PAPILLONS DE NOS JARDINS (1)
Je m’inquiétais un peu depuis ce printemps pour la santé des populations d’insectes de nos jardins : peu de bourdons terrestres sont venus polliniser nos arbres fruitiers, peu de papillons sur les fleurs de la pelouse, … Où était passé ce beau monde ?
Et puis voilà que depuis quelques jours les lavandes et les buddleias se mettent à fleurir (plus tardivement que les autres années).
Avec cette nouvelle floraison, voici qu’en quelques jours apparaissent soudainement, comme par magie, de nombreuses espèces de papillons : « belle dame » (voir photo ci-dessous faite il y a quelques instants par Joëlle), »tabac d’espagne », « petit Sylvain », « machaon », « petite tortue », … tous plus beaux les uns que les autres (voir la petite série d’images que j’avais consacrée il y a quelques mois à ces insectes).
En allant au jardin ce matin, Joëlle a eu la chance de photographier l’un des plus beaux papillons que l’on puisse voir autour de la maison : « le flambé ». Jusqu’à présent, nous n’avions eu que rarement la chance de l’observer. Mais la plantation de quelques pruniers autour de la maison semble lui plaire (ce papillon est très lié aux arbres et arbustes du genre prunus). Il y a deux ans, nous avons même vu une femelle pondre ses oeufs en vol contre les feuilles d’un mirabellier.
Le flambé de ce matin, le premier de l’année, était dans les grandes herbes, il était encore assez tôt et n’avait pas encore capté suffisamment d’énergie lumineuse pour s’envoler (c’est un peu comme Joëlle pour qui sortir du lit n’est pas une mince affaire !).
Lafranchis écrit dans son ouvrage consacré aux papillons de jour « Le flambé se reproduit parfois dans les jardins et les vergers non traités ». Ce papillon n’est donc pas très commun, il est même en régression. En Belgique, il ne subsiste que sur quelques côteaux calcaires. Au Luxembourg, il vient de disparaître. Il commence de se faire rare en région parisienne. Il est encore dans le jardin des Dupdup, mais jusqu’à quand ? Sachons donc l’admirer les rares fois où il se présente encore à nous !
Je me suis souvent demandé, si les dieux avaient existé, s’ils auraient choisi comme messagers ailés des oiseaux ou des papillons. Mais je sais que moi, j’aurais hésité !
« Lorsque le sucre élaboré dans les tiges surgit au fond des fleurs, comme des tasses mal lavées, – un grand effort se produit par terre d’où les papillons tout à coup prennent leur vol.
Mais comme chaque chenille eut la tête aveuglée et laissée noire, et le torse amaigri par la véritable explosion d’où les ailes symétriques flambèrent,
Dès lors le papillon erratique ne se pose plus qu’au hasard de sa course, ou tout comme.
Allumette volante, sa flamme n’est pas contagieuse. Et d’ailleurs, il arrive trop tard et ne peut que constater les fleurs écloses. N’importe : se conduisant en lampiste, il vérifie la provision d’huile de chacune. Il pose au sommet des fleurs la guenille atrophiée qu’il emporte et venge ainsi sa longue humiliation amorphe de chenille au pied des tiges.
Minuscule voilier des airs maltraité par le vent en pétale superfétatoire, il vagabonde au jardin. »
(Francis Ponge, Le parti pris des choses, 1942)
LE PAPILLON
Ce billet doux plié en deux cherche une adresse de fleur.
(Jules Renard, Histoires naturelles, 1896)
« La pauvre fleur disait au papillon céleste :
– Ne fuis pas !
Vois comme nos destins sont différents. Je reste,
Tu t’en vas !
Pourtant nous nous aimons, nous vivons sans les hommes
Et loin d’eux,
Et nous nous ressemblons, et l’on dit que nous sommes
Fleurs tous deux !
Mais, hélas ! l’air t’emporte et la terre m’enchaîne.
Sort cruel !
Je voudrais embaumer ton vol de mon haleine
Dans le ciel !
Mais non, tu vas trop loin ! – Parmi des fleurs sans nombre
Vous fuyez,
Et moi je reste seule à voir tourner mon ombre
A mes pieds.
