Annoncée sur ce blog il y a quelques jours, la conférence de Claude-Roland Marchand, première d’une série de trois, a eu lieu hier soir à Besançon.
L’idée de ce cycle de conférences est venue de la polémique suscitée l’an passsé par le film « le cauchemar de Darwin ». Roland a d’abord eu envie de remonter aux sources du Darwinisme et de montrer comment est apparue la fameuse théorie de l’évolution. C’est l’objet de cette première conférence.
Plusieurs lecteurs de ce blog ayant regretté de ne pouvoir assister à le conférence, j’ai décidé de la restranscrire de manière plutôt détaillée, afin que le débat qui s’ensuivra (enfin, j’espère) puisse être le plus riche possible.
Au cours des quelques millénaires qui ont précédé Darwin, le « créationnisme » et le « fixisme » ont été la pensée dominante, sous des formes diverses. Les Egyptiens avaient imaginé des cosmogonies, monde bien organisé, régi par un « Dieu de tutelle » supervisant lui-même neuf dieux différents. On n’était pas loin du monde de la magie, il suffisait par exemple que le Dieu Ptah imagine, par la pensée, un être vivant, pour que celui-ci soit créé. Chez les Grecs, Platon et Aristote avaient sensiblement les mêmes idées sur la place occupée par les différentes espèces : chez Pluton chaque être est considéré comme « idéal » et n’évolue plus ; pour Aristote, chaque être a une place bien précise sur une échelle, chaque barreau accueillant une espèce fixe et permanente (la plus simple en bas de l’échelle, la plus complexe en haut). Pour les judéo-chrétiens, la seule version de la création du monde est celle qui est citée dans l’Ancien Testament : Dieu a créé le monde en sept jours (dont ce célèbre 6ème jour au cours duquel il créa l’Homme à son image pour qu’il puisse soumettre les autres êtres vivants).
Une évolution notable viendra avec l’arrivée des Encyclopédistes, tels Diderot et d’Alembert. Ils remettent en cause la pensée chrétienne, ils abordent assez peu ce problème de la création des espèces mais ils auront une influence énorme sur les scientifiques qui suivront.
Le grand naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), l’inventeur de la Systématique (cette science qui classe les êtres vivants) ne fera pas évoluer le débat. Il était très croyant. Pour lui, toutes les espèces sont fixées, immuables, on pourrait dire, en caricaturant un peu, qu’il se contentera de les classer.
Buffon (1707-1788) sera l’un des premiers à faire évoluer les choses. Alors qu’il était admis à l’époque que la terre avait environ 6 000 ans, il se hasarde à dire 75 000 ans et même à écrire trois millions d’années dans ses notes personnelles. Et il écrit surtout que « les espèces changent au cours des générations ». Il n’en est pas encore à dire que les espèces se transforment en d’autres espèces mais un grand pas est fait, qui contredit la genèse.
Lamarck (1744-1829) apportera une pierre importante à l’évolution de la pensée scientifique. Il s’oppose au créationnisme. Il pense que les espèces se transforment graduellement (on parle alors de gradualisme). Ainsi l’histoire connue du fameux cou de la girage (« la fonction fait l’organe et l’usage l’amplifie »). Il explique la naissance des espèces par une sorte de mouvement, d’élan vital, qui créerait une dynamique de changement des espèces.
Avec Georges Cuvier (1769-1832), on fera presque un pas en arrière car ce très grand savant (l’un des plus grands de son époque) considère que les espèces sont immuables et fixes.
Voilà donc où on en est lorsque Charles Darwin arrive. Mauvais élève, mal orienté au départ vers des études de médecine, naturaliste curieux, les circonstances feront qu’on lui propose une place sur le fameux bateau The Beaggle qui le conduira, entre 1831 et 1836, tout autour de la terre. Les observations qu’il fera aux Galapagos, au Cap Vert, dans les forêts brésiliennes ne le conduiront pas à échaffauder tout de suite sa théorie. De retour en Angleterre, Darwin observe avec attention les résultats des éleveurs de pigeons, de chiens, il relit ce que Malthus a écrit sur les dynamiques des populations animales et ce n’est qu’en croisant tout ceci avec ses propres observations de terrain, qu’il échaffaude progressivement sa théorie. Le fameux livre de Darwin (« l’origine des espèces par la sélection naturelle ») ne sort qu’en 1859 (23 ans donc après son retour), il connaîtra six éditions successives qui permettront à Darwin de peaufiner progressivement ses arguments. Il y expose avec force sa théorie que la sélection des espèces se fait par petits ajouts graduels qui vont modifier la descendance (voir ci-dessous, dans mon premier commentaire un raccourci de la théorie de Darwin, extrait de Wikipédia).
Les adversaires de Darwin, aussi bien dans les milieux religieux que scientifiques, s’opposent à sa conception (« Monsieur Darwin, vous descendez du singe, par votre père ou par votre mère ? ») et les caricaturistes de l’époque s’en mêlent.
Mais finalement, les résultats scientifiques obtenus dans d’autres disciplines (notamment en embryologie et en paléotologie) viendront apporter de l’eau au moulin de la thèse de Darwin.
Mais le créationnisme à la vie longue : au 20ème siècle, Teilhard de Chardin ramène Dieu sur le tapis (« Dieu est le point initial et le point final : l’alpha et l’oméga »). Jean Chaline, lui non plus n’est pas loin du créationnisme, en affirmant que « la loi guidant l’évolution serait inscrite dans l’ADN ». Au cours du 20ème siècle, la théorie de Darwin sera dévoyée par Alexis Carrel (prix Nobel en 1912, qui a géré les problèmes humains sous Pétain) qui justifie l’existence des chambres à gaz par le fait que les plus faibles, comme dans la nature, doivent être éliminés. Des théories diverses seront émises au cours du 20ème siècle, dont la théorie du gène égoïste de Richard Dawkins (« l’individu est un artifice inventé par les gènes pour se reproduire »).
Dans les dernières décennies, l’ensemble des scientifiques (ou presque) s’est rangé derrière Darwin. Ainsi le néodarwinien Axel Kahn qui intègre les apports de la science moderne pour renforcer la thèse de Darwin, Christian de Duve, prix nobel 1974 qui est venu au secours des darwiniens (« l’évolution n’est plus une théorie, c’est un fait ») et François Jacob, prix nobel 1965 (« L’évolution procède comme un bricoleur qui pendant des millions et des millions d’années, remanierait lentement son oeuvre, la retouchant sans cesse, recoupant ici, allongeant là, saisissant toutes les occasions d’ajuster, de transformer, de créer »).
Comme vous le savez, les mouvement religieux créationnistes, très implantés aux Etats-Unis, remettent plus que jamais en cause la théorie de Darwin. En France, on pourrait se croire à l’abri de ce retour en force de l’obscurantisme primaire. Et bien non, il y a une quinzaine de jours, le ministère de l’Education Nationale a confirmé que des livres, réfutant la thèse de Darwin, avaient, au nom du Coran, été massivement envoyés aux écoles françaises (envois réalisés depuis l’Allemagne et la Turquie) et que le ministre avait lancé un message d’alerte auprès des recteurs pour que le livre ne soit pas lu par les élèves. On croit rêver.
Dans un contexte où les créationnistes religieux mettent les bouchées doubles, la conférence de Claude-Roland Marchand prend toute son importance.
