L’actualité me déprime depuis quelques temps. Je n’ai pas consulté de médecin, connaissant par avance le diagnostic à ma maladie : la sarkophobie aigüe. Sachant que cette maladie est incurable, j’ai essayé de trouver quelque activité sédative. Et je dois dire que le jardinage (comme l’a fait remarquer Nanou dans son dernier commentaire) et l’observation de la nature ont des vertus thérapeutiques insoupçonnées.
Le seul avantage de la déprime post-électorale est qu’elle a toujours lieu au printemps, saison riche par excellence qui permet, par de belles observations chargées d’émotions, d’atténuer son vague-à-l’âme et d’espérer pouvoir remonter la pente. C’est vrai qu’à cette saison, les découvertes se succèdent les unes après les autres. Quelques exemples d’observations des derniers jours autour de notre maison (illustrés par des images puisées dans ma photothèque) :
Je continue de nourrir les écureuils qui viennent sur ma fenêtre. Il semblerait qu’il y ait actuellement cinq individus différents que j’observe tous les jours à moins de cinquante centimètres. Les noix que je mets à leur disposition attirent aussi certains oiseaux. Ainsi, jeudi dernier, j’ai eu la surprise de voir un geai des chênes à plusieurs reprises sur le rebord de la fenêtre. En quelques jours, il est devenu un hôte familier de la mangeoire.
Joëlle et moi avons eu la chance incroyable de voir un pic noir passer d’arbre en arbre derrière la maison (voir mon article du 11 mars que j’ai consacré à cet oiseau). En repensant aujourd’hui à son comportement un peu bizarre, j’ai la conviction qu’il était attiré par le manège des pics épeiches venant prendre les noisettes sur le rebord de la fenêtre. J’ai maintenant le secret espoir (pour ne pas dire le fantasme) de voir cet oiseau dans les semaines qui viennent à très très faible distance.
Depuis samedi, une fauvette des jardins chante à tue-tête dans la haie près de la maison. Avec la babillarde, la grisette et la tête noire, le pourtour de la maison accueille maintenant les quatres fauvettes franc-comtoises.
Le même jour, samedi soir, des petits hiboux moyens-ducs faisaient entendre leur cris plaintifs dans les arbres derrière la maison (on dirait un bruit de porte mal huilée). Il semble que 2007 soit une année exceptionnelle pour la reproduction de cette belle espèce.
Enfin, dimanche, j’ai eu la surprise d’entendre la huppe fasciée que je n’avais pas vue à Bussières depuis plus de vingt ans. Peut-être ne s’agissait-il que d’un oiseau de passage, en migration. Mais qui sait … ?
Sympa la fauvette des jardins. Sur ma liste « maison » actuelle (plus de 50 espèces en un an et demi et peu d’espoirs de voir le nombre augmenter de façon exponentielle), elle manque autant que la grisette… et bien d’autres ! Cumulant une situation géographique difficile (panorama très restreint) et l’absence de bien des milieux attractifs, il ne me reste qu’à espérer l’inattendu.
2007 m’a toutefois apporté la Locustelle tachetée : un bienfait du jeune taillis de robinier… elle n’a chanté que quelques minutes, et j’étais attablé sur ma terrasse.
Je te souhaite donc, Bernard, d’être présent lors du passage du grand pic !
Mais il faut admettre qu’entre Bussières et Texel… la puissance de l’observateur est relative !
« Une maison ne sera jamais pour moi ce qui s’entasse à l’intérieur, mais ce qu’on voit à ses fenêtres quand on y vit. »
(Christian Bobin, Prisonnier au berceau, Mercure de France, 2005)
LE GEAI
Le sous-préfet aux champs.
(Jules Renard, Histoires naturelles)
Un bon truc pour attirer les fauvettes : les groseilliers ! C’est comme ça que j’avais vu ma première fauvette grisette autour de la maison parentale mortuacienne, et elle revenait toutes les fins d’été se gorger des baies oubliées avec ses cousines à tête noire et des jardins…
Mais de là à rattraper Texel en densité de grisettes, je renonce d’avance !
