A chaque cure de raisin, tous les ans, c’est la même chose, la même ritournelle quand je vais chez mes parents : « t’as pas encore fini avec ces conneries ? », « t’as encore maigri ! », « Les médecins disent qu’il faut manger », « Ah la la la la la la la la »... Et moi d’en rajouter : à la question « tu vas remanger quand ? » la réponse fuse : « le mois prochain, maman ! Dès que j’aurai perdu un os ! » Quinze ans que ça dure, quinze ans qu’ils me les gonflent.
Sauf que quelque chose a changé aujourd’hui, dès que je suis entré au domicile parental : « tu sais ce qu’ils ont dit à la télé aujourd’hui ? Que la cure de raisin c’est très bon ! il disent même qu’on peut la faire longtemps car le raisin, c’est plein de bonne choses … » J’ai même l’impression qu’ils m’ont trouvé plutôt en bonne santé. Et moi de sourire en douce : « Me voilà tranquille pour le reste de ma vie, ils m’ont enfin lâché la grappe ! ».
Grâces soient rendues au nouveau Dieu cathodique !
Moralité 1 :
Quand il est en cure de raisins, Bernard, il n’aime vraiment pas qu’on lui « tienne la grappe » !
Moralité 2 :
On s’émancipe comme on peut… et quand on peut (« Mieux vaut tard que jamais ! ») !
Moralité 3 :
Ils ne disent pas que des conneries à la télé, il suffit peut-être juste de savoir trier.
Moralité 4 :
(A vous de jouer, je vous laisse trouver !)
Savoir trier à la télé ?
Pourquoi pas mais on peut aussi ne pas la regarder.
Ne pas regarder la télé, facile (surtout maintenant qu’on a l’ordi) !!!
Un peu de courage, voyons, allons plus loin et refusons (comme les Amisch de Pennsylvanie) tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la modernité : automobile, électricité, livres imprimés…
Qui c’est qu’est cap ?
C’est drôle d’associer ainsi modernité et usage des objets techniques ou tout ce qui signifie adhésion ou connivence avec l’ordre établi. N’y a t’il pas aussi une résistance moderne, une façon moderne de ne pas forcément se soumettre à cet ordre ? N’est-ce d’ailleurs pas un peu suspect cette ringardisation systématique, ce dénigrement de toute tentative de résistance ? Oui, on peut facilement se passer de télé, même sans ordi; la question de l’énergie peut aussi se poser différemment de ce que le système propose (ou impose) aujourd’hui, sans que forcément on aspire à retourner à l’âge des cavernes. Il semblerait que la question politique désormais se résume à être moderne donc fervent du système libéral actuel ou alors ringard et passéïste sitôt qu’on tente d’émettre la plus petite critique à l’encontre de l’ordre établi. Ca ressemble plutôt à une mort du politique dans la Cité, non ?
Ah Vincent … Ça faisait un certain temps que je passais lire les messages en coup de vent sans même prendre le temps de lire les commentaires (Oui je suis conscient que c’est totalement dénué de sens) et j’allais presque oublier les petites provocations de Vincent.
Je ne pense pas en effet que lorsque Jean propose de ne pas regarder la télé, il se fixe comme but de rejeter un objet technologique (Et d’ailleurs qui ne l’est plus tellement en réalité). J’avais plutôt pris ça comme une isolation d’une part à une information matraquée et non nécessairement objective et d’autre part à la publicité.
Pour ce qui est du flux d’informations, souvent contradictoires, rarement stimulantes, je ne suis pas sur qu’il ne s’agisse pas tout simplement là de la même démarche qui est souvent la notre dans une librairie. On choisit des auteurs dont en général on connaît vaguement la pensée et on se limite souvent à ceux là. La télé ne permet pas souvent d’être dans ce cadre rassurant.
Devant une étagère de livre aussi, on dit tout « il suffit de savoir trier ». Lorsqu’on le fait on trouve des choses intéressantes alors pourquoi il es serait autrement avec la télé ? La question pourrait paraître rhétorique mais elle ne l’est pas du tout. Bien peu nombreux sont ceux qui regardent la télé après avoir épluché le programme de la semaine, au mieux on remarque un reportage que l’on aimerait regardé mais on reste principalement dépendant des horaires. En fait la seule offre proposée par la télé est le nombre de chaînes. Une offre bien trop étroite pour assurer un contenu intéressant. D’autant plus que le fait de « regarder la télé » ne me semble absolument pas motivé par le contenu des programmes mais simplement par le besoin de combler un temps libre ou de se sentir passif sans réellement s’ennuyer.
Alors se passer de la télévision, pourquoi pas ? Elle n’est plus vraiment un symbole technologique (dans tout les cas pas pour moi), le contenu est bien souvent inintéressant pour ce qui est des documentaires et bien maigre devant ce que permet d’obtenir un ordinateur pour ce qui est du cinéma.
