Les conférences de Claude-Roland Marchand (3) (1ère partie)

Troisième et dernière conférence de Roland lundi dernier à la fac de lettres à Besançon. Il y a beaucoup de matière à discuter dans cette troisième conférence et je me permets donc de scinder le propos en deux articles. Je ne parlerai donc des OGM et de la conclusion de Roland que dans la deuxième partie de l’article qui ne sera mis en ligne que la semaine prochaine (vendredi soir 2 mars).

La deuxième conférence ayant traité des introductions délibérées d’espèces étrangères dans les milieux naturels (avec ce fameux exemple de la perche du Nil), Roland s’est attardé lundi sur l’INTRODUCTION INVOLONTAIRE D’ESPÈCES. Car, c’est en voyageant à travers le monde, que l’Homme a disséminé un peu partout, sans le vouloir, des espèces indésirables. Ces introductions involontaires ont commencé il y a longtemps déjà. Ainsi, souris et rats nous viennent de très loin. On prendra comme exemple le rat noir, originaire de l’Inde, qui a gagné l’Egypte puis s’est propagé dans les pays occidentaux à la faveur de voyages opportuns en bateaux.

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(photo Michel Guinchard)

L’impact de ces introductions peut-être très important d’un point de vue économique. L’exemple le plus frappant est celui de l’introduction du mildiou en Irlande qui a ravagé les champs de pommes de terre, entraînant en 1845 une énorme famine qui a tué un million d’habitants et un exode massif d’un million et demi de personnes. Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, c’est un tout petit puceron, le phylloxera (cliquer sur les liens en bleu) qui anéantira une partie du vignoble français (dont le vignoble haut-saônois) avant que l’on ne découvre la possibilité de greffer nos cépages sur des pieds de vigne américains dont l’écorce est trop dure pour les pucerons. Depuis la fin du 19ème siècle, la processionnaire du pin cause des dégâts considérables sur les peuplements forestiers. L’arrivée du doryphore, parasite de la pomme de terre, lors de la première guerre mondiale eut également des retombées énormes d’un point de vue économique.

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(photo Michel Guinchard)

Ces exemples ne sont que les cas les plus notoires. Les introductions involontaires les plus récentes ne sont pas encore bien connues du public, mais commencent à faire parler d’elles. Les conséquences de l’arrivée de la pyrale du maïs et de la chrysomèle du maïs sont déjà énormes mais on peut aussi citer en vrac la palourde asiatique (= moule zébrée), le bupreste du Thuya, le bombyx disparate (Lymantria dispar), petit papillon dont la chenille s’attaque à 130 essences d’arbres, le redoutable capricorne asiatique dont on n’a pas fini de parler, ce drôle d’insecte qu’est le tigre des platanes présent dans le Sud, l’ambroisie qui provoque de graves allergies et qui est aux portes de la Franche-Comté… Le grand nombre de ces réintroductions involontaires est évidemment l’une des conséquences de l’accroissement des échanges entre les hommes. Il suffit en général de peu de choses pour qu’une espèce de petite taille passe au travers des frontières : une caisse en bois infectée par un longicone, quelques minuscules graines collées aux roues d’un avion…

Roland a ensuite abordé les DISPARITIONS MASSIVES D’ESPÈCES qui ont frappé la planète à six reprises : la première il y a cinq cent millions d’années (presque tous les mollusques ont alors disparu), la deuxième touchant la faune marine il y a 450 millions d’années, la troisième détruisant 70% des espèces de la planète il y a 365 millions d’années, la quatrième anéantissant 95% de la faune marine et 70% de la faune terrestre il y a 250 millions d’années, la cinquième plus faible provoquant la disparition de 20% des espèces il y a 195 millions d’années et enfin la dernière , il y a 65 millions d’années, qui est la plus célèbre dans l’esprit du grand public, qui a vu la disparition des grands dinosaures, et qui a été causée par des irruptions volcaniques (à moins qu’il ne s’agisse de la chute d’un météorite). Les mammifères, en raison de leur capacité de thermorégulation, ont mieux survécu à ce dernier coup dur.

