Parmi les insectes qui butinent les fleurs, j’ai un petit faible pour les bourdons. D’abord et surtout pour leur facilité d’observation : on les voit toute l’année, dès les premiers beaux jours, du lever du jour à la tombée de la nuit, et ils se laissent observer de très près. Mais aussi parce qu’ils jouent un rôle énorme dans la pollinisation des fleurs et participent ainsi à la survie d’autres espèces.
Lorsqu’on parle de la pollinisation des arbres fruitiers, qui est indispensable pour qu’il y ait des fruits, on a tendance à ne parler que des abeilles et on cite rarement les bourdons. Quelle injustice ! Pourtant les bourdons sont bien plus actifs que les abeilles et visitent, dans le même espace de temps, deux ou trois fois plus de fleurs. Alors que les abeilles ne viennent visiter les fleurs qu’au-dessus d’une température de 15°C, les bourdons se contentent de 10°C (ce qui a son importance car les printemps franc-comtois sont plutôt froids et les fleurs des fruitiers n’ont parfois comme seule visite que le bourdon terrestre). Et puis, notons l’efficacité extraordinaire des bourdons dont les ouvrières déposent une phéromone (hormone volatile odorante) sur les fleurs butinées, indiquant à leurs suivantes que ces fleurs ont déjà été visitées et leur évitant ainsi une prospection infructueuse (vous imaginez un voleur mettant sur la porte d’une maison qu’il a visitée, une petite pancarte « déjà cambriolée » !). Comportement fascinant !
Pour la première fois, je me suis fait du souci ce printemps pour les bourdons, n’ayant guère vu ces beaux insectes velus dans mon jardin. Plus tard dans la saison, j’ai remarqué que bon nombre de courgettes se formaient mais tombaient presque aussitôt (donnant l’impression qu’elles pourrissaient), signe que les fleurs n’avaient pas été visitées par les insectes.
Hier, je suis tombé sur un article paru dans leMonde.fr qui confirme mes observations. Ce journal fait état d’une enquête menée simultanément par une équipe de chercheurs britanniques, allemands et néerlandais. Leur étude montre que dans bon nombre d’endroits, les abeilles ont déjà subi une baisse de 67 % des effectifs et que les mouches pollinisatrices ont parfois décliné de 33 %. Cette baisse a déjà des répercussions sur les plantes : « 75 plantes sauvages qui nécessitent d’être pollinisées par des insectes ont vu leur distribution diminuer, tandis que 30 autres, pollinisées par le vent ou l’eau se sont, au contraire, répandues davantage ». Les chercheurs sont inquiets car, « quelle que soit la cause retenue, l’étude suggère fortement que le déclin de quelques espèces peut déclencher une cascade d’extinctions locales parmi d’autres espèces associées ».
Le service gratuit que nous offrait les insectes butineurs depuis 140 millions d’années est donc en train d’être détruit en quelques décennies seulement.
Soyons honnête : si les journaux font état des résultats de cette étude, c’est bien parce que la baisse des populations d’insectes pollinisateurs a une incidence sur le plan économique (pour produire leurs céréales, les Etats-Unis songent déjà à élever des insectes pour pallier la disparition des espèces sauvages mais se désolent par avance du coût engendré et du manque à gagner).
Mais là où certains ne voient aujourd’hui qu’un problème financier, se cache aussi une vraie tragédie dont peu de journaux parlent. Car nul doute que la baisse des insectes pollinisateurs s’inscrit dans un phénomène plus ample qui touche l’ensemble des espèces animales et végétales de la planète.
Une espèce disparaît toutes les vingt minutes, à un rythme cent fois plus rapide que la normale. Affolant ! Personne ne sait encore quand viendra le tour de l’Homme. Mais on pourrait commencer d’avoir une petite idée, non ?
Cette affaire commence à sentir le roussi et va finir par me foutre le bourdon !
Un nouveau job pour l’été : pollinisateur de fleurs, ça vous dit ? Ca ferait pas mal sur un CV.
Je me trompe où c’est déjà « à la main (humaine) » qu’on féconde le maïs ?
