Membre de la tribu des adeptes de la faux

Quand il s’agit de faucher les grandes herbes, l’usage d’une simple faux me semble infiniment préférable à celui d’une débroussailleuse à fil : agréable à pratiquer, moins fatigant, moins polluant et moins bruyant !

Ce matin, j’ai de nouveau pris cet outil pour faucher un petit coin d’herbes folles.

Mais aïe, aïe, aïe ! Joëlle est venue faire une photo.

faux.jpg

Ce cliché, qui prouve de manière indubitable que je me livre à cette drôle de pratique d’un autre âge, ne va-t-elle pas me faire condamner devant les tribunaux pour faux et usage de faux ?

18 réflexions au sujet de “Membre de la tribu des adeptes de la faux”

  1. Les nouveaux outils (débroussailleuses à fil ou autres…) produisent de nouveaux « gestes »… et c’est, à mon goût, toujours plaisant de s’y confronter. De participer à leur « incorporation ». Mais j’avoue qu’il y a un plaisir d’un autre ordre – sans doute plus profond – lorsqu’on opte plutôt pour un outil ancestral… et que l’on se glisse alors dans une gestuelle qui nous relie avec nos lointains ancêtres (dont il reste toujours quelques traces au fond de nous et qui ne demandent qu’à être réveillés).

  2. Redresse-toi, Bernard, le dos droit… Le fauchage ne se fait pas « en force »… Un simple balancement des bras…

    Tu es sans doute remonté trop loin en toi… C’est au Néolithique, tu sais, pas au Paléolithique, qu’est née la faux !

  3. Si je suis condamné à mort pour faux et usage de faux, peut-être vais-je alors rencontrer « la faucheuse » !

  4. A propos de « faucheuse », cette petite histoire que j’adore.

    C’est Nasr’Eddin (le « Toto » musulman, on va dire) qui se balade au marché quand tout à coup il aperçoit la Mort sur un toit qui le regarde avec un drôle d’air. Pris de panique et pour lui échapper il s’éclipse alors dicrètement, prend son âne et s’enfuit vers la grande ville de Samarcande où il compte bien se faire oublier quelque temps en se perdant au milieu de la foule.
    Quelqu’un qui a vu la scène, interroge la « faucheuse » :
    – Mais que se passe-t-il, la Mort, tu as l’air toute surprise ?
    – Ben oui, répond-elle, je ne comprends pas, je viens d’apercevoir Nasr’Eddin ici, au marché, alors que j’ai rendez-vous ce soir avec lui à Samarcande !!!

  5. C’est vraiment toi Bernard sur la photo ? non, parceque ce ne te reconnais pas … Tu t’es rasé les cheveux ?

  6. Elle date bien de ce dimanche matin cette photo, comme tu le précises sur l’article ?
    T’étais pas à la messe ? ! hé ben … c’est du beau !

  7. Ben oui, les cheveux, ça tient chaud !
    Ben non, j’étais pas la messe. Cela dit, la religion, c’est un peu pareil : faux et histoire de faux !

  8. Oui, Vincent, tu as raison. Je pourrais me tenir plus droit. Sauf que les manches que l’on achète aujourd’hui ont une taille standard qui est trop courte ! Voilà l’explication.
    Y’a aussi une autre explication : l’âge. Non pas l’âge de l’outil mais l’âge du bonhomme, évidemment (ça me fait d’ailleurs penser à une petite phrase plutôt rigolote : « il vaut mieux avoir l’âge de ses artères que l’âge de César Franck ! »).

  9. Evidemment Bernard, tu t’es procuré un manche de faux dans le commerce.
    Mais il faut (ah ah) l’oublier de suite et filer te trouver un manche adapté à ta stature que tu découperas dans un arbre près de chez toi.
    Un frêne me paraît bien indiqué pour remplir ce rôle, mais d’autres essences peuvent également faire l’affaire.
    Comme on dit : ça ne manche pas de pain.

  10. Ben oui, j’ai tout faux ! Les dieux ne sont pas avec moi ! J’aurais même pu me couper ! Peut-être parce que c’était dix manches, le jour du saigneur !

  11. Non mdr ça veux dire « Monsieur Dupdup Rigolo » (par son humour et ses jeux de mots).
    ou alors, « Marre De Raser » (l’herbe folle…)

  12. Témoignage !
    J’ai pu constater la puissance de Bernard à la faux dans des circonstances bien particulières et bien agréables. Il est le digne héritier de la terre dont il est issu et la photo montre mal sa capacité à transformer une jungle en terrain de golf.
    Que cette remarque ne soit en rien ressentie comme une critique de la photographe qui a su (jusque-là !) nourrir le champion, ni comme la preuve que Dupdup est un aménageur du territoire dans l’âme !
    Quand vous aurez comme Bernard et bien d’autres su négocier un hectare d’orties avec gaillet gratteron et liseron pour y accueillir le Woodstock local… vous aurez compris ce que l’effort représente.

  13. Un poème d’Anjela Duval , petit bout de femme qui après avoir fauché ses champs , écrivait des poèmes formidables que j’aime à lire ….
    Poèmes de nuit, poèmes de jour

    Si j’écris à l’ombre de ma lampe
    Des vers maladroits et creux
    Avec ce petit outil mal assuré dans ma main lasse
    Si j’écris le soir au dos d’enveloppes
    Des poèmes humbles : camelote
    Où l’on ne trouve que des fleurs sauvages…
    Et quelques miettes d’amour.
    Car tout cela je le fais pour ceux que j’aime.
    Mais j’écris, moi, d’autres poèmes
    Et ce n’est pas à l’ombre de ma lampe
    Mais à la lumière du soleil
    Ce n’est pas au dos d’enveloppes
    Mais sur la poitrine nue de Celui que j’aime
    Sur la peau nue du Pays que j’aime
    Ce n’est pas avec un outil que j’écris
    Mais avec des instruments d’acier.
    Je ne parle pas de lance ou d’épée
    Mes instruments sont de paix et de culture.
    Je n’écris pas des vers de douze pieds
    En comptant sur mes doigts
    Mais de douze fois douze enjambées… et plus.
    Mes vers, je les écris avec l’acier tranchant de ma faux
    Andain après andain dans les cheveux blonds de mon Pays
    Le soleil en fait des poèmes aromatiques
    Que mes vaches ruminent pendant les nuits d’hiver
    Mes vers je les écris avec le soc de la charrue
    Dans la chair vivante de ma Bretagne, sillon après sillon
    — J’y dissimule des graines d’or —
    Le Printemps en fera des poèmes :
    Mers d’émeraude ondulant dans la brise
    L’été en fera des étangs d’épis
    Le vent d’août les mettra en musique
    Et le chœur de la batteuse me chantera
    Les journées ardentes du huitième mois
    Les journées de peine de poussière de sueur.
    Mes Poèmes sacrés et… méprisés !

    http://www.breizh.net/anjela/galleg/poemes.php

Laisser un commentaire

:D :-) :( :o 8O :? 8) :lol: :x :P :oops: :cry: :evil: :twisted: :roll: :wink: :!: :?: :idea: :arrow: :| :mrgreen: