rapports entre l’amour et le plaisir musical. Enfin, l’idée me plait bien mais je n’ai aucun élément pour étayer cette hypothèse.
Mais cette idée m’amène cependant à la réflexion suivante : Aimer, n’est-ce pas tenter de déchiffrer cette partition qu’est l’Autre ? La partition est parfois trop simple (du genre chanteuse du star’ac) et c’est l’amour blasé au bout de très peu de temps, complexe (du genre Bach) et ça pourrait durer plusieurs vies à la déchiffrer, … à moins que cela ne décourage (musique contemporaine par exemple) et dans ce cas chacun envisage la séparation, découragé par la difficulté à déchiffrer l’autre. Notre époque aimant la facilité, le « tout-cuit qui tombe dans la bouche » (euh, l’image est un peu osée), il y a là un début d’explication au grand nombre de séparations.
Vincent : non je ne faisais pas du tout référence à la réincarnation, mais bien à la toute petite enfance. Pour moi, la toute petite enfance, celle d’avant le langage, est véritablement inscrite dans d’autres temps. Et j’ai le sentiment que quelque chose meurt avec l’acquisition du langage, notamment parce que le langage nous oblige à abandonner certaines dimensions pour faire rentrer nos sensations, aussi fortes et profondes soient-elles, dans un cadre plat, rigide et trop codifié. On perd en profondeur, on perd en hauteur, on perd en finesse… on perd beaucoup. Mais c’est très flou. Je ne sais pas en parler… désolée (vraiment).
Pour moi, l’amour qu’on ressent pour une personne est en lien direct avec ce temps de la petite enfance, et ce sont ces sensations profondes qu’on avait perdues qui ressurgissent alors. Mais tu as raison, Quignard l’écrit tellement mieux.
Je me souviens d’une phrase que nous répétait une prof de philo : « Le désir sexuel est un désir déguisé de chair humaine ». Aucune idée de qui ça pouvait être. C’est peut-être pour ça que Christophe revient toujours à l’idée de manger ?
J’imagine que vous faites tous une très nette distinction entre désir sexuel et amour, non ?
Etes vous déjà retournés sur les lieux de votre petite enfance ? Ceux qui vous ont impregné de tout sauf de mots ? (brises, odeurs, sons, lumière…) Est-ce que vous avez senti ce bouleversement intérieur impossible à maîtriser ? Est-ce que vous y avez reconnu le sentiment amoureux ?
Retourner dans le lieu exact de ma toute petite enfance, non, pas eu cette occasion… mais il est déjà arrivé qu’une partie de moi (qui ressemble d’ailleurs un peu à un saumon) ait fortement envie de retourner dans des lieux qui ressemblaient beaucoup à ceux de ma naissance (ou de ma gestation, voire de ma conception).
t’es sur que ça ne ressemblait pas plutôtà un cochon ?
Serions-nous aussi sensible à la musique si nous n’avions pas entendu la voix de notre mère plusieurs mois avant de nous séparer d’elle ?
…et de façon plus générale, à toute pulsation rythmée (même sur des partitions ultrasimples et binaires), si nous n’avions pas baigné dans celle de son battement cardiaque pendant les neuf premiers mois obscurs de notre existence ?
Avec la queue en tire-bouchon ???
si je me souviens bien des propos de Bernard, il n’y a plus qu’à conclure qu’il n’a pas grandi dans un corps humain (trop de percussions…)
Tu sais, il existe de gros cochons qui n’ont pas la queue en tire bouchon : crois moi sur parole, j’en ai connus !
Vincent : ta mère aurait-elle la voix d’un contre-ténor ? (juste pour savoir)
… et donc les fans de techno version jungle seraient des enfants de tachycardes ?
Petite hypothèse :
Toutes les musiques « faciles » nous font sourdement crier « Mômaaaaan ! »
Certaines, plus subtiles, rigoureuses, plus difficiles d’accès (Bach, mais peut-être aussi la musique dite contemporaine) nous feraient plutôt crier « Pôpaaaaa ! » (le père étant, on le sait, à conquérir, moins « naturel »).
Quant à ma mère, Oups, steuplé, t’y touche pas, ok ? ( )
Et si on remplace juste « musiques » par « amours », elle tient toujours, Vincent, ton hypothèse ?
Pour revenir un peu sur Quignard et les Chinois : ça ne vous donne pas envie de chanter, vous, quand vous aimez ?
Je ne suis pas sure de bien comprendre, Humeur Badine, si on remplace « musiques » par « amours ». Tu peux t’expliquer un peu ? (et dépêche, j’ai une réunon dans 15 minutes !!!!)
ben quoi Vincent… ça craint une mère avec une voix de contre-ténor ? (ah, ta mère est un père ? pardon, je ne savais pas… autant pour moi. C’est pour ça que Mag disait tout au début que c’était ta spécialité de tout prendre à contrepied ?)
Merci Sarko, merci d’avoir lancé un débat sur « travailler plus », ça a déjà amené 55 commentaires sur mon blog. Encore 3 248 596 542 commentaires et je vais finir par voter pour toi !
pas la peine, Bernard, il sera déjà parti…
Ma proposition de remplacer musiques par amours était une façon de suggérer qu’on pouvait aussi distinguer des amours « faciles » (maternels, confortables, bref… régressifs) et des amours plus « difficiles » (paternels, exigeants, bref… opératoires ou constructifs).
Pas de message là derrière, ni rien de « drôle » : juste une façon de relancer le débat (en m’appuyant sur les propos de Quignard qui prétend qu’« il ‘y a pas de différence entre musique et amour » !)
pas sûre qu’on puisse vraiment établir ce type de typologie. Je trouve le sujet trop insaisissable pour ça.
