PAPILLONS DE NOS JARDINS (2)
J’ai une amie qui est accro au tabac. Toutes les heures, elle va butiner un peu de tabac dans son paquet et se roule une clope qui va aussitôt s’envoler en fumée.
Moi, je suis accro au « tabac d’Espagne ». C’est le nom d’un joli papillon qui vient toutes les heures butiner un peu de nectar dans mon paquet de fleurs de buddléïas et puis qui va, lui aussi, s’envoler vers le ciel. On a tous le tabac qu’on peut !
Le tabac d’Espagne est ce gros papillon, couleur « tabac blond » ponctué de noir, qui fréquente nos jardins de juin à septembre. La chenille est une habituée des pieds de violettes sauvages qu’elle dévore au printemps avec toute la voracité dont peut faire preuve une chenille. Comme j’ai beaucoup de violettes dans ma pelouse naturelle, les « tabacs d’Espagne » viennent pondre leurs oeufs sur les écorces des arbres qui sont autour, tout près des violettes qui vont donc servir de garde-manger aux chenilles au printemps suivant.
Petite précision : ne cherchez pas à récolter et à faire sécher le « tabac d’Espagne » qui fréquente votre jardin, il ne se fume pas ! J’ai oublié de le préciser à mon amie, mais comme elle est une fidèle lectrice de mon blog, la voilà donc prévenue !
J’ai été très impressionné par la qualité des textes et des poésies qui ont été publiés à la suite de mon article consacré au « flambé », autre papillon de nos jardins. Des tas de textes que je ne connaissais pas, écrits par des auteurs parfois célèbres (Hugo, Gainsbourg, Nougaro, Claudel) mais aussi d’autres beaux textes inconnus, dont un poème original de Butterfly.
Je ne m’attendais qu’à quelques commentaires. Les 44 commentaires publiés (du jamais vu dans l’histoire de mon blog !) ont pulvérisé le record ! Si vous découvrez seulement ce blog ou si vous avez loupé l’article, allez vite y faire un tour, les commentaires vous donneront certainement l’envie d’aller admirer de plus près ce monde extraordinaire qu’est le monde des papillons. Et, vous deviendrez peut-être vous aussi, accro au tabac !
Merci pour le clin d’oeil , ravie que ca vous ai plu !!!
C’est sûr, ça va être dûr de pulveriser à nouveau le record des 44 commentaires sur 1 article !
En tous cas, félicitations ! … à tous les intervenants bien sûr et félicitations à toi Bernard !
Ben oui, c’est à toi que revient la lourde tâche de trouver les bons sujets qui susciteront les réactions, les idées… et en + il te faut en trouver de manière régulière et assez fréquente ! BRAVO !!!
Aller, j’suis certain qu’un jour, on y arrivera !!! On va faire petter les 50 commentaires au moins !!!
On prend les paris ? D’ici la fin de l’année… ou même peut être avant !
Passer la barre des 50 commentaires, oui, peut-être, mais va falloir que Vincent rentre de vacances ! Qu’elles sont longues ces vacances ! Un enseignant blogueur, ça devrait avoir moins de congés qu’un autre enseignant !
Ne t’inquitte pas, il va se rattraper notre Vincent national ! … et puis, on est là nous aussi pour y contribuer ! Pas de soucis, on s’en charge !
Merci pour ces encouragements, Nico, dans ton commentaire sur cet article sur le tabac. Merci Nico (tine) !
J’espère sincèrement que tu vas faire un tabac ! C’est grâce à ton talent que t’as réussi à faire 44 commentaires … y a pas de fumée sans feu !
J’aime bien trouver des petites blagues (à tabac) , ça me fait papillonner !
dis, Bernard, ça vit combien de temps en moyenne un papillon ?
Tu dis qu’on en trouve de Juin à Septembre, mais çe sont déjà plusieurs générations ?
Ca se reproduit vite ou pas ?
La durée de vie d’un papillon à l’état adulte est très variable selon les espèces, elle est en moyenne de quelques semaines mais peut être de quelques jours seulement (exemple du bombyx du mûrier) ou de plusieurs mois pour ceux qui passent l’hiver à l’état adulte (« petite tortue », « paon du jour », « citron »…).