Je remercie Roland qui a accepté de jouer le jeu avec les lecteurs de ce blog. Lui-même étant un intervenant régulier sur ce site, il est disponible dans les jours qui viennent pour dialoguer avec nous en ligne ! A vos commentaires donc !
La théorie de l’évolution de Darwin établit que tous les individus d’une population sont différents les uns des autres. Certains d’entre eux sont mieux adaptés à leur environnement que les autres et ont, de ce fait, de meilleures chances de survivre et de se reproduire. Ces caractéristiques avantageuses sont héritées par les générations suivantes et, avec le temps, deviennent dominantes dans la population (voir figure 2). Ce processus progressif et continu résulte en l’évolution des espèces. Les points principaux de la théorie sont :
1. Il se produit une évolution.
2. Les modifications de l’évolution sont en général progressives, et demandent de plusieurs milliers à plusieurs millions d’années.
3. La sélection naturelle est le mécanisme principal de l’évolution.
4. Cette sélection comporte deux composantes :
1. sélection de survie
2. sélection sexuelle, c’est-à-dire aptitude à trouver un partenaire : un individu remarquablement adapté pour la survie et qui ne serait pas du tout attirant pour le sexe opposé ne transmettra pas son patrimoine (d’où l’émergence de la queue du paon, par exemple, bien que celle-ci le handicape fortement vis-à-vis de prédateurs éventuels).
5. Toutes les espèces aujourd’hui vivantes tirent leur origine d’une seule forme de vie à travers un processus de branchement appelé spéciation.
( extrait de wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Darwin )
Amusant lapsus !
Dans ton texte, tu as nommé Platon : « Pluton ».
Puisse-t-il – avec son insupportable « idéalisme » – simplement subir le même sort que celle-ci : être banni de la confrérie des « grands philosophes », comme cette planète a été récemment exclue de la cohorte des « étoiles » !!!
1859 ! Tout cela semble si récent ! Comment peut-on expliquer que les esprits ne se soient pas éveillés plus tôt ?
Rappelons que les deux prochaines conférences de Roland auront lieu de 17H à 19H les lundis 12 et 19 février prochains dans la salle A21 de la faculté des Lettres de Besançon.
D’abord, un grand merci à toi, Bernard. Je fais partie de ces gens qui auraient vraiment aimé assister à cette conférence et ton travail de synthèse est on ne peut plus clair.
Je trouve assez extraordinaire que Charles Darwin, il y a plus de 150 ans, ait élaboré une théorie à l’encontre de la pensée, non pas dominante, mais omniprésente de son époque, et que cette théorie soit toujours admise aujourd’hui, même si on continue à l’affiner. Un éclair de génie. Quoi que « éclair » ne soit pas très approprié pour parler de travaux de plusieurs décennies…
Et c’est bien ce rapport entre la recherche scientifique et la pensée dominante que je trouve passionnant. Être capable d’une telle rigueur qu’il arrive à faire abstraction de ce qu’on lui a toujours inculqué. Il fait table rase et ne tient compte que de ses propres observations. Ça démontre une immense liberté d’esprit aussi, non ? – Pourquoi cela m’a t’il tant fait plaisir d’apprendre qu’il avait été mauvais élève ?
Quant aux extrapolations de sa théorie, j’ai déjà lu des choses plutôt farfelues là-dessus. Je me souviens d’une scientifique qui expliquait que dans le cadre de la sélection sexuelle chez les êtres humains, l’homme devait trouver une partenaire en bonne santé, capable de procréer sans problème ; tandis que la femme devait trouver un partenaire sur qui elle pourrait compter pour élever ses petits qui tardent particulièrement à acquérir leur indépendance… Ce qui explique que les hommes sont plutôt attirés par les jeunes et jolies femmes (voire avec des gros seins, tant qu’à faire) et les femmes par les hommes riches !
Il faut dire, pour la défense de la scientifique en question, qu’elle était américaine.
La même scientifique faisait une comparaison audacieuse entre la queue du paon et la grosse voiture de l’homme.
Félicitations Bernard !
Avec tout le travail que tu as en ce moment, tu parviens à rédiger un résumé, à faire une mise en page, à aller sur wikipedia… et tout ça avec un sens aigu de l’essentiel.
J’ai bien reconnu mon propos. La prisede notes est parfaite.
Simplement, pour Darwin j’ajouterais encore ceci : « il est le premier naturaliste à donner la source de la variabilité : pour lui c’est au niveau des organes sexuels, avant la conception, que les modifications se produisent ; ce qui explique qu’elles soient transmises à la descendance ».
Cela nous paraît naturel aujourd’hui, mais au milieu du 19ème on croit encore à la génération spontanée (Pasteur mettra du temps à faire admettre ses conclusions !) et Mendel viendra plus tard (avec 35 ans d’oubli quand même). Au temps de Darwin on connaît les chromosomes, bien sûr, et on commence à comprendre la mitose (la méïose sera comprise plus tardivement) mais on ne sait pas qu’ils sont le support de l’hérédité.
C’est le tendon d’Achille de Lamarck qui affirme que les caractères acquis sont héréditaires (et ce dogme fera encore des émules au 20ème siècle chez des scientifiques fort connus !)
Bernard a raison de souligner le forcing des créationnistes partisans de « l’Intelligent Design », qui nient l’évolution en se référant aux textes bibliques ou coraniques pris à la lettre. Avec une mauvaise foi (!!!) et un raisonnement simpliste que j’aborderai la prochaine fois.
Encore merci à tous les gens présents, à leur écoute, et à leurs questions ou commentaires, déjà faits ou qui seront faits dans cette salle un peu « rétro » de la Fac de Lettres.
Dernière chose : la photo du conférencier était-elle nécessaire ?
En résumé pour DARWIN on retiendra : VARIATION, TRANSMISSION, SELECTION NATURELLE…. mais il y aurait tant à dire sur cet homme génial qui s’est intéressé aux Orchidées, aux Coraux, aux Vers de terre, et bien sûr à l’Homme.
Un petit bémol toutefois : il tenait des propos « condescendants » (et le mot est faible) sur les « sauvages de la Terre de Feu », en conformité avec l’attitude des explorateurs blancs de cette époque. Aujourd’hui on parlerait de racisme, c’est évident !
Les « propos condescendants sur les sauvages de la Terre de Feu » sont-ils à reprocher à Darwin ? La littérature scientifique de l’époque ne fourmille-t-elle pas de ce genre de choses où le bon blanc regardait les autres du haut de son piédestal ? Il s’agissait peut-être avant tout d’une manière de penser d’une époque, l’ensemble des gens baignait dans le climat ambiant et il devait être difficile à l’individu lui-même de s’affranchir de tout ça. Idem pour nous. Que penserons les générations futures de notre comportement d’aujourd’hui ? Et pourtant, nous aussi, nous croyons bien faire !
EDIFIANT !!!
Je viens « d’éplucher » le site d’Harun YAHYA (prédicateur turc de l’islam et au demeurant bon business-man). C’est consternant, édifiant et très inquiétant.
Dans l’ATLAS DE LA CREATION, les documents sont exacts : il y a confrontation d’une photo de fossile bien choisi avec son équivalent actuel, et la ressemblance est évidente. Et Yahya de conclure par exemple : « une espèce qui est restée identique après 50 millions d’années, réfute l’évolution ».
