LE COIN DU JARDINIER (11)
Nous voici au 15 août, le moment pour le jardinier de semer cette délicieuse salade qu’est la mâche (communément appelée doucette en Franche-Comté), l’une des salades les plus délicates, au goût subtil de noisette.
S’il n’y avait qu’un seul légume à garder dans mon jardin, ce serait assurément la salade (ou plutôt les salades, il en existe tellement de sortes !). Car en se débrouillant bien, le jardinier amateur peut en consommer tous les jours de l’année (ce que je fais) et les récolter en toutes saisons.
Voici comment on peut échelonner les semis pour récolter ses propres salades à longueur d’année :
– juillet : semer des chicorées scaroles pour la consommation d’automne (à la fin juillet/début août on peut semer en plus la variété de scarole cornet de Bordeaux, un peu plus dure, mais qui possède une certaine résistance au gel et qui pourra donc être consommée en début d’hiver et même plus tard si l’hiver est assez doux). A la même époque, semer un mélange de chicorées amères (trévise, rouge de Véronne, pain de sucre…) qui seront mangées en fin d’hiver.
– du 15 août au 15 septembre : semer de la mâche qui sera consommée de novembre à avril. Choisir de préférence la variété mâche à grosse graine (la plupart des autres variétés sont trop petites et sont très longues à nettoyer sous le robinet… et comme c’est moi qui fais ce boulot à la maison !).
– début septembre : semer une laitue d’hiver (par exemple la variété Merveille d’hiver) qui sera repiquée en octobre puis consommée en avril-mai du printemps suivant.
– de mars à juillet, faire des semis de salades diverses (il y a toute une gamme de salades possibles : laitues, batavias, romaines, laitues à couper…). Faire des semis tous les mois pour échelonner les récoltes car les salades ont tendance à monter en graines avec la chaleur.
– en avril/mai : semer en pleine terre des endives (que l’on appelle aussi chicorées de Bruxelles) qui seront récoltées en octobre pour être ensuite à nouveau cultivées au noir en cave et consommées ensuite pendant tout l’hiver (je consacrerai prochainement un article sur la culture de l’endive).
Vous vous y retrouvez ? Quelle salade !
Tu ne parles pas de la roquette. Ça ne pousse pas dans le coin, la roquette ? Je me demande si ça n’est pas une salade méridionale.
Ou trop à la mode peut-être ? Mode ou pas mode, je trouve ça délicieux, en petite quantité pour relever de son piquant une salade plus douce.
Faut arrêter d’se raconter des salades ! :
Le jardinage, c’est cool ! c’est la communion avec la terre, la nature, les bonnes choses, les bons pt’its plats à base de produits frais, tout ça quoi !!! …
Là où j’habite, (Planoise) j’peux pas en faire du jardinage… pourtant sinon, on m’appelerait facilement « Nicolas le jardinier »… mais je compte bien me rattraper plus tard, lorsque j’aurai plus grand et à la campagne !!! …
Et oui, je ne suis pas encore jardinier, mais toi Bernard laitue ???
Bien sûr que oui que tu l’es, et tu as bien raison !!!
Excusez ce malheureux jeu de mot qui a « frisée » le ridicule …
Il y a une phrase sympa qui est difficile à comprendre quand on l’entend et qui parle de salade. La voilà :
« Estelle,
Tes laitues naissent-elles ?
Si tes laitues naissent
Mes laitues naîtront. »
Faites un test autour de voir. Vous allez être surpris de voir qu’elle est très difficile à comprendre lorqu’on n’a pas le texte sous les yeux.
Je n’ai pas parlé de roquette car j’ai juste voulu parler de la manière la plus simple (enfin, ma manière à moi) de récolter des salades toute l’année. C’est vrai que le monde des salades est extraordinairement diversifié et que l’on peut parler de roquette, de cresson, de pourpier, de « feuille de chêne »…
Pour moi, la roquette est plus une herbe piquante qu’une salade. Comme tu le dis d’ailleurs Anne, elle sert plutôt de condiment, à utiliser donc en petite quantité, pour réhausser le goût de la salade. La roquette contient des composés soufrés, comme dans la moutarde, qui expliquent son côté piquant.
En été, je la cultive dans mon jardin (j’en ai en ce moment, bien que ce ne soit pas facile à cultiver, elle monte facilement en graines) alors qu’en hiver, j’en cultive à la cuisine dans un germoir, c’est très facile à mettre en oeuvre, on obtient de la roquette consommable au bout de 3 jours seulement..
On pourrait croire à première vue que la roquette est une plante qui sévit surtout au proche-orient à la frontière israélo-libanaise (roquette et lance-roquette) mais en fait c’est qune plante qui est, à l’état sauvage, répandue sur l’ensemble du bassin méditerranéen et qui s’acclimate assez facilement dans les jardins situés plus au nord.
Les moines l’interdisaient dans leurs jardins car la roquette est réputée aphrodisiaque (on ne comprend pas trop où est le risque dans un monastère …!) et l’on trouve des traces écrites de cette vertu chez les auteurs anciens, grecs ou romains qui lui trouvaient également d’autres qualités : tonique, apéritive, digestive, diurétique et antiscorbutique. A noter que la vertu aphrodisiaque est aussi l’une des caractéristiques d’une autre salade piquante : le cresson.
Le temps médiocre qui sévit en ce moment (enfin, je dis « médiocre, mais moi ça ma va très bien) est très favorable à la culture des salades : les graines germent facilement, les plants qu’on repique repartent bien et les salades ne montent pas en graines. Car les salades détestent la chaleur d’été.