(…) Nous voulons être aimés. Vouloir est de trop dans cette phrase. Nous rêvons d’être aimés. Ce mot est plus juste : rêver. Nous rêvons sincèrement, naïvement d’être aimés. C’est ce que nous croyons, c’est ce dont nous rêvons. Naïvement, innocemment. Mais nous nous trompons sur notre croyance et sur notre rêve. Ce dont nous rêvons, en vérité, c’est d’être préférés – aimés, oui, mais un peu plus que les autres. Préférés. Un enfant de deux ans reconnaîtrait cela, sans peine. Et qu’avons-nous de plus qu’un enfant de deux ans ? Nous confondons l’amour et la préférence, l’amour et la perfection, l’amour et le repos. Pour réduire cette confusion, il nous faudrait mettre notre pensée sous la douche de la mort, embrasser dans ceux que nous aimons ce qui, d’eux, survivra à leur mort – leur nom pur, leur coeur défait, leur vie essentiellement autre que la nôtre. L’amour comme la mort simplifie. Le vrai nom de l’amour est la simplicité. L’amour comme la mort font tomber les petites particularités à quoi chacun de nous tient tellement et qu’il reproche aux autres. Depuis que tu es disparue, tous les morts sont de ma famille. Tous les morts et aussi tous les vivants. Il y en a bien que je préfère (des vivants et des morts) mais quelque chose en moi s’envole plus loin que cette préférence, vers un amour brut, simple. Je reconnais l’amour à cette sensation d’être, devant lui, simplifié. Ne serait-ce que pour quelques instants, simplifié. Je n’éprouve rien d’autre devant Mozart, devant sa musique. Parfois le goût de la vie se fait aussi pur qu’une phrase de Mozart. Je ne vois pas quoi demander d’autre, je ne vois pas quoi rêver de plus, vraiment, je ne vois pas. (…)
(Mozart et la pluie, Lettres vives, 1997)
Difficile à cette heure de tenir un vrai discours, mais je suis satisfait de voir que le débat remonte à la mère… j’y ai pensé depuis.
Ah ! L’amour maternel !
Evidemment donc la psychanalyse devient une clé… mais c’est loin d’être la seule je crois. Il est par contre terrible de rencontrer des enfants dont la mère s’est révélée « monstrueuse », terrible aussi de rencontrer une mère « empêchée » dans son œuvre difficilement remplaçable.
De là à penser que la confusion amour/sexualité trouve sa source dans une paire de seins…
Et que l’idée de nourriture me plaise tant !
Pour en revenir à l’exposé de départ, il me semble que de nombreux couples vivent en parallèle l’un de l’autre. Par exemple, l’un des deux se donne énormément à son boulot, beaucoup plus qu’il ne faudrait probablement, le couple ne vit quasiment pas ensemble. Et au moment de la retraite, ça fait mal ! Il y a énormément de divorces, pour cette raison, chez les nouveaux sexagénaires.
Nouveau sexagénénaire ! C’est qui ce Génaire ? Drôle de prénom, vous connaissez ?
Alors que peuvent les mammies faire ?
Une des raisons possible à ce désastre amoureux (!) est l’allongement de la durée de la vie.
Autrement dit, au Moyen-Age, supporter une vie de couple tendue ne vous demandait que quelques années largement agrémentées d’une existence autrement rude et parsemée d’autres difficultés redoutables : froid, faim, violence, deuil… de quoi aimer sa misérable paillasse.
Aujourd’hui, s’établir en ménage vous projète presque d’emblée dans le siècle suivant ! Comment alors supporter l’infâmie quotidienne ?! Autant dire que la loi sur le divorce est tout simpement une bénédiction, ainsi que bien d’autres avancées progressistes dans le planning familial…
Je trouve réjouissant que des couples puissent se reconstruire dans ces conditions : il reste intéressant d’envisager la vie à deux… mais certaines expériences font aussi aimer la solitude !
Je ne peux pas m’empêcher de penser que notre président serait meilleur une fois qu’il aura trouvé « chaussure à son pied ». Je sais que ça sera dur, car passé le deuil, améliorer encore ses performances et trouver cette perle nécessitera bien des efforts que je souhaite ne pas partager !
Peut-être qu’on devrait s’attacher à plus de simplicité; juste savourer le plaisir d’être près de ceux qu’on aime. Je me demande si on n’attend pas tellement de l’amour qu’on en oublie les sensations simples. Est-ce qu’au moyen âge, justement, on n’était pas plus capables d’apprécier la chaleur de la présence de son conjoint, pas parce que la vie était plus courte, mais plutôt parce qu’elle était plus rude, qu’elle ramenait aux choses essentielles (à la survie) et qu’on savait reconnaitre à sa juste valeur, le bonheur simple d’aimer et d’être aimé. Est-ce qu’on n’est pas, là aussi, victimes de la course à la performance (notamment en termes de durabilité). Est-ce qu’on ne devrait pas juste goûter sa joie pleinement et avec humilité, et savoir partir quand elle disparaît ? En ce sens, le divorce peut être perçu comme une garantie à l’amour, comme la liberté dans n’importe quel couple. Si l’on est libre de partir, est que pourtant, on reste là, c’est qu’on aime encore. Non ?
Je pense à ces histoires d’amours « faciles » ou « difficiles » dont on parlait plus haut: pourquoi chercher la difficulté ? elle est là de toutes façons, sous des formes différentes : il est peut-être même encore plus difficile de se laisser aller à un » amour facile »; et la « difficulté » d’un amour peut être une illusion dans le sens où l’on s’attache alors à la vaincre, et parfois plus par orgueil que par amour véritable : on en oublie ce qui au départ nous motivait, l’amour n’est plus q’un alibi…
On a peut-être trop tendance à vouloir museler ses instincts…
On a peut-être des exigences déplacées.
On demande peut-être trop à l’autre de nous prouver sans cesse qu’on a raison de l’aimer.
Allez, zou ! Partons sur l’île déserte et revenons à l’essentiel ! (dès qu’il s’arrête de pleuvoir…)
La merveille et l’obscur (Paroles d’aube) :
Qu’est-ce c’est, aimer. Ce n’est pas s’enfermer dans la même maison, s’étouffer dans la même parole, s’assombrir dans la même histoire. Ce n’est pas remplir un vide, effacer une distance. Aimer c’est prendre soin de la solitude de l’autre – sans jamais prétendre la combler ni même la connaître.
*
Les gens qui se veulent responsables – qui coiffent toute lumière avec un abart-jour de responsabilité – ont toujours l’air soucieux, funèbres. Ceux qui ne se veulent rien – ni responsables ni irresponsables – qui ne veulent qu’aimer encore et encore, ceux-là ont l’air chantants, légers. De ceux-ci ou de ceux-là, qui veille le mieux sur le monde, sur la vie, qui est le plus responsable ?