Ce discours péremptoire et simpliste n’utilise pas de bons arguments : une espèce aérienne qui n’a pas changé au cours des temps géologiques, a un ancêtre aquatique, plus archaïque, mais possédant des prédispositions pour affronter un milieu plus sec, plus hostile. Une fois adapté à ce milieu, si son potentiel adaptatif est épuisé, si la pression environnementale ne s’exerce pas l’espèce survit, se reproduit et occupe une niche écologique bien définie. Ce qui est vrai pour un insecte, peut s’appliquer à un vertébré ou à une plante.
Le généticien moléculaire Le Guyader estime que le discours de YAHYA est « une forme de créationnisme, bien plus insidieuse que celle, d’inspiration chrétienne, qui sévit en Amérique du Nord ».
Affaire à suivre. Soyons vigilants.
Mais on peut se poser des questions : d’où vient l’argent qui a permis cette distribution gratuite d’un livre de 770 pages ? Est-ce que tous nos établissements scolaires peuvent être les destinataires de n’importe quelle publication sans contrôle, sinon celui des chefs d’établissements ???
GRAVE : (j’ai gardé cette citation pour la fin car l’amalgame est révoltant).
YAHYA dénonce vigoureusement « l’imposture des évolutionnistes et les liens occultes existant entre le darwinisme et les sanglantes idéologies telles que le fascisme et le communisme ».
Elle est intéressante, finalement, la théorie du gène égoïste de Richard Dawkins ”l’individu est un artifice inventé par les gènes pour se reproduire”. Cette théorie me semble au moins en partie compatible avec celle de Darwin. Est-ce que les scientifiques ont définitivement écarté d’un revers de main cette théorie qui me semble osée ? Ou est-ce qu’elle est encore d’actualité ?
En tous les cas, le point de vue de Dawkins n’est guère flatteur pour l’être vivant, y compris pour l’Homme qui ne serait qu’un jouet au service du gène. Cette théorie nous rabaisse un peu notre caquet et je me demande si ce n’est pas pour cette raison qu’elle a du mal à trouver sa place dans le monde scientifique.
A propos de classification, ou de taxonomie, je recherche le nom de la catégorie animale, totalement inventée par un biologiste français de renom, son sérieux habituel ayant fait mordre à l’hameçon bien du monde.
Ces charmantes bestioles auxquelles un ouvrage très bien illustré a été consacré, vivaient soi-disant dans des écosystèmes totalement détruits par les essais nucléaires de notre chère patrie, dans le Pacifque. (Il y a podo ou pédi ou quelquechose du genre dans le nom de ce taxon méconnu… et oublié.)
Récemment, un sujet d’examen portant sur ces bestioles a mis en échec toute une brochette de candidats, qui totalement révoltés par une telle inconséquence politique, ont proposé de nombreux projets !
L’heure est donc plus à la bio-uniformité qu’au dynamisme évolutif… mais à une science au service de la religion et du management.
Pouvez-vous m’éclairer et éventuellement, me dire si ce bouquin est trouvable, je le mettrais bien dans ma bibliothèque…
Un grand absent, à mon sens, du bref aperçu historique résumé par Bernard, est Galilée, le créateur (si je ne m’abuse) de la « démarche expérimentale » qui établit la seule méthode légitime de détermination de la « vérité scientifique ».
Si j’insiste sur ce point, c’est qu’il me semble qu’aux irrationalistes de tout poils (creationnistes religieux et autres) il ne faut surtout pas opposer la théorie de Darwin (présentée comme un dogme irréfutable) mais bien la seule méthode scientifique d’investigation.
Ne confondons pas, en effet, les faits objectifs – qui assurent par exemple à eux-seuls que le monde n’est pas né il y a 6000 ans, que l’espèce humaine a bien évolué au même titre que les autres, etc… – et les hypothèses qui permettent ensuite d’établir à partir de ces faits des théories plus ou moins pertinentes.
Toute théorie, même marginale et abracadabrante, est légitime tant qu’elle ne contredit pas les faits. De même, aucune ne peut légitimement prétendre à incarner la vérité. Toutes ne peuvent être que des approximations plus ou moins efficaces.
La théorie de la « sélection naturelle », par exemple, semble certes plus conforme à la réalité que toutes celles qui lui ont précédé, mais il lui reste des zones obscures qui devraient la forcer à un peu plus d’humilité (pour ne pas décrédibiliser avec elle toute la science qui paraît du coup bien dogmatique).
Je cite à nouveau le problème du passage des reptiles aux oiseaux soulevé par Michael Denton dans « Evolution, une théorie en crise » (Champs Flammarion, 1985) : par simple hasard de micromutations génétiques, il aurait en effet fallu – statistiquement parlant – bien plus de temps pour passer de la patte à l’aile fonctionnelle. Et comment expliquer de plus, avec la seule « selection naturelle », que toutes les étapes intermédiaires (quand ce ne sont plus des pattes mais pas encore des ailes), sans doute bien peu pratiques, ont été conservés au fil des millénaires ? Et pourquoi, de surcroît, ne trouve-t-on aucun spécimen, justement de ces étapes intermédiaires ?
C’est à mon sens un « vrai » problème.
Dans cet exemple comme dans bien d’autres, la science (qui ne vaut pour moi que par sa démarche) gagnerait à afficher ses doutes (qui sont tout son honneur) plutôt que de répondre aux obscurantistes par les méthodes qu’elle est en droit de leur reprocher.
Rien n’est moins fidèle d’ailleurs, à Darwin lui-même, que d’interdire toute tentative de remise en cause d’une théorie dominante… tant que cela reste dans l’acceptation du cadre de la démarche expérimentale.
PS : Elle date de quand, Bernard, la théorie de Dawking ? Elle ne me semble pas si nouvelle que cela : fin XIXe, Schopenhauer tenait déjà des propos similaires (« L’amour, comme ruse de l’espèce », etc.)
Roland a raison de souligner le côté rétro de la salle de conférence à la fac de lettres. S’il y a bien un domaine où le « fixisme » est encore de mise, avec son côté immuable, c’est bien l’état des locaux universitaires. Les mêmes qu’il y a cinquante ans, en plus dégradés évidemment (c’est le « dégradualisme », conception à l’opposé de Lamarck, … la marque du temps évidemment). L’évolution ne semble pas avoir prise sur cet aspect des choses.
Roland, autrefois je prenais des notes lorsque tu donnais des cours à la fac. C’était il y a si longtemps ! Je dois avouer que ça m’a fait tout drôle de refaire exactement la même chose, trente trois ans plus tard. Mais je crois que j’étais plus assidu avant hier soir qu’à l’époque où j’étais étudiant !
pour Iznogood tout est là : http://fr.wikipedia.org/wiki/Rhinogrades
C’est incroyable cette histoire d’ordre biologique fictif « les rhinogrades » inventé par un zoologiste ficfif Jean-Paul Grassé. Merci Jean-François ! Tu devrais intervenir plus souvent sur ce blog, je sais que tu es un fervent adepte de Wikipédia et que tu participes même à l’écriture d’articles. Tu as sûrement des tonnes de trucs à nous dire.
Le biologiste n’est pas fictif, seulement les rhinogrades !
Effectivement ce canular est surprenant, mais l’intention était celle d’un vrai scientifique : éclairer les ténèbres, comme au temps du mythe de la caverne.
Sacrés humains !
Et merci pour la référence à Jean-François.
Oui effectivement, qu’est-ce qui m’a pris d’écrire « biologiste fictif » ! Jean-Paul Grassé (dont je possède d’ailleurs un ouvrage) doit se retourner dans sa tombe !
