J’ai toujours aimé la musique de la fin des années 60. Ces années ont été marquées par ces fameux festivals qui accueillaient parfois des centaines de milliers de personnes. Le plus célèbre est de loin celui de Woodstock, devenu mythique (ne parle-t-on pas de la génération Woodstock ?) mais il y eu aussi celui de Monterey en 1967 (le premier festival pop) et celui de l’île de Wight en 1970.
Outre la musique de ces années là qui me touche particulièrement (j’avais une quinzaine d’années à cette époque), je dois dire que ce qui me frappe le plus était la faculté qu’avait cette génération là à écouter toutes sortes de musiques, y compris celles qui étaient aux antipodes les unes des autres. Il n’y avait pas de cloisonnement entre les différents genres. Ceux qui écoutaient Leonard Cohen ou Joan Baez étaient les mêmes que ceux qui écoutaient Hendrix ou Led Zep, Otis Redding ou Ravi Shankar.
Je visionne régulièrement les DVD de ces festivals et j’ai souvent envie d’en parler sur ce blog mais ça n’intéresse au mieux que ceux qui connaissent déjà. Mes écrits ne diraient rien à ceux qui n’ont pas eu l’occasion de visionner les images ou qui ne connaissent pas ces musiques. Comment faire pour résoudre ce problème ? Jusqu’à présent, je ne savais pas trop où trouver les images de ces concerts, mais par bonheur, je viens de découvrir – c’est tout frais, ça date d’hier – le site dailymotion.com qui est une vraie mine en matière de documents musicaux. Dornéavant, dans mes prochains articles, je devrais donc pouvoir mettre des liens avec certaines vidéos.
En attendant d’autres articles, voici une petite sélection de vidéos tirées des festivals des années 60 (il suffit de cliquer sur les noms écrits en bleu pour les visionner) :
– festival de L’ILE DE WIGHT : prestation très émouvante de Leonard Cohen.
– festival de WOODSTOCK : les cinq « incontournables » (à mon goût) : Joe Cocker et son célèbre With a little help from my friends (adaptation d’une chanson des Beatles), Richie Havens (qui a ouvert le festival) et sa chanson improvisée Freedom (la deuxième moitié de la vidéo), Carlos Santana et son jeune batteur de 17 ans (Michael Shrieve) dans une version époustouflante de Soul sacrifice, Ten Years after et son Goin’ home passé dans la légende et bien évidemment Jimi Hendrix jouant au petit matin du dernier jour du festival un hymne américain déstructuré alors qu’une bonne partie du public était déjà parti.
– festival de MONTEREY : la prestation complète et hors du commun d’Otis Redding peu de temps avant sa mort (les images du public sur le dernier morceau Try a little tenderness illustrent bien l’esprit pop de l’époque).
Voilà, j’espère simplement que tout le monde pourra lire facilement ces petites vidéos.
JOYEUX NOEL en compagnie de Sinead O’ Connor ou d’un petit dessin animé pour celles et ceux qui ont envie de rire.
Et une vieille vidéo (mal enregistrée) à la mémoire de James Brown dont la mort vient d’être annoncée en ce jour de Noël.
A ma grande surprise, moi qui ai écouté depuis trente ans plein d’enregistrements du premier festival, celui de Monterey, je découvre que Simon et Garfunkel avaient chanté lors de ce festival. Voici ce qu’y chantaient ces deux gamins à l’époque : Homeward bound et The sound of silence.
Merci Bernard pour tous ces trésors. Moi qui mets presque un point d’honneur à ne pas regarder la télé, je viens de passer plus d’une heure à regarder des extraits d’émissions « préhistoriques » et des de films musicaux !
Ne nous en donne pas trop à la fois, il faut les distiller petit à petit…
Tous les liens que tu donnes m’ont font vraiment regretter de ne pas avoir assisté à ces festivals.
Je me demande souvent pourquoi j’aime tant la musique de cette époque, et surtout, pourquoi il est si rare pour moi (je pense ne pas être la seule dans ce cas) de retrouver des émotions aussi puissantes dans les découvertes musicales que je fais aujourd’hui.