*
La vie conjugale est pour moi l’image la plus apaisante de la mort. Les deux sont d’accord pour que rien ne se passe plus, rien ou vraiment le moins possible de choses. Comme sur les photos, vous savez : on ne bouge plus. Heureusement, quand tout va bien, quand la vie continue d’aller vers la vie, les enfants sont là, qui ne répondent pas aux souhaits des parents, qui ne correspondent pas à leurs espoirs, qui sortent de la photo. C’est difficile, bien sûr. C’est difficile quand vous aimez quelqu’un de ne pas le faire entrer, doucement, dans vos fins. C’est très difficile d’aimer l’autre sans aussitôt le rabattre sur vous, sur vos atttentes, sur vos espérances, sur vos goûts. Mais le mieux que puissent faire ceux qu’on aime c’est de nous décevoir : d’être là où nous ne les attendions pas, de ne ressembler à rien de connu, rien d’espéré.
Le très-bas (Gallimard, 1992) :
Plus il s’approche de la lumière, et plus il se découvre plein d’ombres. Plus il aime et plus il se connaît indigne d’aimer. C’est qu’il n’y a pas de progrès en amour, pas de perfection que l’on pourrait un jour atteindre. Il n’y a pas d’amour adulte, mûr et raisonnable. Il n’y a devant l’amour aucun adulte, que des enfants, que cet esprit d’enfance qui est abandon, insouciance, esprit de la perte d’esprit. L’âge aditionne. L’expérience accumule. La raison construit. L’esprit d’enfance ne compte rien, n’entasse rien, ne bâtit rien. L’esprit d’enfance est toujours neuf, repart toujours aux débuts du monde, aux premiers pas de l’amour. L’homme de raison est un homme accumulé, entassé, construit. L’homme d’enfance est le contraire d’un homme additionné sur lui-même : un homme enlevé à soi, renaissant dans toute naissance de tout. Un imbécile qui joue à la balle. Ou un saint qui parle à son Dieu. Ou les deux à la fois.
L’éloignement du monde (Lettres vives, 1993) :
La certitude d’avoir été, un jour, une fois, aimé – c’est l’envol définitif du coeur dans la lumière.
*
– Vous parlez trop de l’amour.
– Citez-moi une chose, une seule, qui ne soit pas liée à l’amour et qui vaille trois secondes de parole.
*
Très peu de vivants et beaucoup de morts dans cette vie – morts étant celui qui ne se lâche jamais et ne sait pas s’éloigner de soi dans un amour ou dans un rire.
L’épuisement (Le temps qu’il fait, 1994) :
Le mot « amour » est comme le mot « Dieu » : ce n’est pas pour nommer quelque chose que je les utilise. C’est pour protéger un temps ce que je ne sais pas nommer, pour l’envelopper d’un silence, pour mettre entre cette chose et toute intelligence convenue un espace infranchissable, afin que ce qui vient sous ces noms-là continue à venir, à prendre force et plénitude.
*
L’amour c’est quand quelqu’un vous ramène à la maison, quand l’âme revient au corps, épuisée par des années d’absence.
Autoportrait au radiateur (Gallimard, 1997) :
Tant que tu crois à la toute-puissance de l’amour, tu ne crois qu’à la puissance et à rien d’autre. C’est vrai que l’amour est invincible. Mais il ne l’est que dans l’exacte mesure où il est sans puissance aucune devant ce qui le tue.
*
Qu’aimons-nous dans ceux que nous aimons ? Leur force – mais quand ils n’en ont plus ? Leur charme – mais quand il les a désertés ? Leur parole – mais quand elle est détruite ? Qu’est-ce qu’une « personne » ? Qu’est-ce qu’aimer ? Aimons-nous ceux que nous croyons aimer ? Questions, questions, questions – et pour les réponses on verra dans une autre vie. Peut-être. Sûrement. Peut-être.
*
Le spectacle de la vie conjugale suscite en moi le même mélange d’émerveillement et d’effroi que, dans la petite enfance, les histoires d’ogres et de fées.
*
« Reste près de moi », dit le mauvais amour. « Va, dit le bon amour, va, va, va : c’est par fidélité à la source que le ruisseau s’en éloigne et passe en rivière, en fleuve, en océan, en sel, en bleu, en chant. »
*
Un seul regard sur les tulipes et je me sens ragaillardi. Je goûte par là au meilleur de la vie conjugale : quand l’autre, contagieux de lui-même, transmet sa gaieté sans même s’en rendre compte.
*
Deux types d’intelligence. La première trouve sa nourriture suffisante dans le raisonnement. Elle va des causes aux effets, d’une chose à sa conséquence, d’un début à une fin. La conséquence, l’effet, la fin, sont pour elle des lieux de repos. Voici de quoi je suis partie et voici où je vais passer ma nuit. Je pose 2 + 2 et je m’endors dans 4. Je cherche, puis je trouve et dans ce que je trouve il n’y a rien de plus ni moins que dans ce que je cherchais. La seconde intelligence a besoin de l’amour et ne découvre de repos nulle part. Elle ne va pas d’une chose ancienne (la cause, le début, 2 + 2) à une chose qui fane dès qu’on l’atteint (l’effet, le terme, 4). Elle va de l’éternellement neuf à l’éternellement neuf, de l’inconnu qui est en nous à l’inconnu qui est dans l’autre. Il n’y a pour cette intelligence aucun arrêt possible, aucun résultat dont elle pourrait s’enorgueillir et dans quoi elle gagnerait un sommeil mérité. Il n’y a jamais de résultat – qu’un mouvement toujours à poursuivre. L’amour nourrit et relance ce mouvement : plus on aime et plus ce qu’on aime est à découvrir, c’est-à-dire à aimer encore, encore, encore.
Ressusciter (Gallimard, 2001) :
On n’a qu’une faible idée de l’amour tant qu’on n’a pas atteint ce point où il est pur, c’est-à-dire non mélangé de demande, de plainte ou d’imagination.
Pour le dire avec mes mots, donc moins (ou, au contraire, plus) pompeusement – et surtout moins longuement :
J’aime beaucoup cette idée (« bobinienne ») qu’il n’existe pas de recettes pour faire durer un amour. Il est là tant que la joie de vivre (« l’esprit d’enfance ») persiste. Il s’éteint dès que la fatigue l’emporte. Ni l’un ni l’autre n’étant bien sûr sous notre contrôle. Chacun pouvant surgir à l’improviste dans notre vie, et quel que soit notre âge. Etre vivant (donc « ouvert au surgissement ») en quelque sorte, c’est « être à découvert », ne jamais « être à l’abri ».
L’amour existe-t-il vraiment ?
Ou n’est-ce que culturel ?
C’est vrai que derrière le mot « amour » on peut mettre tout et n’importe quoi (et entre autre plus de mythe et de rêve que de réalité), mais l’attachement qui en est sinon l’essence, du moins la source, est un phénomène bien naturel, lui, puisqu’on le constate dans bien d’autres espèces du règne animal (dénuées de toute « culture »).
Quand tu le dis avec tes mots, Vincent, je t’assure, c’est moins pompeux. Et personnellement ça me touche beaucoup plus.
Mais autant je suis d’accord avec toi sur l’idée qu’être vivant, c’est « s’ouvrir au surgissement, être à découvert, ne jamais être à l’abri » (c’est bien l’idée de la rose dans « le Petit Prince » de Saint Ex quand elle refuse la cloche protectrice et dit qu’il faut bien accepter les chenilles si l’on veut connaître les papillons), autant je ne partage pas cette idée de conserver « l’esprit d’enfance » pour conserver le bonheur (d’ailleurs, je ne sais pas trop ce qu’on entend par là, mais je crains un peu le mythe du bonheur enfantin, qui me rappelle un peu celui du « bon » sauvage »).
« L’attachement » dont tu parles, l’attachement maternel,non seulement il est indispensable à notre bonheur futur, mais il en est la source; il fonde la solidité de notre enracinement dans la vie.
Mais le « détachement » est tout aussi indispensable; l’arbre a autant de feuillage que de racines.
Et c’est beau, un arbre qui tend fièrement ses feuilles vers le ciel!
Autre petit commentaire. On dit parfois de quelques êtres qu’on les trouve « attachants ». Je me demande si cela ne vient pas tout simplement de ce qu’ils nous « autorisent » à nous attacher à eux. Pourraient-ils être attachants sans être ouverts aux autres? C’est-à-dire être suffisamment détachés (d’eux-mêmes?) pour acueillir l’autre?
En revanche, je pense que cette « autorisation » qu’ils nous donnent ne peut se faire qu’après un temps d’apprivoisement. C’est logique, l’être libre ne permet pas qu’on l’attache. Et il peut reprendre sa liberté à tout moment.
J’aime assez cette idée de personnes momentanément apprivoisées, qui nous donnent en cadeau un peu de leur liberté, en passant.
J’aime beaucoup tout ce que tu dis, Assourdi, dans ton premier commentaire (je ne suis pas d’accord avec le second); si je peux juste me permettre une remarque, et même si je trouve aussi très touchant de lire un point de vue plus personnel, je ne pense pas que le fait de citer des auteurs de façon précise et exhaustive soit pompeux (en tous cas pas dans ce contexte). Bien au contraire, il me semble que c’est d’une grande humilité : c’est leur rendre ce qui leur appartient et être très attentif à ne pas se l’approprier. C’est aussi reconnaître qu’ils pensent et disent certaines choses beaucoup mieux que nous ne saurions le faire nous-même. C’est partager avec d’autres quelque chose qui nous a enrichi.
Je ne connais pas ce « mythe du bonheur enfantin ». Qu’est-ce que c’est ? Dans « esprit d’enfance », ce que j’entends, c’est joie, rire, enthousiasme, absence de retenue, simplicité, sincérité, petite folie…c’est le moment qui précède les désillusions, l’amertume, l’angoisse de la mort (de l’amour)… Peut-être est-ce effectivement un mythe? C’est en tous cas comme ça que je ressens l’amour; d’ailleurs ça me rend naïve et puérile ! Et (comme la rose de St Ex ?) je préfère m’y abandonner complètement, quitte à me faire dévorer. Est-ce que c’est ça, « être ouvert au surgissement » ? (je n’en suis pas sûre du tout).
Ce que tu dis sur la liberté et l’attachement me gêne un peu, Assourdi. J’ai du mal à m’expliquer pourquoi (tu vas peut-être pouvoir m’aider).
Peut-être, d’une part, parce que j’ai souvent trouvé « attachantes » des personnes qui justement refusaient d’être aimées (des enfants, notamment, mais aussi des adultes avec un très vif esprit d’enfance), et ce que je trouvais alors d’attachant, je crois, c’ est cette obstination à ne pas vouloir paraître aimables, ces grosses ficelles qui ne trompaient personne. Et aussi le fait que d’une façon contradictoire, ce sont souvent ces personnes réfractaires, bourrues, et ostensiblement détachées qui ont le plus besoin d’affection mais qui se refusent à dévoiler ce besoin par défiance (de quoi ? ça dépend des histoires).
Quant à la liberté, est-ce qu’elle se donne ? est-ce qu’elle est incompatible avec l’attachement ? L’être libre craint probablement qu’on l’attache, mais je ne crois pas qu’il craigne qu’on s’y attache. Je crois que c’est justement quand on est très attaché à quelqu’un qu’on fait tout pour préserver sa liberté.
Dans les deux cas, je ne suis pas très sure de ce que je pense, en fait (!)et j’aimerais beaucoup que tu développes ton point de vue, si tu veux bien.
heu… vraiment, j’adore Bobin, mais l’a-t-il seulement connue, la vie conjugale ?
Réponse à Oups. Sur le n°1 d’abord :
Je suis complètement d’accord sur le fait de respecter la pensée des auteurs, de « rendre à César ce qui est à César ». Cependant, je continue de penser que les citations trop longues sont lassantes; je préfère juste une phrase, un paragraphe si tu veux, qui nous donne une idée sur le sujet, et nous invite à y aller voir de plus près si on en a la curiosité. Je voudrais dire aussi que si la place est « prise » par les citations, il peut « manquer de place » pour dire ce qu’on pense. Enfin, si j’ai dit « pompeux » de façon un peu provocante, c’est parce qu’il me semble « facile » (tous les guillemets ont leur importance) de se « cacher » derrière les auteurs; on prend forcément moins de risque. Dans ce sens, le masque est moins un paravent si le masque sert à dire ce qu’on pense profondément. Et je suis heureusement surprise de voir que Vincent laisse voir un peu de son moi profond et vrai (je le préfère vraiment comme ça).
Sur le n°2 :
Je réagissais à cette idée générale que l’enfant, comme le bon sauvage, serait à l’origine bon et heureux, puis « perverti » par la connaissance (la civilisation).
