Blog en « pause-Baudrillard » et en « pause-Rabhi »

Un blog, c’est l’éternelle frustration. Le domaine de l’éphémère. Les articles disparaissent les uns après les autres, bouffés par de nouveaux articles qui viennent recouvrir les anciens. Je crois que je ne m’y ferai jamais. Les plus fidèles à ce blog continuent souvent de dialoguer mais, lorsque l’article concerné se retrouve relégué en quatrième ou cinquième position, le discussion s’arrête la plupart du temps d’elle-même (mis à part quelques rares exceptions).

La discussion qui a commencé sur les deux articles consacrés à Baudrillard et à Pierre Rabhi pourrait aller beaucoup plus loin, me semble-t-il. Car ces deux auteurs, chacun dans leurs domaines, abordent des questions qui « relèvent de l’essentiel ». Il y a certainement derrière les thèses défendues par ces deux personnages, qui sont incontestablement de grands hommes, des enjeux qu’il nous faut considérer comme majeurs.

Je n’ai pas envie de voir les discussions qui ont commencé sur ces deux sujets s’arrêter net, sous prétexte que Dupdup nous a concocté un article sur une variété de salade ou sur un jazzman inconnu. Aussi, j’ai décidé d’enfreindre ma règle qui était jusqu’à présent d’écrire au moins un article tous les deux jours. Une fois n’est pas coutume, IL N’Y AURA DONC PAS DE NOUVEL ARTICLE AVANT DIMANCHE PROCHAIN, 1er avril.

Je vous laisse donc en compagnie de Jean Baudrillard et de Pierre Rabhi (les articles les concernant se trouvent ci-dessous en troisième et quatrième position). Prenons le temps de les écouter ou de les lire !

A l’heure d’été

Nous voici enfin – ou hélas – à l’heure d’été. J’emploie le mot « hélas » car si beaucoup apprécient cet horaire aménagé qui permet d’avoir de belles soirées à l’extérieur et de profiter beaucoup plus longuement des soirées après la journée de boulot (je fais partie de ce groupe), il y a encore beaucoup de gens qui détestent ces changements, pour la raison qu’ils perturbent le rythme physiologique de l’individu. Effectivement, chez certaines personnes, l’adapatation à ces changements est parfois longue (n’est-ce pas Joëlle ?), surtout au printemps (car on « perd » une heure de sommeil) et des études avaient d’ailleurs montré en leur temps que l’incidence sur le rythme des enfants scolarisés était importante.

La vie en France est bipolarisée. Il y a souvent deux France qui s’opposent, et pas seulement en politique. Ainsi, tout comme il y a par exemple la France de ceux qui trempent (leur tartine beurrée dans le café au lait) et la France de ceux qui ne trempent pas, la France de ceux qui sont pour l’allongement de la durée légale du travail et ceux qui sont au contraire pous sa diminution, il y a aussi la France de ceux qui sont « pour » le changement d’horaire et la France de ceux qui sont viscéralement « contre » (bien que le débat se soit un peu estompé ces dernières années. Résignation ou acceptation ?).

Je me demande s’il ne serait pas parfois possible de réconcilier ces deux France antagonistes dont on nous parle souvent. Pas sur l’aspect politique, n’y voyez surtout aucune allusion à une quelconque bayroue de secours – qui finit par me « gonfler » et qui va finir par se dégonfler – car le clivage gauche/droite, en ces périodes brouillées, me semble être plutôt quelque chose de très sain et salutaire. Mais il suffirait peut-être d’interdire le café au lait (ou éventuellement la tartine beurrée) pour que deux France opposées se réunissent. Ou d’interdire purement et simplement le travail.

Et il suffirait probablement que l’on garde l’heure d’été toute l’année pour donner satisfaction à tout le monde.