Tu parles de l’éclectisme des goûts musicaux des personnes à cette époque. Je suis sûre qu’il y a autre chose. Moi aussi, j’adore et Simon and Garfunkel, et Ten Years After (pour ne citer que des extrêmes) , et je suis pourtant trop jeune pour que ce soit le souvenir qui rende l’émotion si forte (je n’avais pas dix ans au moment des festivals que tu évoques). La décennie suivante a produit beaucoup plus de « soupe ». Je dis soupe bien que j’aime encore beaucoup de musiciens des années 70 à 80 (80 à 90 étant selon moi, la pire des périodes musicales). Qu’est-ce qui, dans l’air du temps de ce moment, rendait tout si urgent ? Si ouvert ?
Oui, tu as raison, Anne, ces vidéos, il faut les distiller petit à petit. Mais je découvre des trésors à chaque instant, ça va être très dur de me restreindre car je crois vraiment avoir découvert un vrai filon !
Anne, assez d’accord avec toi, sur de que tu dis des années 60. C’est vrai que les années 70 ont commencé de produire des choses un peu indigestes, l’énergie du rock s’est diluée et est partie dans la démesure.
Peut-être que presque tout ce qui pouvait être dit avec le langage rock l’a été dans les années 60. On ne peut reproduire sans cesse les mêmes les mêmes choses. La musique progresse par palliers successifs. Un mec arrive, invente un langage, disparaît souvent de la scène, d’autres s’approprient sa musique, la jouent souvent même mieux que lui (mais n’ont pas forcément des choses à nous dire) et tout ça continue pépère en vivant sur des acquis … jusqu’à ce que quelqu’un de nouveau arrive, remet en causse tout ça et nous invente quelque chose de nouveau. Ce n’est pas que les musiques qui sont nées après les années 60 soient moins bien. Simplement, on ne réinvente pas un langage nouveau tous les ans. Alors, patientons.
Tout ça est vrai dans plein de domaines. Ainsi la philosophie par exemple. J’ai l’impression que tout a été dit par les vieux philosophes d’il y a deux mille ans et qu’aujourd’hui, les « nouveaux philosophes » (ce terme me fait rire) nous font du bla-bla méidatique. Mais on ne peut rien leur reprocher. C’est possible que, concernant le sens de la vie, tout a été dit il y a longtemps et que le sujet est clos. Définitivement.
Mais je veux croire qu’en matière de musique, tout n’a pas été dit. Tout part aujourd’hui dans plein de directions différentes et il va peut-être surgir de tout ça quelque chose qui n’aura rien à devoir au rock, au blues ou au jazz. Car, c’est bien les trois seuls langages qui sont nés au vingtième siècle, non ?
Woodstock et les autres festivals de cette époque, à bien regarder l’état des lieux à la fin du concert (cf. vidéo de Hendrix)… c’est aussi le début des dégats majeurs contre l’environnement ! N’est-ce pas quelque part plutôt cocasse ?
Oui, si j’ai choisi cette vidéo là d’Hendrix (parmi les autres extraits de son concert), c’est aussi pour montrer ce contraste entre ces moments d’amour et de paix et ces immondices laissés sur le terrain.
On pourrait aussi considérer cetet époque comme celle qui marque l’entrée de nos sociétés dans ce que certains ont appelé la « post-modernité » qui, pour au moins une de ses nombreuses définitions, est ce mélange paradoxal de haute-technique et d’archaïsme, cet étonnant retour du tribalisme (avec ses transes, ses demi-dieux, ses cérémonies sacrificielles…) au milieu des Hi-Fi.
N’est-ce pas encore une fois l’illustration de ce fameux adage de Hölderlin : « Là où est le danger naît aussi ce qui sauve » ?
Ces concerts n’étaient-ils pas en effet une sorte d’exorcisme contre le développement de l’indivualisme et du consumérisme en plein essor ? Une façon de compenser cette tendance isolante par ces transes collectives où l’on se plaisait à se noyer autant dans le masse que dans la musique ?
Oui, on peut voir la chose ainsi. Je crois aussi que le monde a commencé à devenir complétement matérialiste après la dernière guerre, pendant les « trente glorieuses ». La soudaine attirance des jeunes envers la musique, observée dès 1954 avec le rock&roll et plus encore au début des années 60 avec l’arrivée des Beatles, n’est-elle pas une réaction à ce monde ? Dans un monde devenu trop matérialiste, la musique est encore ce qui reste de plus immatériel, quelque chose d’éthéré, d’aérien, qui nous relie au ciel, à quelque chose de plus élevé et plus spirituel (mais aussi à quelque chose de plus tribal, plus instinctif, je suis d’accord avec toi, Vincent, c’est l’un des paradoxes de la musique). Attention, que l’on ne déforme pas mes propos, je parle du ciel absolument sans aucune connotation religieuse !.