RICHE CE « CHAT » !!!
= En premier lieu, bravo, le néologisme de Bernard : le dégradualisme, pour qualifier une salle de cours qui doit poser de sérieux problèmes à la Commission Hygiène et Sécurité de la Fac de Lettres.
= Iznogoud en évoquant les Rhinogrades, m’a fait penser à ces vraies bestioles seules capables de survivre après une catastrophe nucléaire : il s’agit des TARDIGRADES (environ 0.5 à 2mm) résistant au froid (20h à
-272°C), quelques minutes à +150°, supportant de très hautes pressions
(-10.000m au fond de l’océan) et le vide absolu, et peu affectés par les substances toxiques « courantes ».
On en a retrouvé dans les glaces de l’Arctique, congelés depuis 2000 ans et qui se sont réveillés, sans dégâts ; c’est ce qu’on appelle la cryptobiose (cf wikipedia).
= Vincent souligne à juste titre un grand absent : Galilée adepte de la démarche expérimentale (au même titre qu’Archimède en son temps). Je ne l’ai pas évoqué dans mon exposé (mais il est en bonne place dans mes approches épistémologiques) car j’ai voulu rester dans le champ des sciences naturelles (choix très arbitraire j’en conviens).
A propos des zones obscures de la sélection naturelle : bien entendu qu’il y en a et Darwin ne manque pas de les souligner ; il n’est jamais péremptoire et n’hésite pas à modifier son propos d’une édition à l’autre (la 6ème édition de L’Origine des Espèces comporte 150 pages de plus que la 1ère). Les néo-darwiniens également restent prudents et tentent par des hypothèses à expliquer ces lignées « immobiles » depuis des millions d’années ; et à tout moment ils intègrent dans leur schéma de pensée les apports de la biologie moléculaire et les indices donnés par la paléontologie. Le dossier n’est jamais bouclé.
En ce qui concerne les mutations qui ont pu conduire du membre chiridium adapté à la marche à une palette natatoire ou à une aile, on doit garder à l’esprit la durée des étapes du phénomène. Darwin a postulé qu’elles se passaient graduellement. S.J. Gould au 20ème siècle opte pour des « bouffées mutationnelles » suivies d’une phase d’équilibre silencieuse. C’est la théorie des « équilibres ponctués » qui a déclenché pas mal de critiques et que les créationnistes ne manquent pas de démolir.
La question des formes intermédiaires, qu’on ne retrouve pas ? C’est un vrai problème ; mais c’est pas parce qu’on n’en trouve pas ou peu qu’elles n’existent pas. Pour le cheval, heureusement, on a la chance d’avoir tous les intermédiaires entre l’ancêtre pentadactyle et l’actuel monodactyle (les créationnistes prétendent qu’on a pris plusieurs espèces pour faire un montage crédible !)
Une remarque : tous les chiens semblent dériver d’un même ancêtre qui est le LOUP. La sélection par l’homme a produit les 300 races actuelles : avons-nous tous les intermédiaires à montrer entre le loup et le pékinois par exemple ?
Dernière chose : DAWKINS a écrit le « gène égoïste » en 1976 ; son point de vue mérite un certain intérêt, d’autant plus que ce chercheur nous dit : « Les gènes apparemment inutiles sont des réservoirs de potentialités capables d’adaptation à la nouveauté » . Et là nous touchons du doigt ce qu’on appelle les « prédispositions » qui peuvent donner du crédit au dessein intelligent dont les gènes seraient les relais…
J’aime bien, Roland, ton expression : « donner du crédit au dessein intelligent dont les gènes seraient le relais ».
Il me semble en effet égalemet (si c’est bien ce que tu laisses entendre) qu’on est obligés d’admettre, même si on est farouchement « matérialiste » philosophiquement parlant (donc forcément séduits par la théorie de la sélection naturelle qui est du même courant idéologique) que – si le créationnisme religieux est désormais scientifiquement intenable – l’hypothèse « spiritualiste » est quant à elle toujours légitime, même si elle n’est pas dominante.
Est-ce le simple « hasard » ou une sorte d’ « idée » (de « dessein intelligent ») qui est derrière l’évolution constatée ? Rien ne permet objectivement de trancher.
Et finalement ce n’est pas si mal : l’éternel (et passionnant ?) débat entre les deux postures (plus de 2000 ans qu’il perdure) n’est pas près de se conclure !!!
Vincent tente d’ouvrir le débat au spirituel.
J’ai envie de dire ATTENTION.
Aux Etats-Unis, où le dessein intelligent profite d’un important lobbying (soutenu par George W. Bush), les tenants du dessein intelligent remettent en question les théories issues du darwinisme et soutiennent le dogme créationniste.
Il existe des défenseurs de ce concept qui ne se targuent pas de religion… et qui avancent que cette intelligence serait peut-être d’origine extra-terrestre. Ils sont très minoritaires.
Jusqu’à présent, ce concept n’a pas pu s’affirmer comme une science.
Je voudrais demander à Roland – et aux autres – ce qu’ils pensent de l’idée que l’évolution biologique aurait précédé l’évolution technique et culturelle. Pascal Picq, par exemple, distingue l’homme en tant qu’espèce, de l’humain en tant que concept philosophique inventé par cette espèce. Il appelle « révolution symbolique » l’apparition de l’art.
Contrairement à ceux qui soutiennent la thèse de la coévolution entre gènes et culture. Edward Osborne Wilson l’a formulée ainsi : « Les gènes tiennent la culture en laisse ». Thèse proche de celle du gène égoïste de Richard Dawkins.
Si je peux me permettre je connais bien les rhinogrades, je les ai même réintroduit dans les monts de Gy il y a quelques années. J’avais fait acheté le bouquin à l’animatrice de la bibliothèque enfantine du Pays Gylois. Elle avait travaillé dessus avec les gamins, lecture des descriptions, puis concours de dessins. Et cela avait été le thème de la fête de fin d’année. On avait même poussé le canulard jusqu’à un article dans la presse de Gray (qui m’en a voulu longtemps) etc. Bernard ton blog est dans mon agrégateur de nouvelles. Grace à toi et à tes lecteurs http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_G%C3%A9roudet qui était un article de quelques lignes a été étoffé.
toutes mes amitiés
Je cherche peut-être moins à ouvrir le débat sur le « spirituel », Anne, qu’à simplement rappeler aux tenants du « matérialisme » (auxquels je m’affilie) que leur position tient du pari plutôt que de la vérité. Et défendre ensuite l’idée que ce « pari » a davantage de valeur lorsqu’il reconnaît celle de son concurrent (au lieu de la décrédibiliser ou nier).
Quant à ta question sur l’évolution technique, si je l’ai bien comprise, j’opterais pour ma part volontiers (sans référence à citer cependant) pour l’hypothèse d’un aboutissement de l’évolution biologique de l’humain (à part la réduction de la mâchoire qui se poursuit)… la suite du mouvement se produisant désormais essentiellement par le biais des artéfacts qu’il se crée.
Pourquoi, en effet, agrandir le cerveau quand on peut le développer par l’intermédiaire d’ordinateurs extérieurs ? Pourquoi rendre la main plus agile quand les machines peuvent atteindre une précision au-delà de toute espérance organique ? Etc…
Heu… Je me rends compte en relisant mon précédent commentaire après coup que mes deux dernières questions sont tendancieuses. Poser la question en terme de « pourquoi » est en effet une question sans fondement « matérialistiquement parlant »
Ne prends pas mal, Vincent, mais tu devrais les relire plus souvent tes commentaires, tu te rendrais alors peut-être compte que ce n’est pas la première fois qu’on peut les trouver « tendancieux » !