A propos de Baudrillard

La mort de Jean Baudrillard, le 3 mars dernier, ne m’a pas interpelé particulièrement. A ma grande honte, j’avoue que je n’ai jamais lu un seul de ses livres. J’ai entendu parler en son temps de son livre sur la guerre du Golfe et je savais aussi qu’il avait écrit un (ou plusieurs) ouvrage(s) sur la société de consommation, mais rien de plus. Je n’ai lu de lui que les quelques citations dont Vincent a émaillé quelques-uns de ses commentaires sur ce blog. Citations que j’ai souvent aimées d’ailleurs.

Et puis, il y a quelques jours, je suis tombé sur un article de Philippe Corcuff dans le Monde qui donne une image très critique de Baudrillard et qui va nettement à l’encontre de ce que l’on a pu lire ça et là dans les journaux. Aujourd’hui, cet article est encore en ligne sur leMonde.fr mais les réactions nombreuses (et souvent offusquées) des lecteurs ont disparu. Mais il en est souvent ainsi sur ce journal web, les infos les plus délicates ou les propos les plus houleux ne restent jamais bien longtemps en ligne. Dommage, car tous propos contradictoires ont au moins le mérite de développer l’esprit critique du lecteur. Mais ce n’est peut-être pas la vocation que s’est donnée ce journal.

Ce soir, en feuilletant le Télérama (qui fait partie du même groupe de presse que le Monde) de la semaine dernière, je tombe sur un article consacré à Baudrillard. C’est plutôut un article-hommage. Et comme les propos du Monde m’avaient un peu dérouté, je lis ce nouvel article.

Dans ce court article, Gilles Heuré nous donne envie d’en savoir plus sur le bonhomme. Etonnant ce Baudrillard qui a publié en 1991 deux livres intitulés « la guerre du Golfe n’aura pas lieu » et « la guerre du Golfe n’a pas eu lieu ». A propos de ces deux titres, Heuré écrit : « Jeu de balançoire sémantique ? Furieux regard, au contraire, sur ce qu’on ne peut pas voir. Il y dénonce le simulacre des images qui escamotent l’horreur d’une guerre filmée comme in vitro par des reportages aux allures de jeux vidéo ». A propos du conflit en ex-Yougoslavie : « La timidité avec laquelle le monde « civilisé » a tenté de mettre fin aux exactions serbes lui apparaissait comme l’aveu que la future Europe autorisait en fait le « nettoyage des minorités gênantes » pour se débarrasser définitivement de « toute contestation radicale ».

Gilles Heuré insiste aussi sur la prodigieuse aptitude de Baudrillard à contrarier les commentaires en vogue. L’article donne l’image d’un penseur en lien constant avec les événements de notre monde. Voici quelques unes des phrases de Heuré que j’ai relevées dans cet article : « Lire la pensée de Baudrillard en cercles concentriques donnait parfois le vertige ». « Il ne cessait de scruter les mutations qui défiguraient l’objet même de nos interrogations : la démocratie, les droits de l’homme, la consommation, la morale, le bien ou le mal. Un sociologue donc, qui voyait sacrément loin, au point d’être aveuglé par l’incandescence des signes ou d’être terrifié par la profondeur des abîmes ». « Il faut relire ses livres et comprendre que derrière le pessimisme hanté par le tragique, à côté du décrypteur de représentations et de paradoxes, un homme-sentinelle rêvait toujours du moyen de souder la communauté humaine ».

Ces phrases me donnent terriblement envie de lire Baudrillard. L’article opposé du Monde également. Les familiers du bonhomme, il en existe probablement parmi les lecteurs de ce blog (au moins Vincent), pourront nous éclairer sur les « indispensables » à lire.

Mieux connaître Pierre Rabhi

Il y a quelques mois, j’avais écrit un article à propos de la conférence de Pierre Rabhi à Besançon. Cet article avait suscité beaucoup de commentaires. 138 exactement, un record absolu sur ce blog.

En flanant sur le net, je suis tombé il y a quelques jours, un peu par hasard, sur une petite vidéo (cliquer sur le lien) qui présente Pierre Rabhi. Pour ceux qui ne le connaissent pas, je pense que ce petit document, d’une durée de 26 minutes, mérite d’être vu, à plus d’un titre.