Tu fuis, puis tu reviens ; puis tu t’en vas encore
Luire ailleurs.
Aussi me trouves-tu toujours à chaque aurore
Toute en pleurs !
Oh ! pour que notre amour coule des jours fidèles,
Ô mon roi,
Prends comme moi racine, ou donne-moi des ailes
Comme à toi ! – »
…
(Victor Hugo, Les chants du crépuscule, 1834)
« Je suis le papillon,
Disait-il,
Ce n’est pas moi la fleur.
***
Moi, je m’ennuie,
Disait le papillon,
Quand je ne chante pas.
***
Oui, ma vie sera brève,
Disait le papillon,
Mais quelle vie !
***
Avec ces couleurs-là,
Disait le papillon,
Ca ne devrait jamais finir.
(Eugène Guillevic, Echos, 1991)
« Tiens, encore le papillon –
mais pourquoi ?
Tu ne vois pas ici
de papillon.
C’est que, sans doute,
Tu te voudrais papillon,
Mais tu es resté chenille,
Collant aux choses,
Jamais tu n’auras
Cette légèreté, cette grâce,
Cette façon d’avouer :
Le monde est à moi,
Mais je ne l’emporte pas,
Je préfère le frôler,
Je ne cesserai d’aller
A ma fantaisie. »
(Eugène Guillevic, Maintenant, 1993)
« Né au pays de la soie fine
Dans un cocon venu de Chine,
L’Orient est peint sur ses ailes.
Jaune ou bleu, vert ou vermeil,
Il vole, il va, il vit sa vie
A petits battements ravis
Dans l’air doux, comme un éventail
On le voit, on ne le voit plus,
Il est ici, il est là,
Ou bien c’est un nouveau venu,
Son jumeau qui passe là-bas.
Ah ! mettez au clou vos filets,
Jetez épingles et bouchons,
Laissez-le libre car il est
La poésie, le papillon !
(Marc Alyn, L’Arche enchantée, 1979)
« Si l’air
Ne
devenait
Papillon
Comment
Le papillon
Pourrait-il
Voler
Dans
L’air ? »
(Malcolm de Chazal, Contes et poèmes de Morne Plage, 1994)
« le papillon nage des pattes et de la queue, cherche à ramper du corps, et bat des ailes – synthèse de la démarche du poisson, du reptile et de l’oiseau. Trois parties unifiées d’un même règne ; triangle isocèle animal.
***
Pour le papillon, il n’est pas de chemins vicinaux : tout l’air est grande route. Le plus grand défaut de la réligion c’est qu’elle met des bornes à la route qu’elle trace, comme si Dieu était dans une seule direction. Toutes les religions meurent à la longue pour avoir voulu trop borner Dieu.
***
Le papillon heureusement ne connaît que très peu sa royale vêture, car autrement, peut-être mépriserait-il le monde ambiant, et vivrait-il perpétuellement replié en contemplation de lui-même, en Narcisse éperdu de ses propres formes, nous privant par là de ses gestes ailés et de son fol enthousiasme. C’est le propre même du génie d’ignorer toute l’étendue de son génie – par manque de recul en soi – sinon il tomberait amoureux de lui-même, et oublierait jusqu’à son oeuvre, comme le papillon s’il eût connu toute l’étendue se sa royale vêture vivrait replié en lui-même.