Réponse à ANNE :
De même que l’évolution biologique a une part de contingence, l’évolution technique et culturelle lui est contemporaine. Je parlerais, grosso modo, de co-évolution. Est-ce que c’est le pouce opposable qui a fait l’humain, ou est-ce parce qu’il était opposable qu’il a permis d’exécuter des gestes et des outils compliqués lui permettant d’innover ? Vaste débat, comme celui de la poule et de l’oeuf ! Par ailleurs n’oublions pas que les singes, porteurs de doigts opposables aussi, ont une culture, des codes de communication, une éducation … Nous n’avons pas le monopole, ni de l’outil, ni des codes de comportement social, c’est bien connu.
Pascal PICQ est un paléoanthropologue du Collège de France qui a publié de nombreux ouvrages : « Cro-Magnon et nous », « Aux origines de l’humanité », Le singe est-il le frère de l’homme ? », Qu’est-ce que l’humain ? », « Les premiers outils », « Les origines de l’homme : l’odyssée de l’espèce »…
J’ai retenu une phrase intéressante de lui : « notre lignée est encore placée sous le signe de la diversité d’il y a quelque 40.000 ans. »
Cela nous ouvre encore pas mal de potentialités pour faire face aux aléas, non ?
Réponse à VINCENT :
« Nous sommes bien les derniers des Homininés » dit Pascal Picq, et moi j’ajoute : nous ne sommes ni des miraculés, ni un aboutissement.
Que les artefacts technico-culturels puissent modifier nos comportements, nos schémas sociaux, cela est indéniable, mais qu’ils transforment notre génome cela est improbable (on revient à Lamarck).
Le futur de l’homme réside précisément dans les potentialités du génome ; toutes les séquences en dormance, non exprimées aujourd’hui sont une source de prédispositions que telle ou telle population pourrait utiliser. Cela va de l’aptitude physique à la performance intellectuelle.
Supposons une mutation du nombre de mitoses dans le cerveau : deux fois plus de cellules dans le cortex, ou ailleurs ; cela se produisant à plusieurs reprises dans un groupe humain géographiquement localisé… La mutation n’est pas léthale, les descendants sont fertiles, et une lignée nouvelle prend sa place dans une société qui les accueille favorablement.
Scénario possible. Avec les conséquences qu’on imagine. C’est peut-être improbable. Mais si la culture s’ajoute à des bouleversements neuronaux, fonctionnels ou autres, on peut imaginer un scénario animalier comme l’a fait Wilson !!!
Dernière chose : Jean Chaline (un voisin bourguignon) pense que l’avenir de l’homme est pré-écrit dans son génome et il a même calculé une fin de l’humanité dans quelque chose comme 800.000 ans. On ne sera pas là pour le vérifier, mais on rejoint, avec une telle hypothèse, les postulats de l’ID (Intelligent Design) ou ceux de l’Inside Story….
Ce n’est peut-être pas tout à fait le sujet, mais l’évocation des titres de Pascal Picq m’y a fait penser :
Une des découvertes les plus bouleversantes en matière d’évolution ces dernières années a été pour moi d’apprendre (est-ce une découverte récente ?) que Néanderthal et Sapiens ont coexisté de longs millénaires avant que les premiers ne s’éteignent.
N’est-on pas quelque part, sourdement, tous un peu hantés par ce frère disparu ? Il ne vous manque pas un peu, vous, au tréfond de votre mémoire archaïque ?
Et si ce n’était pas, comme le suggérait Freud, le meurtre symbolique du Père qui fondait notre civilisation… mais celle du frère ?
Ah bon… Il est mort Néanderthal ?
C’est bizarre j’ai l’impression d’en croiser encore plus d’un !!!
C’est malin, HB !!!
Il n’empêche que sous couvert de boutade, tu participes de cette idée que bien sûr Néanderthal ne pouvait être qu’une brute !
Pour justifier leur rage destructrice, tous les Sapiens agissent de même : César faisait croire que les Celtes étaient des Barbares pratiquant le sacrifice humain, les colons blancs que les Améridiens n’avaient pas d’âme, les nazis que les Juifs et les Tziganes étaient des sous-hommes, etc. etc. etc.
Et si c’était le contraire ?
Ce que tu vois autour de toi – et qui te révolte sans doute – ce n’est pas Néanderthal… mais bel et bien Sapiens, cette espèce orgueilleuse qui se croit savante et sage (qui redouble d’ailleurs son « Sapiens » comme pour se convaincre) mais qui est avant tout d’une agressivité inouïe (d’où ses victoires multiples).
A propos de l’Homo sapiens, un texte intéressant est paru aujourd’hui sur leMonde.fr :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-865575@51-865694,0.html
(finalement, le Monde, quand çe ne parle pas de politique et d’environnement, c’est relativement intéressant !)
Lorsque Jean M. Auel sortit le premier volume de son roman « Les enfants de la terre » (intitulé « le clan de l’ours des cavernes »), la communauté scientifique avait reproché à l’auteur de faire cohabiter l’homme de Néanderthal et l’homme de Cromagnon alors qu’ils n’avaient jamais coexisté. En fait, on l’a démontré par la suite, ces deux homonidés avaient cohabité en Europe occidentale pendant une période de 10 000 ans.
Là où l’auteur à par contre un peu trop extrapolé, c’est qu’il n’y a jamais eu de croisement entre homo sapiens et l’homme de Néanderthal, il s’agissait bien d’espèces différentes.
L’homme de Néanderthal et l’homme de Cromagnon ont cohabité en Europe occidentale environ 10 000 ans.
L’homme de Néanderthal qui avait vécu 300 000 ans a donc disparu relativement peu de temps après l’arrivée de l’homme de Cromagnon.
Plusieurs hypothèses sur le sort de l’homme de Neanderthal:
1- la fusion des 2 groupes et l’acculturation
2 – l’élimination active de Néandertal (génocide…)
3- L’élimination passive, selon des lois de la dynamique des populations.
Certains auteurs évoquent même l’hypothèse d’une disparition d’origine virale ou bactérienne…
Coup par coup, j’ai eu envie de répondre à des phrases de cette discussion qui m’ont interpellées.
J’espère que ça ne sera pas trop fastidieux, mais jje voulais dire:
1: »François Jacob, prix nobel 1965 (« L’évolution procède comme un bricoleur qui pendant des millions et des millions d’années, remanierait lentement son oeuvre, la retouchant sans cesse, recoupant ici, allongeant là, saisissant toutes les occasions d’ajuster, de transformer, de créer »). »
Je noterai d’abord que je m’attendais à trouver dans le résumé de Bernard Etienne Geoffroy Saint-Hilaire en face de Cuvier. Sa démarche à mon sens (il était le grand héros, le Zorro d’un de mes profs abhorrés d’épistémologie de la fac de lille) est celle qui a le plus nettement ouvert la question à laquelle tente de répondre Jacob. Face au dessein intelligent, que peut proposer l’évolution? Et prenons bien garde, comme le dit Vincent, de ne pas nier la position de l’adversaire parce que c’est l’adversaire. Le créationnisme et le fixisme sont de très très grosses machines. Le problème de cette évolution que décrit Jacob, c’est, non pas de lui trouver une cause finale, mais une existence ontologique stable, un début de sens, qui pour moi n’est pas encore fixée. Canguilhem n’est pas en reste là dessus, en critiquant le vitalisme. Je veux dire, et là Roland pourra nous etre d’un grand secours, qu’on ne peut pas faire l’économie du sens à ce niveau. La biologie comme mécanique le peut, pas la biologie comme science du vivant.