Après l’excité de la rue d’Enghien, le Zen de l’Ardèche !

18, rue d’Enghien

276, ce serait donc, d’après la presse, le nombre de policiers affectés à la sécurité du siège de campagne de Sarkozy. Pas étonnant donc que la rue d’Enghien, dans le 10ème arrondissement, vive dans une drôle d’ambiance. Les contrôles sont permanents, les habitants sont excédés, les commerçants voient leur chiffre d’affaire baisser.

Après avoir exigé des analyses d’ADN pour identifier le voleur du scooter retrouvé du fils du « premier flic de France » (du jamais vu dans l’histoire de la police), « Sarko candidat » continue donc d’utiliser tous les moyens que « Sarko ministre de l’intérieur » met à sa disposition. Des fonds publics au service d’une paranoïa aigüe ! Une honte dont les principaux médias parlent peu. Par comparaison, le siège de campagne d’un autre candidat de droite (Bayrou) ne bénéficie de la protection d’aucun policier.

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(cette photo édifiante, qui m’a été envoyée par un ami, nous laisse
effectivement imaginer ce que pourrait être « la France d’après »)

Avant hier matin, j’ai bien ri : leMonde a publié un article très circonstancié disant que Greenpeace venait de déjouer les services de sécurité et avait déversé huit tonnes de maïs transgénique devant la porte de Sarko qui est le seul candidat à être contre le moratoire sur les OGM. Bizarre, quelques heures plus tard, l’article complet avait disparu (alors que d’habitude, leMonde.fr laisse ses articles une quinzaine de jours en ligne), il ne restait plus qu’un article de quelques lignes agrémenté d’une photo. Le lecteur de ce blog trouvera un compte-rendu plus détaillé de ce fait sur Tribune.fr.

La rue d’Enghien ressemble désormais à un pays occupé. C’est devenu une zone de non-droit. Il semblerait même que les Renseignements Généraux enquêtent sur les habitants.

Terminons cependant par une note d’humour. Une habitante de la rue d’Enghien raconte qu’ayant oublié ses papiers, les gendarmes ne l’ont pas laissé rentrer seule chez elle et qu’ils l’ont obligée à l’accompagner à son domicile. Cette dame s’appelle Mme Delarue-Barrey.

Roland Dyens et ses chansons françaises

Les disques de guitare classique ont toujours eu une place de choix dans ma discothèque. J’écoute souvent ces disques car j’aime énormément le son chaleureux de la guitare. Je me suis souvent demandé pourquoi la guitare classique n’a jamais été considérée comme une instrument noble, au même titre que le piano ou le violon. Peut-être la guitare souffre d’avoir une histoire trop récente. Car, après des siècles d’évolution, la guitare n’a acquis sa forme définitive qu’au 19ème sous l’action des luthiers italiens mais surtout espagnols qui arrivèrent enfin à obtenir le son qu’on lui connait aujourd’hui, en modifiant la caisse de résonnance, en ajoutant une sixième corde et en lui donnant la bonne longueur de cordes.

C’est peut-être en raison de cette forme définitive tardive que la guitare n’a jamais eu un répertoire très important. Mais le 19ème siècle, qui fut l’âge de la guitare, regorge de compositeurs peu connus, qui ont donné à cet instrument ses véritables lettres de noblesse : Sor, Carcassi, Tarrega, Albeniz… Cet âge d’or de la guitare allait se prolonger sur le 20ème siècle en changeant de continent avec des compositeurs comme Agustin Barrio Mangoré et surtout Heitor Villa-Lobos.