Il y a plusieurs musiques et surtout plusieurs façons de l’écouter.
Si je compare les images du concert de Woodstock avec… par exemple celles de l’anniversaire de Bach (notamment lorsque Bobby Mac Ferhin est sur scène), il me semble assez clair qu’il y a là deux pôles opposés.
D’un côté « l’immatériel, quelque chose d’éthéré, d’aérien, qui nous relie au ciel, à quelque chose de plus élevé et plus spirituel » que tu évoques Bernard, et qui me semble avant tout se lire dans le sourire (le geste des anges) qu’arborent tout autant les musiciens que le public.
De l’autre, le « tribal, l’instinctif » qui nous relie davantage à la terre ou du moins au paléolithique en nous, l’archaïque, le sauvage, et qui se manifeste par une sorte de transe gimaçante, presque hystérique (diabolique ?) qui se lit autant sur le visage des musiciens (Cocker, Santana, Hendrix…) que sur celui du public qui se laisse emporter, envoûter.
Pas de connotations morales à tout ça, les deux sont sans doute nécessaires. Il me semble cependant que ce qui s’est passé dans les années 60-70, avec le rock et les concerts de type Woodstock, ressort davantage de la seconde voie que de la première.
Dans un monde qui se moralise justement, qui cherche (notamment par la technique) à « réaliser le Bien », faire advenir sur terre la Jérusalem promise auparavant pour le ciel (je ne dis pas qu’il y parvient mais qu’il le prétend), il est salutaire de réveiller la « part maudite » (diabolique) qui équilibre le monde et le rend encore un peu viable.
Allez, je m’lance (asseyez-vous, ça va sûrement vous faire bondir !)… Le rock, finalement, c’est un peu en musique comme le terrorisme ou Le Pen en politique (voire le sida ou le cancer dans un monde hyper-médicalisé)… Appelons ça la « part maudite » irréductible, ou le retour du refoulé (qui revient d’autant plus vif par la fenêtre qu’on croit l’avoir définiivement chassé par la porte !).
Heu… Je ne sais pas ce que ça vaut ce que je viens d’écrire… Mais bon… C’est venu tout seul… (Je vais y réfléchir et peut-être le nuancer plus tard… si vous ne le faites pas avant !)
T’as mangé une huître pas fraîche ou quoi?
Non, plus sérieusement: bon, au début, c’est vrai que ça fait bondir ton truc, mais après, si on réfléchit bien, ça se laisse entendre… Oui pourquoi pas trouver ce point commun entre toutes les parties néfastes, dans tous les domaines, contre lesquelles on lutte pour aboutir à un monde meilleur (notre cher idéalisme guidant la machine). On se bat contre le terrorisme, le racisme, les maladies… etc… et ils reviennent toujours, plus virulents et puissants à chaque fois qu’on les croit anéantis ou en phase de s’éteindre…
Mais une question me brûle les lèvres… euh… Lutte-t-on contre le rock, pour avoir une vie plus conforme à notre idéal? Et du coup, peut-on l’assimiler aux autres « parts maudites » dont tu parles?
(et entre nous, t’es pas obligé de relire des bouquins ni de cogiter trop longtemps… ça ne m’empêche pas de dormir et ça va pas changer la face du monde….!)
« On » ne lutte peut-être pas contre le rock directement (quoique… on pourrait faire un joli florilège de tout ce que les bien-pensants ont pu lui reprocher), mais avant tout contre la part animale en nous, la part sauvage, indomptable, déraisonnable, « dyonisiaque », qui nous hante depuis l’aube des temps (ou du moins depuis que notre principale dignité est d’être « sortis de l’animalité » et notre principale trouille d’y retourner)
L’intérêt de cérémonies ritualisées telles les concerts rock (ou actuelles « raves party ») et autres matches de foot, est peut-être de canaliser cette énergie qui, niée et laissée sans échappatoire, est carrément explosive.
Je ne suis pas vraiment d’accord avec toi Vincent. La première différence que je mettrais entre le rock et Bach (par exemple) est que le premier est avant tout une musique populaire, faite, au départ par des jeunes et pour des jeunes (bien-sûr, Mozart a écrit quand il était encore môme mais sa musique n’était ni populaire, ni destinée aux jeunes).
