Je n’ai toujours pas d’accès à la Freebox. France Télécom dispose maintenant de sept jours pour répondre aux injonctions de Free. Mon attente peut donc durer encore une semaine. En attendant, je suis obligé d’aller squatter les ordinateurs des autres pour avoir accès à mon blog. Je viens d’y accèder après trois jours d’absence.
Très heureux de constater le retour du Russe. Merci à ceux qui ont pensé à mon anniversaire. Notamment à Ségolène qui est venue à Besançon spécialement ce jour-là. Mais bon, je n’aime pas la foule et je suis allé ce jeudi soir observer mes amis les blaireaux. Le spectacle était à la hauteur de mes espérances, il faudra que j’en parle prochainement. C’est étonnant comme cette absence de connection à internet m’a permis de recréer des liens plus forts avec la nature. Peut-être que cette pause était nécessaire.
Ce qui m’embête, c’est que la panne intervient au moment où commence la dernière ligne droite de la campagne présidentielle. Il y a tellement de choses à dire. Je suis très frustré par l’absence de vrais débats. Il n’y a pas un seul sujet qui tienne plus de vingt quatre heures. Ainsi en est-il de sujets essentiels comme l’Europe, de la 6ème République, de l’éducation nationale, de l’environnement … Les candidats sont pris dans une course effreinée que leurs imposent les médias et les citoyens.
Il me semble qu’il y a quelques dizaines d’années, les candidats étaient plus visionnaires, assénaient avec vigueur et conviction quelques idées fortes et le public pouvait imaginer comment ces grandes idées allaient se décliner par la suite. Aujourd’hui, on demande aux candidats de s’exprimer sur tout, c’est devenu très catégoriel, impossible pour chacun d’entre eux de maîtriser tous les sujets et de ne pas faire de gaffe. Le détail tue le général.
Qui, parmi les candidats, a aujourd’hui une vision globale de l’avenir. Qui leur demande d’ailleurs ? Mais les médias et le public ont parfois beau dos. N’est-ce pas aussi parce que l’avenir est très incertain que les candidats cachent, peut-être volontairement, leur impuissance derrière des montagnes de discours, éludant ainsi les vrais problèmes ?
J’espère pouvoir revenir rapidement sur ce blog. En attendant, je retourne à mes tomates et à mes blaireaux, vous laissant avec ce sujet de discussion.
Le sujet de la vision globale doit avoir un lien avec le sujet « Semblant de démocratie ». Effectivement, cette campagne présidentielle a voulu donner un semblant de démocratie participative, mouvement tant réclamé par l’opinion publique. Il n’en devient pas étonnant que les candidats soient interpellés sur tous les sujets, qu’ils doivent donner une réponse positive à chaque demande particulière et corporatiste (comme dans l’émission « J’ai 100 questions… ») et qu’ils doivent assurer un clientélisme acharné.
Dans une démocratie représentative, on aurait plus tendance à leur demander leur vision de la société et le débat se porterait certainement plus des sujets dits de fonds.
Peut être les candidats ont une vision de fonds de la nation et de la société; faire de la politique reste intrinsèquement une vision de la société. Mais ils n’ont pas intérêt à l’exprimer car ce n’est pas ce qui est demandé par le public, les média en feraient une interprétation polémiste (regardez comment des propos de sociétés sont sortis de leur contexte, interprétés, amplifiés et déformés… et en rien analysés).
La démocratie participative demande certainement un niveau de maturité, de responsabilité et de discernement élevé de la part de tous. C’est le premier enjeu de cette démocratie participative et pas forcément comment elle peut s’appliquer.
Après avoir écrit un message de 7 paragraphes et l’avoir perdu pour une erreur dans le code de sécurité, il est difficile de se motiver à nouveau. Je serai donc sans doute plus bref et surtout plus brouillon.
A 19 ans, les seules présidentielles que j’ai pu suivre sont celles qui ont vu couronner Jacques Chirac… sans doute pas ce qui se fait de mieux comme visionnaire.
Je ne pense pas que les candidats cherchent aujourd’hui à cacher leur vision du monde de demain, l’avenir que veut pour nous Sarkozy, celui que recherche l’extrême droite, l’idéal auquel aspirent les verts ou ce que nous propose Ségolène Royal est assez clair dans mon esprit même si cela n’a peut être pas été énoncé clairement. J’avoue que pour Bayrou, et les partis communistes l’idée que je m’en fait est beaucoup plus flou. (Encore que pour Bayrou le flou ne soit cinétique que dans un référentiel terrestre).