A ceux qui voudraient se familiariser avec cet instrument, je conseille d’écouter les adaptations de chansons françaises par Roland Dyens qui a déjà publié deux disques extraordinaires . On découvrira sur ces disques des adaptations époustouflantes de chansons connues (je dis « époustouflantes » car, à l’écoute, on a bien souvent l’impression qu’il y a deux musiciens), parmi lesquelles des oeuvres de Brel, Barbara, Montand, Ferré, Gainsbourg, Nougaro, Piaf … Ce disque est un très bel hommage à ces grands chanteurs.

Je n’ai pas trouvé sur le net de vidéos montrant Roland Dyens jouant ces morceaux. Par contre, j’ai trouvé quatre documents qui montrent des musiciens (surtout amateurs) interprétant certaines de ces chansons françaises transcrites par Roland Dyens : La foule (Edith Piaf), Ne me quitte pas, La Chanson des vieux amants (Jacques Brel) et L’hymne à l’amour (Edith Piaf). (cliquer sur les liens en couleur pour accéder directement aux vidéos).

Roland Dyens, professeur au Conservatoire Supérieur de Musique de Paris, est aussi compositeur. On le retrouvera sur une vidéo où il joue lui-même l’une de ses propres oeuvres : Tango en Skaï. Superbe !

Du baume au coeur

D’une manière générale, l’actualité n’est pas très réjouissante. Mais il me semble que les rares choses positives ne sont pas mises en valeur par les grands médias. Et à y regarder de plus près, il y a un peu partout des expériences, des mouvements, associatifs ou autres, qui sont des début de réponse à la masse de nos problèmes.

Hier matin, Clotilde Dumetz sur France Inter a commencé sa revue de presse en racontant la mobilisation citoyenne d’une petite bourgade bretonne de 6 500 habitants.

23 Maliens, habitants de Montfort-sur-Meu, viennent d’être placés dans des centres en attendant d’être réexpédiés dans leur pays. Ils étaient arrivés il y a cinq ans. Tous se sont adaptés de manière exemplaire au pays. Ils sont devenus des silhouettes familières de la vie locale, travaillant, prenant des cours d’alphabétisation, tombant amoureux de françaises, participant au club de foot local… Tout allait bien. Mais voilà, le 28 février dernier, la police est venue interpeller ces Sans Papiers. Car ces hommes n’étaient pas en situation régulière. La justice a été très expéditive et a confirmé en quelques jours seulement les arrêtés d’expulsion.

Mais c’était sans compter sur les habitants de la bourgade. La décision de la justice a fait l’effet d’une bombe. Les commerçants sont montés au créneau, suivis par le patron de l’usine (qui employait les Maliens), le maire, le curé, les ouvriers, les cadres, les lycéens, les retraités… Samedi, il y avait 1500 personnes dans les rues de Montfort-sur-Meu pour réclamer le retour de ces expulsés qui sont sur le point d’être mis dans des charters.

Bel exemple de mobilisation que les médias nationaux, hormis Libé et peut-être quelques autres, n’ont pas vraiment relayé. Pourtant, cette info me semble essentielle dans le contexte actuel.

Je me demande si les crises actuelles et à venir, qu’elles soient économiques, sociales ou environnementales, ne vont pas avoir pour effet de créer ici et là, contre toute attente, de véritables réactions collectives de solidarité. Un bel exemple à méditer. Qui met un peu de baume au coeur.

Anniversaire un peu gâché

Même s’il m’arrive d’oublier l’anniversaire de Joëlle, ce qui est impardonnable, je mets un point d’honneur à être le premier à lui souhaiter, dès le réveil.

Mais ce qui m’énerve aujourd’hui, c’est d’apprendre que la Redoute, Blanche Porte, Magvet et Maty lui ont déjà souhaité avec trois semaines d’avance ! Je suis terriblement jaloux ! Et en plus, j’ai l’air con avec mon bisou, comparé aux 20 euros de réduction sur les articles des catalogues !

Un mari jaloux peut tuer un amant avéré ou potentiel (y’en a déjà huit qui reposent dans mon jardin !). Mais dans le cas présent, que faire ?