2: Puisse-t-il – avec son insupportable « idéalisme » – simplement subir le même sort que celle-ci : être banni de la confrérie des « grands philosophes ».
Je ne reconnais la plume numérique d’aucun matérialiste de ce blog ici tiens 20.100, mais je voudrais préciser que ce brave Platon, outre avoir inventé la philosophie au sens strict, la dialectique, la critique scientifique des pouvoirs et l’anarchie pratique (n’oublions pas que le philosophe platonicien originaire ne crée pas de hiérarchies comme le Platon politique le fera dans les lois ou la république, mais marche libre et saltimbanque dans la cité, interroge et ridiculise les puissants.), se rendit trois fois en sicile (en sicile, tiens)à la cour de Denys II, tyran de syracuse, pour tenter d’induire celui-ci, à travers son neuveu Dion, à la conduite philosophique de la vie. Il a fini vendu comme esclave pour ça.
J’ai connu peu d’idéalistes avec des couilles de ce volume-là, et il n’était pas son disciple, mais le pensant lui-meme. L’idéaliste est disciple. Mais continuons cette discussion dans le privé, demande mon mail à Bernard.
3:YAHYA dénonce vigoureusement « l’imposture des évolutionnistes et les liens occultes existant entre le darwinisme et les sanglantes idéologies telles que le fascisme et le communisme ».
Je suis allé sur le site de ce monsieur récemment, et il est vrai qu’il est meilleur publicitaire que scientifique. Mais n’hésitons pas à interroger les rapports existants entre totalitarisme et évolutionisme, y compris dans son courant libéal actuel (la fin de l’histoire de Fukuyama, la capitalisme comme forme ultime d’organisation sociale de l’espèce humaine, forme totale et définitive du totalitarisme).
4: »Si j’insiste sur ce point, c’est qu’il me semble qu’aux irrationalistes de tout poils (creationnistes religieux et autres) il ne faut surtout pas opposer la théorie de Darwin (présentée comme un dogme irréfutable) mais bien la seule méthode scientifique d’investigation. »
Voilà, 100% en accord. Idem pour la théorie du Big Bang, qui ne tient pas très bien la route du tout en fait. Et n’est pas à proprement parler une théorie.
5: »Est-ce le simple « hasard » ou une sorte d’ « idée » (de « dessein intelligent ») qui est derrière l’évolution constatée ? Rien ne permet objectivement de trancher. »
C’est ce que j’ai voulu faire noter en 1. Il faut une métapysique de l’évolution, et là, bien sur, ça se sicilien.
5: »Le futur de l’homme réside précisément dans les potentialités du génome ; toutes les séquences en dormance, non exprimées aujourd’hui sont une source de prédispositions que telle ou telle population pourrait utiliser. Cela va de l’aptitude physique à la performance intellectuelle. »
Levy strauss, qu’on ne présente plus, disait en substance dans « tristes tropiques », son « autobiographie », qu’il avait une conscience aigue d’etre l’un des derniers hommes à rencontrer des hommes qui n’avaient pas de concept d’homme, jamais eu de contact avec la rationnalité scientifique ni le catholicisme etc…Et il soulignait avec tristesse que d’autres hommes avaient justement pu et su développer d’autres capacités sensorielles, motrices, intellectuelles que les notres, mais que nous ne nous en sommes pas rendus compte, les ayant jugés sur le critère de la rationalité scientifique lors de la première rencontre, avant de les tuer ou de les asservir.
Si seulement nous avions su, comme nous y appellait Nietzsche, savoir entendre l’inoui, savoir etre ouvert au nouveau…
L’irréparable gachis de connaissance que nous avons fait là:::meme le fait d’en déplorer le gachis me semble douteux (totalisation capitalistique de la connaissance, c’est mauvais ça, c’est un peu consumiste sur les bords de l’écran)
Alors, comme ça, quelles que bactéries et, hop, Néanderthal passe à la fosse septique de la préhistoire. C’est une hypothèse.
Une autre possibilité peut être : Sapiens ayant mangé Néanderthal, il est en partie génétiquement porteur et pour longtemps de ses caratéristiques. Nos contemporains sont Sapiens, OK ; mais à y regarder de plus près ne peut-on pas entrevoir que parfois Néanderthal n’est pas loin ?
Encore à me casser les pieds, les sapiens?
Elle est très étonnante l’histoire de la découverte de l’homme de Néandertahl :
http://fr.blog.360.yahoo.com/blog-qdNY9cMjdKRvxYFkNM2dXnzUops-?cq=1&p=1185
Homo sapiens veut dire littéralement Homme sage.
Contrairement à l’homme de Néanderthal, notre homme sage a inventé la propriété privée, la conquête de territoires, la domestication de la nature… Est-ce vraiment cela la sagesse ?
Et il paraît même qu’il a inventé la vie conjugale ! C’était-ti pourtant pas mieux avant ?
« Il y a trente mille ans vivait une « autre espèce humaine » – Neandertal. Prodigieux.
Si cela est vrai, c’est symboliquement plus important que le fait que l’homme descende du singe. L’ombre de cette espèce humaine disparue pèse sur toute notre anthropologie, puisque tout notre concept d’évolution privilégie l’universalité exclusive d’une seule humanité, la nôtre, celle qui a survécu. Et si elle n’avait pas été la seule ? Alors c’est la fin de notre privilège. S’il nous a fallu éliminer ce jumeau, ce double préhistorique pour assurer notre hégémonie, s’il a fallu que s’efface cette autre espèce, alors les règles dujeu de l’humain ne sont plus les mêmes.
D’où vient d’ailleurs cette rage d’universalité, cette rage d’élimination de toute aute race ? (Il y a fort à parier que si quelque autre race émergeait de l’espace, notre premier objectif serait de la réduire ou de la détruire.) Pourquoi faut-il, dans les formes jumelles, qu’il y en ait toujours une qui meure ? Pouqruoi faut-il partout anéantir la dualité pour ériger le monopole d’une espèce, d’une race, d’un sujet ?
Ceci dit, il n’est pas sûr que nous l’ayons véritablement emporté. Et si nous portions ce double en nous comme un jumeau mort ? Et peut-être bien d’autres, dans une sorte d’inconscient, tenace héritier de tous les meurtres antérieurs ? Ayant réalisé l’unité de l’espèce, pour la grande gloire de l’Homo sapiens, ne sommes-nous pas en train de nous dédoubler pour le pire – dans cette géméllité artificielle du clone, où l’espèce, reniant définitivement son origine, se prolonge comme spectre dans une répétition à l’infini ? Sur l’écran de notre conscience et de notre inconscient flotte l’ombre de ce crime originel, dont nous ne retrouverons sans doute jamais la trace. »
(Jean Baudrillard, « Cool Memories V, 2000-2004 », Galilée, 2005)
Evidemment que non !
Ne s’agirait-il pas, par conséquent, d’aller vers un Sapiens-sapiens ou, en toute modestie rétrospective, vers un Néo-néanderthal enfin assumé, capable de se confronter, hors du vacarme civilisationnel, au silence de la vie intérieure et à la solitude du dialogue avec soi comme fondement de son rapport au monde ?
