Il y avait deux volets différents à la conférence de Claude Aubert, le premier traitant de l’influence de la consommation bio sur la santé, le deuxième sur les conséquences sur la planète. Je dois dire que je n’allais pas à cette conférence pour le premier des deux sujets. Les consommateurs bio m’insupportent parfois. Et même souvent (bien que je pratique moi-même le jardinage biologique). Dans les magasins bio, on trouve des tas de gens que l’on sent préoccupés par leur petite santé. Les visages n’y sont pas gais, souvent refermés sur exu-mêmes, le silence est de règle (ou alors on ne parle qu’à mots chuchotés dans une atmosphère quasi-religieuse). Ce type de magasins « respire la mort » ! Mais c’est pratique, quand Joëlle y va pour acheter des aliments de base comme de la farine, au lieu d’attendre sur le parking à voir défiler une partie de la misère du monde, j’en profite pour aller dire un petit bonjour à Roland et Maryse qui habitent tout près !
(courgettes bio de ma production 2007)
Voici, en vrac, quelques infos glanées dans la première partie de cette soirée. Je dis bien « en vrac » car il est difficile de structurer la masse d’information qui a été donnée (il y avait des tas de diapos avec graphiques tous plus intéressants les uns que les autres, les conférenciers devraient donner – ou vendre – à chaque participant un CD avec les documents powerpoint qu’ils ont présentés) !
La valeur nutritive d’un élément dépend de nombreux facteurs tels que la variété cultivée, le mode de culture (fertilisation, traitements, taille…), la date de récolte, le stockage, les techniques de transformation… « L’équilibre alimentaire reste le premier facteur d’apports nutritionnels suffisants » (j’ai bien aimé cette phrase).
Globalement, les légumes bios sont plus riches en matières nutritives (sels minéraux, vitamines et surtout en polyphénols, ces fameux composants anticancéreux et anti maladies cardiovasculaires que l’on trouve par exemple en abondance dans les choux, le thé vert ou le vin rouge).
La variété cultivée a de l’importance : par exemple, avec un mode de culture conventionnel, la Golden ne contient que 8 mg de vitamine C au lieu de 30 mg pour la calville ; on aura beau cultiver de la Golden en bio on ira certes un peu au-delà des 8 mg mais guère plus !
Les céréales bio contiennent moins de protéines mais de meilleure qualité.
Le mode de culture ou d’élevage est également important. Ainsi les poules élevées en plein air contiennent plus d’acide folique et de vitamine B12.
Les animaux d’élevage, s’ils ont le choix, préfèrent la nourriture bio. C’est sûrement un signe !
Les résidus de pesticides, qui sont probablement, avec les métaux lourds, les pires composants que l’on puisse trouver dans les aléments, sont quasiment absents des produits bio (3 à 4 % des produits en contiennent cependant au lieu de 50% dans la nourriture issue de l’agriculture conventionnelle – tiens tiens, c’est quand même intéressant d’apprendre que 50 % des aliments non-bio ne contiennent aucun résidu de pesticide).
Les produits bio contiennent plus d’omega 3, ces fameux acides gras essentiels qui sont très importants, contrairement aux omega 6 qui, si j’ai bien compris, sont les mauvaises graisses trop représentées dans l’alimentation moderne. On aura ainsi intérêt à boire du lait bio car il contient beaucoup plus d’omegas 3, du fait que les vaches sont nourries avec de l’herbe plutôt qu’avec des tourteaux.
Justement, à propos de lait, Claude Aubert a terminé cette première partie en tirant une sonnette d’alarme. Le lait maternel est pollué. Les urines des enfants contiennent des pesticides organophosphorés. Les études montrent que le taux de leucémie est divisé par deux avec une alimentation bio, qu’il y a une corrélation étroite entre taux de pesticides et naissances prématurées, et, d’une manière générale, entre pesticides et pathologies. Le plus inquiétant est sans doute les 400 composés chimiques qui ont déjà été identifiés dans les cordons ombilicaux (en moyenne 200 composants chimiques de synthèse par cordon ombilical).
Est-ce qu’il défend, au bout du compte, l’hypothèse – que tu avais déjà évoquée ici il y a quelque temps – d’une inversion prochaine de la courbe d’espérance de vie, les effets secondaires de la pollution finissant par prendre le dessus sur les progrès de l’hygiène, de la diversité (donc l’équilibre) alimentaire, de la médecine, etc. ?
Non, Claude Aubert n’a pas repris ce thème. Dommage !
Mais c’est fondé sur quelque chose de précis (un début de ralentissement constaté par exemple) ou juste une hypothèse « catastrophiste » de plus (qui finit toujours plus ou moins par décrédibiliser les « combats » écolos) ?