J’ai regardé cette après midi sur Dailymotion l’émission ripostes qui avait été enregistrée lorsque Ségolène Royal en était l’invitée. Je crus au début de l’émission que l’on s’acheminait vers cette vision globale, mais [et là ma lisibilité souffre de mon manque de motivation pour tout réécrire] très vite et sans doute trop vite, les questions à la « concrètement quelles seront vos premières mesures ? » tombent et on impose à la candidate de rester dans l’annonce stérile de petit projets, comme si l’intégralité d’un mandat était écrit d’avance sous la forme d’une petite liste de mesures. Je fait peut être fausse route et voit peut être dans un flou de début de campagne (car l’émission date un peu) une tentative de voir plus loin mais j’aurais aimé que l’on repousse ce couperet de la mesure concrète.
Ma colère contre les médias s’est récemment amplifiée au lendemain du meeting de Ségolène Royal à Besançon jeudi dernier. J’ai assisté aux différents discours (d’ailleurs je te remercie Bernard d’avoir choisi d’aller voir des blaireaux ailleurs, ça aurait pu être vexant ), trouvé Vincent Paillon particulièrement énergique (trop?, je ne sais pas), […] et j’ai trouvé l’intervention de Ségolène Royal assez différente de celles des autres intervenants (P. Moscovici, D. Sommer, J.L. Fousseret et V. Paillon), bien que moins rythmée elle apportait bien sur qq attaques contre le programme de l’UMP, mais surtout une présentation de l’esprit de son programme. La critique de la déresponsabilisation des pédophiles et du fatalisme que l’on ne voulais pas accepter (Je ne me souvient plus des mots exacts mais c’est bien le sens que j’en ai retiré) n’était pas tombée dans la facilité de l’excès. Bien sur c’est un meeting de fin de campagne et il contient plus des rappels destinés à des gens qui pour la plupart connaissent déjà le programme présenté et un tel discours ne sera pas une réflexion sur le fond du programme mais il y avait tout de même qqch de plus que ce que l’on voit d’habitude.
Le lendemain matin me réveillant sur les informations d’Europe 2, je suis restez sans voix devant le résumé fait de l’intervention de Ségolène Royal à Besançon. On ne retenait que les « attaques contre Sarkozy » qui il faut le noter étaient faites contre son programme et les mises en gardes contre Bayrou qui n’était pas du fait de Ségolène Royal. Je ne me faisait pas réellement d’illusions sur ce que pouvait être un résumé rapide dans un journal (qu’il soit télévisé ou radiodiffusé) aussi court mais je me mets à la place de celui qui ne fait pas l’effort de s’informer justement de regarder les différentes propositions faites, il ne voit que de la violence verbale entre les candidats parfois inventée pour la cause publicitaire de ce qu’ils osent appeler information.
Je sais bien que les gens qui réagissent ici ont fait l’effort d’être informé et que ce que j’avance là n’est pas une nouveauté mais maintenant que l’on s’interroge sur la vision du monde à venir des candidats, que l’on se demande si ils la cachent, je ne le pense pas, ils la lustrent bien sur mais qu’elle qu’elle soit cette vision n’est transmise par les médias que si elle est violente. On voit alors des gens penser que Sarkozy et Le Pen sont les seuls à proposer qqch alors que ce sont simplement ceux (avec qq Devilliers, …) qui proposent des solutions violentes.
Ce n’est peut être pas constructif d’accuser les médias et peut être ne sont ils pas directement responsables de cette sous information, sans doute la conception actuelle de l’information est elle même erronée, je me souviens d’un article du monde qui traitais de la grande illusion qu’a véhiculé la télévision en faisant croire au gens que l’on pouvait s’informer de manière passive et sans efforts. Dénoncer ce genre d’abus ne sous entend pas seulement accuser les médias mais inviter leur audience à chercher plus loin.
Je termine maintenant en m’écartant du sujet et en vous fournissant qq liens en rapport avec la campagne :
Les vidéos du meeting de Besançon malheureusement largement coupées :
http://segobesac.canalblog.com/
Une vidéo de Gérard Miller qui date un peu et que vous avez peut être déjà vu mais qui dans le cas contraire mérite d’être regardée.
http://www.dailymotion.com/video/x1bevi_gerard-miller-soutient-segolene-roy
Suite aux nombreuses attaques qu’ont subies les libertés numériques et de la presse en France, reporters sans frontières (RSF) avait été amené à écrire une lettre ouverte aux candidats, leur réponse est publiée sur le site de la ligue odébi.
http://www.odebi.org
L’association pour la promotion et la recherche en informatique libre (APRIL) dont je suis membre depuis peu a fournit a chaque candidat un questionnaire détaillé traitant de l’avenir des droits numériques en France, de l’enseignement de l’informatique, du système de brevets européens, ….
Le questionnaire et les réponses fournies par chacun des candidats ayant rendu la copie, a savoir tous sauf MM De Villiers, Nihous, Sarkozy et Schivardi (Le représentant de Nicolas Sarkozy, Bernard Carayon, s’était engagé lors du salon « Solutions Linux 2007 » à ce que le candidat UMP réponde au questionnaire)
http://www.candidats.fr
J’espère n’avoir pas dit trop de bêtise et avoir élagué mon message là ou il le fallait.
En effet Sc (je peux t’appeller Sc?) la question que pose la mise en avant de la démocratie partcipative est celle de la responsabilité absolue du citoyen.
On l’a bien compris au niveau religieux, l’infantilisation et la déresponsabilisation du croyant permettent de maintenir un jeu de pouvoir clérical. C’est un peu ce qui s’est passé au niveau politique je crois. La fin de la seconde guerre mondiale semble avoir été un moment-clef ou de grosses décisions ont été prises, profitant de l’effet de choc, bien sûr, de cinq années de guerre et des découvertes relayées par vidéos des « détails de l’Histoire » qui ont profondément traumatisé, je crois, l’Humanité (pas le journal, hein).
Et l’onde de choc américaine de 1968, où la minorité (sexuelle, raciale) demande ou l’abolition du concept de minorité, ou la reconnaissance de ses pleins-droits, quand elle touche l’Europe, va très vite se radicaliser en une quête individuelle de la satisfaction (ce qui est loin d’être un mal) plutôt qu’en un mouvement politisé de transformation de la société. Ce mouvement, on l’a laissé à d’autres, qui ne se sont pas privés pour y imprimer le leur propre. Je pense bine sûr à l’économie de marché et son souteneur philosophique, le libéralisme.
En fait, je ne peux pas m’empêcher de penser, étant né en 1979, que la génération de mes parents va devoir un jour ou l’autre expliquer pourquoi elle a laissé faire. Je ne parle pas du tout des initiatives individuelles qui sont allées avec bonheur dans un sens différent du libéralisme dominant, sourd à l’humain. Qui vient sur ce blog est à n’en pas douter assez au fait des choses, ce n’est pas une querelle de personnes ou une querelle « générationnelle » que je veux mettre en place, c’est une réelle interrogation, et je me dis qu’il y aura aussi un jour, peut-être, un petit africain qui viendra me voir et me demandera « mais tu savais, pourquoi as-tu laissé faire? », comme je le demande aujourd’hui à la génération d’avant, comme probablement les fils du babyboom allemand l’ont demandé à leurs parents…
On s’est fait dépossédés, déresponsabilisés, et on n’a rien fait.
Et on continue.
La patience est vraiment la vertu maîtresse de l’humanité.
Et au sujet du chti bug de ton internet nanard, ça nous rappelle aussi que les accidents servent toujours à quelque chose!
(on ne va pas en conclure forcément que la doctrine qui commande de soigner le mal par le mal recomandasse que La Peine soit élue au second tour!)
Tout dire sur tout, répondre immédiatement à des questions essentielles, mettre à jour tous les jours, être informé ou déformé en permanence, recueillir des montagnes de sons, d’images, mais plus d’odeurs ni de goûts, ne pas pouvoir s’exprimer plus de trente secondes… voilà bien l’homme moderne enfermé par ses propres outils, la com…
Ce qui devait nous permettre de gagner du temps et de la santé nous oblige en fait à répondre plus vite : fax, mail, bib, crac, boum, hue !
Et hop, celui qui au mieux s’arrange avec ce fourbi, acquiert le dernier bijou technologique, sort son palm au moment où vous vous demandez ce que vous faites là… STOP !!!
Ras le bol de cet état d’urgence alors que les urgences ne sont pas traitées, ou sont encombrées… donc doivent attendre.
Ras le bol de ceux qui prétendent savoir répondre à tout tout de suite car il croient connaître le monde, ils n’en savent que les vapeurs.
