La canicule de 2003 et celle de juillet dernier avaient quelque chose d’effrayant, certes, mais au moins la chaleur ne laissait aucun doute : on était bien en été !
Les chaleurs des temps derniers me semblent beaucoup plus préoccupantes : on avait beau humer l’air, regarder autour de soi, rien ne laissait paraître qu’on était en début d’hiver.
Samedi 24 novembre, nous étions à une terrasse d’un café de Besançon à 19H le soir (il y avait bien plus de gens aux terrasses des cafés que dans les cafés mêmes). Le lendemain, il faisait 21°C à l’ombre. Fin novembre, les chardons bleus du jardin fleurissaient pour la deuxième fois de l’année (du jamais vu dans ma vie de jardinier !). Vendredi 1er décembre, j’ai participé à la plantation de 50 pommiers, la plupart avaient encore leurs feuilles. Le même jour, une grive draine chantait et je n’ai pas souvenir d’avoir entendu cet oiseau avant janvier. Samedi 2 décembre, une espèce de papillon, le vulcain, volait dans le jardin à 11 h du matin. Une heure plus tard, un paon du jour, autre papillon, est ressorti de mon sous-sol (où il était entré passer l’hiver) pour prendre l’air. Dimanche après-midi 3 décembre, je suis allé photographier les vaches de mon frère qui étaient encore au pré. Là aussi, du jamais vu en décembre chez les générations de Dupdup paysans !
Lundi matin 4 décembre, on me signalait des cerisers en fleurs à Montbéliard. Mardi, des forsythias qui ne fleurissent qu’en mars, laissaient admirer leur superbe couleur jaune. Aujourd’hui jeudi, les moineaux s’en donnaient à coeur joie et présentaient des signes d’excitation sexuelle dignes d’un mois de mars. En rentrant tout à l’heure, je m’aperçois qu’Anne a laissé un commentaire sur l’un de mes articles en disant qu’elle venait de manger des framboises du jardin avec sa voisine en plein mois de décembre. Et caetera, et caetera …
Je n’aime pas la chaleur. Alors, vivement juin qu’il neige !
Etrange sensation hier soir : Dans la chaleur de la nuit (c’est aussi le titre d’un film terrible), il n’y avait que le vent. Personne sur le blog : personne pour célébrer avec Bernard le mois de Juin, personne pour arrêter de se plaindre, personne pour finir d’éponger le passage de Pierre Rhabi à Besançon… Nouvelle conférence ? Partie de cartes entre amis ?
Franchement, vous m’avez manqué.
Donc, je suis allé retrouver mon ami Anton T. Ce qui est sensationnel avec lui, c’est son extrême disponibilité. Vous le quittez à minuit, vous le retrouvez quelques heures après identique à lui même : ni entièrement en forme, ni réellement fatigué. A croire qu’il ne dort jamais. Il veille !
J’ai donc discuté un moment avec lui :
R. Tu as vu Anton, ce temps ?
A. Tu sais, moi, le temps…
R. Evidemment là où tu te trouves c’et plutôt l’éternité.
A. Ne crois pas ça. Il y a des jours avec et des jours sans. Tiens, hier, je rencontre Alexandre II, couché dans le caniveau, en train d’expirer. Le jeune étudiant qui venait de jeter la bombe était assis au bord du trottoir et fumait une cigarette, tranquille. Un peu plus loin Fédor D. prenait des notes pour son prochain bouquin. Ce qui m’a frappé c’est que tout ce petit monde prenait son temps. Alors, pourquoi voudrais-tu que je me presse ?
R. Oui, mais le temps c’est aussi le froid, la pluie d’un jour, le chaud du lendemain, le…
A. … Là je t’arrête, pardon ! Mais ici, on se les gèle ou on étouffe n’importe quand. L’enfer, c’est comme la vie, tu ne sais jamais à l’avance ce qui va se passer.
Sur cette parole, Anton et moi avons siroté une bonne vodka en contemplant l’eau qui bruissait gentiment dans le caniveau.
Gorki ne disait-il pas que Tchekhov était le premier homme libre qu’il ait rencontré ? Alors, dans ces conditions, votre conversation de cette nuit paraît assez réaliste. Car ne faut-il pas être un véritable homme libre pour s’affranchir complétement du temps qu’il fait et être à ce point indifférent aux aléas du thermomètre ?
Même ambiance dans le pays vésulien et Dampierrois (-sur-Linotte) : le samedi 24 novembre j’ai relevé + 19 ° C à l’ombre dans mon jardin. Positivons (Before the Flood ?!), j’ai stoppé la chaudière, évidemment inactive, et j’ai aéré la maison comme jamais en cette saison.
Le 25 novembre l’événement local est la Sainte Catherine (grande foire annuelle à Vesoul)… L’an dernier, il neigeait. Cette année, on pouvait s’y ballader en T-shirt.
Côté piaf, même résonnance : il y a quelques jours, j’ai entendu le merle chanter au lever du jour, sous un doux crachin : ambiance fin mars. Quant à mes poules naines… elles ont pondu et couvent assidûment depuis 15 jours. La douceur semble donc même avoir raison des faibles luminosités ! Si ça continue, j’aurrai des poussins pour Noël !