Je vois bien ce que tu veux exprimer, simplement « joie, rire, enthousiasme, absence de retenue, simplicité, sincérité, petite folie », je ne voudrais pas que cela appartienne seulement à l’enfance. Je pense que c’est quelque chose en nous qui nous fait aimer la vie, que l’on soit jeune ou vieux. Je pense (j’espère!!) que la vieillesse, en nous apportant la sérénité, nous apportera un surplus de joie, d’amour. T’abandonner à l’amour, oui, tu as beaucoup de chance si tu peux le faire, c’est un don énorme; aussi je trouverai dommage que tu te fasses dévorer : rappelle-toi, la rose ne sacrifie que quelques feuilles ou épines! Et si elle meurt (de sa belle mort), elle aura au moins connu les papillons!
Sur le n°3 :
L’obstination à ne pas vouloir apparaître d’emblée comme aimable, n’est-ce-pas justement le fait de ceux qui demandent à être apprivoisés? Ca peut être merveilleux, d’apprivoiser, on est deux et on fait des découvertes. Celui qui apprivoise reçoit toujours de petites récompenses; regarde Bernard, avec ses oiseaux, ses fouines, ses lézards … Et cela permet le respect. Avec les humains, c’est peut-être pareil?
Là où je ne suis plus entièrement d’accord, c’est lorsque tu dis que cette attitude cache un besoin d’affection : oui dans certains cas, mais non quand il s’agit justement de préserver sa liberté (son jardin secret aussi). Le renard de Saint Ex dit qu’il veut bien être l’ami du petit Prince, mais il faut qu’il l’apprivoise; et il accepte tout de suite qu’un jour le Petit Prince partira. Mais il lui restera la couleur des blés, qui ressemble à celle de ses cheveux. Et l’expérience d’être apprivoisé.
Tu as raison, la liberté ne se donne pas, j’aurai du dire qui « sacrifie » un peu de leur liberté, mais en même temps je n’aime pas cette idée du sacrifice dans ce cas. On pourrait peut-être dire « accepte de ne plus être seulement libre »?
Je crains que l’attachement ne nous empêche d’être libre, si libre cela veut dire ne plus être dépendant de ses sentiments, au sens bouddhique du terme. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cela demande sans doute beaucoup d’amour, de compassion, d’empathie. En ce sens c’est vrai, l’être libre ne craint pas qu’on s’attache à lui, si ce n’est que pour un passage.
Je ne suis pas sûre d’avoir bien exprimé ce que je voulais dire, je réagis à tes questions.
Ceci dit, j’aimerais bien arriver à faire tout ce que je raconte!!
76 commentaires déjà !!! Le sens de mon article était plutôt « travailler moins … » et non « travailler encore plus … ».
Merci pour la qualité de vos contributions. Ce nouveau genre d’article me plait beaucoup de par les commentaires qu’il suscite.
J’ai l’impression que depuis quinze jours il se passe quelque chose de nouveau, les blogueurs ont plus appris à se connaître. Mais peut-être n’est-ce qu’une impression ?
Hé là les filles, vous semblez en avoir de l’expérience en amour … ! J’aimerais bien vous connaître sous vos pseudos … !
bernard, ne fais pas ton innocent… c’est ton blog… tu dois bien savoir qui est sous les pseudos !
d’ailleurs, pour que tu restes à l’affût : si un jour on se croise quelque part, je te pincerai les côtes en te faisant la bise, ok ? Comme ça tu sauras que c’est Oups qui t’embrasse !
réponse à Assourdi :
Par rapport à l’esprit d’enfance, justement, ça ne reste pas réservé à l’enfance, si l’on est capable d’aimer de cette façon toute sa vie. C’est sans doute affreusement prétentieux et ceux qui me connaissent considéreront peut-être que je me mens à moi-même, mais je n’ai pas l’impression d’avoir perdu cette petite folie, même si, je l’admets, la fatigue, l’angoisse, la morosité certains jours, me mettent en péril (et là je reviens un peu à l’article de départ et aux premiers commentaires) : il peut être difficile de préserver l’intensité de cette joie quand on est harassés, lessivés pour des raisons, professionnelles, familiales, physiques ou autres. Et c’est là, je trouve, qu’il faut aller plus loin que ce que suggère Vincent. Parce que, dans ce qu’il dit, je crois comprendre qu’on est en quelques sortes passifs, que cet esprit d’enfance, cette joie simple d’aimer viennent et disparaissent de façon mystérieuse et indépendante de notre volonté. Pas d’accord… il y a un tout petit effort à faire : celui de rester dans un état d’esprit propice à entretenir cette joie. Et c’est seulement là qu’on peut constater si, oui ou non, l’amour, ou la joie d’être ensemble, sont toujours vivants en nous. Ce tout petit quelque chose qui vient de nous, c’est l’infime mouvement qu’on fait pour secouer de ses épaules le poids de la vie quotidienne et de ses fatigues, pour rester ouverts à la joie.
(Quant aux papillons, Assourdi, que m’importe de mourir si j’en ai connu ne serait-ce qu’un seul !!! )
Pour ce qui est de l’apprivoisement, tu as évidemment raison : j’ai du aller trop vite en besogne et généraliser, mais il va de soit que je suis d’accord avec toi.
Je ne crois pas néanmoins que « libre » veuille simplement dire être libéré de ses sentiments (en même temps je n’y connais strictement rien en bouddhisme, c’est juste que ça me paraît très peu réaliste); libre ce serait ne plus être vivant. Comment peut-on vivre, libre ? (on est soumis à ses sentiments, d’accord, mais aussi à ses préjugés – parfois bien plus encore -, à ses besoins naturels, à ses devoirs etc). Non : « vivre libre » est une aberration à mon sens. Que certains se sentent un peu plus libres que d’autres, soit… mais prétendre à la liberté, là, pour le coup, c’est d’une naïveté….(j’espère que je ne froisse personne ?).Il est possible qu’on choisisse de se libérer de certaines choses plutôt que d’autres. Il me semble que, pour aller du plus facile au plus difficile, certains tenteront de se libérer de leurs devoirs, d’autres de leurs sentiments, d’autres encore, de leurs préjugés, et d’autres, enfin, de leurs besoins naturels – et ceux là, très rapidements, seront morts. Ils seront libres, certes, mais morts ! Alors, dans quelle mesure peut-on dire qu’on vit libre ?