***
Le papillon est l’animal qui a le plus de métier. Sa démarche est dénuée de faux-pas. Tous se sbattements d’ailes sont à coup sûr. Ses gestes apparemment indécis sont imprégnés d’assurance. Si le papillon hésite parfois, c’est pour jouer à cache-cahe avec l abrise et pour gagner du temps. »
(Malcolm de Chazal, Sens plastique, 1948)
« J’ai rencontré un homme qui avait mon âge et qui, après s’être régalé du monde, ressemblait à un noceur fatigué : à notre âge, m’a-t-il dit – il ne l’a pas formulé ainsi mais ses yeux usés et la gaieté machinale qu’il tâchait d’y faire monter me le disaient éloquemment -, les lampions de la fête s’éteignent un à un, il va falloir songer à rentrer. Je n’ai rien dit. La plupart du temps il n’y a rien à dire. Moi je ne rentre pas. La fête ne fait que commencer. Devant moi, mon travail et toutes mes espérances : devenir papillon. »
(Christian Bobin, Ressusciter, 2001)
Hééééééé ! STOP ! Ca commence à bien faire ! C’est pas un peu fini les « mièvreries papillonesques » ! Au bout d’un moment, le violon, la harpe et les petits airs de flûte bucoliques, c’est comme un arc-en-ciel (ou le bonheur), ça saoûle, ça lasse… ça soulasse grave !!! Faut quand même pas oublier qu’un papillon n’est rien d’autre qu’une chenille qui a réussi, une sorte de « nouveau riche » quoi, de « parvenu » ! Et puis ça n’a pas de poids, de consistance, c’est rien que de la poudre aux yeux… ou aux ailes ! A part fourer son nez dans le cul des fleurs et leur suçoter le pistil, ça ne sert pas à grand chose en plus… C’est même pas comestible !!!!
Moi, en tout cas, ce qui m’intéresserait, me surprendrait, bref me ferait de bien (en me redonnant un peu d’espoir en l’homme), c’est que quelqu’un me trouve un auteur qui a osé ne pas dire – systématiquement et comme tout le monde – du bien des papillons. Vous croyez que ça existe ?
Les papillons, finalement, c’est un peu comme Zidane… c’est un peu « plat » : on ne parvient qu’à en dire du bien !
« Un bon petit diable à la fleur de l’âge
La jambe légère et l’oeil polisson
Et la bouche pleine de joyeux ramages
Allait à la chasse aux papillons … »
(Georges Brassens)
La suite, vous la connaissez sûrement …
Au vilain p’tit canard : il y a au moins une personne qui n’a pas dit – systématiquement et comme tout le monde – du bien des papillons. Il s’agit de Pierre Louki dans sa chanson intitulée « Si… »
« Si tous les papillons voulaient s’donner les ailes
Ca ferait dans les cieux un bien beau pavillon
Et si tous les messieurs attachaient leurs bretelles
Ca f’rait un lance-pierre bien long, bien long, bien long
Et si sur ce lance-pierre on posait une bille
Et qu’on la balançat parmi les papillons
Ca nous éviterait deux ou trois cents chenilles
Et y’aurait d’la verdure dans le bois de Meudon »
Magnifique Louki… véritable « icônoclaste » (« casseur d’icône ») !
… et merci Joëlle !
Dis-moi, Bernard, c’est quoi le record de commentaires pour un article de ton blog ? On est bien parti pour le battre, là, nan ?
Encore un petit effort, Vincent. Le record de commentaires est de 22 (« ma chanson du jour »), suivi des 21 commentaires de l’article « l’espérance de vie remise en question » et des 19 de « et vive la décroissance ! ».
Merci à Hugo, Brassens, Jules Renard & Co qui viennent, à titre posthume, enrichir mon blog de leurs commentaires !
Pour ce qui est des messagers ailés des dieux, pour moi pas de doute possible, ce sont les Martinets (je me demande même parfois si ce n’est pas le contraire, si les dieux ne sont pas les messagers des Martinets).
A ce propos, j’ai été bien inquiet, fin avril, de la santé de mes « favoris »… qui sont venus, puis repartis je ne sais où quand les nuages et l’hivernale froidure sont revenus. Mais ils strient à nouveau le ciel d’été bisontin de leurs courses vertigineuses et coups de sifflet stridents. Et leurs effectifs semblent au grand complet.
Finalement, ils naissent de la chaleur et la lumière comme les papillons viennent avec les fleurs. Quel idiot a voulu nous faire croire que la génération spontanée n’était pas une réalité ?
On croise, greffe et manipule chaque année roses et autres plantes pour créer de nouvelles variétés plus belles et étonnantes les unes que les autres. A quand la même chose avec les papillons ? Militons tous pour le « droit de chacun de mettre au monde un nouveau papillon » (Quelle allure aurait donc le vôtre ? Vous en avez une petite idée ?). Je me doute que ça ne doit pas être partager par grand monde ici, mais moi je ne suis pas forcément contre les OGM !