Roland nous a parlé également des EXTINCTIONS RÉCENTES D’ESPÈCES qui sont toutes le résultat de l’action humaine. Les plus spectaculaires sont celles qui touchent le monde des oiseaux et celui des mammifères. Parmi les oiseaux : le grand pingouin, disparu de l’hémisphère nord en 1844 et le dronte (ou dodo) dont le dernier a été tué sur l’île Maurice en 1740. Parmi les mammifères, l’auroch disparu de Pologne en 1627 et le loup de Tasmanie, mort en captivité en 1936.

Mais ces extinctions d’espèces, encore limitées, ne doivent pas cacher le nombre énorme d’espèces qui sont sur le DÉCLIN. C’est le cas de grands mammifères tels que l’ours, le lynx, quatre grands primates (le gorille, l’orang-outan, le bonobo et le chimpanzé)… qui sont aujourd’hui menacés mais également le cas de nombreux oiseaux qui voient leurs effectifs diminuer rapidement (sait-on que les populations de moineaux domestiques diminuent dans toute l’Europe ?).

Comme pour les autres articles, notre ami Roland se propose de participer à la discussion. A vos commentaires donc !

Lors de sa conférence, Roland a justement cité les coordonnées de ce blog pour que le dialogue continue. Qu’il en soit remercié. Je rappelle que la discussion peut aussi continuer sur les précédents articles relatant les deux premières conférences (pour les nouveaux arrivés, voir ci-dessous les articles du 6 et 14 février ci-dessous).

46 réflexions au sujet de “Les conférences de Claude-Roland Marchand (3) (1ère partie)”

  1. Les espèces vivent, se multiplient, disparaissent, ou prolifèrent… depuis la nuit des temps…
    L’homme a peut-être sa part de responsabilité pour le déclin de certaines espèces… mais je m’interroge. Les dinosaures ont disparu et cette fois… on n’y est pour rien.
    Encore peut-être cette fameuse culpabilisation « judéo-chrétienne » qui fait pondre des perles cinématographiques telles que Jurrassic Park, où on arrive à sauver ces charmantes bestioles: ça donne bonne conscience!
    Mais vu le carnage de la réintroduction de ces bébêtes, (voire de beaucoup d’espèces réimplantées), la question subsiste : y a-t-il un équilibre possible entre toutes les espèces, dont l’espèce humaine…?

  2. Le redoutable Capricorne asiatique a fini de parler : L’asiat crie « pique au crâne », et parler redoux fini à table !

  3. D’une manière générale, je crois que la nature est sans cesse à la recherche d’un équilibre. L’introduction d’une espèce nouvelle dans le milieu perturbe cet équilibre. Il y a une augmentation rapide de la population mais à un certain moment, il semblerait qu’une régulation s’effectue. On a déjà parlé par exemple du sandre qui a fortement perturbé nos rivières mais qui semble avoir maintenant trouvé dans le milieu naturel une place assez équilibrée. Il me semble que dans pas mal de cas, la nature arrive à faire face, avec un temps de réaction plus ou moins long, à ce genre de perturbation. C’est peut-être le cas le plus général. Mais il y a aussi, comme on l’a déjà dit, le cas plus délicat où l’intrus occupe un « niche écologique » complètement vacante et je me demande s’il peut y avoir une issue vraiment favorable. Qu’en-est il sur le long terme ? 150 après, où en est la population de lapins de garenne en Australie ? Et pour les stations de renouée du Japon dans notre région, peut-il y avoir une régulation sur le long terme ? Rien n’est moins sûr.

  4. « Y a-t-il un équilibre possible entre toutes les espèces, dont l’espèce humaine…? » nous dit Cess. Oui, assurément. Mais avec 6 milliards et demi d’habitants, c’est probablement très difficile.

  5. Tu dis, Cess, que tu t’interroges : «Les dinosaures ont disparu et cette fois… on n’y est pour rien. ».
    Je ne comprends pas bien ce que cela change.
    Tu pourrais bien citer une centaine de disparitions d’espèces dont une seule serait le fait de l’homme, que cette unique fois serait de trop, non ?
    Je trouve justement que, dans ce domaine, la culpabilisation judéo-chrétienne est bien discrète.
    Je persiste et signe : C’est parce que nous avons conscience des conséquences de nos actes que nous ne pouvons pas faire comme si on les ignorait (sans vouloir relancer le débat sur l’homme – une espèce comme les autres).
    Bernard parle de recherche d’équilibre dans la nature, c’est un vieux concept mais toujours d’actualité. Or, nous passons notre temps à bousculer cet équilibre, à le mettre en péril.