Plusieurs espèces de papillons ont deux générations par an, la première au printemps, la deuxième en fin d’été. Le « tabac d’Espagne » lui, n’a qu’une seule génération de juin à septembre. Dès que les oeufs éclosent en août, après une période de 2-3 semaines, les minuscules chenilles entrent en repos (ce que l’on appelle une « diapause hivernale ») et ne se remettent en activité qu’au printemps suivant où elles vont aller bouffer les violettes de la pelouse à Dupdup. Mais comme le monsieur est paraît-il plutôt du genre sympa, il ferme les yeux sur ces dégradations … C’est pas qu’il aime les papillons, il en a juste besoin pour avoir des sujets d’article pour son blog !
Merci, très interressant !
Je suis surpris de la longévité du citron, du paon du jour… moi qui pensais que ça ne vivait que 3 ou 4 jours !
C’est vrai que le monsieur est du genre sympa ! Sa pelouse est une véritable réserve naturelle ! … et tant mieux pour tout ce petit monde !
Encore un complément d’information sur le « tabac d’Espagne ». Il fréquente régulièrement les jardins mais c’est surtout un papillon qui vit au niveau des lisières de forêt et des clairières, mais aussi dans les prairies bocagères. L’adulte butine beaucoup les ronces et les chardons (d’où je pense le fait qu’il soit adulte de juin à août, afin qu’il soit en phase avec la floraison de ces plantes).
Il est répandu sur toute l’Europe, l’Algérie, l’Asie mineure et l’Asie tempérée jusqu’au Japon. Il commence de devenir moins abondant plus au nord de la france (Belgique notamment).
La chenille qui se nourrit des violettes de Dupdup le fait de nuit. La journée, elle se cache sous des feuilles mortes, afin de ne pas être surprise par le propriétaire de la pelouse, évidemment.
Je serais toujours éblouis et surprise de leurs couleurs , il y a une telle diversité dans les gammes…..
Dame nature a bien fait les choses…
C’est vrai que les papillons ont souvent des couleurs incroyables. Tu dois bien avoir une idée de la raison de ces couleurs Bernard ? Car j’imagine que le fait d’être si voyant a aussi ses inconvénients. Est-ce qu’il y a des oiseaux insectivores qui mangent les papillons ? Ces jolies petites bêtes ont forcément des prédateurs… ou l’équilibre n’est-il maintenu que par leur courte durée de vie ?
Est-ce pour attirer leurs belles ? (ou leurs beaux ?). Est-ce que comme chez la plupart des oiseaux, les mâles sont plus colorés que les femelles .
Et d’ailleurs, ça se reproduit comment les papillons ? Par contact direct ?
Il va peut-être falloir que je songe à m’acheter ce beau bouquin sur les papillons que tu m’as montré…
Toutes ces questions me font penser que plus on aime la nature, et plus on a envie de la connaître. Et plus on connaît la nature, plus on l’aime. Etcaetera. Mais je suis parfois découragée par l’ampleur de mon ignorance. Je me demande comment on peut accumuler autant de connaissances. Faut commencer tout petit, non ?
Anne, que de questions ! C’est vrai que la vie des papillons est passionnante et que les questions que l’on peut se poser au sujet de leur biologie sont innombrables. Je n’ai que des fragments de réponses.
