J’aime la chanson française, mais je n’aime pas particulièrement la variété (que je connais peu d’ailleurs, n’ayant pas de radio depuis longtemps, ce dont je me passe très bien).
Je ne sais pas trop ce qu’il restera dans dix ans du Julien nommé « nouvelle star » par M6 il y a quelques semaines. Ni de ces tubes qui sont matraqués en permanence sur certaines chaînes radio (j’ai lu il y a quelques jours que le turn-over de certaines programmations s’est encore réduit et que sur certaines radios, la même chanson repasse … toutes les 40 minutes ! Une star peut donc être fabriquée de toutes pièces et arriver à se faire un nom avec juste un mini minimum de talent.
A ce propos, l’anecdote que j’avais relevée il y a quelques semaines dans la presse est révélatrice : le chanteur d’un célèbre groupe espagnol (Tam Tam Go), qui est une star dans son pays, a mis des lunettes noires pour ne pas être reconnu est allé joué ses propres chansons dans le métro de Madrid. Bilan : 71 centimes d’euros en une heure ! Le public passait sans même le regarder … jusqu’au moment où il a retiré ses lunettes noires !
« J’aime la chanson française, mais je n’aime pas particulièrement la variété »
Du moment que tu cherches pas à définir la différence entre les deux ça va
… parce que sinon, bonne chance ! d’expérience, personne n’a les mêmes définitions de ces deux « styles », et en plus, même pour une définition donnée, les frontières sont totalement indéfinissables.
Sinon j’ai vu au zapping l’autre jour le Julien en question reprendre « I put a spell on you » de Creedence, bin y’a peut-être rien derrière, mais en tout cas le mec a une sacré voix ! … alors que le chanteur de Tam Tam Go, m’étonne pas qu’avec des lunettes on lui jette des cailloux: il a une voix quelconque
Gilbert Montagné, c’est le contraire… C’est le jour où il a mis des lunettes noires pour faire croire qu’il était aveugle comme Steevie Wonder et Ray Charles qu’il a commencé à vendre des disques !
Moi, un gars qui chante dans la rue, même avec une voix quelconque, j’ne lui envoie pas des pierres, pas forcément des pièces non plus… mais assurément des sourires.
Qu’on s’étonne que les gens ne chantent plus dans la rue !
L’autre jour je sifflotais tranquillement… hé ben… j’me suis pris 50 euros d’amende par la SACEM parce que l’air n’était pas de moi !
La « variété » n’est-elle pas simplement de la « chanson française » qui se vend, qui est populaire… bref qu’il est de bon ton de dénigrer quand on tient à se distinguer de la masse, nan ?
Quand je parle de variété, je ne parle pas de la musique qui se vend, qui est populaire (tel Brassens qui a vendu 60 millions de disques de son vivant, ou Brel) mais bien de ces chansons que leurs auteurs reconnaissent à peine car entre l’enregistrement du disque et sa sortie, il y a dix ingénieurs du son qui ont bosé pendant un mois et qui en ont fait, non pas une oeuvre originale, mais un produit coulé dans le moule de la mode.
Que ce soit pour répondre à la définition de Vincent ou celle de Bernard, il suffit d’opposer l’exemple suivant pour bien voir que ça ne tient pas la route:
Que dire du mec qui fait dans sa chambre enregistre une petite démo d’une chanson mièvre et sans intérêt dans un style proche de celui d’un Pascal Obispo par exemple ?
@Vincent: ça se vend pas
@Bernard: aucun ingé son n’a travaillé desssus
… c’est pourtant bien de la variété !
Stéphane, I Put a spell on you est de Screamin’ Jay Hawkins…
Faudra que j’écoute la voix du Julien en question que je ne connais pas du tout, mais celle de Screamin’ Jay Hawkins est assez incroyable. Il a d’ailleurs rajouté Screamin à son nom après avoir écrit et interprété cette chanson en 1957.
http://www.dailymotion.com/relevance/search/i+put+a+spell+on+you/video/xk8wj_screamin-jay-hawkins
Pour ce qui est de la définition de la variété, c’est vrai qu’on peut avoir chacun la sienne.
Personnellement, j’y ajouterais une question d’intention. Une chanson de variété s’apparenterait facilement à un produit, au sens marketing du terme, alors qu’une chanson dite d’auteur, s’apparenterait à une œuvre.
Qu’elle se vende ou pas ne change effectivement rien au genre auquel elle appartient. Mais qu’elle ait été écrite dans ce but premier, si.
Ceci dit, wikipédia nous donne encore une autre définition :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Musique_de_vari%C3%A9t%C3%A9s
C’est bizarre ce mot « variété » qui semble aujourd’hui désigner quelque chose de formaté… donc de pas très « varié ».