Dommage que peu soient capables dans cette effervescence de préparer tranquillement des idées mûres, réfléchies, macérées… autant qu’une bonne bière serait le minimum.
Loin de cela, ceux qui devraient réfléchir, calmer le jeu (et ce n’en est pas un), nous imposent encore le sprint de leur pensée toujours à bout de souffle.
Marre : la plupart de nos urgences, la plupart de nos projets, et la plupart des bonnes idées demandent du temps, du travail, celui que l’on nous promet, et que l’on ne voit pas à l’oeuvre.
Je crains que ce soit cela la démocratie participative : allez-y participez, de toute façon, le projet est déjà lancé, d’ailleurs il est parti tout seul, nous n’avons même pas eu à y réfléchir, et soyez-en sûrs : il ne reviendra jamais ! Mais vous aurez eu l’impression d’exister.
Nos chers candidats souffrent comme nous de constater à quel point la profondeur et la puissance de leurs pensée est faible, combien la tâche est rude et longue, mais feignent de nous donner une solution rapide, facile, vendable…
Tout cela ne mérite donc pas un débat, cela réclamerait un peu plus que des réponses hâtives et vides.
Mais sans doute y at-il là-dedans une forme d’honnêteté : celle de nous épargner une très grande vulgarité ! Ne sont-ils pas gentils ?
Alors vous, utiles ou pas utiles ?! Serez-vous prêts à causer le bout de gras avec le ti-Africain ? Très bonne question que celle posée par le Russe : quel engagement ?
Et si au fond, pour penser, il fallait faire plus de place au silence ?
Dis, Dupdup, à force de parler de Sarko, ça serait pas lui qui t’aurait coupé la freebox ?
« Ce fut, à tout prendre, une belle campagne ! Mais au moment de voter, ce n’est plus sur les programmes qu’il faut se déterminer, mais sur les candidats : chaque électeur doit décider quel bulletin mettre dans l’urne ; et dans les derniers jours, s’il est logique, l’electeur fera les trois constatations suivantes :
1. Seuls trois candidats sur les douze peuvent être élus : François Bayrou, Ségolène Royal , Nicolas Sarkozy. Ce sont les seuls « présidentiables ».
2. Aucun de ces trois présidentiables n’est assuré de figurer au second tour ; et un non présidentiable, Jean Marie Le Pen, peut même, lui-aussi, figurer au second tour.
3. Chacun doit voter au premier tour en tenant compte de ce qu’il souhaite être le résultat du second.
Il en découlera une division des électeurs en trois catégories :
Celui qui considère comme essentiel de faire élire un des trois présidentiables doit voter pour celui-ci dès le première tour, pour ne pas prendre le risque de le voir éliminé par les deux autres.
Celui pour qui la première priorité est d’éviter qu’un des trois présidentiables soit élu doit voter dès le premier tour pour celui des deux autres présidentiables qui lui semble le mieux capable de battre celui qu’il ne veut voir en aucune circonstance s’installer à l’Elysée.
Seul l’électeur pour qui l’élection de l’un quelconque des trois présidentiables n’est pas une catastrophe peut se permettre de voter au premier tour pour un des neufs candidats qui n’a aucune chance d’être élu. Il envoie ainsi au futur président, quel qu’il soit, un signal sur la couleur politique réelle du pays, mais il ne pourra pas se plaindre si le présidentiable qui aurait eu ses faveurs n’est même pas au second tour.
Si les électeurs se comportaient aussi logiquement, le résultat de l’élection serait déjà connu : un quart des électeurs semblent considérer que le plus important pour eux n’est pas le résultat final mais l’expression de leur préférence au premier tour. Moins d’un quart des Français souhaite vraiment l’élection de chacun des trois présidentiables. Deux moitiés de Français souhaitent chacune la défaite d’un parmi deux des présidentiables, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Enfin, ces deux moitiés pensent que le troisième présidentiable, François Bayrou, est le mieux à même de battre celui des deux autres qu’ils veulent voir éliminer.
En conséquence, logiquement, ce troisième présidentiable devrait être élu. Mais comme le pays de Descartes est aussi celui de Pascal, je ne me risquerai pas à un pari… »
j@attali.com
Ca me paraît d’une logique imparable, ce texte d’Attali.
Pas sûre d’avoir envie d’être cartésienne sur ce coup-là…
Cette « logique implacable » je l’entends comme ça :
Qu’est-ce qui compte le plus : que Royal soit au second tour ou que Sarkozy ne soit pas élu ?