« Naître avec le printemps, mourir avec les roses,
Sur l’aile du zéphyr nager dans un ciel pur,
Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses,
S’enivrer de parfums, de lumière et d’azur,
Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes,
S’envoler comme un souffle aux voûtes éternelles,
Voilà du papillon le destin enchanté!
Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose,
Et sans se satisfaire, effleurant toute chose,
Retourne enfin au ciel chercher la volupté! »
(Alphonse de Lamartine, Nouvelles méditations poétiques)
I
« De toutes les belles choses
Qui nous manquent en hiver,
Qu’aimez-vous mieux ? – Moi, les roses ;
– Moi, l’aspect d’un beau pré vert ;
– Moi, la moisson blondissante,
Chevelure des sillons ;
– Moi, le rossignol qui chante ;
– Et moi, les beaux papillons !
Le papillon, fleur sans tige,
Qui voltige,
Que l’on cueille en un réseau ;
Dans la nature infinie,
Harmonie
Entre la plante et l’oiseau !…
Quand revient l’été superbe,
Je m’en vais au bois tout seul :
Je m’étends dans la grande herbe,
Perdu dans ce vert linceul.
Sur ma tête renversée,
Là, chacun d’eux à son tour,
Passe comme une pensée
De poésie ou d’amour !
Voici le papillon « faune »,
Noir et jaune ;
Voici le « mars » azuré,
Agitant des étincelles
Sur ses ailes
D’un velours riche et moiré.
Voici le « vulcain » rapide,
Qui vole comme un oiseau :
Son aile noire et splendide
Porte un grand ruban ponceau.
Dieux ! le « soufré », dans l’espace,
Comme un éclair a relui…
Mais le joyeux « nacré » passe,
Et je ne vois plus que lui !
II
Comme un éventail de soie,
Il déploie
Son manteau semé d’argent ;
Et sa robe bigarrée
Est dorée
D’un or verdâtre et changeant.
Voici le « machaon-zèbre »,
De fauve et de noir rayé ;
Le « deuil », en habit funèbre,
Et le « miroir » bleu strié ;
Voici l' »argus », feuille-morte,
Le « morio », le « grand-bleu »,
Et le « paon-de-jour » qui porte
Sur chaque aile un oeil de feu !
Mais le soir brunit nos plaines ;
Les « phalènes »
Prennent leur essor bruyant,
Et les « sphinx » aux couleurs sombres,
Dans les ombres
Voltigent en tournoyant.
C’est le « grand-paon » à l’oeil rose
Dessiné sur un fond gris,
Qui ne vole qu’à nuit close,
Comme les chauves-souris ;
Le « bombice » du troëne,
Rayé de jaune et de vent,
Et le « papillon du chêne »
Qui ne meurt pas en hiver !…
Voici le « sphinx » à la tête
De squelette,
Peinte en blanc sur un fond noir,
Que le villageois redoute,
Sur sa route,
De voir voltiger le soir.
Je hais aussi les « phalènes »,
Sombres hôtes de la nuit,
Qui voltigent dans nos plaines
De sept heures à minuit ;
Mais vous, papillons que j’aime,
Légers papillons de jour,
Tout en vous est un emblème
De poésie et d’amour !
III
Malheur, papillons que j’aime,
Doux emblème,
A vous pour votre beauté !…
Un doigt, de votre corsage,
Au passage,
Froisse, hélas ! le velouté !…
Une toute jeune fille
Au coeur tendre, au doux souris,
Perçant vos coeurs d’une aiguille,
Vous contemple, l’oeil surpris :
Et vos pattes sont coupées
Par l’ongle blanc qui les mord,
Et vos antennes crispées
Dans les douleurs de la mort !… »
(Gérard de Nerval, Odelettes)
« En ces heures de bonheur juste avant les moissons
Une glaneuse dormait cachée sous les blés murs
Le corsage dégrafé les globes vers l’azur
Parmi les coquelicots et le chant des pinsons.
Survint un papillon délaissant les buissons
Qui choisi sans égard pour chauffer sa voilure
Les brunes coupelles ciselées de nervures
Ornées tel un diadème de tétons polissons.
Comme une faute égarée sur la toile de Millet
La diva ressentie que des lèvres choyaient
Son buste à demi nu durci en un soupir.
L’insecte importuné s’enfuit de cette pagaille.