    Je me souviens du roman Colère de Denis Marquet où l’auteur imaginait une rébellion de la terre contre l’homme. Une espèce de polar basé sur l’hypothèse Gaïa et dans lequel la Terre tentait de se débarrasser de l’espèce qui la mettait directement en danger.
    Pure fiction, bien-sûr, mais les faits reprochés à notre espèce par Gaïa sont bien réels.

  6. A mon sens, la Nature ne peut pas « rechercher l’équilibre », tout simplement parce qu’elle… n’existe pas. C’est une vue de l’esprit (humain), une abstraction, un fantasme : la version laïque du Dieu qui engloberait tout dans une vision et volonté générale.

    J’opte plus volontiers pour l’idée que le simple hasard domine : des forces et dynamiques sont en jeu qui établissent parfois – de façon fortuite (donc la plupart du temp rare et éphémère) – des semblants d’équilibres. Mais rien ne laisse croire objectivement, je trouve, à une sorte de volonté sourde de tendre vers quoi que ce soit d’autre que le hasard initial.

  7. …du coup, si l’humain modifie certes beaucoup de choses, on ne peut décemment pas lui reprocher de détruire un « pseudo-équilibre ». Il ne fait rien d’autre que rajouter du hasard au hasard !

    Faut pas prendre de coup du « jardin d’Eden » et de la « Faute d’Adam et Eve » au pied de la lettre, quand même ! (… même si faut avouer que c’est tentant)

  8. La recherche d’équilibre (mettons que l’on retire le mot recherche) n’est pas contradictoire avec la notion de hasard. C’est juste que l’état d’équilibre est plus stable que celui de déséquilibre. Cela n’a pas forcément à voir avec une Toute Puissance quelconque.
    En biologie, l’homéostasie est la capacité à conserver l’équilibre de fonctionnement en dépit des contraintes extérieures. Elle concerne tout les métabolismes des êtres vivants et est basée sur l’équilibre chimique des organismes vivants.
    Pour Claude Bernard, qui l’a mise en évidence, « l’homéostasie est l’équilibre dynamique qui nous maintient en vie ».

  9. Je suis absent jusqu’à dimanche. Alors, bons débats ! J’ai l’impression que ça a bien commencé d’ailleurs. J’ai le rôle le plus facile : j’écris un article (en me contentant de reprendre ce quà dit Roland d’ailleurs) puis je me barre comme un lâche, vous laissant le soin de ferrailler entre vous … !

  10. Désolé Anne mais le recours à un « gros mot » et un grand bonhomme ne me convainc pas plus que ça : je me trompe où l’homéostasie ne s’applique qu’au niveau organique, individuel ? Un éco-système peut-il être dit « homéostatique » ?

    La soit-disant Nature « stable » (ou « équilibrée », peu importe le terme) avant que l’humain ne vienne la perturber ressort à mon sens du mythe. Cela ne veut pas dire qu’il ne déstabilise rien (ou qu’il n’a pas à se sentir « responsable » des ses actes) … mais juste qu’il apporte de l’instable à du déjà instable… bref qu’il commet certes des bêtises, souvent énormes, mais aucune « faute » lèse-Dame Nature.