« L’Odyssée de l’Espèce.
Absurdité de toutes ces mises en scène paléontologiques où tout est finalisé en fonction de l’homme. Un chimpanzé a toujours l’air de faire de la figuration animale (c’est d’ailleurs un homme déguisé en anthropoïde). Comme Napoléon perçait sous Bonaparte, ainsi l’ Homo sapiens perçait sous le coelacanthe. Et nos ancêtres successifs n’ont d’autres qualité au fond que d’avoir participé à note avènement définitif. Alors qu’avec la théorie darwinienne l’homme se retrouvait annexé à l’animalité, dans cette restitution au contraire, par une sorte d’évolutionnisme inverse, c’est toute la chaîne animale qui se retrouve annexée à l’humain. Reconquête des origines de l’homme à la lumière de sa domination finale.
L’illusion tient encore pour les formes les plus lointaines, car les bêtes sont de plus en plus fascinantes à mesure qu’on s’enfonce dans la nuit des temps – tels les dinosaures, elles basculent dans la mythologie pure. Ca se gâte lorsque la saga devient, au fil des temps, un film d’animation « réaliste », un feuilleton ou un « soap opera » où s’éclate restrospectivement le racisme des vainqueurs. Ainsi cette confrontation merveilleuse où le primate velu de Neandertal est pris d’assaut par des « girls » maquillées de Cro-Magnon, qui portent déjà les traits hollywoodiens de la race supérieure. »
(Jean Baudrillard, « Cool Memories V, 2000-2004), Galilée, 2005)
C’est déjà plutôt dur à assumer de faire partie de la tranche la plus riche de l’espèce (celle qui forcément exploite les autres), mais quand c’est au sein de l’espèce qui a éliminé les autres pour se faire sa place… c’est à se demander si oser de prétendre encore « de gauche » n’est pas qu’une forme de repentir un peu ridicule (ou du moins schizophrène) !
Merci l’Exilé pour ta réflexion. Elle est étonnante car une partie de ton commentaire (celle où tu écris « capable de se confronter, hors du vacarme civilisationnel, au silence de la vie intérieure et à la solitude du dialogue avec soi … ») correspond exactement à ce que j’ai pu ressentir lors de la panne d’électricité que j’ai relatée dans mon autre article « un pur moment de bonheur ». C’est la première fois que je remarque sur ce blog, de manière aussi flagrante, ce caractère d’interchangeabilité entre des commentaires. Il y aurait certainement à creuser dans tout ça et il doit exister un lien profond entre mon expérience dans le noir, le rapport au temps que celà a induit, et la vie néanderthale. En tous les cas merci l’Exilé de m’avoir laissé entrevoir que j’étais peut-être un « néo-néanderthal enfin assumé », ça me plait plutôt assez bien comme définition.
Vincent, tes propos n’auraient de sens que si l’on faisait réellement partie de l’espèce qui a éliminé une autre espèce d’hominés. Or, dans l’état actuel de nos connaissances, rien ne vient etayer la thèse très controversée d’un génocide de Néanderthal par Cromagnon.
Exact. De plus il est net que Baudrillard montre l’irrécupérabilité du crime. Et notre non-appartenance à Néanderthal, notre hétérogénéité. On ne peut plus rien y faire, c’est le sens du tragique: quelque chose s’est passée, sur laquelle nous n’avons aucune action, nous avons seulement une (éventuelle) information. Et une culpabilité à porter impossible à porter, à formuler. Pensez à Abel et Cain…mes frères!
J’ajoute: les bouddhisme zen entre autres appelle aussi à « se confronter, hors du vacarme civilisationnel, au silence de la vie intérieure et à la solitude du dialogue avec soi …”. La philosophie aussi. L’Art aussi. L’Amour aussi (pensez à l’Eros du Banquet de Platon). Il y a quelquechose là, c’est très net. Par rapport à la coupure inopinée d’électricité, j’ai vécu un truc similaire cet été en sicile, dans la maison isolée ou je vis en cette saison. Un peu comme David Vincent, le jaja m’avait donné une bonne correction, et je rentrais, piteux, au domicile campagnard. Détail: la montagne sur laquelle se trouve la maison était ravagée par un gros incendie. Odeur de poulet grillé. Electricité coupée par les flammes. Je me sentais un poulet à la porte du four. Et paradoxalement, ça m’a fait les mêmes effets que ceux que tu décris
Un grand cale intérieur
La redécouverte sereine du temps non mesuré.
Peut-etre ce qui se cherche dans l’alcool et autres drogues par ailleurs.
Alors… l’évolution est-elle intérieure ou extérieure ?
La vie n’est-elle pas résolument ici et maintenant ?
Dans sa conférence, Roland nous parlé du Dieu égyptien Ptah, pour qui il suffisait d’imaginer un être vivant par la pensée pour que celui-ci soit créé. Si vous aviez ce pouvoir, est-ce que vous créeriez de nouvelles espèces qui n’existent pas encore sur terre, ou est-ce que nous avons déjà notre petit monde idéal ici-bas ?
Je pense qu’on peut raisonnablement imaginer un avenir (à moyen ou long terme) où, ayant maîtrisé la technique des OGM (encore naissante aujourd’hui), l’humain – après l’avoir utilisée pour ses « besoins fondamentaux » (de santé et nutrition) – aura loisir d’en faire un art et explorer toutes les possibilités latentes.
« Là où grandit le danger croît aussi ce qui sauve » disait Hölderlin…
Si ça se trouve dans 3 siècles on dira de notre époque : le XXIe siècle est cette étrange époque où les humains ont tout autant fait disparaître à grande vitesse la biodiversité naturelle et développé la technique permettant de lui substituer une biodiversité artificielle (qui fera les délices et délires de nos petits-petits enfants !)
Merci Claude et Bernard,
Voilà qui est revivifiant.
Les faits sont ce qu’ils sont, rappelez-vous; ils sont têtus disaient Bernard (l’autre: le Claude).
Mais que sont-ils, ces faits vrais? ils ne sont que ce que nous en percevons. En clair, nous savons des phénomènes extérieurs que ce que nos organes sensoriels traduisent avant de transmettre à notre système nerveux central.
Là, beaucoup de choses se passent, intelligentes ou sensibles, conscientes ou inconscientes: parmi beaucoup, Pla(u)ton a commencé d’essayer de le comprendre; Freud s’en est ensuite mêlé; puis ce furent les neurophysiologistes. On est ainsi passé d’une réflexion abstraite à une analyse matérialiste.
Nous est dès lors posée la question de cette réalité? de la concordance, de la cohérence entre celle-ci et ce que nous nous imaginons qu’elle est.
Depuis les Lumières (le terrain avait certes été préparé par Galilée etquelques autres), la France et le monde occidental ont délibérément choisi le logique cartésienne, la rigueur scientifique, la réitération des résultats expérimentaux.
Les progrès du savoir, l’augmentation des connaissances dès lors réalisés sont incontestables. Pour ma part, ils m’impressionnent.
Mais en même temps, je dois me rendre à l’évidence que les scientifiques n’ont pas su transmettre la prudence qui est la leur quant à la marge de validité de leurs découvertes: ils n’ont transmis à leur société que la solidité de leurs savoirs nouveaux. Il leur faut aujourd’hui impérativement réussir cette pédagogie du risque d’erreur, sous peine de perdre toute crédibilité.