Tambourinage à ma porte dès dimanche matin

Géant parmi les pics, le pic noir est l’un des oiseaux forestiers les plus spectaculaires. Dans son livre consacré aux passereaux, Paul Géroudet écrit que le pic noir est « une expression des forces primitives de la forêt ».

Lorsque j’ai aménagé il y a six ans, la présence du pic noir dans la forêt derrière la maison a été l’une de mes plus grandes satisfactions (il est vrai que j’ai la chance rare d’avoir autour de la maison toutes les espèces de pics qui nichent dans le département de Haute-Saône : pic épeiche, pic mar, pic épeichette, pic vert, pic noir, pic cendré et torcol).

Mais depuis six ans, je me désespérais d’entendre le tambourinage du pic noir. Le tambourinage est considéré comme un chant, il est obtenu par martèlement du bec de l’oiseau contre un tronc d’arbre, au rythme de plusieurs fois pas seconde. J’entends à longueur d’année les cris de l’oiseau, des kvik, des khlick, des kyak, des klicka, des kouikouikouikoui mais jamais un seul tambourinage.

J’ai fini pas penser que j’avais affaire à un pic noir anormal, d’autant que Géroudet parle d’une vingtaine de tambourinages par jour en période de nidification et que « le mien » n’avait jamais daigné s’exprimer, ne serait-ce qu’une seule fois, en six ans. Et puis ce matin vers huit heures, miracle, une véritable rafale de mitraillette, ou plutôt un énorme roulement de tambour, a retenti dans la forêt, à trois reprises. Magique et puissant. D’autant que l’oiseau était très proche, à une cinquantaine de mètres seulement de la maison.

Voilà, c’était mon petit plaisir du dimanche matin.

Quand les sondés se rebiffent

Les sondages sont devenus de véritables spams qui nous parasitent à chaque élection. Il est de bon ton de proclamer qu’on ne se laisse pas soi-même influencer. Mais est-ce vraiment le cas ? Quel est le véritable impact de tout ça ?

En posant une question au départ improbable (« Bayrou au 2ème tour »), les instituts de sondages ont laissé entendre à l’opinion publique que seul un troisième homme pourrait battre Sarko au 2ème tour. La question qui semblait déjà vouloir mettre au placard Ségo risque peut-être aussi de se retourner contre Sarko. Qui manipule ? Qui est manipulé ? On a l’impression que des sondages bien orientés, distillés à certaines doses et commentés d’une certaine manière peuvent faire ou défaire des hommes politiques.

Quand ça l’arrange, chaque homme politique se dit insensible aux sondages. Mais quand Ségo baisse dans les sondages, Sarko n’hésite pas à dire d’un air faussement contrit « toutes mes condoléances » dès qu’il rencontre un socialiste. La politique n’est vraiment pas reluisante ces temps-ci !

Ce n’est pas reluisant, mais y’a un truc qui m’a fait sourire la semaine dernière. C’est raconté dans le Nouvel Obs (vous savez, ce journal qu’on ne trouve plus que dans les salles d’attente des dentistes). C’est l’histoire d’un mec qui travaille dans un institut réputé de sondage et qui, il y a quelques semaines, a fait une déclaration devant des journalistes … en étant cagoulé : « Ce que je vais vous dire peut me coûter cher : on est tenu à la confidentialité. Secret d’Etat ». Ce monsieur, qui ne travaille qu’au téléphone, raconte que les sondés lui raccrochent de plus en plus souvent au nez. Mais ce n’est pas le plus grave : il y a une nouvelle génération montante de sondés qui acceptent l’entretien mais qui s’amusent avec le sondeur en donnant des réponses incohérentes et en ricanant avec insolence : « Oui, c’est vrai, je change d’avis toutes les deux minutes. On a le droit, non ? ». Ou alors « Vous nous manipulez depuis des années, alors nous aussi on s’y met. Vous fabriquez vos questions selon vos intérêts. Nous, on fait pareil avec les réponses. » Et cette autre réaction : « Vous nous avez volé notre vote en 2002, maintenant on ne va plus se laisser faire ».