Quelle est l’origine précise de ce terme, quelqu’un le sait-il ?
Quant au « mièvre et sans intérêt »… je pense qu’il s’agit là de conceptions bien relatives… ou en tout cas « idéologiques », laissant entendre qu’il existerait un critère objectif de jugement de valeur de la qualité et de l’intérêt d’une chanson.
En reprenant la méthode du « contre-exemple compliquant tout » de Stéphane, j’ai envie de citer les ritournelles enfantines :
La plupart peuvent être jugées mièvres et musicalement sans grand intérêt… mais elles traversent les siècles, accompagnent des générations et peuvent très bien être perçues comme des chefs d’oeuvre de simplicité et d’efficacité.
A mon avis, il faut se méfier de ne pas trop rapidement dénigrer les choses simples : c’est en effet (et paradoxalement) parfois hyper compliqué de faire justement simple.
Tout à fait d’accord, et donc c’est très délicat de séparer, définir et opposer les deux styles, et donc CQFD, c’est ce que je soulignais au début
De plus, dans le monde de la musique classique « variété » est synonyme de musique populaire, en opposition à musique savante, et ça englobe donc chanson, rock, jazz, …
(si c’est pas insupportable de parler de musique « savante » d’ailleurs… m’enfin bon c’est un autre débat !)
Oui, effectivement Vincent, tu as raison. Mais qui, sur ce blog, dénigre les chansons simples ? Personne je crois.
J’aime bien la définition qu’a donnée Anne à propos de l’intention de départ du chanteur. Et effectivement, la variété n’a rien à voir avec le fait que la chanson se vende on ne se vende pas.
L’article de wikipedia donne une explication sur l’origine du mot »variété ». Cela viendrait des émissions de télévision du même nom, qui présentent des programmes musicaux variés. Vous vous souvenez des émissions de Maritie et Gilbert Carpentier ?
Mais Stéphane a raison d’insister sur le fait que c’est très difficile à définir. Comme de définir la frontière entre la pop (et dont le sens français est bien détourné de son origine Popular music) et le rock.
Je suis allée écouter le fameux Julien sur dailymotion pendant ma pause cantine. Et j’ai eu droit, du coup, aux commentaires de collègues :
– Paraît que c’est un vrai musicien
– Paraît que c’est lui qui réarrange les morceaux qu’il interprète
– Paraît qu’il est barré
– Tout le monde se demande ce qu’il est allé faire dans cette émission
C’est vrai qu’il a une belle voix. Mais, là non plus, je ne suis pas sûre que ce soit ce qui fait la différence. Céline Dion a une belle voix (et elle chante même juste). Je ne ressens pourtant pas une grande émotion quand je l’écoute – je reconnais que ça ne m’arrive pas souvent. Un chanteur comme Aznavour ( pour rester dans le registre de la variété) qui n’est pas doté d’un organe extraordinaire, me touche infiniment plus.
Une histoire de sincérité, peut-être ?
Pas plus simple à manier la sincérité… car on ne peut pas non plus trancher objectivement en plaçant d’un côté les chanteurs qui sont sincères et de l’autre ceux qui ne le sont pas.
Pourquoi (encore… et toujours) moraliser ?
Pourquoi dénigrer ce qu’on n’aime pas ? (ce qu’on a le malheur de ne pas savoir apprécier)
« Ce n’est pas parce qu’une chose est bonne qu’on l’aime, mais parce qu’on l’aime qu’elle nous paraît bonne. » (Spinoza)
N’est-ce pas dans ce retournement capital que se trouve la clé ?
Qui a dénigré quoi que ce soit ?
On peut dire qu’on n’aime pas, sans dénigrer, non ?
C’est différent de dire qu’on n’aime pas et de dire que ça n’est pas bon !
Où est la morale dans tout ça ?
De toute façon, j’aime pas Céline Dion.
Reggiani a encore moins de voix qu’Aznavour mais me donne le frisson.
Reggiani, pas de voix ?
Aznavour non plus ?
Avis très personnel : Reggiani avait de la voix, une belle voix qu’il a tenté de garder malgré les centaines de cigarettes qu’il fumait à la fin… De lui, j’ai surtout retenu ce vibrato singulier qui traduisait une émotion fragile et douloureuse (il ne s’était jamais remis du suicide de son fils de 30 ans).
PS :…. Je transmets à Bernard une info qu’il connaît déjà sans doute, à propos de Bob Dylan : c’est le bouquin de Gray Marcus « Like a Rolling stone » A la croisée des chemins. Ed. Point Seuil 2007. Où il est question de cette chanson très controversée en son temps et qui dure plus de 6 minutes.
Et bien, un grand merci pour l’info sur Dylan, je ne l’avais pas eue.