La femme voulut aimer le feu de ce plaisir
Mais ne vit sur son sein qu’une poussière d’écailles. »
(Didier, http://www.lapassiondespoemes.com)
Alleeeeez… un p’tit effort ! 22 commentaires… encore un p’tit et on bat le record !!! Faites un effort, y’a pas besoin d’avoir grand chose à dire !…
Hein ?… Comment ?… On en est déjà à 23 ?… Vous êtes sûrs ?… Zut, j’ai rien vu venir !
Merci à tous ces auteurs qui me permettent de « papillonner » d’un texte à l’autre !
25 commentaires déjà ! Vincent, avec un article au titre aussi évocateur, ça ne m’étonne pas que le score ait « flambé » !
Rien avoir avec les papillons, mais puisque tu as parlé, Vincent, des martinets de Besançon, voic quelques tentatives d’explication à leur disparition puis leur réapparition quasi-magique :
– les martinets sont capables d’entrer en quasi-léthargie pendant les périodes de mauvais temps, leur température interne chute alors, et ils peuvent s’agglutiner par dizaines, voire par centaines dans des cavités, en attendant que les conditions redeviennent meilleures. Les jeunes, pour peu qu’ils soient déjà assez gras, peuvent même subir une ou deux semaines de jeune absolu ;
– ils sont également capables de contourner et de s’éloigner, à la vitesse grand V, des dépressions atmosphériques et peuvent alors partir très loin du nid, accomplissant alors un périple de parfois 2000 km.
Alors les martinets de Besançon en mai, étaient-ils partis ou au contraire terrés dans des cavités ?
Ces renseignements sont tirés du livre de Paul Géroudet, les passereaux d’Europe, tome 1.
Vincent, les martinets sont tes oiseaux préférés. Mais peut-être n’as-tu jamais reçu de coups de martinet !
Moi j’apprecie surtout le poeme de Didier.
Qui est l’auteur?
merci.
« T’as des prénoms comm’ des gerçures
D’azur tout gris dans tes chiffons
Et l’ vent du Nord et ses coutur’s
Où meur’nt tranquill’s les papillons
Ma vieille branche. »
Léo Ferré, « ma vieille branche »
« La nuit, tous les chagrins se grisent;
De tout son cœur on aimerait
Que disparaissent à jamais
Les papillons noirs
Les papillons noirs
Les papillons noirs
Les autres filles te séduisent;
De mille feux, leurs pierreries
Attirent au cœur de la nuit
Les papillons noirs
Les papillons noirs
Les papillons noirs
Aux lueurs de l’aube imprécise,
Dans les eaux troubles d’un miroir,
Tu te rencontres par hasard
Complètement noir
Complètement noir
Complètement noir
Alors tu vois sur ta chemise
Que tu t’es mis tout près du cœur
Le smoking des temps de rigueur,
Un papillon noir
Un papillon noir
Un papillon noir
Un papillon noir… »
Serge Gainsbourg, « les papillons noirs » (1966)
à l’intention de BUTTERFLY : l’auteur du poème en question s’appelle simplement Didier, à priori il s’agit d’un internaute qui laisse régulièrement des poèmes sur un site consacré à ce genre : http://www.lapassiondespoemes.com/?action=viewpost&cat=13&ID=207&majeur
LE PAPILLON ET LE TROUBADOUR
« Après m’être branlé sous un figuier superbe
Je fis un bout de route avec un papillon
Il avait dû flairer parmi les fleurs, les herbes
L’odeur encor sur moi de l’éjaculation
Ô l’escorte jolie, gracieuse, guillerette
Corolle chaste et pure, quand soudain Cupidon
Revient mine de rien me flatter la braguette
Tandis qu’autour de moi flottait mon papillon
Tel que je me connais, il faut quej’exagère
Je bande et je suis seul. J’ouvre mon pantalon
Sur lemembre raidi comme un barreau de chaise
Viens, gentil compagnon, t’asseoir sur cette tige
L’insecte s’est enfui, comme pris de vertige
Que ne t’es-tu posé sur mon noeud, papillon. »
(Claude Nougaro, L’ivre d’images, 2002)
PS : ce texte, récité, faisait partie du dernier spectacle de l’ami Claude : « Fables de ma fontaine » (disponible en DVD)
Meme pour le simple envol d’un papillon , tout le ciel est nécessaire
Paul Claudel
Il faut savoir qu’une aile de papillon peut tout changer pour de bon…
A cette créature de l’univers ,
Aussi minuscule soit elle ,
Aussi subtil qu’èphèmere ,
Et d’un simple battement d’ailes ,
Les éléments se déchainent ,
On lui donne cette force étrange
Et celui-là il est de moi.