Je dois avouer que ça me plait bien cette nouvelle forme de résistance des sondés. A vrai dire, toutes les formes de résistance me conviennent bien.

Barrage aux spams

Les spams sont depuis longtemps une plaie et constituent l’essentiel du traffic sur internet. Jusqu’à présent, mon blog y avait échappé mais depuis quelques temps plusieurs de mes articles sont régulièrement parasités. Depuis deux mois, j’élimine donc plusieurs messages indésirables par semaine. Mais voilà que depuis quelques jours, le phénomène s’est rapidement accéléré. Hier, dans la journée, j’ai dû supprimer plus de 50 commentaires.

Tous ces messages étaient des offres de vente pour des médicaments, notamment pour le viagra. Mon blog étant dans la force de l’âge et n’ayant pas besoin pour l’instant d’être boosté (malgré le nombre de filles qui le fréquentent) j’ai été dans l’obligation de recourir au service de sécurité le plus proche, c’est à dire à Steph (qui assure par ailleurs l’hébergement et la maintenance de ce blog).

Désormais, avant de mettre en ligne vos écrits, il vous faudra reproduire les six chiffres et lettres qui apparaissent au-dessus de votre commentaire. C’est facile, ça ne prend que quelques secondes. Attention toutefois à bien respecter minuscules et majuscules.

J’espère que ce nouveau moyen de contraception qui protège des microbes en tous genres sera suffisant !

Vol de migrateurs

La migration des grues est probablement l’un des phénomènes les plus spectaculaires auquel on puisse assister. Je me souviens d’un lever du jour avec brume et soleil sur le lac du Der. Trente mille grues avaient alors décollé du site dans un vacarme assourdissant et j’en garde un souvenir magique.

Il faut dire que le lac du Der est un passage presque obligatoire pour ces oiseaux. En octobre-novembre, après s’être concentrées sur la presqu’île de Rügen au nord de l’Allemagne, les grues traversent la France en enfilade en direction des Landes, ne s’écartant que très peu de cet axe de migration. Le lac du Der, qui est un immense réservoir d’eau champenois alimenté par la Marne, est à cette époque à un niveau très bas. Il offre alors de vastes étendues découvertes qui permettent à ces oiseaux de rester quelques jours, parfois même quelques semaines, à la faveur de nombreux champs de céréales qui leur permettent de s’alimenter.

Au retour de printemps, les grues sont en général moins présentes sur le Der car elles ne s’y arrêtent que pour en repartir aussitôt, poussées par un irrésistible instinct qui les incite à regagner les lieux de reproduction nordiques au plus vite. Mais leur observation au lac du Der est aussi spectaculaire qu’à l’automne car toutes les grues arrivent alors de la même direction : le sud-ouest. Il suffit juste d’être placé au bon endroit.

Nous étions quelques franc-comtois à les observer vendredi dernier. Le spectacle fut au-delà de nos attentes. Les conditions météo avaient été exceptionnelles. En début de semaine, un grand nombre de grues étaient restées bloquées en Espagne en raison d’une mauvaise météo. Le jeudi matin, une éclaircie subite sur les Pyrénées leur a permis de traverser en grand nombre la chaîne de montagnes et de gagner dans la journée le centre de la France. Vendredi, le ciel se découvrait aussi subitement sur l’ensemble de la France et les grues ont donc pu repartir aussitôt pour arriver au bout de quelques heures en Champagne au lac du Der.

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En fin d’après-midi, de nombreuses bandes de grues sont passées au-dessus de nos têtes. Des bandes qui comptaient souvent plus de cent grues. A certains moments, nous avions au-dessus de nous une douzaine de bandes, soit un millier de grues dans notre champ de vision. Le spectacle était magnifique, accentué par une très belle lumière. D’après un spécialiste qui était là, il y avait plusieurs années que l’observation de la migration de printemps n’avait été aussi riche. Le hasard avait voulu que nous ayions choisi ce jour faste.