La télé est au final perverse dès qu’on la regarde elle plutôt qu’un programme, tout comme Internet devient dangereux lorsque l’on surfe sans but juste pour le faire, à la nuance sans doute que l’on nous a toujours plus appris à être méfiant vis à vis du net.
Pour ce qui est de la publicité, je m’étais posé la question à propos de la presse gratuite et je pense que c’est transposable ici. La vraie question est la suivante : est ce que tout ces acheteurs d’encarts publicitaires sont totalement stupides et jettent leur argent par les fenêtres ?
Il y a alors trois réponse possibles, la première est très simple, c’est oui mais elle ne tient pas bien longtemps…
La seconde, qui est celle qui me semble la plus pertinente, c’est un non catégorique : ils ont un retour sur investissement par la consommation. Ainsi l’heureux lecteur de presse « gratuite » qui lit parfois seulement parce que c’est « gratuit », à visionner nombre de publicités et va consommer en conséquence des biens qui ne lui sont pas nécessaires et dont il n’a lui même choisi ni le type ni le producteur. Il va payer lui même et assez directement au final son journal « gratuit » bien qu’il ne sache pas à qui lorsqu’il l’ouvre.
La troisième réponse est sans doute inconsciemment la plus courante : bien sur que la publicité n’est pas sans effets mais moi je n’indexe pas ma consommation sur les publicités que j’ai pu voir ! Cette idée est incroyablement orgueilleuse mais, bien généralisée, elle permet le soutien durable de tout le mécanisme publicitaire…
Alors s’il serrait bien difficile de s’isoler de la publicité aujourd’hui, on peut néanmoins se dire que l’on paye dès que l’on subit cette publicité et que l’on n’est pas un être extra-ordinaire. La télé est alors une occupation qui risque au final d’être assez peu compétitive dès qu’elle n’est plus gratuite …
On essaie tous, chacun à notre niveau, de changer de comportement pour que ça change un peu au niveau social, environnemental, économique même. Pour les uns, ce sera passer moins de temps devant la télé et plus avec les autres, pour d’autres faire évoluer son mode d’alimentation, pour d’autres encore utiliser plus les transports en commun et utiliser les circuits locaux de distribution … Bien sûr, nous avons tellement de contradictions en nous que l’évolution ne peut être que progressive. Il ne faudrait pas que chaque fois que quelqu’un se mette à modifier un tant soit peu son comportement il y ait chaque fois une humeur badine dans le coin qui lui dise : « oui, mais c’est trop facile, tu prends encore ta voiture, tu lis encore des journaux imprimés, tu consommes de l’électricité ! » car sinon plus rien ne changera dans notre société … !
Je compléterais en retournant à humeur badine les propos qu’il emploie lui-même : « humeur badine, c’est trop facile ce que tu dis … ! »
Pourquoi la prends-tu dans ce sens ma remarque, Bernard ? Elle peut tout aussi bien être vue comme, au contraire, une incitation à « aller plus loin ».
(En tout cas, je ne les trouve, pour ma part, pas moins respectables que d’autres, les Amisch.)
On peut « se passer » de plein de trucs, si on regarde bien. De tout, même (sauf peut-être respirer, boire et manger). Dans l’histoire des humains, tout en la matière semble avoir été tenté.
Cette capacité d’auto-limitation – que l’on peut voir comme une pulsion de mort… ou le fondement de la morale – est sans doute même la principale caractéristique de l’espèce humaine.
L’humain peut en effet être vu comme celui qui peut tout… et qui est quelque part effrayé par ce pouvoir. A l’échelle des individus comme des sociétés, tout n’est ensuite que bricolage pour tenter de trouver les « bonnes » restrictions.
Tout ça pour dire (gentiment) à Humeur badine que c’est, à mon sens, effectivement « facile » – comme dit Bernard – d’ironiser sur le sujet (en tout cas plus facile que de trouver le bon ajustement… ou simplement de participer à sa recherche)… et que c’est aussi « normal » que ce genre de petites provocations fasse autant réagir (car cela touche chacun au plus intime)
Juste une petite remarque en passant :
Ceux qui refusent la télé ne sont-ils pas ceux, en fin de compte, qui sont les plus sensibles à ses « charmes » ?
La violence du rejet n’est-elle pas à la mesure de la force d’attraction ?
Quelle violence du rejet ???
Ben… ceux qui refusent la télé semblent lui dénier tout intérêt, ne lui trouver que des défauts (et pas des moindres)… tout comme ceux qui veulent condamner le chien l’accusent d’avoir la rage.
On ne peut pas raisonner dans l’autre sens ? On ne lui trouve que des défauts donc on la refuse …
Je connais des tas de gens qui ne regardent pas la télé, tout simplement parce qu’ils ont d’autres choses bien plus intéressantes à faire et non parce qu’ils la condamnent systématiquement. C’est, il me semble, le cas de la plupart des gens qui ne la regardent pas. Alors, pourquoi parler de « violence du rejet », « d’accuser d’avoir la rage » ? Cela me semble plutôt très excessif par rapport à la réalité.