Autre chose encore (et après j’arrête) : l’amour (ou l’attachement, comme vous avez l’air d’avoir choisi de l’appeler depuis 2 jours) détache celui qui aime de lui-même, et en ce sens, le libère déjà un peu. On pourrait alors considérer que deux personnes qui vont l’une vers l’autre dans l’amour se libèrent mutuellement. Non ?
Toi, Assourdi, de quoi te sens tu le plus libre ? Ou de quelle liberté souhaites-tu te rapprocher, et pourquoi ? (je comprendrais que tu trouves la question trop personnelle : tu es peut-être moins anonyme que moi ici…)
ah, et au fait, Assourdi ?
Merci de ta longue réponse.
J’ai bien fait d’attendre : c’est bien la notion de détachement qui apparaît en définitive.
Et elle bien plus séduisante !
C’est curieux comme l’on peut bien parler d’une chose en faisant le tour de son antinomie.
Cela rejoint l’idée d’un texte dont je livre ici le morceau de bravoure : […] Notre peur la plus profonde n’est pas d’être nul ou incapable. Notre peur la plus profonde, c’est d’être puissant au delà de toute mesure. C’est notre lumière, pas notre ombre, qui nous effraie le plus. Nous nous demandons : « Qui suis-je pour être brillant, talentueux, génial ? » Mais la vraie question devrait dire : « Qui êtes-vous pour ne pas l’être ? »
(extrait du discours d’investiture à la présidence de Nelson Mandela en 1994)
oui, mais Christophe, est-ce que nos réflexions/théories aux uns et aux autres sont à la mesure de notre pratique ? Impossible d’en parler véritablement ici, ça nous demanderait de dévoiler bien trop de choses. Mais si nos esprits voient les choses de cette façon, qu’est-ce qui nous empêche de les vivre de la même façon ? Je pars du principe qu’on n’y arrive pas tout à fait, et je suis confortée dans cette idée par la phrase d’Assourdi qui dit « j’aimerais bien réussir à faire tout ce que je raconte »; j’en conclue que, comme moi, elle ne se sent pas toujours à la hauteur de ses désirs (je dis « elle » parce que Bernard parle de « filles »)
N’est-ce pas, justement, parce que l’amour trouve sa source « en-deça » des mots qu’il y aura toujours décalage entre ce qu’on vivra et ce qu’on en dira ?
En fait, je crois que c’est plutôt entre ce qu’on en pense et comment on le vit qu’il y a un décalage. J’ai parfois l’impression qu’il y a une pensée du corps, qui n’est pas toujours en adéquation avec l’autre pensée, celle qui nous fait théoriser (j’ai l’impression d’avoir déjà entendu ça sous une autre forme dans la discussion, je vais faire un petit tour d’ascenseur dans une minute).
Assez d’accord avec toi oups pour cet écart entre la pratique et la théorie… mais je crois que la dualité entre le corps et l’esprit ne suit pas nécessairement le même clivage.
Les sensations corporelles, leur traitement par le cerveau ainsi que les diverses émissions corporelles qui peuvent ou non en résulter sont, pour autant que mes connaissances soient encore valables, sujette à beaucoup de contrôles et rétrocontrôles (feed-back) par les neurotransmetteurs, les hormones ou de bêtes ions de tous les jours (j’vous cause pas des pesticides).
Il me semble donc que le chef d’orchestre de tout cela reste le cerveau dans ses dimensions très complexes : conscientes/inconscientes, corticales/Hypothalamiques, neuronales/glyales, etc.
Si l’on ajoute à cette recette déjà complexe divers facteurs comme l’éducation, la tradition locale, la prédestination, le trauma, la génétique, la surpopulation, la décompensation, l’illumination religieuse, la lutte des classes, le JT de TF1, le connard qui a rayé mon 4×4, ou un bel amour qui s’achève… (j’en passe !) n’y a t-il pas beaucoup de chances d’assister à des phénomènes de violence ?
S’agit-il d’un bout de l’en-deça de Vincent ?
Alors… travailler plus sur soi-même pour gagner plus d’amour ?
Faut vraiment le guider ce pauvre Sarko tout perdu dans les couloirs…
Désolé de faire (encore !) mon « Vilain P’tit Canard », mais le « travailler plus sur soi pour apprendre à aimer » de Christophe est pour moi l’exemple type du principe de « la maladie qui se prend pour le remède ». On peut lui donner intellectuellement la belle et noble justification qu’on veut, le mouvement qui vise à se regarder (et triturer) le nombril ne peut à mon sens mener qu’à développer davantage de narcissisme. Nan ?
J’en profite (tant que j’y suis… et parce que ce n’est pas si éloigné) pour signaler que si je perçois bien l’intention désormais bienveillante d’Assourdi à mon égard (ce dont je l’en remercie au passage) je ne souscris cependant pas à son interprétation en terme (idéalistes) de « moi profond et vrai ».
(mais bon… cela ne m’empêche pas de vous « aimer », je crois, bien au contraire… N’est-ce pas l’Autre plus que le Même qui peut être objet d’amour ?)
Si je peux me permettre, ça se voit, tu sais, Vincent, que ça n’est pas ton truc le « travail sur soi ».
Dommage, ça te permettrait peut-être de ne pas forcément prendre « moi profond et vrai » pour une insulte pire que toute autre !
Pas forcément Vincent, bien que ce soit évidemment un écueil.
Comme le disait aussi Bernard je crois plus haut, il me semble qu’un préalable à l’amour des autres est l’estime de soi. Le narcissisme est une tendance excessive, contemplative et non constructrice. Il est même à mon avis le symptôme extrême d’une mauvaise image de soi… indépassable.
C’est sûrement encore une fois plus complexe que cela dans la réalité, mais ça résume ma pensée.
Une simple histoire de formulation sans doute (de choix des mots), on doit être d’accord « sur le fond ».
Je ne sais pas toi, Christophe, mais moi, face à quelqu’un qui semble souffrir (de solitude, de mal d’amour… bref de ne pas être bien dans sa peau, ses pompes, sa vie…) j’ai souvent plus envie de lui conseiller de s’oublier en s’ouvrant davantage au monde (où il y a tant de choses et de personnes à « aimer ») que de « travailler sur soi ». Pas toi ?