Là où j’habite, à une douzaine de kilomètres de Besançon, il est tombé 155 litres d’eau par mètre carré au cours des quinze derniers jours (l’équivalent donc de 15 arrosoirs par mètre carré) soit la quantité d’eau qu’il tombe habituellement en dix semaines ! Impressionnant ! La nature en avait très besoin.
J’adore tes réponses, Bernard.
Je dis à peine Roquette… et j’apprends mille choses sur la roquette. Son goût, sa composition, ses vertus, son histoire, comment on la cultive…
On t’en donne du boulot ! Mais saches que tu ne donnes pas tout ce mal pour rien. C’est un bohneur de te poser des questions.
Quand tu parles de roquette consommable en trois jours, tu parles bien des germes de roquette qu’on utilise en condiment ?
Oui, c’est ça, je parle des germes. On peut utiliser des tas d’autres graines à faire germer : luzerne (appelée aussi alfafa), fenugrec, chicorée, radis… Attention à bien prendre des graines bio car les pesticides se concentrent dans l’enveloppe de la graine et dans le germe.
Anne, moi aussi j’apprends des tas de choses (et c’est ça qui est merveilleux) car pour trouver matière à te répondre, je suis allé une nouvelle fois dans mon « encyclopédie du jardinier » (éditions Actes Sud) qui est ma bible en matière de jardin (on a tous la bible qu’on peut !). C’est donc un vrai bonheur que d’essayer de répondre aux questions !
Nico, puisque tu aimes les jeux de mots, dommage que le texte de Lewis Caroll que Anne a cité a propos des papillons ne s’applique pas aux salades. Tu aurais pu dire : « il nous raconte des salades, c’Caroll ! »
Bien vu !
Oui, effectivement, je suis très friand de jeux de mots, jeux de phrases, doubles sens, et tous les exercices du genre ! …
Tiens, pour la peine, peut être connaissez-vous celle-ci ? :
Kiki était cocotte, et Coco concasseur de cacao.
Kiki la cocotte aimait beaucoup Coco le concasseur de cacao.
Or un marquis caracolant et cacochyme, conquit par les coquins quinquets de Kiki la cocotte, offrit à Kiki la cocotte un coquet caraco kaki à col de caracul.
Quand Coco le concasseur de cacao apprit que Kiki la cocotte avait reçu du marquis caracolant caduque et cacochyme un coquet caraco à col de caracul, Coco le concasseur de cacao conclut : je clos mon caquet, je suis cocu !
Le but étant de (si possible) l’apprendre par coeur et la réciter le plus rapidement possible !!! … Essayez ne serait-ce que de la lire le plus vite possible … c’est corsé non ?
Et merci Bernard pour cette réplique sur Estelle et ses laitues …
Je ne la connaissais pas !
Sirrus est ton frère et je le prouve :
Sirrus, c’est six slaves.
Si y’s’lave, c’est qu’y s’nettoie.
Si c’n’est toi, c’est donc ton frère…
Donc Sirrus est ton frère !
Petits compléments d’information concernant la mâche (appelée aussi « doucette ») et que je conseille de semer à l’automne et même dès le 15 août :
1 – Bien souvent, en fin d’été, il n’y a plus de place disponible pour faire de nouveaux semis. Sachez que la mâche peut avantageusement être semée au milieu d’autres légumes tels que choux, concombres… La seule précaution à prendre, c’est de couper les choux, les concombres… au ras de la terre lorsqu’on veut les enlever et non les arracher, car cela déstabiliserait la terre autour des pieds de mâche.
2 – J’ai dit, peut-être un peu hativement, qu’il fallait semer de préférence de la mâche à grosse graine car elle était plus grosse et donc infinimement plus facile à nettoyer que les autres. J’ai lu ces jours-ci plusieurs articles disant que les petites variétés de mâche sont meilleures sur le plan gustatif. A tester donc … surtout si vous disposez de beaucoup de temps pour nettoyer ces petites variétés sous le robinet !
3 – On peut laisser au printemps quelques pieds de mâche monter en graines qui se dissémineront toutes seules dans le jardin et vous pouvez ainsi avoir de la mâche à manger pendant plusieurs années successives et même en manger, grâce à cette manière, avec trois semaines d’avance par rapport aux dates habituelles.
4 – Il semblerait qu’il y ait une « mâche du sud » qui résiste bien à la chaleur et qui peut se consommer même l’été, mais je ne la connais pas. A tester donc également.
@Bernard : la mâche peut avantageusement être semée au milieu d’autres légumes tels que choux, concombres : tout à fait d’accord, c’est d’ailleurs ce que je fais et ça fonctionne très bien.
J’ai une vieille tante qui sème sa mâche à grandes volées sous le feuillage de potirons et ça marche très bien, ce qui va dans le même sens que ce que tu dis, Matelas Bio. Et ma tante est très vieille. Je me demande même si le fait de semer ainsi de la mâche n’est pas un facteur de longévité … !
Le 15 août arrivant à grands pas, je me demandais si, une fois les graines de doucette jetées à grande volée, la fameuse vieille tante fait autre chose qu’attendre qu’elle ne pousse (point de griffage, plombage ou autre ??).
Je plombe toujours les semis de doucette avec le plat du râteau. Je vais sans doute faire mes premiers semis dans les jours qui viennent.
Ma tante jetait ses graines de mâches sous les larges feuilles de potiron et celles-ci germaient facilement grâce à l’humidité entretenue sous les feuilles.