Si la détermination de l’espèce « grue » ne fait aucun doute (avec ses 2 mètres d’envergure), il en va de même de celle des observateurs franc-comtois qui se reconnaissent au premier coup d’oeil. Allez donc savoir pourquoi !

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Merci à Christophe Mauvais qui vient de m’adresser une très belle photo de grue faite dans la vallée de l’Ognon à Marnay. Je viens juste d’ajouter cette image, deux jours après la mise en ligne de cet article. Une telle photo manquait gruellement !

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Eclipse de lune

Je ne sais pas si vous avez jeté un oeil hier soir sur l’éclipse qui était annoncée en début de nuit mais le spectacle était superbe. La soirée ne s’annonçait pas très bien, les nuages étaient nombreux mais le ciel s’est soudainement dégagé et l’ombre de la terre est apparue sur la lune vers 22H30.

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Pour celles et ceux qui auraient loupé cette occasion, rendez-vous le 21 février 2008. Et si vous oubliez encore, il ne vous restera plus qu’à attendre 2015 !

Les conférences de Claude-Roland Marchand (3) (2ème partie)

Deuxième partie de la troisième conférence de Roland. Cette dernière partie est consacrée aux OGM, aux changements climatiques et à la conclusion des trois conférences.

LES OGM ont d’abord été créés pour répondre aux besoins des agriculteurs. Des espèces ravageuses de cultures devenaient résistantes aux insecticides et pesticides. Les chercheurs ont alors réussi à greffer sur le génôme de la plante le gène qui permettait de créer la toxine pour lutter contre le bacille ravageur. Ces obtentions d’Organismes Génétiquement Modifiés ont d’abord concerné la betterave, le colza, le maïs … mais des tas de projets sont aujourd’hui en cours de préparation : café, pomme, raisin, riz, tomate, tournesol… Les OGM risquent donc d’être demain notre lot quotidien. Les pays ont adopté des attitudes différentes : certains produisent des OGM (USA, Canada, Mexique, Chine, Brésil), d’autres les expérimentent (Grande-Bretagne, Espagne, Inde), certains ont adopté un moratoire (exemple de la Grèce), quelques-uns, dont la France, ont une attitude mixte (moratoire + expérimentation).

Le risque de voir un jour une résistance des ravageurs aux plantes transgéniques est fort, on pourrait alors voir le même phénomène que celui des insectes résistants aux DDT (apparition de souches de moustiques qui découpent les molécules de DDT avant de les digérer). Des problèmes sur la santé sont déjà apparus : un gène de la noix du Brésil implanté sur le soja provoque de graves allergies, des problèmes identiques apparaissent en Inde avec l’aubergine … Derrière ces tripatouillages génétiques se profile la question du clônage de l’humain. Roland a posé la question : est-ce un mythe inaccessible ou une probabilité imminente ?

Concernant les CHANGEMENTS CLIMATIQUES, Roland a abordé la question sous l’angle des constats. Les conséquences des changements du climat sont aisément perceptibles aujourd’hui. Les photos de Yann Arthus-Bertrand sur la fonte des neiges du Kilimandjaro sont éloquentes. Plus proche de nous, la régression frappe aussi la mer de glace et le glacier des Bossons. Les conséquences sur les espèces animales et végétales sont déjà très fortes : la fauvette à tête noire et la cigogne se sédentarisent, les gobemouches noirs et les pouillots siffleurs régressent. Certains pronostiquent la disparition prochaine du papillon apollon du massif du jura et même celle de notre bon vieux chêne. Quand au rouge-queue à front blanc, il a de plus en plus de mal à traverser le désert du Sahara qui s’étend.

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Cette érosion de la biodiversité a des raisons multiples parmi lesquelles les pesticides, l’introduction d’espèces, la déforestation et le surpâturage, la démographie et bien sûr le réchauffement climatique qui accélère le mouvement.

