Géant parmi les pics, le pic noir est l’un des oiseaux forestiers les plus spectaculaires. Dans son livre consacré aux passereaux, Paul Géroudet écrit que le pic noir est « une expression des forces primitives de la forêt ».
Lorsque j’ai aménagé il y a six ans, la présence du pic noir dans la forêt derrière la maison a été l’une de mes plus grandes satisfactions (il est vrai que j’ai la chance rare d’avoir autour de la maison toutes les espèces de pics qui nichent dans le département de Haute-Saône : pic épeiche, pic mar, pic épeichette, pic vert, pic noir, pic cendré et torcol).
Mais depuis six ans, je me désespérais d’entendre le tambourinage du pic noir. Le tambourinage est considéré comme un chant, il est obtenu par martèlement du bec de l’oiseau contre un tronc d’arbre, au rythme de plusieurs fois pas seconde. J’entends à longueur d’année les cris de l’oiseau, des kvik, des khlick, des kyak, des klicka, des kouikouikouikoui mais jamais un seul tambourinage.
J’ai fini pas penser que j’avais affaire à un pic noir anormal, d’autant que Géroudet parle d’une vingtaine de tambourinages par jour en période de nidification et que « le mien » n’avait jamais daigné s’exprimer, ne serait-ce qu’une seule fois, en six ans. Et puis ce matin vers huit heures, miracle, une véritable rafale de mitraillette, ou plutôt un énorme roulement de tambour, a retenti dans la forêt, à trois reprises. Magique et puissant. D’autant que l’oiseau était très proche, à une cinquantaine de mètres seulement de la maison.
Voilà, c’était mon petit plaisir du dimanche matin.
Paul Géroudet dit aussi :
Il ne faut pas confondre le tambourinage avec le martèlement, dont les coups espacés sur le bois ont pour but ordinaire d’obtenir de la nourriture ou de creuser. L’action est toute différente : le Pic, agrippé devant une branche sèche, frappe violemment et le bec rebondit dans un va-et-vient si rapide que la tête paraît floue, comme un ressort en vibration. Le bruit produit étonne par sa résonance et son rythme précipité ; il est certain que le son obtenu par la percussion est encore amplifié par la consistance et la vibration harmonique du bois lui-même. Le tambour choisi est souvent un rameau mort ou creux, un moignon de branche, ou toute autre partie de l’arbre dont le bois dur et sec est dépourvu d’écorce ; le Pic en utilise plusieurs avec prédilection, tout en s’essayant un peu partout. Ne va-t-il pas jusqu’à tambouriner sur des plaques de métal, garnitures de toit, antennes, capuchons de poteaux, etc. dont la bruyante sonorité paraît lui procurer un plaisir extrême ! Chaque espèce a sa « musique » caractéristique, par la longueur, le rythme, l’amplitude uniforme ou accélérée, tandis que l’intensité et la qualité du son varient d’un tambour à l’autre.
Quand je serai grande, j’habiterai une maison, avec des tas d’fenêtres, avec presque pas d’murs, et j’observerai les oiseaux depuis chez moi.
Belle expérience auditive que celle que tu nous fais partager-là.
Mais, au fait, l’as tu pris en photo ?? ce matin ou un autre jour ?? … as tu réussi à le photographier dans le périmètre de chez toi ??
Je n’ai pris le pic noir en photo qu’à une seule reprise, il y a une dizaine d’années. Voir sur ma galerie d’image :
http://www.leblogadupdup.org/gallery/les-pics/pic-noir-01.jpg
J’ai essayé d’insérer une photo dans mon article, mais j’ai un petit problème technique. Toutes les photos que je mets pixellisent depuis quelques jours, j’ai donc dû me résoudre à enlever la photo de pic noir que j’avais mise ce matin sur mon article. Il faut absolument que je résolve ce problème technique.
On sait maintenant un peu mieux quel animal en lui réveille le bricoleur du dimanche qui met sa casquette rouge et tape sur ses rondins de bois ou plante des clous devant sa belle ?
Il me semblait bien que le Pic noir allait s’approcher, un jour, de l’Arche des Dupdup !!!
Comment a-t-il pu méconnaitre ce petit paradis pour oiseaux à la recherche d’un abri sûr ou d’une provende salutaire ?
Pour ma part, j’ai un faible pour ce bel oiseau ; la variété de son répertoire sonore est un vrai bonheur ; j’aime bien quand il « klu-klute » et lorsqu’il finit ses phrases par un « kièhhhhh » plaintif.
Son tambourinage puissant est audible à plus de 3 km dit-on.