Oui, le fait d’être voyant et d’avoir de belles couleurs joue un rôle dans le rapprochement des deux sexes mais il existe beaucoup d’autres facteurs, olfactifs notamment (on s’en rend compte chez les papillons nocturnes qui n’on pas tout le panel de couleurs des papillons diurnes). Et c’est vrai aussi que les belles couleurs rendent les papillons plus visibles et plus vulnérables. C’est à relativiser tout de même, car certaines espèces ont des moyens de défense. D’abord, certaines couleurs, notamment le rouge, sont le signe d’animaux vénéneux. Les zygènes sont ainsi protégés par le fait qu’ils sont toxiques pour ceux qui veulent les avaler. Il existe aussi des papillons orange, noir et blanc qui sont également toxiques. Quand un prédateur a fait une mauvaise expérience avec l’un de ces papillons, il s’en rappellera et ne s’attaquera plus aux espèces qui sont orange, noir et blanc, même si la plupart de ces espèces ne sont pas toxiques. Par ailleurs, un papillon au vol peut être capable de virevolter et d’éviter une attaque, dans une certaine mesure. Par ailleurs, quand ils sont posés, bon nombre de papillons deviennent un peu mieux cachés, le dessous de leurs ailes lorsqu’elle sont repliées est nettement moins visible que le dessus lorsqu’elles sont déployées. Quand je réfléchis aux milliers de photos d’oiseaux que j’ai, je m’aperçois que j’ai peu de photos d’oiseaux qui ramènent des papillons à leurs oisillons, la capture de ceux-ci n’est donc peut-être pas si courante que ça. Par contre, j’ai l’impression que la prédation s’exerce surtout au détriment des chenilles, même si certaines d’entre elles ont quelques moyens naturels de défense (chenilles urticantes).
Les mâles sont parfois plus colorés que les femelles, mais, comme chez les oiseaux, ce n’est pas systématique.
L’équilibre est maintenu par le grand nombre d’oeufs qui est pondu. C’est d’ailleurs une règle dans la nature. Lorsque la prédation est importante, la forte natalité compense la forte mortalité.
Autre tentative de réponse aux questions d’Anne :
L’accouplement se fait par contact qui dure de quelques minutes à quelques heures (c’est aussi variable que chez l’homme !). Les deux abdomens se touchent. Le mâle dépose une petite boule de spermatozoïdes (ça s’appelle un spermatophore) dans une petite cavité de l’abdomen de la femelle. Quand la femelle pondra plus tard ses oeufs, ceux-ci seront fécondés un par un au fur et à mesure que la femelle les expulse. Original, non !
Anne, tu dis par ailleurs : « Toutes ces questions me font penser que plus on aime la nature, et plus on a envie de la connaître. Et plus on connaît la nature, plus on l’aime. Etcaetera. Mais je suis parfois découragée par l’ampleur de mon ignorance. Je me demande comment on peut accumuler autant de connaissances. Faut commencer tout petit, non ? ».
La réflexion est très intéressante. Je m’aperçois que plus on connaît la nature, moins on la connaît et plus on mesure combien de choses nous échappent. Je ne suis jamais découragé par l’ampleur de mon ignorance, au contraire, je trouve que celà est plutôt stimulant. Mais ces questions, on peut se les poser pour des tas d’autres choses. Dès que l’on s’intéresse à un domaine particulier (les oiseaux, les insectes, la musique, la littérature…) ou à un domaine très pointu (les limicoles, les libellules, la musique de Bach, l’oeuvre de Zola…), on s’aperçoit que s’ouvre devant nous un univers infini et que plusieurs vies seraient nécessaires pour aller au bout de chacun de ces domaines. C’est plutôt stimulant, non ? Sauf que, effectivement, on n’a qu’une seule vie ! Alors, brûlons là par les deux bouts !
Encore une toute, toute dernière chose. (décidément, je suis bavard ce soir) : je ferai sûrement un petit article un de ces jours sur le beau livre sur les papillons dont tu parles (auteur : Tristan Lafranchis).
Puisque je suis en vacances – et devant des livres – j’en profite pour un petit topo étymologique. Pardon pour ceux que ça gonfle, mais c’est parfois, sinon éclairant, du moins amusant (ou le contraire) de remonter ainsi aux sources.
L’origine de « papillon » n’est pas claire. On voit apparemment apparaître le mot « paveillon » en 1150. L’altération en « papeillon » (fin XIIe), aurait ensuite, selon Alain Rey, des fins avant tout expressives, la répétition du p pouvant évoquer le battement d’ailes de l’insecte. En 1534, Rabelais écrivait « parpaillon » qui n’est pas sans rapport avec le « parpaillots » désignant péjorativement les protestants. Est-ce parce qu’ils étaient « infidèles » (comme le papillon qui vole de fleur en fleur), vêtus de grandes chemises blanches (qui ressemblaient à des ailes de papillon) ou suicidaires (« ils courroient à leur mort comme font les papillons qui se vont brusler à la chandelle ») ?