Vous pouvez jeter un oeil sur cet extrait du film Alerte à Babylone
http://www.dailymotion.com/video/x1ds9p_alerte
La FAO a organisé une conférence mai sur l’agriculture biologique et la
sécurité alimentaire. Jacques CAPLAT, de la FNAB y est allé. Voici
une synthèse de ce qu’il a vu et entendu.
Bonjour,
J’ai eu la chance de pouvoir participer à la conférence organisée par la
FAO du 3 au 5 mai à Rome (laquelle conférence a déjà été évoquée sur
cette liste). Rappel : la FAO est « l’organisation des Nations-Unies pour
l’agriculture et l’alimentation » – une instance tout ce qu’il y a de
plus officielle et incontournable à l’échelle internationale. Au-delà de
la diffusion des liens, il me semble utile (et normal) de faire un
rapide compte-rendu.
C’était extrêmement intéressant, car la conférence ne s’est pas limitée
à la question de savoir si la bio peut produire suffisamment de volume
(et ne s’est pas attardée à ce serpent de mer), mais a vraiment posé la
question globale du développement agricole et humain.
Pour la FAO, la sécurité alimentaire se décline en quatre dimensions :
*1) Disponibilité alimentaire.*
Sur ce point, même s’il y a encore quelques débats et même si des études
complémentaires seront sans doute nécessaires, il était globalement
admis que la question est réglée : *oui, la bio peut permettre de
produire un volume suffisant pour nourrir l’humanité*. Les nuances
portaient plus sur les progrès techniques encore nécessaires, et sur les
différences entre régions du monde, que sur le fait de savoir si oui ou
non la bio pourrait y parvenir. Si les rendements diminueraient
partiellement en Europe et en Amérique du Nord (autour de 10 %), ils
augmenteraient nettement dans tous les autres pays (pouvant même
doubler) : à l’échelle planétaire, il n’en découlerait pas de problème
… et même une répartition plus pertinente de la disponibilité
alimentaire.
*2) Accès à la nourriture.*
Qu’un pays produise assez en volume ne garantie pas que toute sa
population se nourrisse : reste le problème de l’extrême pauvreté et de
la destruction sociale. La FAO pose donc la question des moyens pour que
la production agricole soit « effectivement » accessible à tous. Et *sur
ce point, la bio apparaît comme un système d’excellence, répondant mieux
qu’aucun autre aux exigences de sécurité alimentaire* : production plus
territorialisée, basée sur les ressources humaines locales, créant des
emplois, diminuant l’endettement et la paupérisation, permettant de
freiner l’exode rural dans le tiers-monde… Bref, avec la bio on crée
les moyens pour que tout le monde se nourrisse. Bilan extrêmement
favorable.
*3) « Résilience » et pérennité environnementale.*
Là aussi, le constat est extrêmement favorable à la bio : la bio permet
mieux qu’aucun autre système de préserver les ressources naturelles, la
biodiversité, les sols…, et donc de produire des aliments durablement.
Ce qui est intéressant, c’est que la conférence conclut aussi que *non
seulement la bio est meilleure pour lutter contre l’effet de serre, mais
de plus elle réduit les effets négatifs du changement climatique* (en
gros, des systèmes bio peuvent mieux « encaisser » le changement
climatique). Plusieurs intervenants ont insisté sur la nécessité d’une
bio définie bien au-delà de l’interdiction des produits chimiques de
synthèse, pour éviter les serres chauffées, les transports
longue-distance inutiles, etc. Cela a fait consensus : il faut renforcer
la définition environnementale de la bio, et ce renforcement va
particulièrement de soi pour les paysans du tiers-monde (interventions
remarquables de l’indienne Vandana Shiva et de la tanzanienne Mwatima
Juma, membre du bureau d’IFOAM).
*4) Qualité de l’alimentation.*
Ici aussi le bénéfice de la bio est un peu évident si on pense qualité
sanitaire (mais c’est important que la FAO le reconnaisse). Mais il y a
aussi eu des infos complémentaires et qui n’allaient pas de soi, comme
le fait que les systèmes bio permettent aux populations rurales du
tiers-monde d’avoir une alimentation plus variée, plus équilibrée, etc.
Une bonne nouvelle : si la charge polluante au sein de l’organisme humain conduit sûrement à des dégâts collatéraux (la maladie d’Alzheimer serait due aux métaux, par exemple, ceux des poêles qui ne collent pas notamment) il est clair que notre espérance de vie doit se réduire. C’est notamment du au fait, comme l’explique bien le document transmis par Anne, que ceux qui mourront plus tôt sont tout de même encore vivants !
Mais ce n’est pas ma bonne nouvelle.
En fait, il apparaîtrait que les cadavres, tellement enrichis ou plombés, tels des momies modernes, ne se décomposent plus… ce qui nous donne une espérance de mort considérable. Et vlan !
Vincent, envoie vite les vers !
« …il est clair que notre espérance de vie doit se réduire. »
Tout est dans le « doit ».