  11. C’était quoi, Vincent, ton premier commentaire? Une balle perdue? Le coup est parti tout seul?

  12. « Les dinosaures ont disparu et cette fois… on n’y est pour rien. » Ce que je voulais dire c’est que dans les discours habituels, l’homme est toujours le démarreur ou le moteur du déclin d’une espèce (pour manger, pour s’enrichir, pour étendre son territoire, par manque de connaissances, ou tout simplement parcequ’il vit aussi sur Terre…)… Mais voilà, d’autres espèces ont déjà disparu bien avant son intervention. C’est peut-être le cours des choses, l’évolution…
    Sauf que l’homme moderne a une conscience et parfois il s’en sert.
    Actuellement, la tendance est à se sentir investi de la mission de sauver toutes les espèces. La responsabilisation exagérée de l’homme est tellement répandue qu’on se lance dans une lutte acharnée pour se donner bonne conscience.
    Attention! Je ne dis pas que l’homme n’a pas sa part de responsabilités et d’actes à accomplir pour éviter l’embâcle… Lutter contre la pollution, la déforestation, la cruauté envers quiconque (hommes ou animaux)… etc.. Evidemment.
    Non, ce qui me fait sourire, c’est la bonne conscience humaine qui se réveille à coup de culpabilisation et qui fait agir l’homme : réintroduisons certaines espèces disparues par-ci, combattons les « vilains-chasseurs-qui-tuent-des-animaux » par là, protégeons certaines espèces qui déclinent, et surtout, excusons-nous de vivre aussi sur cette Terre.
    Elle est surement un peu là aussi, notre culpabilité judéo chrétienne.

    Certaines espèces sont en voie de disparition du fait de l’homme, oui, comme les bonobos, mais voilà… il aurait fallu expliquer aux réfugiés Congolais qui avaient faim, qu’ils ne devaient pas dégommer un repas potentiel… (Un Centre de soins avait été ouvert mais a dû fermer à cause de la guerre…).
    Certaines espèces ont disparu du fait de l’homme, oui, comme le loup et l’ours… Là aussi, il aurait certainement fallu expliquer aux vieux qui luttaient pour maintenir leur cheptel et leur subsistance que ces animaux-là étaient des peluches et des héros de contes qui, en fait, ne mangent pas les enfants…
    On est responsable de leur disparition, alors culpabilisons et… réintroduisons… Remettons donc des maillons neufs sur la chaîne usée de notre planète. Mais, à terme, est-ce viable pour les animaux eux-mêmes? Leur espace vital se réduit du fait que celui de l’homme s’est élargi… et peut-on lutter contre ça et revenir en arrière? Alors, on est surpris de trouver des touristes enduisant de miel les joues de leurs gosses pour attirer les ours et pouvoir jouer avec Teddy Bear… Oui, mais elle en est là notre société : quasiment plus un endroit sur la planète n’est pas ou n’a pas été foulé par l’homme moderne… Alors imaginer qu’un ours puisse vivre tranquille dans nos montagnes… Je ne sais pas si on lui fait un cadeau ou si on se donne bonne conscience…

    Et cerise sur le gâteau: l’homme protège… Protecteur de la nature… là aussi, ça peut porter à sourire… le nombre d’espèces qui passent du statut de protégées au statut de nuisibles parce que la protection a duré un peu trop longtemps et que des têtes de bois (ou tête de bios) n’ont pas voulu lever la protection… malgré la sonnette d’alarme tirée par… les chasseurs, les pêcheurs, les paysans… et quel recours on a dans ces cas-là? L’extermination par centaines… mais, attention, par des professionnels, payés pour ça par l’Etat…! (un peu de sérieux tout de même!)

    Voilà, je m’interroge sur le bien-fondé de notre action par rapport à l’équilibre entre les espèces… et si l’homme arrêtait de croire que quand il pète, il fait chuter la bourse, s’il devenait un peu plus humble par rapport à son impact… ben peut-être qu’on serait passer à côté des chefs d’oeuvre qui font croire aux enfants qu’ils pourront tous sauver Willy un jour ou « refabriquer » des animaux disparus à l’aide d’un peu de sang contenu dans un moustique fossilisé dans l’ambre…

    (désolée, je crois que je me suis un peu envolée… mais j’essaie de gagner des points pour croquer plus de tomates en août…)

  13. « En connaissance de cause, nous ne pouvons pas faire subir aux
    animaux ce dont nous connaissons la valeur morale négative, et par
    conséquent nous avons un devoir moral de prendre en compte le bien être
    animal. […] Si l’homme utilise les animaux [pour se nourrir], comme
    les autres animaux d’ailleurs, il faut qu’il le fasse, lui, parce qu’il
    est responsable, en conscience, en essayant d’éviter autant que faire se
    peut la douleur indue du monde animal, et privilégier chaque fois qu’il
    le peut le bien être animal. »

    Ce qui caractérise l’ « humanité » est l’existence de la responsabilité de
    ses actes (par rapport aux autres animaux qui sont « irresponsables »).