QUI SUIS-JE ?
La réponse finale est bien entendu papillon,
mais trouverez-vous la raison de chaque réponse ?
Si j’étais…
– un vêtement : un ornement masculin
– un sport : la natation
– un comédien : Steve Mac-Queen
– un instrument : la trompette (ou tout autre instrument à vent)
– une recette : le poisson
– un métier : policier
– une religion : juive
– un lieu : une banlieue (riche)
Encore une petite chose :
S’ils ne vivent en moyenne que quelques semaines, comment faut-il comprendre finalement ces vers de Brassens : »Ce fut le plus beau des remue-ménages qu’on ait vu de mémoire de papillon » ?
Quelques réponses à Vincent pour le « Qui suis-je ? » :
– le vêtement masculin : le noeud papillon
– le comédien : Steve McQueen dans le film Papillon (1973) de Franklin J. Schaffner avec Dustin Hoffman
– le sport : la brasse papillon
– la recette de poisson : j’avais bien trouvé la recette de crevette-papillon, mais la crevette n’est pas un poisson, alors …
– policier : j’ai trouvé sur internet des traces du policier-papillon, du papillon qu’on met sur les pare-brises et du couteau-papillon à trois lames
– instrument à vent : les éditions « papillon » qui vendent des instruments à vent
Pour le reste, je sèche !
Petit indice : papillon a donné « papillotte » et « pavillon » (ça devrait être facile maintenant)
PS : ce qui est fortiche, c’est que tu es parvenu à aller dénicher des trucs que je ne soupçonnais même pas (les éditions « Papillon », le couteau-papillon, le policier-papillon).
Le poisson pourrait être « la truite aux amandes en papillotte »…
…par exemple (tu nous invites quand Nico ?)
Au fait, j’viens d’expérimenter : siiiiiiii ça se fume le tabac d’Espagne… et c’est plutôt « planant » comme sensation… faut juste bien les faire sécher avant de les réduire en poudre. A vos filets, donc !!!
Pour essayer de répondre à Vincent quant à la phrase : » ..Et ce fut le plus charmant des remue ménage qu’ont ait vu d’mémoir’de papillons « ….
« Le bon pti diable » fait de toutes évidences à « Cendrillon » le coup de » la chasse aux papillons » (lol)
Nan mais moi je vois deux analyses possibles :
_La chasse aux papillons est un pretexe pour permettre aux deux jeunes gens de se retrouver tranquille et faire c’qu’ils ont a faire…
Le mot « mémoire de papillons » peut signifier que les papillons assistent à leurs ébats et de ce fait qu’ils ne soient pas capturés.
Donc de leur mémoire de papillons ils n’ont jamais assistés à de tels remue ménage sauf peut etre leur prédecesseurs qui essayaient de vraiment de les capturés mais la c’est un autre remue ménage dans les
bocages…
Donc en pretextant la chasse aux papillons pour se retrouver , en mémoire des papillons ils se souviendrons….
Nan?
(donc rien à voir je crois avec la durée de vie des papillons à moins que leur amour soit aussi éphémére que le sont les papillons mais la fin de la chanson est plutot optimiste il me semble)
Eh Butterfly, ça y est, j’ai la réponse à ta question je crois. Je ne pense pas que tu liras d’ailleurs ma réponse, je la mets … trois mois plus tard. En fait, tu as raison de dire que les papillons assistent peut-être aux ébats des amoureux. Non seulement ils assistent, mais ce sont eux qui racontent l’histoire ! Le texte entier peut donc être considéré comme étant raconté par des papillons. J’ai lu cette explication sur un super site consacré à des analyses des textes de Brassens : http://www.analysebrassens.com/?page=texte&idPrecedent=6