Il y a quelques mois, j’avais organisé pour les blogueurs qui fréquentent ce site une petite soirée « vidéos musicales en noir et blanc ». Bebo & Cigala, Arno, Trenet, Barbara et quelques autres étaient au rendez-vous.
Il y a quelques semaines, j’ai parlé des émissions de jazz que j’enregistrais sur la chaîne Mezzo. J’ai terriblement envie de faire connaître, au travers de ces émissions, les artistes qui font vivre le jazz d’aujourd’hui. Aussi, dans la continuité de la première soirée, j’organise une petite soirée vidéos consacrée à une douzaine d’artistes actuels de jazz. La soirée est prévue le vendredi 13 juillet, elle est ouverte à tous ceux qui fréquentent ce blog, connus ou inconnus. Je donnerai des précisions ultérieurement sur le déroulement de cette première soirée « Mezzo-Jazz » qui pourrait être suivie par d’autres.
Bonne idée !
Et si tu fais la soirée tomates en même temps, on aura les moyens d’exprimer simplement si on aime ou pas cette nouvelle scène de jazz !
Le mezzo-jazz, ou la nouvelle mezzo-thérapie : tu devrais faire breveter!
On connaissait déjà la fameuse espèce de Bernache Duponche, voilàt-y pas qu’on aura aussi la Bernache jazzeur …!
Et si votre plumage se rapporte à votre ramage, j’vous dis pas!
Bernache Duponche ou Jazzeur Boréal ?
J’en serai.
Ça me changera du rock’n’roll.
(suite sur Monk)
« Parmi les compositions de Thelonious Monk, une seule était une sorte de chanson dont les paroles auraient été effacées, Monk’s mood, qui commençait par : « Why do you evade facts ? » (Pourquoi refuses-tu les faits ?) Pourquoi cette certitude qui te sépare du réel ? Monk, les dix dernières années de sa vie, errait d’asiles psychiatriques en clubs de jazz où le plus souvent il s’asseyait au piano et restait des heures, sans jouer. Il avait un tic : il tenait son poing fermé à la façon du faux prêtre incarné par Robert Mitchum dans La Nuit du chasseur. Dans ce film, le prêcheur, comme le seigneur (ou comme le pianiste), a deux mains et, comme il n’est pas fou, mais seulement pervers, l’une ne sait pas ce que l’autre fait. Mais au lieu de LOVE ou HATE, Monk avait, dessinées sur le quatre articulations, les lettres de son nom : MONK. Et il lui arrivait de retourner sa main et de montrer, à l’envers, les lettres du mot KNOW (savoir). Ce mot est en miroir l’image du nom, comme dans certaines fugues dont le motif se déduit du précédent en inversant la symétrie entre la gauche et la droite, le haut et le bas : MONK KNOW(S). Monk sait. Il n’a plus besoin de dire, de parler, de questionner (plusieurs de ses plus belles compositions ont des titres interrogatifs : So what ? What is the thing called love ?). Il sait. Et il se tait. Or, être artiste et le demeurer, c’est, plus encore que pour l’homme ordinaire, se fier au non-savoir, vivre avec la « negative capability » dont parle le poète Keats. C’est chercher dans les plis de son oeuvre des réponses qu’on ne trouvera jamais. C’est savoir que tout savoir est borné par la mort. Le compositeur Bohuslav Martinu, à l’instant de mourir, aurait dit : « J’ai du chagrin pour vous qui allez rester, mais, pour moi, je ne regrette qu’une chose : je vais cesser d’apprendre. » Mourir, pour n’importe qui, c’est bien cela, cesser d’apprendre. Savoir. Quand Monk crut qu’il savait, il est mort. Mort à la musique tout d’abord, pendant les dix dernières années de sa vie, puis mort, mort tout court. Comme Nyiregyazy. »
(Michel Schneider, Musiques de nuit, Odile Jacob, 2001)