Immédiatement après la guerre, le rock a été un mouvement très puissant, un des moyens d’expression possible de cette jeunesse qui refusait les valeurs des générations précédentes.
Il était plus facile d’être « rock » en 60 que ça ne l’est aujourd’hui !
Tu as raisons, les rockers ne sont pas des anges. Quoi que, en écoutant Lez Zeppelin jouer Stairway To Heaven, on puisse en douter http://www.dailymotion.com/visited/search/led%2Bzeppelin/video/xfjpp_led-zeppelin-stairway-to-heaven-gui
Mais les même Led Zeppelin savent être beaucoup plus « hard »
http://www.dailymotion.com/visited/search/led%2Bzeppelin/video/x1mlu_led-zeppelin-live-in-paris-1969
Le rock a été un mouvement de société, pas seulement un courant musical. Un mouvement de révolte qui a le premier réunit les noirs et les blancs, dans le sud des Etats-Unis, à la fin des années 50. Qui a été contestataire jusqu’au milieu des années 70, tant que ce mouvement était « fédérateur ». Puis il a éclaté en des genres de plus en plus autonomes.
Là, le mouvement punk a pris la relève, il fallait encore aller beaucoup plus loin pour bousculer les générations précédentes.
Le rock a été le premier genre musical de fusion. Aujourd’hui, c’est la world music qui permet de réunir des musiques de sources très diverses.
Le rock était une musique de révolte et de contestation. Tu imagines bien que je n’allais pas te laisser le comparer au terrorisme ou à Le Pen !
Et puis je dois dire que quand je regarde chanter Joe Cocker chanter With a little help from my friends, j’ai des frissons partout, je ressens une émotion très vive, je me rapproche un peu des anges.
Je ne pense pas que la différence entre le rock et le classique soit le fait que le rock soit une musique populaire jouée par des jeunes pour des jeunes. Ce que les gens appellent « grande musique » (terme générique que l’on utilise par méconnaissance de le diversité des musiques qui nous ont précédés) a souvent été une musique pour tout le monde, quoiqu’on essaie de nous faire croire aujourd’hui.
Il y a vingt ans, je ne lisais quasiment que des livres qui parlaient de la vie des grands musiciens (cela a été une petite folie qui a duré deux ans). Ceux qui ont laissé des traces dans l’histoire de la musique sont ceux qui ont utilisé un langage nouveau et dont la musique était considérée comme un coup de pied donné dans l’ordre établi (Bach étant une exception à cette règle) et ce sont les jeunes générations de l’époque que ont fait que cette musique a fini par être reconnue.
On a, par ailleurs, cette idée complétement erronée de musiciens classiques jouant pour une élite et non pour le peuple. C’est entièrement faux. Quand Bach créait chaque dimanche une cantate dans l’église de Weimar ou de Leipzig, l’église était pleine à craquer. Les cantates de Bach ont été une vraie musique populaire, au vrai sens du terme. Idem pour Mozart : quand il créait un opéra et que cet opéra se jouait deux cent soirées d’affilée à guichets fermés, nul doute que le peuple était dans la salle (je ne crois pas qu’il y ait aujourd’hui un seul groupe rock qui puisse réunir autant de gens et autant de jeunes dans la même ville, des dizaines de soirs durant).
On a souvent l’habitude de considérer que la culture était autrefois une affaire d’élite. Or, au milieu du 19ème siècle, il y avait 600 librairies à Leipzig en Allemagne. Surprenant, non ! Ce n’est pas très conforme à ce qu’on nous laisse entendre habituellement.
Contrairement au blues qui n’a jamais été un mouvement de société et qui était une musique de solitaires, non communautaire (je caricature un peu en disant ça), le rock a été, comme le dit Anne, un vrai mouvement de société, comme l’a été le jazz trente ans auparavant (lui aussi, s’adressant aux jeunes) mais en étant beaucoup plus universel que ne l’a été le jazz. C’est la musique de jeunes qui ne veulent pas se laisser marcher sur les pieds et ce n’est pas un hasard si dans l’un des premiers morceaux de l’histoire du rock, Elvis Presley défend aux autres de marcher sur ces « blue suede shoes ». Le rock est bel et bien une affaire de révolte, plus d’ailleurs une affaire de blancs que de noirs (il faudra qu’on rediscute de ce point-là avec Anne).