Quelle que soit ton « envie », Anne, en choisissant le bulletin que tu mettras dans l’urne, tu décideras forcément ta préférence : la valeur que tu places au-dessus de l’autre.
Cette logique ne s’applique qu’à la condition d’être certain qu’en cas de second tour Sarkozy / Royal, Sarkozy l’emporterait. Or, c’est probable… mais pas sûr.
Il manque aussi une dimension à cette « équation », complémentaire de l’envie de voir Royal au second tour : Ne pas voir à nouveau deux candidats de droite au second tour.
Quelqu’un a t’il vu des sondages (et leurs résultats) sur un second tour Royal / Bayrou ? (On peut aussi rêver, non ?)
Un petit truc bassement pratique et qui n’a rien à voir avec les élections :
Pour faire un « Ç », il suffit d’appuyer sur la touche Alt et, tout en la maintenant enfoncée, de taper successivement sur le clavier numérique 0 1 9 9.
Extrait du blog de Christophe Barbier (éditorialiste à l’Express) :
17 avril 2007
Les vrais sondages du ministère de l’Intérieur
Les RG n’ont pas, assurent-ils organisé de sondage sur le premier tour de la présidentielle. Celui qu’a rendu public le site du Nouvel Obs n’était, dit-on côté police, que des bribes de renseignements sans valeur scientifique.
En revanche, les préfets ont collecté des données il y a quinze jours et les ont recoupées. Dans les plus gros départements, le travail préfectoral est même plus que sérieux, fondé sur de larges échantillons. Le résultat de ce sondage donne un duo Sarkozy-Royal autour de 25%, sans pouvoir dire lequel des deux sera en tête le 22 avril au soir. Comme les préfets « soignent » toujours le pouvoir en place, on peut penser qu’il y a un léger avantage Royal.
Le Pen et Bayrou sont dans un mouchoir de poche autour de 16%, c’est à dire que Bayrou est plus bas et Le Pen plus haut que ne le mesurent les instituts classiques.
Les préfets sont en train de procéder à une nouvelle étude de terrain, dont les résultats seront transmis au pouvoir mercredi soir ou jeudi…
Prenez ,s’il vous plaît, le temps de lire ce beau texte… Merci.
Rebonds
Avec elle, nous devons contribuer à mettre au monde un meilleur monde.
Pour Ségolène Royal
Par Ariane MNOUCHKINE
QUOTIDIEN : mercredi 11 avril 2007
Ariane Mnouchkine metteur en scène
Je voudrais vous parler de sentiments. Car lors d’une élection présidentielle, et pour celle-ci plus que pour toute autre, il s’agit aussi de sentiments. Il s’agit d’étonnement d’abord, d’espoir, de confiance, de méfiance, de craintes, et de courage aussi. Il s’agit surtout, je crois, d’un sentiment de genèse. Je n’ai jamais cru que la Genèse fut terminée. Petite fille, je pensais même qu’une fois grande personne, je serais fermement conviée à y participer. Et comme, à l’époque, aucun adulte autour de moi ne s’est cru autorisé à me détromper, je le pense toujours.
Certains hommes, certaines femmes, savent mieux que d’autres nous rappeler à notre droit et à notre devoir de contribuer à cette genèse, à cette mise au monde d’un meilleur monde. D’un meilleur pays, d’une meilleure ville, d’un meilleur quartier, d’une meilleure rue, d’un meilleur immeuble. D’un meilleur théâtre. Mieux que d’autres, par leur détermination, leur sincérité, leur intelligence, leur audace, ils nous incitent à entamer ou à reprendre avec joie un combat juste, urgent, possible.
Pour libérer cet élan, il ne doit y avoir chez les prétendants aucune forfanterie, aucune vulgarité de comportement, aucun mépris de l’adversaire. Aucune enflure pathologique de l’amour du moi. Aucune clownerie de bas étage, aucun double langage. Aucune mauvaise foi. Non, il doit y avoir une terreur sacrée. Oui. Ils doivent être saisis d’une terreur sacrée devant le poids écrasant de la responsabilité qu’ils ambitionnent de porter, devant l’attente du peuple dont ils quémandent le suffrage. Oui, il faut qu’ils tremblent de la terreur de nous décevoir. Or, pour cela, il leur faut de l’orgueil. Car sans orgueil, pas de honte. Pas de vergogne.