    Axel Kahn

  14. Moi, je prendrai au sérieux les défenseurs des animaux (aux belles paroles et nobles sentiments) le jour où ils s’inoculeront le ténia et offriront régulièrement un peu de leur sang aux malheureuses femelles moustiques crevant la dalle dans les marais.

  15. Dis-moi Anne, comment as-tu fait pour écrire en italique ?
    Robert, il y a deux ou trois mois, avait posé la question à Bernard… sans obtenir de réponse, il me semble.
    Alleeeeeeez, dis-le, steuplééééééé !

  16. Pour répondre à Vincent, l’homéostasie est une notion qui peut s’appliquer à tout système. Elle s’apparente au feedback (ou rétroaction) en cybernétique.

  17. YESSSSSSSSSSSS !
    ça marche, alors pour écrire en italique, j’ai fait une tentative complètement foireuse sur un autre commentaire, et là youpi, ça fonctionne !
    Alors, il faut utiliser le langage html ; pour l’italique, il faut mettre i entre au début du texte puis /i entre les mêmes crochets à la fin.
    Même manips pour le gras avec je ne sais plus quelle lettre, je vous noterai ça plus tard !

  18. Euh là, ça marche moins…
    Les crochets n’apparaissent pas sur mon message…
    Le premier c’est « inférieur à », et après le i, on ferme avec « supérieur à » et idem à la fin du texte avec /i.
    Je ne sais pas si c’est très clair !

  19. Bon, je savais bien que c’était pas clair…
    Juste avant le texte que tu veux mettre en italique, tu écris i, et tu encadres cette lettre avec les crochets qui se trouvent sur ton clavier à gauche de la touche W.

  20. hein ?
    Y’a un truc qui a bugué : on a dû envoyer notre message en même temps ! (du coup ton texte est sous mon nom et mon texte a disparu)

    Pour le i/i j’ai rien pigé, tant pis !

  21. Et à la fin de ce texte, tu mets /i, toujours encadré de ces mêmes crochets.
    Et pour le gras, c’est avec b.

    PS : désolée Bernard, on est en train de polluer ton blog de commentaires absolument sans intérêts pendant ton absence…

  22. je me demandais comment en si peu de temps on était passé de 14 à 29 commentaires….
    Bravo! C’est Bernard qui va être content pour ses stats!!!!

  23. j’étais partie déjeuner… Mais Mag s’en est pas mal sortie.
    Je me demande si ça marche aussi avec le souligné et avec le barré

  24. Bon, ben, le barré apparaît en gris, je ne sais pourquoi, et le souligné a foiré, si vous n’en voyez pas dans ce message, c’est que ça ne marche pas, faudra voir avec Steph.

  25. J’ai eu de gros ennuis de connexion avec Internet.
    Je lirai les commentaires ce W.E. et y répondrai s’il le faut.
    Bravo Bernard pour tes comptes-rendus et pour cette initiative que j’apprécie et qui ouvre plein de fenêtres pour un débat animé…

  26. Pour en revenir au espèces dites « invasives » par certains ; encore une fois, cette façon de les dénommer reviendrait à dire et à penser qu’elles ont une dynamique de colonisation particulière, ou une stratégie de reproduction qui intègre une forme, peut-être une volonté de colonisation.

    Cette dérive sémantique, qui tend à assimiler ces espèces à des êtres vils et méprisables n’est pas gratuite, elle se nourrit sûrement d’un anthropomorphisme que certains politiques ont repris à leur compte.
    J’ai en ce sens une forte arrière-pensée pour la Côte d’Azur que j’ai connue tout petit, mais aussi pour toutes les destinations lointaines qui attirent de nombreux touristes chaque année. Les invasifs que deviennent alors les humains (ne me dites pas que vous n’avez jamais eu honte des hordes de vos congénères), font donc un très bon vecteur de propagation de ces calamités vivantes, et deviennent au passage des calamités (cqfd !).

    Ainsi, le billet d’avion à 20 ou 30 euros n’est-il pas le moyen le plus sûr de tuer la poule aux oeufs d’or que fut notre planète ? Lire à ce sujet l’excellente nouvelle d’Isaac Asimov (La poule aux oeufs d’or) qui explique scientifiquement comment une de ses poules fabrique des oeufs de 24 carats… le problème de l’auteur étant la non viabilité de la progéniture et la non éternité de la poule !