Déposer une sorte de pancarte (olfactive) sur les fleurs déjà visitées, tu as raison c’est un comportement fascinant.
C’est marrant, tu imagines analogiquement des cambrioleurs signalant les maisons déjà cambriolées alors que moi j’ai tout de suite pensé plutôt à… arfff, nan, je ne peux pas le dire, le MLF est encore actif (mais je suis sûr que tu y as pensé aussi).
Je propose la constitution d’un groupuscule clandestin qui, en douce, irait dans les bois polliniser des fleurs rares, greffer des arbustes sauvages avec des fruitiers domestiques, placer des nichoirs, etc (liste des actions à définir lors de réunions occultes). Y’a des volontaires ?
Bravo pour ton imagination, Humeur Badine ! Je n’y avais pas pensé à vrai dire et ça m’étonne de moi !
Attendons donc patiemment la mort du MLF !
Si l’analogie de Vincent est bien celle à laquelle je pense, je la comprends pour l’image de la fleur et du bourdon… mais je ne vois plus du tout quand il s’agirait de laisser une pancarte portant une inscription du style « Ne vous fatiguez pas, j’ai déjà tout pris »…
Réponse à Vincent concernant la fécondation du maïs :
La partie mâle du maïs, que l’on appelle »panicule » et qui est en haut de la tige, libère le pollen. La partie femelle est constituée de l’épi et des grains (les ovules) et les poils de la barbe qui sont attachés. Pour avoir du maïs de bonne qualité, on fait des mélanges de deux espèces. Alors il faut empêcher que les graines mâles fécondent les graines femelles de la même espèce; ça s’appelle « castrer le maïs » : soit on coupe tous les panicules, soit on met des sacs sur tous les épis (c’est un peu comme nous pour nous empêcher de nuire, soit on nous les coupe, soit on nous met un sac sur la tête !). Mais il ne faut pas en oublier un seul, sinon tout est raté ! Le travail de « castreur de maïs » existe donc, c’est plutôt un travail de saisonnier.
eh ben, quelle culture ! chapeau !
Dès que la culture est bien arrosée (ben oui, le maïs !), on peut compter sur tonton Bernard ! Warf ! Warf ! (variante de « LOL » ou « MDR » et qui signifie pour l’occasion : « Vous avez vu comme je suis drôle ? »)
En fait, on ne « féconde » pas le maïs, on le « castre »… Mon inconscient, sans doute effrayé par l’idée, aurait-il provoqué une sorte de « lapsus de la mémoire » ?
Désolé Bernard, de revenir encore une fois sur tes analogies mais le sac sur les épis ce ne serait pas plutôt une sorte de « capote à maïs » ?…
Hein ?… C’est sur la partie femelle ? Heu… Une sorte de « burka » alors ? (Mouais… c’est quoi le contraire de « LOL » siouplé ?)
Le contraire de LOL pourrait être
qu’on appelle quand-même smiley bien que le sourire n’y soit plus.
Ou émoticône en français. Je préfère binette ou trombine.
Je pense que le terme « émoticône » n’est pas mal ma foi…
« l’icône de l’émotion » , c’est bien résumé je pense !
Cela aide bien à transmettre l’émotion que l’on veut faire passer, ou dans laquelle on se trouve.
C’est vrai que c’est un peu le probleme de la discution sur le net (hors web-cam), on hésite toujours un peu à marquer quelques lignes ironiques ou sur le ton de la plaisanterie… pour vanner quoi ! … sous peine que l’interlocuteur interprette mal le message et se vexe. D’où les « lol » florissants… cela permet de mettre une nuance de « légereté » dans nos propos… Qu’il faut les prendre au second, voir au dixième degré …
On le sait, les insectes ne voient pas comme nous. Voici ce qu’ils voient :
http://www.piecejointe.com/stock/201507/Phenomene-de-la-pollinisation.jpg
On comprend mieux ainsi pourquoi ils mettent tant d’empressement à aller polliniser les fleurs.
:blush:
Après l’émoticône, un éroticône……