Il niche dans une cavité creusée dans un arbre ; l’orifice d’entrée mesure environ 10 cm de diamètre !!!
Rappelons qu’il n’a pas un vol ondulant comme la plupart des pics et que le mâle a un calotte rouge beaucoup plus large que la femelle (mais la photo de Bernard peut mieux le montrer qu’un long discours).
Oiseau relativement rare en plaine il y a 25 ans, il semblerait qu’il soit en progression depuis quelques années.
Il ne méconnaissait pas, il était sans voix. Enfin, sans tambours mais avec trompettes, si j’ai bien suivi.
J’aime bien le verbe klu-kluter. Et dire que le pic noir est au klu klu clan…
Sinon, je me demande si l’expansion du grand pic ne sera pas de courte durée, quand je vois passer des cartes prospectives (ça se dit comme ça, j’ai un doute ?) de la répartition du hêtre avec le réchauffement climatique…
Ciao
Luc
T’en as d’la chance d’avoir autant de pics différents autour de chez toi!!
Moi, ce qui m’a toujours sidéré(e) (héhé… on attendra le jour des tomates pour divulguer si ya un « e » ou pas…!)… c’est la longueur de leur langue!!!
Le jour où j’ai ramassé un pic qui s’était assommé contre une fenêtre, j’ai dû ouvrir des yeux comme des soucoupes en voyant la taille…!
Bon, j’avais un dizaine d’années… c’est peut-être pour ça que ça m’a traumatisé(e)…
Pour répondre à Serenense, je pense que si l’expansion du pic noir devait s’arrêter aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’elle aura été de courte durée, elle aura duré finalement une bonne partie du 20ème siècle. Cela fait plusieurs dizaines d’années qu’il s’est installé en plaine. Yeatmann signale que dans la littérature du 19ème siècle, il n’y a aucune trace de présence du pic noir en plaine et qu’il était à l’époque un oiseau exclusivement d’altitude. Il a gagné l’ouest à raison d’un département par an en moyenne et je crois qu’il est aujourd’hui présent dans une bonne partie de la France. Celà dit, c’est vrai que, ramené à l’échelle géologique, un siècle c’est une durée très courte.
Effectivement, il y a de quoi se faire du souci avec les modifications climatiques en cours.
J’aurais peut-être dû préciser dans mon article que sur la page qui présente le pic noir (voir le lien que j’avais mis), on peut écouter en ligne le tambourinage de l’oiseau.
Voici un lien également avec ma gallerie d’images consacrée aux pics et sur laquelle il y a une photo de pic noir :
http://www.leblogadupdup.org/gallery/les-pics/
En écoutant ce matin les oiseaux qui chantent derrière la maison (donc dans la friche au nord), j’ai pu entendre clairement le Pouillot véloce, la Grive musicienne, l’Accenteur mouchet ainsi que le Rougegorge familier, le Merle noir. Il était 6 h 15.
Une seule fois, distinctement, a rententi le fameux « kliiiu »… juste de quoi me demander si je n’avais pas rêvé.
Souvent dans la nature, le chant, le cri ou le tambourinage unique, voire la vision trop courte d’un oiseau nous laisse le doute d’une identification certaine. Eh bien, aujourd’hui, la troisième espèce de pic pour ma maison ne rejoindra pas ma liste personnelle : il s’agissait peut-être d’un relent de sommeil, de la sonorité particulière d’une voisine, du bruit d’une machine inconnue, du cri d’un ornithologue fétichiste, d’un fantasme de blogueur, etc.
Dans une futaie forestière, cela n’aurait fait aucun doute, mais en contexte périurbain…
Cela dit, la présence de six espèces de pic chez le maître du blog est tout à fait remarquable, et je ne suis pas prêt d’égaler cette performance ! Sympa surtout pour le Pic cendré… une espèce pas si commune.
Il ne manque au palamarès de Bernard qu’une espèce nicheuse en Franche-Comté, mais exclusivement montagnarde et extrêmement rare, morphlogiquement « à part » chez les oiseaux…
et encore n’est-elle que très rarement découverte.
Vu le Torcol fourmilier hier, depuis mon bureau, à Roulans.
De quelle espèce de Pic rare parles-tu, Christophe ?
Le Pic Nic (croisé avec un chaud lapin il mange toujours par terre),
le Pic Rate (avec une queue de rat il ne boit que du mauvais vin),
le Pic Otin (il regarde tout le monde de haut en mangeant de l’avoine)
Etc…
Il s’agit du Pic tridactyle qui a niché dans le département du Jura ces dernières années.
Ce n’était donc pas non plus le Piccoli (aïe !), ni le sanguinaire picador, quelle chance.