    Une belle parabole…

  27. Sur la différence, à mon sens essentielle, entre « culpabilité » et « responsabilité » :

    Le premier terme me semble ressortir d’une logique morale binaire laissant entendre qu’il y a de « bons » et de « mauvais » comportements. Le problème n’est alors pas tant de considérer que la coupable a fauté (fait plus ou moins consciemment « le Mal ») que de faire croire implicitement qu’il aurait pu faire « le Bien ». Cela me semble particulièrement dangereux car, à bien considérer l’histoire, la quasi-totalité des ignominies recensées ont été commises par des personnes de type morales, persuadées de « faire le Bien » (et que cette fin vertueuse justifie la plupart du temps tous les moyens).

    La « responsabilité » me paraît appartenir en revanche à un registre plus complexe de raisonnement, intégrant ce qu’Edgar Morin appelait « l’écologie de l’action », à savoir le principe d’incertitude qui permet seul de corriger ou d’abandonner l’action quand elle contredit l’intention. Toute innovation décompose en effet d’anciennes structures et en constitue de nouvelles. Personne ne peut prévoir à l’avance les conséquences concrètes (à court, moyen et long termes) d’une décision même minime. Aucune ne peut de ce fait, de façon assurée, être « bonne » ou « mauvaise ».

    Je ne connais pas un humain qui n’aie pas de bonnes intentions. Pas un non plus qui ne connaisse un tragique décalage entre ce qu’il voudrait et ce qu’il fait, entre ses intentions et ses réalisations, bref entre ses désirs et la réalité. Je ne pense pas dès lors que ça serve à grand chose de le considérer « coupable » de cet état de fait qui est notre triste condition (en connaissez-vous qui ne souhaiteraient pas réduire ce décalage ?). Contentons-nous, plus modestement de tenter de corriger nos plus grossières erreurs… dans la mesure de ce qui nous est possible.

  28. « Tout être conscient est à cent pour cent responsable de ce qu’il fait, dit, écrit, et à cent pour cent irresponsable des conséquences de ce qu’il fait, dit, écrit, y compris des interprétations de ses dires ou des lectures de ses écrits. Notre destin est celui de la responsabilité irresponsable. »

    (Edgar Morin, Mes démons, Stock, 1994)

  29. Pour le dire autrement :

    Le problème éthique n’est pas tant celui de son absence que de sa profusion. En toutes circonstances, à bien y regarder, plusieurs impératifs d’ordre différents nous déterminent des devoirs contradictoires. Que faut-il favoriser : le local ou le global, la prudence ou l’audace, le concret ou l’abstrait, le court, le moyen ou le long terme, etc. ?

    Il nous faut peut-être juste apprendre à vivre avec cette indépassable (et somme toute récente) incertitude et soit faire des compromis d’attente, soit décider… sur le seul mode du pari !

    On aimerait certes mieux que les choses soient autrement : qu’il y ait le Bien et les bons d’un côté, le Mal et les méchants (ou les cons) de l’autre. Ce serait plus conforme à nos désirs. Plus simple aussi. Mais bon… le monde n’est pas un « Parc d’abstractions » à la Walt Disney.

    Et finalement, tant mieux ! Non ?