Toutes ces observations sont fascinantes ! comme je t’envie !! …
Surtout pour le geai des chênes ! ! ! ! !
Moi qui lui « court » après depuis deux ans sans réussir réellement une belle photo… voilà qu’il vient manger jusque sous tes fenêtres !!! c’est insolent !!! lol
Pour la huppe fasciée c’est extraordinaire ici dans notre région, nan ?? en tous cas Emmanuel (qui intervient de tempsn temps sur ton blog) en a photographié une près de Morteau, Les Fins, etc… Peut être viendront-elles plus souvent et plus en nombre d’années en années « grâce » ou plutôt A CAUSE du réchauffement climatique ??? alors qu’elle est bien plus courante en descendant vers le Sud…
Pour le hiboux moyen-duc j’en garde un souvenir impérissable … mais là tu nous apprends qu’il y en a juste derrière chez toi !!!! Est-ce que c’est une espèce que tu avais déjà « recencé parmi celles passées chez toi dans ton jardin ou au dessus de ta maison ??… la fameuse liste de plus de 100 espèces différentes…
Et puis le Pic noir ça c’est effectivement une rencontre que j’aimerais un jour pouvoir faire même si je l’entend quelques fois lors de sorties dans certaines forêts comme celle de Fontain… jamais pu l’aperçevoir !!!
Ton « jardin » est un paradis des oiseaux et des écureuils et franchement je t’envie !!!!
Voici, par ordre alphabétique, la liste des 105 espèces d’oiseaux vues depuis la maison ou le jardin (dis Nico, tu pourrais me faire taper des textes moins longs !!!)
accenteur mouchet
alouette des champs
alouette lulu
autour des palombes
bergeronnette grise
bergeronnette des ruisseaux
bouvreuil pivoine
bruant jaune
bruant des roseaux
bruant zizi
bondrée apivore
buse variable
busard saint-martin
canard colvert
chardonneret
choucas des tours
chouette effraie
chouette hulotte
cigogne blanche
cigogne noire
corbeau freux
corneille noire
coucou gris
courlis cendré
cygne tuberculé
engoulevent d’Europe
épervier d’Europe
étourneau sansonnet
faisan de Colchide
faucon crécerelle
faucon hobereau
faucon pélerin
fauvette babillarde
fauvette à tête noire
fauvette des jardins
fauvette grisette
foulque macroule
geai des chênes
gobemouche gris
gobemouche noir
goéland argenté
grand corbeau
grand cormoran
grande aigrette
grimpereau des jardins
grive draine
grive litorne
grive mauvis
grive musicienne
gros-bec
guêpier d’Europe
héron bihoreau
héron cendré
hibou moyen-duc
hirondelle de fenêtre
hirondelle rustique
linotte mélodieuse
loriot d’Europe
martinet noir
merle noir
mésange à longue-queue
mésange bleue
mésange boréale
mésange charbonnière
mésange huppée
mésange noire
mésange nonnette
milan noir
milan royal
moineau domestique
moineau friquet
mouette rieuse
ouette d’Egypte
pic cendré
pic épeiche
pic mar
pic noir
pic vert
pie bavarde
pie-grièche écorcheur
pigeon ramier
pinson des arbres
pinson du nord
pipit farlouse
pouillot fitis
pouillot véloce
poule d’eau
râle d’eau
roitelet huppé
roitelet triple-bandeau
rossignol philimèle
rouge-gorge
rouge-queue à front blanc
rouge-queue noir
rousserolle effarvatte
serin cini
sittelle torchepot
tarin des aulnes
torcol fourmilier
tourterelle des bois
tourterelle turque
tarier pâtre
troglodyte mignon
verdier d’Europe
Tu as raison Nico, le réchauffement climatique pourrait bien favoriser la huppe dans notre région. On se console comme on peut !
Attention, un bruit de porle mal huilée qui grince, ce n’est pas forcément des jeunes moyens-ducs, ça peut-être tout simplement une porte effectivement mal huilée qui grince à cause d’un voleur qui est dans la maison. Je me dégage donc de toute responsabilité si mes propos devaient été pris à la lettre !