Dans sa CONCLUSION, Roland insiste sur le fait que « la biodiversité est un héritage, qu’elle est un équilibre d’ajustements complexes et conjoncturels. Les activités humaines modifient tout, partout, trop fort et beaucoup trop vite. Dans ces conditions, le futur de l’héritage a-t-il un avenir ? ». Roland en appelle à la biovigilance et aux principes de précaution. Mais à quels niveaux agir ? Et avec quels moyens de contrôle ? La conclusion de Roland n’est pas très optimiste. Difficile de l’être car « l’Homme a ouvert une boîte de Pandore » et joue à l’apprenti sorcier.

A la fin de la conférence, Roland est revenu sur Darwin et sa théorie de l’évolution, point de départ de ces trois conférences : « La théorie de Darwin sur l’évolution est plus que jamais d’actualité. Elle n’a pas été démentie, simplement améliorée ». Il a rappelé la phrase de Rostand qui disait « Ce conte de fées pour grandes personnes n’a pas fini de faire débat ».

Ainsi ce termine cette série de quatre articles consacrés aux conférences de Claude-Roland Marchand. Qu’il soit remercié pour la qualité de ses propos et pour avoir accepté de dialoguer avec les lecteurs de ce blog. Le débat continue donc !

Une vie entière derrière l’aspirateur ?

Les médias aiment les chiffres. Tous les journaux, sauf quelques exceptions, sortent à tour de bras des enquêtes, des sondages … et il ne nous vient rarement à l’idée de vérifier les chiffres qui nous sont proposés (celà nécessiterait tout un travail d’investigation qui n’en vaut certainement pas le coup). Mais parfois, les chiffres qu’on nous fait avaler sont trop énormes. Tellement énormes qu’on sort sa calculette. On vérifie alors et on n’en revient pas du côté fantaisiste des chiffres qui nous sont assenés avec une présentation qui semble à première vue très scientifique.

Ainsi, dans l’avant dernier Télérama, un petit entrefilet intitulé « Poussièrethon » nous dit : « Une femme parcourt 11 000 kilomètres derrière un aspirateur au cours de sa vie, alors qu’un homme dépasse péniblement les 1 300 kilomètres ! Etonnantes moyennes, issue d’une étude commandée par un fabricant … d’aspirateurs ».

Les 11 000 kilomètes, c’est à dire 11 millions de mètres me paraissant tellement énormes, j’ai évidemment pris une nouvelle fois ma calculette. Si je divise ce chiffre par 50 (nombre d’années à faire le ménage) et par 365 (le nombre de jours dans une année), j’arrive exactement à une distance de 602 mètres passée chaque jour derrière l’aspirateur, ce qui me semble colossal !

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Je ne sais pas à quoi ça rime de publier ce genre de chiffres. Est-ce que le but final est de nous faire acheter un peu plus d’apirateurs ? De nous faire croire que le mâle est ridicule avec ses 71 petits mètres par jour et qu’il doit copier sa compagne ? De nous dire que le rôle de la femme est de passer sa vie entière derrière un aspirateur ? D’insinuer qu’elle n’a rien d’autre à foutre que de se promener ainsi à longueur de journée dans la maison ? Dans tous les cas de figures, cet article me semble caricatural et injurieux pour l’être humain, homme ou femme, que l’on voudrait voir réduire à un vulgaire robot marchant bêtement derrière un engin mécanique. Et il est lamentable que Télérama relaie ce genre de choses. Ou alors, c’est de l’humour au quatrième degré. Mais ce n’est pas le genre de cette revue qui me semble dépourvu de la moindre once d’humour depuis le départ du regretté pince-sans-rire Alain Rémond (que les fans retrouvent maintenant avec plaisir chaque semaine dans Marianne).

Evidemment, même si j’ai très peu de chances d’être publié dans le courrier des lecteurs, j’ai écrit à Télérama. Avec cette conclusion « la femme n’aspire-t-elle pas à autre chose ? ».