Que de fois, ces jours-ci, je me suis exclamée : «Oh ! Il est vraiment sans vergogne, celui-là.» Eh bien, moi, j’espère, je crois, je sais que Ségolène Royal a de la vergogne et donc qu’elle est capable de grande honte si, une fois élue, elle ne réussissait pas à nous entraîner tous, où que nous soyons, du plus important des ministères jusqu’à la plus humble classe de la plus petite école de France, dans cet herculéen travail qui nous attend et qui consistera à recoudre, à retisser même par endroits, et à poursuivre la formidable tapisserie qu’est la société française. Cet imparfait, cet inachevé mais si précieux ouvrage que, par pure ou plutôt par impure stratégie de conquête du pouvoir, Nicolas Sarkozy et ses associés s’acharnent à déchirer.
Donc, contre la pauvreté, contre le communautarisme, pour la laïcité, pour la rénovation de nos institutions, contre l’échec scolaire, et donc pour la culture, pour l’éducation, et donc pour la culture, pour la recherche, et donc pour la culture, pour la préservation de la seule planète vivante connue jusqu’à ce jour, pour une gestion plus vertueuse, plus humaine, donc plus efficace des entreprises, pour l’Europe, pour une solidarité vraie, qu’on pourrait enfin nommer fraternité et qui ne s’arrêterait pas à une misérable frontière mais s’étendrait bien au-delà de la mer, bref, pour une nouvelle pratique de la politique, c’est un immense chantier que cette femme, eh oui, cette femme, nous invite à mettre en oeuvre. Et moi, je vote pour ce chantier.
Son adversaire surexcité veut nous vendre un hypermarché très bien situé, remarquez, juste en face de la caserne des CRS, elle-même mitoyenne du nouveau Casino des Jeux concédé à ses amis lorsqu’il était ministre tandis qu’un troisième… celui-là, à part être président, j’ai du mal à comprendre ce qu’il veut pour nous. Une hibernation tranquille, peut-être ? Pendant ce temps, celui que bien imprudemment certains s’obstinent à classer quatrième alors qu’il y a cinq ans… vous vous souvenez ?
O nos visages blêmes, nos mains sur nos bouches tremblantes et nos yeux pleins de larmes. O ce jour-là nos visages… les avons-nous déjà oubliés ? La honte de ce jour-là, l’avons-nous déjà oubliée ? Voulez-vous les revoir, ces visages ? Moi, non.
Voilà pourquoi, même si je respecte leurs convictions, et en partage plus d’une, je ne veux pas que ceux qui pratiquent l’opposition radicale, jusqu’à en prôner la professionnalisation durable, nous entraînent dans leur noble impuissance.
Voilà pourquoi je pense que nous, le soir, dans nos dîners, devons cesser nos tergiversations de précieux ridicules. C’est du luxe. Un luxe insolent aujourd’hui. Beaucoup dans ce pays ne peuvent se le payer. Ils souffrent. Ils sont mal logés, ou pas logés. Ils mangent mal. Ils sont mal soignés, ne connaissent pas leurs droits, donc n’ont droit à rien. Ni lunettes, ni dents, ni vacances, ni outils de culture. Leurs enfants n’héritent que de leur seule fragilité. Ils souffrent. Ils sont humiliés. Ils ne veulent pas, ils ne peuvent pas, eux, passer un tour. Encore un tour. Jamais leur tour.
Dépêchons-nous. Il y a du monde qui attend. Allons-y, bon sang ! Vite ! Cette femme, eh oui, cette femme porte nos couleurs, elle les porte vaillamment, courageusement, noblement. Et quand je dis couleurs, je ne parle pas des seules trois couleurs de notre drapeau. Je parle des couleurs de la France, celle que j’aime, celle de la citoyenneté vigilante, de la compassion pour les faibles, de la sévérité pour les puissants, de son amour intelligent de la jeunesse, de son hospitalité respectueuse et exigeante. Je parle des couleurs de l’Europe, à qui nous manquons et qui nous manque. Voilà pourquoi je vote pour les travaux d’Hercule, je vote pour Ségolène Royal, et je signe son pacte.
J’aime beaucoup ce texte d’Ariane Mnouchkine.
Le dernier sondage de CSA (le dernier en date parmi tous ceux publiés) donne 50-50 pour le deuxième tour Sarko-Royal. Arrêtons donc de dire que seul Bayrou peut battre Sarkozy. Elle en est plus que largement capable !