Petite histoire de « L’EFFET PAPILLON » :
Au beau milieu du siècle précédent, un météorologue du MIT, Edward Lorenz, est frappé comme tout un chacun par la difficulté à prévoir le temps à long terme. Il gage qu’elle est due à l’existence de termes non linéaires dans les équations de la Mécanique des fluides.
Pour explorer cette idée, il décide de faire une expérience ; mais en météo les seules « expériences » permises se font par calcul. Il écrit donc les équations simplifiées décrivant les comportements des principaux paramètres météo et décide d’étudier leur comportement pas à pas, comme le fait un expérimentateur. Pour cela, il fixe les valeurs de départ de la température, de la vitesse des vents, puis il calcule à l’aide d’équations les valeurs du « temps demain », puis « après-demain », et ainsi de suite. Il obtient ainsi des séries temporelles montrant la variation des paramètres météo jour après jour, c’est-à-dire la prédiction du temps qu’il fera dans le futur. A la main, de tels calculs sont longs et fastidieux. Lorenz décide donc de s’en remettre à ces nouvelles machines à calculer (que l’on appelle déjà « ordinateurs ») que négligent, voire méprisent, la plupart des scientifiques « théoriciens » des années 60.
Le résultat est surprenant. Après avoir calculé une série d’évolutions pour la température, la vitesse du vent, il constate un phénomène curieux lorsqu’il arrondit les valeurs de départ (par exemple le second chiffre après la virgule pour la température exprimée en degrés) : au début, les variables évoluent de manière identique, puis au bout de dix jours, vingt jours, on voit apparaître une différence. Celle-ci va en s’amplifiant au fil du temps pour devenir considérable, et, finalement, la courbe calculée à partir des valeurs « arrondies » n’a plus rien à voir avec la courbe-étalon.
Son modèle est évidemment une simplification de la réalité. Il en déduit que les résultats qu’il a obtenus – à savoir un comportement extrêmement sensible aux valeurs initiales, qui rend le futur pratiquement imprévisible – s’appliquent a fortiori à la réalité. Il conclut que la prévision météo à long terme est « congénitalement » impossible. A tout jamais ! Les météorologues ne sont pas incompétents, c’est le temps lui-même qui est imprévisible.
Cherchant à traduire par une image l’énorme effet à long terme d’un minuscule changement dans les conditions initiales, il a recourt à l’image du battement d’ailes du papillon qui, en modifiant imperceptiblement la direction du vent en un lieu donné, change totalement le temps qu’il fera en cet endroit l’année suivante.
Le travail de Lorenz, publié en 1963, ne suscite sur le moment que peu d’intérêt chez les spécialistes météo et reste inconnu hors de cette communauté… jusqu’à l’avènement de la « théorie du Chaos », quelques années plus tard (suite aux travaux des physiciens sur la turbulence des fluides, la convection… et les synthèses réalisées par Pomeau, Bergé et Dubois à Paris, Shaw à Santa Cruz, etc.)
MORALITE
Le papillon est ce petit être qui a dans le même temps introduit les ordinateurs en sciences et montré qu’ils ne serviraient en fin de compte à rien. Plus fort que la machine, donc, malgré son apparence fragile !
Je ne sais pas vous, mais moi… depuis que je sais cela, j’ai l’impression de la percevoir la légère perturabtion provoquée par le battement de leurs ailes lorsqu’ils passent près de moi !
LES CHENILLES
« Tant qu’il y aura des hommes il
Y aura des tanks qu’il y au
Ra des hommes il y aura
Des tanks… etc…
Crevez chenilles ! nous, nous croyons
Aux premiers pas des papillons. »
(Claude Nougaro, La note bleue – disque posthume)
En d’autres termes :
« Au bruit des chenilles, on préfèrera toujours le cri du papillon »
Au fait « BUTTER-FLY » en anglais, ça veut bien dire « mouche beurrée » (plein de délicate poésie ces Rosbeef) ?