Jean-Louis, mes observations de moineaux qui ont l’air aussi excités que des poux et celles qui concernent tes poules naines vont dans le même sens. Il semblerait donc que la longueur du jour n’est pas la seule explication au cycle de reproduction des oiseaux. Jusqu’à présent, on expliquait l’entrée des oiseaux dans leur phase de reproduction par l’augmentation de la longueur du jour (la photopériode) qui induirait des modifications hormonales chez les oiseaux (testostérone chez les mâles et oestrogène chez les femelles). Or, il se passe actuellement des phénomènes similaires alors que la longueur du jour n’augmente pas encore, elle est même encore en très légère décroissance . La température serait donc elle aussi un facteur déterminant.
Merci, Da Ponte, de m’avoir si bien compris. C’est exactement ça !
Tu t’imagines, je reviens du bois où nous avons ce matin terminé notre parcelle et je trouve ton message. Quelle fête !
Lorsque je vais revoir Anton pas plus tard que tout de suite, je vais lui raconter ça, je suis sûr que ça va lui plaîre. Attention, il est fichu, si ce n’est déjà fait, de s’en servir pour une de ses nouvelles. Il fait feu de tout bois, le bougre. Je crois même que c’est ainsi qu’il se chauffe.
Des poussins pour Noël… Jean-Louis, évidemment… mais tu en trouveras sûrement d’assez rétrogrades pour te dire que ça ne vaut pas une bonne dinde.
Avant de lire l’intervention de Bernard (puis la confirmation de Robert), j’ai cru qu’il s’agissait de Dvorjak. Sinon, l’autre, c’est bien Dostoïevski ? (Il va causer de quoi, dis-moi, son prochain bouquin ?)
Fédor est bien Dostoïevski, Vincent. Mais surtout ne l’ébruite pas pour l’instant. L’Okhrana l’a mis sous surveillance. Le titre du bouquin, selon les traducteurs, pourrait être : « Les possédés » ou « Les démons ».
Sinon, question climat, chacun son camp (comme dans les westerns) : moi je fais partie de ceux qui préfèrent l’automne « indien » (ce qui n’empêche pas l’hiver, ensuite, d’être… lapon ou inuit) !
Y’a eu de sacrées belles lumières ces derniers jours le matin, nan ?
(PS : j’inaugure les commentaires pendant les heures de cours !!!! )
oui, l’hiver inuit ! Et qu’est-ce que tu en fais de l’été inuit et du soleil de m’inuit ?
Ce que je préfère, dans « L’été indien », c’est…le solo de trompette à la fin !
Incroyable cette coïncidence. Au moment où mon ordi fait apparaître en bas de l’écran le commentaire que Joe vient juste de mettre en ligne, j’étais en train de lire une dépêche du Monde dont le titre est : « la presse indienne se réjouit de la fin de l’hiver nucléaire ». C’est donc ça, l’été indien ?
Des solutions techniques pour refroidir la Terre (au cas où le réchauffement prenne des proportions inquiétantes) ?
L’astronome britannique Roger Angel propose de mettre en orbite quelques milliards de lentilles optiques susceptibles de jouer le rôle de bouclier solaire.
Paul Crutzen, Prix Nobel de chimie, suggère le larguer un million de tonnes de soufre dans la stratosphère pour un effet comparable à celui d’une éruption volcanique.
D’autres tenants de la « géo-ingéniérie » parlent de répandre sur les océans des particules de fer favorisant l’absorption de carbone par le phytoplancton ou d’incliner l’axe de la Terre par rapport au Soleil.
A chacun de voir si ce « prométhéisme » est rassurant… ou inquiétant !
Ce dimanche est très chaud, encore très au-dessus des normales saisonnières. Comme au plus beau du printemps, l’un de mes nichoirs est visité par un couple de charbonnières puis par un couple de moineaux friquets (alors qu’il ne fait pas vraiment frisquet).
Mon nichoir pour oiseaux : une résidence d’hiver pour moineaux friqués ?
Ton impression d’absence d’oiseaux, cet fin automne, Bernard, ne vient-elle pas justement de la douceur du climat ? Peut-être sont-ils juste moins pressés que les autres années de s’approcher des maisons, tu ne crois pas ?
Je pense qu’il n’y a pas qu’une seule raison mais plusieurs à l’absence d’oiseaux autour des maisons en ce début d’hiver :
1 – Lorsque je me balade, je remarque qu’il y a peu d’oiseaux dans la nature, il y a donc probablement eu une mauvaise année de reproduction. Quelle en est la raison ? Je n’en sais rien.
2 – Il y a pas mal de baies et de graines de tous genres dans les haies et en forêt, ce qui semble suffisant pour nourrir le peu d’oiseaux qu’il y a.
3 – Comme tu le dis Vincent, la douceur ambiante fait que les oiseaux ont des besoins énergétiques beaucoup plus faibles que lors d’un hiver normal. Nul besoin donc de s’approcher des maisons pour rechercher sa pitance ! Et les oiseaux n’ont rien à voir avec les humains : pas besoin de consommer plus que ce qui est nécessaire à la survie !