Oui, si le monde était moral, logique, raisonnable, notre espérance « devrait » normalement se réduire.
Mais le réel nous a depuis longtemps prouvé qu’il était bien souvent plutôt a-moral, il-logique, dé-raisonnable… mais du coup toujours déroutant.
Pour l’instant, jusqu’à preuve du contraire, l’espérance de vie continue de croître… mais tout cela n’est après tout qu’un succès « quantitafif ».
« Les poêles qui ne collent pas »… Voilà !
(J’oublie toujours ce qui provoque la maladie d’Alzheimer)
Pour l’instant, on gagne – je crois – chaque année quelque chose de l’ordre de 6 mois d’espérance de vie supplémentaire.
Le but (secret) est de parvenir à 12 !!!!
Vous imaginez ? Chaque année gagner 12 mois d’espérance de vie, c’est tout bonnement atteindre (enfin !) l’immortalité !!!!
Encore un petit effort – que diable ! – et tant pis si les vers crèvent de faim !
Anne, tu peux nous dire deux mots sur ce film dont est extraite la vidéo que tu nous proposes en lien ?
Il est sorti y’a longtemps ? Il va sortir ? Il est fait par qui ? Il a été reçu comment ? etc…
Puisqu’on en est au truc qui font peur :
24 heures à Pékin, 24 heures à Séoul, cette semaine.
Pékin, qui ne ressemble plus à Pékin, mais à n’importe quelle ville américaine, sans ame ni histoire… Pas un jour, cette semaine, sans que la Chine ne soit au cœur de l’actualité : son rôle au Darfour ; le scandale des enfants au travail dans les cimenteries ; l’achat par la Banque centrale d’actions d’entreprises occidentales; l’autorisation donnée à des banques étrangères d’acheter des titres d’entreprises nationales. Au total, une croissance si forte que, au rythme actuel, le PIB de la Chine dépassera en 2015 celui du Japon, qu’il sera le deuxième du monde en 2025 et le premier en 2040.
Mais la Chine commence à payer très cher cette démesure : les 8% les plus riches détiennent 60 % du capital financier ; avec une population vieillissant aussi vite que celle de l’Occident, 90% des Chinois n’ont ni retraite, ni assurance maladie ; les grandes agglomérations sont au moins trois fois plus riches que les zones rurales. Plus de 200 millions de travailleurs sont migrants, sans aucune protection. Le pays manquera de plus en plus de produits agricoles, d’énergie et d’eau ; l’inflation, aujourd’hui très faible, triplera dès 2007 ; en raison de la pollution, 90% des réserves d’eau et des lacs sont inutilisables et la Chine est en passe de devenir cette année la plus grande émettrice mondiale de dioxyde de carbone ; au total, la dégradation de l’environnement coutera dès 2007 plus que ne rapportera la croissance.
Bientôt, la Chine ne pourra plus ignorer ces enjeux ; elle devra augmenter à tout prix sa production agricole, arrêter d’utiliser des céréales pour produire de l’éthanol, améliorer l’environnement, son système de santé, d’éducation, et d’agriculture. Elle devra organiser une protection sociale des plus démunis et des familles. Elle devra pour cela réorienter vers l’intérieur sa production, dont les deux tiers aujourd’hui partent vers l’exportation. Elle en a les moyens : ses réserves de change dépassent le trillion de dollars et la valeur boursière de ses entreprises dépasse 1, 3 trillions de dollars.
L’Europe sera la principale victime d’une telle évolution : comme la Chine ne pourra plus soutenir le cours du dollar, celui-ci baissera, ce qui ruinera nos exportations ; et si les Etats-Unis défendent leur monnaie en augmentant les taux d’intérêt, cela fera plonger l’économie des pays européens, si endettés.
Aider la Chine à maitriser sa croissance, ce ne serait pas aider un concurrent, mais au contraire permettre d’éviter que ses soucis deviennent notre cauchemar.
Séoul, un pays là aussi en pleine croissance , à la pointe des technologies les plus avancées mais aussi, un pays anxieux, angoissé, où les jeunes ne percoivent pas clairement leur avenir.
Pékin, Séoul, capitales d’un monde grandi trop vite, vieilli trop vite.
j@attali.com
oups… « auX trucS » !
brrrr….je comprends pourquoi SARKO n’a pas invité les VERTS ce matin ! La réalité lui ferait-elle peur ?
Gagner 6 mois d’espérance de vie par an dont 12 de dégéneresence des cellules nerveuses (notamment Altzheimer), voilà en effet un très beau progrès !!!
Je pourrai mieux parler de ce film… quand je l’aurai vu.
Le lien m’avait été envoyé par des amis qui ont acheté le film.
Pour en savoir un peu plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Alerte_%C3%A0_Babylone
Nous allons ( quand je dis nous, je veux dire La Bisontine de décroissance) le projeter lors d’une étape de la marche organisée cet été par Alternatives en marche.