…d’autant plus que je considère, comme je l’ai suggéré plus haut, que le « moi vrai et profond » (qu’il faudrait retrouver, réveiller, épanouir, ou je ne sais quoi) est une pure et simple illusion. Je me sens en effet beaucoup plus proche de la théorie du « moi-peau » (c’est dans le contact seul, la relation, en surface donc, que peut se constituer une identité), quand je ne pense pas carrément que le « moi » n’a pas d’autre réalité que « grammaticale »… et occidentale (il n’existe pas de « je », par exemple, dans la langue chinoise).
Je ne saurais trop conseiller sur le sujet l’excellent Loin de moi, étude sur l’identité de Clément Rosset (moins de 100 pages et de 10 euros, éditions de Minuit, 1999) dont je ne citerai que le lapidaire (et provocateur) 4e de couverture (pour ne pas faire trop long) :
« La connaissance de soi est à la fois inutile et inappétissante. Qui souvent s’examine n’avance guère dans la connaissance de lui-même. Et moins on se connaît, mieux on se porte. »
Moi aussi, petit malin, je conseille de s’oublier un peu et de s’ouvrir davantage au monde où il y a tant de personnes à aimer… surtout quand la fille en face de moi est jolie !
Belle référence aussi que « Le moi-peau » de Didier Anzieu.
J’ai longetmps pensé comme toi, et pour moi, qu’il fallait effectivement effectivement forcer le destin pour se sentir mieux dans sa peau. Je parle là de souffrance morale, mais bien des pathologies physiques en proviennent.
Je n’y crois plus, même si une redynamisation est évidemment souhaitable chez des personnes éteintes ou souffrantes, c’est le cas par exemple dans la dépression.
Il me semble maintenant qu’une écoute bienveillante, profonde et dénuée de tout jugement est la seule et unique façon de permettre une résolution.
Demander à l’autre de se secouer ou lui proposer une belle sortie peut être une nouvelle agression : celle du refus d’entendre.
ok
Sans « mais… » ?
Ta gueule !!!
Ben c’est du beau ! Oser parler comme ça, à l’approche des « 100 ». Bravo !
« j’ai le sentiment que quelque chose meurt avec l’acquisition du langage »
Cette phrase de Oups me fait penser au livre « les Héritiers » de William Golding.
Le livre situe deux peuples au début de la préhistoire. Le premier vit pacifiquement de chasse et de cueillette, jusqu’au moment où un autre surgit et le conquiert.
Le livre évoque de façon magique les impressions (de lumière, des sons, etc) du premier peuple, dont on comprend peu à peu qu’il ne connaît pas le langage; La curiosité créée par le nouveau peuple qui arrive, puis l’incompréhension vis à vis de codes (le langage) que celui-ci utilise; puis la destruction de l’ancien peuple par le nouveau.
Si l’on veut être moins pessimiste que W. Golging, on peut espérer que ce qui meurt peut renaître d’une autre (belle) façon.
Chez nous le mot amour ne se dit pas. Il tremble, il frissonne, il vole, il plane, il est partout dans l’air – mais personne ne le dit.
C’est que chez nous la parole n’est pas comme chez vous une partie du monde, une île déserte dans l’océan du silence. Chez nous la parole est plus que le monde, plus que le ciel et le soleil. Elle est comme un petit morceau de Dieu, coincé entre les dents. On ne l’en déloge qu’avec prudence, et seulement pour les grandes occasions.
Quand l’un d’entre nous est atteint de langueur, il va chez son ami, c’est-à-dire chez le premier venu, car tous ici sont frères ou soeurs. Il emmène avec lui une paille de chaise. Il s’assied à côté de son frère ou de sa soeur, il reste là sans dire un mot, le temps d’un jour, le temps d’une nuit, le temps d’un soleil et puis d’un autre soleil, jusqu’à ce que la langueur s’en soit allée de lui. Alors il se lève, ramasse sa chaise de paille et s’en retourne à ses affaires.
Le mot amour, il faudrait un événement considérable pour qu’il vienne une seule fois à nos lèvres – et cela ne présagerait rien de bon.
Des savants ont écrit que, moins un mot était prononcé, plus il se faisait entendre, car, assuraient-ils,
Ce qui ne peut danser au bord des lèvres – s’en va hurler au fond de l’âme.
Peut-être.
Des religieux ont écrit aussi que le silence où dort le mot amour était en nous comme un reste de paradis, un vestige de ce temps où les choses brillaient de n’être pas encore nommées, où l’ombre d’un nom ne couvrait pas encore l’éclat des choses.
Peut-être.
Un poète a écrit : Qui appelle son amour s’apprête à le tuer.
Peut-être, peut-être, peut-être. Nous sommes d’accord avec ces théories et nous accueillons bien volontiers leurs contraires. Nous sommes gens très tolérants avec les idées. Nous les rangeons dans les livres, et nous rangeons les livres dans nos bibliothèques. Nous n’accordons tous nos soins qu’à la vie, au bel oiseau de la vie. Les idées ne nous dérangent pas plus que les oiseaux empaillés. Nous laissons ceux qui le souhaitent en faire la collection. C’est une manie bien innocente.
Bien sûr on a beaucoup écrit, beaucoup fait pleuvoir le mot amour sur le doux papier blanc. Bien sûr. Ecrire n’est pas dire, comme vous le savez.
C’était il y a longtemps. Une pluie de livres, un vrai déluge.
Depuis on a cessé. Depuis on a compris : pour bien écrire le mot amour, il y faudrait plus d’encre qu’il n’y a au monde.
(L’autre visage, Lettres vives, 1991)
Concernant les réflexions qui ont été faites à propos du travail sur soi, je pense qu’il y a un équilibre à rechercher entre l’instrospection et l’ouverture sur l’autre, avec les autres d’une manière plus générale (ce qui nous éloigne un peu du thème de l’amour et du couple). Mais le curseur de cet équilibre se déplace au fil de l’âge. Il y a un temps pour l’action, pour l’ouverture et un autre pour un travail plus intime sur soi. Mais « travail sur soi » ne veut pas dire nombrillisme ou narcissisme, bien au contraire. Il arrive un moment où l’on devient riche, trop riche parfois, de ce que tous les autres nous ont apporté ; le travail sur soi n’est alors plus qu’une recherche intérieure des valeurs essentielles, venues d’ailleurs, qui nous ont été transmises.
