Un dernier article, avant de prendre congés de ce blog, l’espace d’une dizaine de jours seulement. J’ai envie de revenir un dernière fois sur les présidentielles. Avec l’intention de rendre hommage à Ségolène Royal.
J’ai espéré jusqu’au dernier moment que les urnes parleraient différemment. Mais à y regarder de plus près, les jeux étaient presque faits d’avance. Finalement le résultat est plutôt logique.
Pendant cinq ans, le PS n’a rien foutu. Pas l’ébauche d’un programme. Rien. Seules les ambitions personnelles ont prévalu : « succéder au déserteur ». En voilà une ambition pour le pays !
Ségolène est arrivée avec probablement beaucoup d’ambition personnelle. On ne peut le lui reprocher. Pour faire de la politique, il faut avoir soit un égo demesuré, soit un très gros complexe à compenser. Je préfère l’égo au complexe de celui qui a une revanche à prendre sur la société.
On ne peut non plus reprocher à Ségolène Royal de ne pas s’être appuyée sur son parti. Vous rigolez ? Sur quel parti ? Un parti en cendres parce qu’il n’a pas fait l’inventaire des années Jospin. Il n’y avait aucun point d’appui possible dans ce panier de crabes laminé par les guerres intestines. Sans pouvoir bénéficer d’un vrai programme et avec des éléphants qui souhaitaient la défaite de la gazelle (cela ne fait aucun doute), Ségolène a fait ce qu’elle pouvait, c’est à dire en comptant avant tout sur elle-même et sur quelques proches. Elle a donc avancé seule avec le lot de maladresses que cela comporte (la presse a d’ailleurs été beaucoup plus encline à relever ses quelques fautes que les bourdes de Sarko). La grosse erreur de Ségolène Royal aura été, à un moment donné, de revenir vers les DSK, Hollande & Co. Elle n’avait pas compris (ou peut-être a-t-elle simplement douté de sa stratégie à un moment donné) que les français ne voulaient plus de cette génération-là. Dans un combat, on ne change jamais de stratégie. Ce fut sa faute.
Elle s’est retrouvée face à un Sarkozy qui avait quatre années de campagne d’avance et qui a probablement fait une campagne exemplaire, grâce d’une part à ses qualités personnelles exceptionnelles (son punch surtout, qu’il faut lui reconnaître) mais aussi grâce à des choses moins avouables, notamment le système de noyautage de la presse et de désinformation mis en place autour de lui.
Si l’on regarde tout ce qui a desservi Ségolène Royal (la campagne forcenée et réussie de Sarko, la désinformation du public, l’absence de programme du PS, les coups de poignards dans le dos ou l’inertie volontaire des vieux socialistes, les dérapages verbaux des machos, la déliquescence complète de la gauche de la gauche…), force est de reconnaître qu’en faisant passer la gauche de 35% au premier tour à 47% au 2ème tour, Ségolène a réussi un petit miracle. Ce petit tour de force, elle le doit à ses propres qualités d’abord (son courage avant tout) mais aussi, il faut le reconnaître, au front anti-Sarko qui s’est installé en fin de campagne.
S’il fallait que je garde une image, une seule, de cette campagne, c’est bien celle, lumineuse, de cette femme, entourée d’adversité, avançant avec courage et détermination vers son destin.
Mais revenons aux éléphants : DSK, Fabius, Lang, Hollande et Jospin. Il est évident qu’ils ont plombée Ségolène Royal, du début à la fin. Par le fait d’abord de n’avoir eu aucun programme à proposer à leur candidate. Mais aussi par le fait de ne pas l’avoir aidée ou, pire, d’avoir entravé sa marche. Jamais dans l’histoire des présidentielles, un candidat n’avait été aussi peu soutenu par son propre parti. Chacun des éléphants, pour des raisons personnelles ou pour des visées stratégiques à moyen terme (2012), a souhaité la défaite de sa candidate, c’est une véritable honte, le pire peut-être ayant été le PIRE (c’est l’abréviation que j’ai trouvé pour le Planqué de l’Ile de RE, je suis assez content de ma trouvaille).
Finalement, si Ségolène Royal méritait de gagner, le PS lui, méritait de perdre.
Juste un petit conseil à Ségolène pour finir. Face à une telle adversité dans son propre parti, il n’y a qu’une seule méthode qui vaille : la méthode Sarkozy, c’est à dire la méthode kärcher. « Vas-y Ségo, pulvérise-les avant qu’il ne reprennent le dessus. Beaucoup de gens sont avec toi. Mais le chemin sera long pour reconstruire ce qui est aujourd’hui en ruine ».