Ou alors vu comment tu l’écris » Butter-Fly » on pourrait croire au « Beurre Volant » lol….Nan mais Butterfly tout attaché c’est bien un papillon en francais!!!!
PAPILLON FOU
Un papillon fou flotte dans les airs
Un air de printemps monte de la Terre
Immersion total au diapason
De douce senteurs de pétales
Plaisir virginal de la saison des fleurs
La beauté m’effleure de ces ailes d’or
Je m’endors en ce coeur qui me butine
Cette ame mutine qui palpite sur mes lévres
Un chant d’amour s’échappe et vibre
Qui fait s’écouler les sables du désert
S’écrouler les tristes chateaux de pierres
Se lever d’un bond les graines libres
Un papillon fou vole dans les airs
Je m’accroche à ses ailes de miel
Pour me poser de coeurs en coeurs
Entre la terre et le ciel
Incroyable comme le papillon a inspiré les poètes ! Je n’en reviens pas. Bravo pour vos recherches !
Où avez-vous appris tous ces textes ?
je connais par avance votre réponse : ”on n’est pas des imbéciles, on a même de l’instruction, au lycée papa, au lycée papi, au lycée Papillon !”
Il y a aussi ( pour ceux que ca interresse ) un film intitulé : L’effet papillon avec des acteurs dont j’ai oublié le nom…
A tous les amateurs de films….
Et puis je voulais juste dire aussi que j’avais beaucoup aimé ce qu’à dit Vincent au sujet du papillon quant au moment ou ils passaient prés de lui , il pouvait sentir leur léger battements d’ailes…c’est trés joli!!!
Quant a moi je ne peux m’empecher de regarder leurs couleurs…
Si je les cherches souvent désormais c’est peut etre parce que quand j’étais plus jeune je m’amusais a leur piquer leurs couleurs pour les déposer sur mes petits yeux…
On est souvent cruel étant jeune…
Cruel mais innocent !
Juste une petite demande Bernard :
Il y a quelques semaines, tu écris un article sur le trocol dont tu précises qu’il est difficile à voir… et quelques dizaines de minutes après avoir lu ton article, j’en vois un.
Ici, un article sur le flambé dont tu dis qu’on le voit de moins en moins souvent… et l’après-midi du jour où je lis ton article, j’en vois un (sur un pied de lavande, à Grasses).
Alors si tu pouvais écrire un article sur les hommes sensibles, drôles, intelligents et célibataires…
Excellent ! J’aime cet humour !
Mais au-delà de l’humour, je vais voir ce que je peux faire !
Hein ? Quoi ? Pourquoi tu me demandes de venir là, Bernard ?
Huit ans plus tard, estimes-tu qu’il est toujours aussi rare?
Cette année, le roi chez nous, c’est l’amaryllis.
http://www.la-faune.info/images/papillons/amaryllis-76.jpg
Non, le flambé est devenu très régulier et je le vois tous les jours en ce moment.
Les papillons ne sont pas difficiles à compter cette année dans la région !!
:angry:
Bien sûr , nous avons aussi eu quelques belles éclosions d’Amaryllis , de Demi-deuils ou encore de Myrtils … Mais ça ne dure que quelques jours et après , c’est le grand vide !!
Pourtant , ça n’est pas la météo , elle a été bonne jusqu’à maintenant … !!
Alors ?
Trop forte concentration de produits chimiques (insecticides ) sur les cultures ?
Belle reproduction chez les oiseaux qui a valu un grand nettoyage de toutes les chenilles ?
Je ne sais d’où ça vient exactement !!?!!
Mais c’est affligeant de se balader au milieu de la nature , sans rencontrer le moindre papillon « commun » sur des centaines de mètres !
:angry:
Le constat est presque aussi alarmant ici. S’il n’y avait pas les budleïas du jardin et leur cortège de papillons, je pourrais croire qu’il n’y a presque plus de papillons car dans la nature il y en a très peu en ce moment.