Comme le dit Vincent, c’est vrai qu’il y a dans le rock, cette part de sauvagerie, d’instinctif et de primal qu’on ne retrouve pas dans les musiques antérieures. Mais n’est-ce pas là un gage d’équilibre ? Nous avons des choses contradictoires en nous, d’un côté nous aspirons à plus de spiritualité (quelque chose qui nous tire vers le haut) mais en même temps on sait bien qu’il y a beaucoup de jouissance possible ici-bas et que la partie animalité, terrestre, qui est en nous est nécessaire car elle nous permet d’élargir notre « champ des possibles ». Je ne sais pas si le bonheur existe, mais s’il existe il doit naviguer constamment entre ces deux extrêmes.
Merci donc à Jean-Sébastien pour son aptitude à nous conduire très au-dessus de notre condition de pauvres humains et à Jimi pour nous rappeler que nos sens existent, qu’il sont bien terrestres et qu’ils sont multiples. Vous m’êtes tous les deux indispensables. Et s’il fallait que j’aille absolument sur une île déserte, je pense que je mettrais souvent la musique d’Electric Ladyland d’Hendrix sur ma platine. Mais pendant les moments de silence, je crois que j’aurais celle de Bach dans la tête.
Concernant le débat sur les anges et la tentative de réponse apportée par Anne avec Stairway to heaven de Led Zepp, voici une autre version de ce morceau légendaire qui est interessant car le côté angélique et éthéré du départ laisse place progressivement à une animalité plus terrestre.
J’aime l’idée que l’épanouissement soit comme l’élargissement du diamètre de notre bulle… qui s’étend donc autant vers le haut que vers le bas.
Moi aussi, Joe Cocker me fout les frissons. J’aime quand les gens sont « habités » à ce point. Ce document est à mon avis l’un des meilleurs témoignages de cette époque.
Joe Cocker à Woodstock, une bonne illustration des méfaits de la coke. Il ne chante même pas, il éternue !
de la coke… ou du port de bottes ridicules (et trop petites ?)
Oui ça doit être ça… Regardez bien à nouveau la vidéo en vous disant qu’il a simplement mal aux pieds avec ses bottes toutes neuves, vous verrez que c’est crédible !
(il n’empêche que ça reste une belle chanson, magnifiquement interprétée)
Je ne prétends pas que le rock a plus été une histoire de blancs et de noirs qu’une histoire de révolte.
Les deux sont intimement liés, à mon avis. N’oublions pas le poids qu’avait la ségrégation aux Etats-Unis à cette époque.
Le rock est né de l’appropriation par les blancs de musiques de noirs (le blues, le rythm and blues et le gospel) qu’ils ont fusionnées à leur propre culture musicale (la country), pour schématiser très grossièrement.
Le rock ‘n’ roll est joué par des blancs (Elvis Presley, Bill Haley) et par des noirs (Chuck Berry, Little Richard) à la même époque. On accorde souvent à Presley le premier morceau de rock ‘n’ roll mais certains soutiennent que Fats Domino en jouait avant 1951, et Ike Turner prétend avoir interprété le premier rock.
Les maisons de disques de musique noire veulent toucher le public blanc. Le phénomène existe aussi avec le jazz, que les blancs se sont aussi approprié, mais avec une moindre popularité, il me semble.
Le rock est une rébellion contre l’ordre établi, et la ségrégation raciale est une des manifestations de cet ordre.
Anne, c’est quoi la différence entre « fusion » et « métissage » ? Car il y a eu des tas de musiques qui ont fusionné au cours de l’histoire et le rock est un métissage parmi d’autres, mais en aucun cas le premier de l’histoire. Souvenons-nous de cette musique extraordinaire qui s’appellait la musique arabo-andalouse. Oh, je sais, tu es trop jeune, mais moi qui suis un vieux dinosaure … !