J’ai beaucoup de mal avec les propos de Compay segundo.
D’abord sur l’auto- limitation qui serait « une pulsion de mort ». La consommation à outrance serait donc, par opposition, un signe de vie ? « Je consomme donc je vis ». Voilà bien un concept aberrant de notre époque.
L’autre phrase qui m’a choquée et qui est du même tonneau concerne l’humain qui « peut tout ». On en arrive à la notion de « surhomme » mais appliquée uniquement au monde de la consommation. C’est un concept très bizarre qui montre bien le manque d’humilité de notre époque et qui fait croire aux individus qu’en possédant des biens matériels ils possèdent du pouvoir. Non, ils ne possèdent que des biens matériels. Pire : ils ont perdu le reste en route !
Personnellement je refuse effectivement la télé chez moi sans pour autant nier l’intérêt d’excellentes émissions qui la parcourent sans doute plus souvent qu’on veut bien le reconnaître. Le seul intérêt de son refus c’est l’économie de la taxe télévisuelle annuelle… (non, je rigole)…C’est surtout que … je m’en passe très bien et que je n’éprouve pas le désir d’en disposer à volonté. J’ai remarqué, d’ailleurs que même sans écouter la radio,ni même lire les journaux régulièrement j’étais tout à fait au courant des informations importantes, celles-ci circulant tout autant par le bouche à oreille si ce n’est par le bouche à bouche… (oui, je reconnais que c’est un peu faible)…et qu’en général j’évitais ainsi cette masse d’informations insipides, inutiles et anxiogènes qui font l’ordinaire de la plupart des médias et qui ont la facheuse tendance, pour ce qui me concerne, à cultiver un état émotionnel peu favorable à la contemplation et à la perception de la réalité sous son angle poétique .
Une conférence intéressante sur les effets de l’image : « Images, de la sidération à l’éducation » de Philippe Meirieu
www2.ac-rennes.fr/crdp/22/artsvisuels22/ cinema/documents/conférenceMérieuoct04.pdf –
Dans ma vie professionnelle, j’ai accueilli des milliers d’enfants en centres de vacances. Il m’est arrivé régulièrement d’avoir en stage des enfants très curieux de nature, ouverts sur tout, avec un raisonnement étonnant et une très grande maturité d’esprit. A chaque fois, ces enfants plutôt exceptionnels n’avaient pas la télé. Je ne sais pas s’il faut en déduire quelque chose de précis mais je sais que d’autres animateurs l’ont également constaté. Peut-être que les enseignants qui viennent sur ce blog ont fait des constats similaires … !
Je pense que c’est davantage le goût de la lecture (cet acte difficile qui nécessite une phase de décryptage) que l’absence de télé qui fait les élèves « plutôt exceptionnels », même si les deux choses sont forcément parfois un peu liées.
En tout cas, entre un élève qui n’a pas de télé mais passe son temps libre devant un écran d’ordi ou de Playstation et un qui regarde tous les jours à la télé « C’est pas sorcier » et lit aussi au moins une demie-heure, il y a de grandes chances qu’en matière d’ « ouverture et de maturité d’esprit », le second surclasse de loin le premier.
S’il faut désigner deux pôles, plutôt que « ceux qui ont le malheur d’avoir la télé » et « ceux qui ont la chance de ne pas l’avoir », je choisirais « ceux qui subissent les choses » et « ceux qui cherchent à les lire ».
PS : Je n’ai pas trouvé la conférence de Mérieu sur le lien de Brindpaille… Il doit y avoir une erreur dans l’adresse.
« C’est pas sorcier ! », il vaut mieux que notre cher Président n’ait jamais l’idée (ou simplement le temps) de regarder cette émission, il risquerait d’avoir de bons arguments pour réduire encore les heures de cours, donc les effectifs… et de simplement distribuer à la place des DVD.
Depuis quelques temps, je suis envahi de publicité dès que je vais sur la plupart des sites internet.
Depuis hier, j’ai installé adBlock et je n’ai plus rien. Magique !
Les chiffres viennent de tomber : en 2015 les Français ont regardé en moyenne la télé 3H44 par jour (incluant la télé vue en podcast sur internet). C’est en hausse de 3 minutes par rapport à l’an passé. Impressionnant, non ?
A ce train là, la durée d’une journée sera passée à plus de 24 heures avant le 3ème millénaire !
Incroyables les effets du réchauffement cathodique.
Salut à toutes et à tous, et Bonne année 2016.
Je n’ai pas tout compris…..,
mais j’ai envie de vous suggérer d’ allez voir le film »DEMAIN », (si ce n’est déjà fait) vous y trouverez sûrement des idées pour faire avancer le schmilblic et des sujets qui, je n’en doute pas, intéresseront Bernard et autres grands amateurs de nature, d’écologie, de bon sens, tout simplement peut-être.
Pardon si je suis hors sujet.
On n’est jamais hors sujet sur ce blog !