Evidemment, sans une première phase de sa vie tournée vers les autres, le travail sur soi n’aurait aucun sens et serait stérile. On croise d’ailleurs parfois de ces vieux de plus de cinquante ans qui se sont sans doute fermés aux autres depuis longtemps et qui ont le coeur désséché, ils sont en général assez faciles à repérer. A cet âge, il faut les regarder avec compassion, car, dans presque tous les cas, la situation est irrémédiable, le coeur est déjà flétri, trop tard pour l’arroser … !
Intéressant… moi qui aime bien construire des sortes de systèmes incroyables pour modéliser ou synthétiser ma pensée, j’aime bien ce curseur et je ne l’avais pas pensé comme ça jusque-là : c’est la preuve réjouissante que je suis bien plus jeune que Dupdup !
Mais c’est étonnant, après des années consacrées surtout à la synthèse, je me rends compte que je suis désormais plus à l’aise avec l’analyse.
Hé… il y aurait aussi un curseur pour ce réglage là ? Ou c’est un coup de balancier derrière les esgourdes ?
Cela dit, ça me fait un peu froid dans le dos de croire qu’aucun cœur sec ne puisse plus faire boom-boom… rassurez-moi : il y a bien une exception à cette règle ? Au lieu d’un p’tit curseur, un énorme interrupteur ?!
Passeque après, avec un bon GPS, on se fade chacun 3-4 pruneaux à 2 oreillettes et 2 ventricules et on arriverait bien à en regonfler un ou deux non ?
Comment tu dis Humeur badine… les gonfler tout court ?!
Tout ça est aussi un petit hommage à la chanson de Richard Desjardins « Boom-Boom », un petit bijou… euh pruneau !
Il n’existe pas d’être capable d’aimer un autre être tel qu’il est. On demande des modifications, car on n’aime jamais qu’un fantôme. Ce qui est réel ne peut être désiré, car il ets réel. Je t’adore… mais ce nez, mais cet habit que vous avez…
Peut-être le comble de l’amour partagé consiste dans la fureur de se transformer l’un l’autre, de s’embellir l’un l’autre dans un acte qui devient comparable à un acte artiste, – et comme celui-ci, qui existe je ne sais quelle source de l’infini personnel.
*
Ce qu’on aime, inspire. – Etre aimé, c’est inspirer, rendre quelqu’un inventif – producteur d’images, de prévenances, de ruses, de superstitions, – de violences.
*
Les uns, dans l’amour, sont attirés par la partie trouble de cette affaire ; les autres par la partie nette.
Les uns, par ces inquiétudes et ces naissances, ces incertitudes et tous ces tâtonnements d’abord en soi-même, puis entre deux êtres complexes, et enfin entre des organes d’une mécanique qui s’ajuste.
Les autres, par le vif moment au delà duquel ils dormiront bien.
*
etc…
(Tel quel)
« Ecrire n’est pas dire »… et pourquoi dire ce qu’on ne peut qu’aimer ?
C’est désormais prouvé scientifiquement: commencer sa journée avant 10h du matin s’apparente à de la torture et peut nous rendre malade selon un scientifique de l’université d’Oxford.
Je vais en parler à mon patron dès demain …. !!
:angry:
http://www.levif.be/actualite/sante/travailler-de-9-a-17h-c-est-de-la-torture/article-normal-417577.html
Intuitivement, j’ai plutôt l’impression inverse, à savoir que commencer sa journée de très bonne heure est plutôt bénéfique.
Bon courage pour demain matin !!!!!!!!!!!!
Moi , ça commence à me peser de me lever tous les matins à 4h30 . Alors on me répond souvent que oui mais , tu as ton après-midi de libre . Ok , mais ça c’est cool suivant le métier que tu fais … Lorsque tu es cramé après tes huit heures , tu n’as qu’une envie surtout l’hiver , c’est de dormir , te reposer , ne plus avoir le moindre bruit qui t’énerve . J’aimerai bien avoir un boulot où pour y aller , ça ne soit pas le son de mon réveil qui fasse que je me lève , mais simplement le fait que j’ai assez dormi . Heureusement qu’il y a les week-ends pour recharger les batteries , et les quelques jours de RTT , qu’ils veulent maintenant nous supprimer !! :angry: …Mais ça , c’est une autre histoire , dont les protagonistes ne font pas un travail bien physique , des gens qui pensent plus productivisme que santé du salarié .
Oui, évidemment, tout dépend du travail que l’on fait et si on choisit ou non de travailler tôt. Mis à part les deux dernières années qui ont été des années particulières pour moi, je m’étais donné comme discipline d’être toujours à 7H30 dans mon bureau et je respectais bien ces horaires qui ne m’étaient demandés par personne. Il y avait des périodes où j’avais la tête pleine de projets pour la structure et dans ce cas-là, il m’arrivait au moins un matin par semaine d’être à 4H ou à 5H dans le bureau. C’était des moments où il me semblait que le matin de très bonne heure j’avais vraiment la pêche. Alors j’arrivais très tôt, plusieurs heures avant que mes collègues n’arrivent, je mettais de la musique assez fort (même très fort), je me mettais à mon clavier d’ordi et j’écrivais, j’écrivais à toute vitesse. C’est dans ce contexte matinal que sont nés pour moi des tas de choses, des tas de projets, … En tous les cas, c’est dans ces moments-là que j’étais le plus efficace au travail.
Le matin de bonne heure a souvent été un moment privilégié pour moi, tant au point de vue professionnel que personnel. En ce moment, alors que je pourrais faire la grasse matinée, en tant que jeune retraité, j’adore me lever en même temps que Joëlle (6H15) aller sur mon écran et lire une dizaine, voire beaucoup plus, d’articles dans la presse.
Quand je discute avec mes amis, il me semble qu’ils ont tous chacun un rythme différent, soit du soir, soit du matin.
Joëlle est une exception, elle tient de la marmotte et du lézard, alors elle n’est ni du soir ni du matin … :whistle:
Moi aussi , une fois que j’y suis , je suis en pleine forme pour travailler ( et il vaut mieux !! )… Ce que j’ai l’impression , c’est de passer ma vie là-bas !! Heureusement que j’ai cette passion pour la Nature qui me traîne au dehors et me vide la tête des bobos quotidiens . Je plains ce qui n’ont rien … Et il y en a malheureusement un paquet .