LE COIN DU JARDINIER (18)
Celui qui pense que la nature est idéale, idyllique, n’a qu’à se faire jardinier. Il retombera peut-être de haut. Il verra qu’il n’y a rien d’acquis et qu’il y a continuellement une lutte permanente entre les êtres vivants. Il en est ainsi entre le jardinier et les autres animaux amateurs de végétaux. Sept pommiers en espaliers que je cultivais amoureusement viennent d’en faire les frais. Les dents des rongeurs sont trop bien aiguisées pour que l’écorce des jeunes arbres leur résiste. Je trouve les campagnols terrestres que j’hébergeais jusqu’à présent dans mon jardin bien ingrats. Ou alors est-ce eux qui me considèrent, peut-être avec raison, comme un intrus !
Il faut beaucoup de constance et de persévérance pour devenir jardiner et on peut facilement céder au découragement.
Heureusement, le jardin réserve aussi beaucoup de satisfactions. Ainsi, mes tomates vont à merveille et me promettent déjà de fructueuses récoltes. Comme chaque année, les premières seront consommées dès le mois de juin, les dernières fin octobre. Là où les jardiniers dits « normaux » se bornent à manger des tomates pendant deux mois de l’année, les jardiniers passionnés arriveront, quant à eux, à doubler la période de production.
Chaque jardinier possède sa propre recette, son petit truc, qui lui permettra de dépasser les limites habituelles. Le jardinier digne de ce nom n’est jamais avare de renseignements, il aime confier à d’autres les petites astuces qu’il a trouvées seul ou glanées au fil de ses longues années de jardinage.
Pour arriver à produire des tomates sur une longue période, je cultive en général deux générations de tomates. La première est semée très tôt, pendant la première quinzaine de février. Les graines sont placées dans du terreau humide au chaud, dans le salon, à peine recouvertes de terre. Dès qu’elles germent, je les transplante dans ma serre. En aucun cas, elles ne peuvent rester dans la maison, l’excès de chaleur et le manque de lumière les feront grandir trop vite et les pieds seront trop frêles. Lorsque la température risque de descendre sous zéro, j’allume dans la serre une petite lampe au kerdane, ça ne consomme pas grand chose (20 litres par an me suffisent), il ne s’agit pas de chauffer la serre mais juste de garder une température positive. Au bout d’une semaine seulement, je sépare délicatement les plantules et les mets dans des godets individuels. Je transplante à plusieurs reprises les pieds de tomates dans des pots de plus en plus grands au fur et à mesure qu’ils grossissent. C’est l’une des conditions indispensables pour avoir de beaux pieds de tomates. C’est comme une tortue aquatique dans un aquarium, elle ne grossit que lorsqu’on la place dans un récipient plus gros !
Je transplante les pieds de tomate en pleine terre dès la fin mars ou le début avril. C’est très tôt mais je les préserve du gel grâce à un dispositif astucieux que l’on appelle Wallo Water. Grâce à ce procédé ingénieux, les plantes pourront résister en théorie jusqu’à – 10°C (je l’ai déjà constaté de visu jusqu’à – 6°C).
Le Wallo Water est un épais film plastique formé d’alvéoles que l’on remplit d’eau. Cette muraille aquatique créera en son sein une petite chambre intérieure douce préservée du froid qui permettra à la plante de se développer.
J’enlève cette protection lorsque les gelées ne sont plus à craindre, le plus souvent fin avril (exceptionnellement le 15 avril cette année). La production de tomates de la saison 2007 s’annonce d’ores et déjà exceptionnelle si j’en juge par la taille des quelques tomates que j’ai déjà (photo réalisée hier).
Les pieds de tomates sont en général épuisés à l’automne et contractent facilement le mildiou. Les jeunes plants résistent par contre nettement mieux. C’est pour cette raison que je sème une nouvelle génération de tomates courant juin, celles-ci sont généralement moins sensibles au mildiou à l’automne (je dis bien « en général » car il arrive parfois que ça ne marche pas, les attaques par le mildiou sont difficiles à comprendre).
Lors d’un précédent article, j’avais annoncé une rencontre physique entre les personnes qui fréquentent ce blog, autour d’une dégustation de tomates. La date définitive est le mardi 21 août à 18H30. Si chacun amène un petit truc à grignoter et une bouteille, la soirée pourra se prolonger … ! 25 variétés de tomates vous attendent ce soir-là.