  30. Bigre ! Que de commentaires ! Et même une recette en italique…
    Dans l’ordre chronologique je donne un point de vue personnel :
    1 = C’est un truisme de dire que l’homme n’est pour rien dans l’extinction des dinosaures. A cette époque, bien sûr, seuls étaient présents ses lointains ancêtres mammaliens (petits, discrets et homéothermes). Volcanisme, méthane, CO2, maladies… ont pu, isolément ou en conjonction, porter un coup fatal à ces géants.
    2 = Un million de morts en Irlande à cause du mildiou : c’est avéré.
    3 = Réintroduire des espèces, avec les meilleures intentions du monde, n’est pas dénué de risques. Les recenser, les évaluer est du domaine de la connaissance experte ; laquelle n’a pas toujours le recul suffisant pour se prononcer. Ce qui est sûr, comme le dit Anne, la « fois de trop » peut-être terriblement dommageable. Si on la craint, évitons-la !
    4 = Vincent donne, à juste titre, beaucoup d’importance au HASARD. Je suis d’accord avec lui : la contingence des associations cellulaires en réponse à des conditions biotiques et abiotiques contingentes produisent des écosystèmes qui paraissent stables, en équilibre. Sur une période courte c’est sans doute vrai. Mais en temps géologiques c’est faux. Et c’est normal et tant mieux… Que l’Homme ajoute du hasard au hasard c’est évident. Il n’est rien d’autre qu’un effecteur « naturel » !!! La Nature stable ne ressortit pas au mythe : c’est un point de vue-flash sur un assemblage en constante dynamique.
    5 = Anne nous rappelle que les processus d’homéostasie et de feed-back, qui avaient à l’origine une connotation physiologique, peuvent tout à fait s’appliquer à des écosystèmes. Je suis d’accord avec elle.
    6 = Cess nous invite à penser à la fatalité des disparitions d’espèces vivantes. Les archives paléontologiques nous ont fourni des documents incontestables : dans tous les milieux, à 6 reprises, les espèces vivantes ont eu à faire face à des changements drastiques des conditions de milieux. La gamme de leurs prédispositions ne leur a pas permis une réponse appropriée : et alors la survie momentanée et la progéniture n’ont pas été possibles.
    Quant à la nécessaire humilité de l’Homme, on ne peut qu’être d’accord. Et quant il se mêle de « protéger », si c’est bien pensé et bien réalisé parfait, mais si c’est n’importe comment il ferait mieux de s’abstenir !
    7 = Les deux citations d’Axel Kahn et d’Edgar Morin me conviennent.
    8 = INVASION : « Action d’envahir, de se répandre dangereusement (dans un lieu). L’invasion de l’organisme par les microbes – Une invasion de sauterelles, d’insectes, de rats. » (Alain Rey) Dans cette définition on ne sous-entend pas qu’il y a une « intention » de la part des envahisseurs !
    Si « invasives » n’est pas approprié, par quel mot va-t-on le remplacer ?
    9 = Bernard nous a laissé ferrailler, mais auparavant il a bien planté le décor. Merci à lui pour sa façon de voir et sa manière de tendre des perches (pas celles du Nil bien sûr !!!).

  31. Un sacré talent de conciliation et de synthèse, Roland.
    Dommage qu’il n’y ait pas de niche vacante dans la campagne présidentielle, on t’y aurait poussé !!!
    ;-))

  32. Vincent, s’il y a un endroit où il ne peut y avoir de niche vacante, c’est bien sur ce blog. Dès qu’il y a un espace, tu l’occupes !
    Pour notre plus grand plaisir d’ailleurs !

  33. Je ne sais pas comment je dois entendre la remarque de Vincent. Si c’est un compliment, merci. Si c’est pour me faire une niche, alors je me mets au Vert et je vais battre la campagne….
    En tout cas Vincent a beaucoup de talent et ne laisse jamais rien dans les clairs-obscurs !
    Bravo ! C’est ce qu’on pourrait appeler de la « bio-vigilance ». Et toujours à bon escient bien entendu !

  34. Mag, en prenant les termes de mon article au pied de la lettre, a joué aux espèces invasives et perturbatrices en faisant porter le débat sur les italiques. Et Vincent, qui ne perd jamais une occasion de foutre le bordel sur ce blog, l’a suivie. Finalement, je comprends que l’Homme en soit arrivé à inventer les pesticides (il devait déjà y avoir des Mag et des Vincent à l’époque !).

    PS – Comme Mag est passée boire une bière à la maison tout à l’heure et qu’elle ne retournera devant son ordinateur qu’une fois rentrée dans la Creuse dimanche soir, j’en profite pour dire un peu de mal d’elle. Avec un peu de chance, elle ne reviendra pas sur cet article. Mais fouineuse comme elle est (comportement typiquement féminin), ça m’étonnerait … !

  35. La fouine est de retour dans la Creuse et se remet doucement de son petit séjour franc-comtois… pour lire des propos douteux ; je r’pars en vacances, moi !

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