De fait ce n’est pas un hasard si c’est aujourd’hui que le créationnisme renait de certaines cendres. Des limites du savoir acquis par LA Science ont été comprises par nos concitoyens: risque d’erreur ou erreur, reste à savoir, éthique… La confiance en la science n’est plus la même.
Je conseille à cet égard la lecture d’un autre article du Monde (7 février 2007) :
« Pas de certitude scientifique sur le climat par Serge Galam:
La cause humaine du réchauffement fait l’objet d’un consensus des chercheurs et des experts, mais pas d’un diagnostic indiscutable. Le monde, notre planète, montre des signes de changement indéniables de ses cycles naturels, qui par ailleurs façonnent le cadre de toutes les formes de vie… ».
Les propos de l’auteur illustrent parfaitement cette contestation; mais, c’est grave en ce qu’il n’applique pas pour critiquer les autres ce qu’il s’applique à lui-même à titre professionnel. Il a ainsi, dans une sorte de schizophrénie, basculé de registre intellectuel: il est passé du raisonnement logique à la conviction religieuse et, tout ausi ambigü que Harunhyahya, essayant de donner à sa foi une allure de rigueur scientifique. Attention, danger!
Je comprends parfaitement et accepte sans arrière pensée la foi, même celle du charbonnier; je crois profondément à la solidité de la démarche scientifique (sous réserve que la recherche soit vraiment au service de la société toute entière). Je crois dangereux le mélange des deux modes de pensées: il n’y a pas d’hybride possible entre les deux.
je demande simplement que les positions affichées soient clairement présentées comme celle dont elles ressortissent.
Peut-être que la perte de confiance de nos concitoyens envers la science vient aussi du fait que la science est devenue très parcellisée, très fragmentée, très cloisonnée. Notre société ne manque pas de scientifiques, elle manque peut-être simplement de scientifiques qui ont une vision globale et synthétique.
Cette perte de confiance est due aussi au fait que nous venons de vivre deux siècles complets de foi inébranlable dans le progrès. Nous avons toujours crû que la science allait, d’une part nous sortir chaque fois de nos faux pas, d’autre part assouvir sans cesse nos besoins de croissance et régler les problèmes collatéraux engendrés par notre expansion. Le commun des mortels commence de douter, avec raison probablement.
Quant à croire « dangereux le mélange des modes de pensées », il me semble que si une petite dose de spiritualité était injectée dans la science actuelle, ça ne ferait pas de mal. oh, juste une petite dose. Injectée par exemple par quelques scientifiques qui auraient réfléchi au sens global de la vie.
Impossible de répondre à ces innombrables commentaires, riches, pertinents et documentés. Mais j’ai retenu le souhait, maintes fois formulé et depuis toujours, d’entendre de la part des scientifiques un discours intelligible, dénué de certitudes arrogantes, et osant évoquer la fragilité d’un résultat, fût il vérifié cent fois sur cent. Car le doute et la crainte de l’erreur, dans la démarche expérimentale, doivent baliser toutes les recherches, en biologie comme en physique….
Bernard a dit l’essentiel à propos de Neandertal.
Quant à Geoffroy St Hilaire (1772-1844), j’avoue l’avoir placé dans mes notes, et je l’ai mis, à tort, de côté ; en effet, d’abord ami de Cuvier, il a pris ses distances quant à l’homme (ambitieux, sûr de lui, arrogant dit-on !) et quant à ses thèses. C’est un spécialiste de l’anatomie comparée fonctionnelle qui a énoncé des lois cohérentes sur les relations entre les organes, et leur genèse. Le plus audacieux, chez lui, ce sont ses expériences de tératologie (engendrer des « monstres »avec des embryons de poulet) qui lui permettent de comprendre, en partie, l’organogénèse d’un vertébré. C’est en quelque sorte un biologiste du développement.
Pour la petite histoire on peut noter qu’il a fait partie de l’expédition désastreuse de Napoléon en Egypte (1798).
La « perte de confiance de nos concitoyens envers la science » peut aussi être trouvée dans l’assimilation constante de cette dernière à la technique (par les journalistes entre autres qui nous gavent de cette pseudo « techno-science »).
La science, en deux mots, c’est la recherche gratuite (et jubilatoire) du vrai (qui, seul, libère). La technique, tout simplement l’application de ces connaissances. Quand cette dernière est aux mains de la seule finance, sans aucun contrôle démocratique, cette assimilation (qui tend à faire croire au peuple que la science est son « ennemie ») est on ne peut plus dangereuse.
Salut
Ayant appris ce soir à la seconde conf de Roland que le blog-à-Dupdup était déjà bien garni, je viens de passer quelques minutes intéressantes à lire les réflexions, commentaires et points de vue…
Mon grain de sel n’étant pas encore asséché, je ne l’y mettrai pas ce soir.
Mais il me semble que le bouquin sur les Rhinogrades, qui date des années 80, a été écrit par un biologiste allemand, Harald STÜMPKE, et seulement préfacé par notre Pierre-Paul GRASSÉ. Ce livre génial doit être introuvable maintenant, et j’ai failli l’acheter en son temsp chez Campo ! Malheureusement j’avais -comme d’habitude- les poches vides.
Pour néanderthall, une des dernières hypothèses émanant d’une paléonthologue française, s’appuyant sur le fait qu’aucun fossile de néanderthallien ne soit porteur de traces de combats (contrairement aux « sapiens »), retient l’idée que cet hominidé était un « non-violent » congénital, et qu’au lieu d’aller au casse-pipe avec « nos » ancêtres, il s’était replié de plus en plus jusqu’à disparaître, en abandonnant la place au vainqueur.
Et nom de Dieu, je me sens un néanderthalien !
Comme Jean-Yves, j’ai un petit faible pour Néandertal le non violent.
Pascal Picq donne une explication de leur disparition qui conforte ce caractère : « les populations se trouvent acculées (par Cro-Magnon en particulier) dans des refuges de plus en plus séparés. La rupture de flux génétique entre elles et la baisse sensible de la démographie entraînent les effectifs vers des niveaux critiques, sanctionnés à terme par l’extinction. »
Pascal Picq rappelle, par ailleurs, que des ossements de six individus néandertaliens portant des traces de dépeçage et de broyage ont été trouvés à la Baume de Moula-Guercy en Ardèche. Et il se pose la question de la violence et du cannibalisme chez les hommes préhistoriques. Selon lui, ces traces sont présentes, dès que des hommes s’occupent du corps des défunts (sorte de rite funéraire). Mais ça ne remet pas en cause le pacifisme de Néandertal.
Non, non, Jean-Yves. Le bouquin sur les rhinogrades a bien été écrit par Pierre-Paul GRASSET mais il avait pris comme pseudonyme Docteur Harald Stümpke. Il l’avait effectivement préfacé sous son vrai nom et même donné le nom du faux traducteur !
Le bouquin date de 1962 et s’appelle :
Anatomie et biologie des Rhinogrades, un nouvel ordre de mammifères
aux éditions Masson.
Le livre « Anatomie et biologie des rhinogrades » a même été réédité et il est disponible sur Amazon.fr, voici le lien.
Merci Bernard, je viens d’acheter le soi-disant avant-dernier exemplaire sur Amazon : cette publication est parue l’année de ma naissance, et il me plaît à penser qu’un rhinograde lambda a pu se réincarner dans ma carcasse… pauvres bêtes !