« Sous préfet aux champs », le Geai ?
Je ne vois pas trop ce qui lui faire dire ça, au bon Jules. Je le verrais bien plutôt – sans doute à cause de la grosse moustache, des cheveux en brosse décolorés et du bleu fluo sur les côtés – en « beauf » (à la Cabu), avec un joli survêtement.
La Huppe, en comparaison, quelle « classe » ! On dirait un Indien iroquois dans un smocking ! J’aime beaucoup !!!
La Huppe, version humaine, pour moi c’est ça (si mon lien est accepté malgré le départ de Bernard) :
http://www.telerama.fr/livres/M0607031149540.html
Non non, pas encore parti. Ce soir à 22 H !
Et là un rassemblement de jeunes Pics épeiches : http://www.osu.edu/atohiostate/images/photos/brutus.jpg
Un pic vert (jusqu’au bout de la mitraillette) : http://www.forces-speciales.org/images/unites-francaises/3e-rpima/Beret-rouge3.jpg
Et un maillot de Loriot, un !
http://www.sca-albi.fr/media/Shop/tee-shirt-jaune-noir.jpg
Le lien sur le loriot ne marche pas. Les trois autres m’ont bien fait rire.
Chacun ses goûts !
J’ai un petit faible pour la mésange charbonnière (http://images.forum-auto.com/mesimages/245508/laplussexy7.jpg)
Allez savoir pourquoi !!!
Quand on va voir le lien que propose Vincent pour illustrer la Huppe, on comprend mieux pourquoi on la dit « faciée »
Un macareux : http://funnynews.free.fr/photos/727.jpg
Un chardonneret : http://pr4y.free.fr/images/japanfan1.jpg
EN ECOUTANT LES OISEAUX
Oh ! quand donc aurez-vous fini, petits oiseaux,
De jaser au milieu des branches et des eaux,
Que nous nous expliquions et que je vous querelle ?
Rouge-gorge, verdier, fauvette, tourterelle,
Oiseaux, je vous entends, je vous connais. Sachez
Que je ne suis pas dupe, ô doux ténors cachés,
De votre mélodie et de votre langage.
Celle que j’aime est loin et pense à moi ; je gage,
O rossignol dont l’hymne, exquis et gracieux,
Donne un frémissement à l’astre dans les cieux,
Que ce que tu dis là, c’est le chant de son âme.
Vous guettez les soupirs de l’homme et de la femme,
Oiseaux ; quand nous aimons et quand nous triomphons,
Quand notre être, tous bas, s’exhale en chants profonds,
Vous, attentifs, parmi les bois inaccessibles,
Vous saisissez au vol ces strophes invisibles,
Et vous les répétez tout haut, comme de vous ;
Et vous mêlez pour rendre encor l’hymne plus doux,
A la chanson des coeurs, le battement des ailes ;
Si bien qu’on vous admire, écouteurs infidèles,
Et que le noir sapin murmure aux vieux tilleuls :
« Sont-ils charmants d’avoir trouvé cela tous seuls ! »
Et que l’eau, palpitant sous le chant qui l’effleure,
Baise avec un sanglot le beau saule qui pleure ;
Et que le dur tronc d’arbre a des airs attendris ;
Et que l’épervier rêve, oubliant la perdrix ;
Et que les loups s’en vont songer auprès des louves !
« Divin ! » dit le hibou ; le moineau dit : « Tu trouves ? »
Amour, lorsqu’en nos coeurs tu te réfugias,
L’oiseau vint y puiser ; ce sont des plagiats,
Ces chants qu’un rossignol, belles, prend sur vos bouches,
Qui font que les grands bois courbent leurs fronts farouches
Et que les lourds rochers, stupides et ravis,
Se penchent, les laissant piller le chènevis,
Et ne distinguent plus, dans leurs rêves étranges,
La langue des oiseaux de la langue des anges.
(Victor Hugo, Les contemplations)