C’est vrai qu’il y a une filiation certaine entre le rythm’n blues et le rock, mais on peut dire que le rythm’n blues était déjà lui même une musique de fusion, en tous les cas sous influences certaines : influences conjointes du jazz, du gospel et du blues (même si la définition du rythm’n blues est probablement plus difficile a établir que celle du rock). L’histoire de la musique du XXème siècle est extraordinaire en raison des fortes imbrications entre les différentes sortes de musiques. Aucune musique n’est sortie toute neuve d’un chapeau, toutes ont un tribut énorme à payer à celles qui les ont précédées, le rock comme les autres. La différence du rock avec les autres musiques vient, non pas de l’aspect musical lui-même (c’est vrai que si l’on écoute Fats Domino trois ans avant Presley, on peut se poser des questions) mais du fait qu’il soit lié à une révolte (le blues qui l’a précédé étant peut-être plus une musique de résignation que de révolte).
Bernard, je te rappelle que nous n’avons que 6 ans d’écart, alors si tu es un vieux dinosaure…
Tu as raison, le rock n’a pas la primeur de la fusion ou du métissage. Mais un des éléments importants qu’il ne faut pas oublier et qui a largement contribué à en faire un phénomène de masse, c’est l’apparition de la télévision aux Etats-Unis à la même époque.
Je crois que, dans le fond, nous sommes d’accord sur le fait que le rock est loin de se limiter à un genre musical. Il s’est agit d’un phénomène social qui a eu des retombées artistiques dans d’autres arts que la musique, et, bien entendu, des retombées sociales et politiques.
On peut se demander si, par exemple, mai 68 aurait existé sans le rock.
Je pense que mai 68 doit autant au rock qu’à Brassens et à Ferré.
Je n’avais jamais pensé au rôle joué par la télé à la naissance du rock mais ça a dû joué énormément, effectivement.
Concernant la date de création du rock n’ roll, Télérama avait cité juillet 54 avec l’apparition d’Elvis Presley. Plusieurs lecteurs (dont moi) s’étaient offusqué de cette date, car Bill Haley et ses Comets avait enregistré le célèbre Rock around the clock trois mois avant, le 12 avril 1954 exactement. Je ne m’en souviens pas mais mes parents si : je suis né ce même jour. D’ailleurs quand on lit le grand Livre du 20ème siècle, cette date est considérée comme la naissance officielle du rock ‘n roll. Même si ça m’arrange quelque part d’être né le même jour que le rock n’ roll (on a tous les titres de gloire qu’on peut, celui là n’est pas pire qu’un autre), je pense que les noirs avaient déjà tout inventé avant cette date, et pas seulement Fats Domino. Mais bon, on doit peut-être au rock blanc d’avoir apporté effectivement une touche de révolte en plus et peut-être un peu plus de sensualité (mais si Elvis Presley et Mick Jagger, dans leur genre respectif, ont plus de sensualité que Chuck Berry et Muddy Waters, c’est évidemment plus lié à leurs personnes qu’à la couleur de leur peau).
Un truc sympa que je viens de trouver sur le net, et que je ne connais pas du tout. J’aime bien quand c’est filmé avec une seule caméra.
Hé Vincent, t’es qui, toi ? La coke et les p’tites chaussures ne m’ont pas empêché de prendre de l’embonpoint, en tous les cas. Regarde-moi en concert en 2002, trente trois ans après Woodstock !
Joe Cocker : ne dit-on pas que c’est le seul chanteur noir à la peau blanche ?
« La transe est la vraie grandeur de l’homme. Les hurlements de bonheur, les prières égosillées, la frénésie qui s’empare du corps en état de croyance totale sont la seule musique que comprend Dieu ; du fond de son absence, il est sensible à ces témoignages de fougue et d’amour. »
La dernière remarque de Vincent à propos de Joe Cocker et à la couleur de peau me fait penser à une petite blague à propos de Ray Charles. Elle est connue, mais bon, y’en a peut-être qui ne la connaissent pas. La voilà :
« Quand on demandait à Ray Charles si ça ne le gênait pas trop d’être aveugle, il répondait que ça aurait pu être pire car il aurait pu être noir. »
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Jimi Hendrix, un coup de guitare, plus personne avait de lunettes.
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Le rock, avant ça voulait dire quelque chose, mais maintenant ça s’écoute comme de la musique.
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Avec les instruments électroniques, t’as même plus besoin d’avoir des drogués sur scène.
(J.M.Gourio, Brèves de comptoir, J’ai lu, 1992-2000)
(Pour ceux qui aiment : 3 brèves sur le blues dans l’article sur Sonny Boy W.)
Ce soir, un docu a priori de très bonne qualité à 22H20 sur arte consacré à Joan Baez.