Depuis le début de l’hiver, un écureuil plutôt sombre a pris l’habitude de venir manger sur le rebord de la fenêtre. C’est un vrai bonheur que de le voir tous les matins à trente centimètres de soi, en train de décortiquer noix et noisettes placées là à son intention. Il s’agit probablement d’une femelle, car je l’ai vue régulièrement pendant l’hiver dans le bois derrière chez moi en compagnie d’un autre écureuil, beaucoup plus roux, qui avait plutôt un comportement de mâle.
Petite surprise, depuis une quinzaine de jours, un deuxième écureuil, beaucoup plus roux et beaucoup plus clair, a pris l’habitude de venir, lui aussi, dérober quelques noix et noisettes tous les matins sur le rebord de la fenêtre. Il s’agit probablement d’un jeune né ce printemps, comme le laissent supposer les traits plutôt fins du visage.
Ce jeune écureuil a un comportement très prévoyant. Beaucoup des fruits qu’il prend ne sont pas mangés sur place … mais cachés par lui un peu partout dans la pelouse. Il vient prendre une noisette, part aussitôt l’enterrer, chaque fois dans un endroit différent, puis revient aussitôt en prendre une autre, et ainsi de suite, parfois dix fois d’affilée.
Je m’attends donc à voir pousser un de ces jours une forêt de noisetiers et de noyers autour de la maison car, tel un pépiniériste, il en plante un peu partout ! Si mes amis ne retrouvent plus ma maison dans quelques années, ce sera très facile : juste au milieu de la forêt de noyers !
Un comportement de mâle ? Ca veut dire quoi ? Il boit de la bière et laisse les miettes sur la table ?
Quant à « faire des réserves au cas où… »… ça ne serait pas plutôt un comportement de vieux ?
(Heu… sinon je ne réagirai pas sur la « femelle »… parce que tu l’as vu traîner le soir dans le bois derrière chez toi !)
Vincent, ta question « faire des réserves au cas où…, ça ne serait pas plutôt un comportement de vieux ? » m’a interpelé. J’ai donc potassé aussitôt le bouquin de Robert Hainard. Et là, je me suis rendu compte qu’il s’agit effectivement d’un adulte, et non d’un jeune comme je le pensais. Les jeunes n’ont pas de pinceaux aux oreilles, contrairement à celui qui est photographié, je me suis laissé avoir par les traits fins du visage. On dira donc qu’il s’agit d’un vieux qui a trouvé une bonne marque d’antirides !
Quant à l’autre écureuil, la femelle qui est sombre, et que j’ai vu folâtrer dans le bois derrière chez moi, il n’y a pas de doute. En lisant toujours le même livre de Robert Hainard, je me suis aperçu que la scène était décrite dans son texte : le mâle poursuit la femelle de ses assiduités, elle a l’air de se sauver, mais dès que le mâle s’arrête, elle s’arrête aussi ! Et c’est exactement ce que j’ai vu. Comportement typiquement féminin, non ?
Vieux débat : la femelle fait-elle vraiment « semblant » de fuir pour que le mâle la rattrape ? ou n’est-ce pas une séquence comportementale innée effectuée quand ce n’est pas la période fertile favorable ?
Puisqu’on parle d’inné, je me demande si « faire des réserves » est un comportement inné ou acquis chez l’écureuil !
Je n’ai pas relu Hainard, mais il doit bien avoir une petite idée là-dessus !
Qu’en pense Bernard ?
PS : bravo à la photographe !
Mais au bout du compte, on se demande quand les Dupont dorment, mangent et font leurs courses…
…et aussi où ils trouvent le budget « noisettes, noix et autres graines » pour alimenter tout ça !
Y’a pas besoin de budget pour ça. Il suffit d’aller au Resto Dupdup et de montrer patte rousse ! C’est gratos (mais le casse-noix n’est pas fourni) ! Ouvert toute l’année, week-end compris. Facile à trouver : prendre la branche-autoroute A7, suivre le ballet incessant des sittelles et des mésanges (dans le sens de la circulation, évidemment), Arrivé au pommier « reinette du Mans », prendre la branchette-départementale D8, on arrive tout droit sur la fenêtre à Dupdup. S’arrêter à temps, à cause de la vitre. Se garer. Parcmètre gratuit. L’assiette est servie, il y a des noix et des noisettes en permanence. Mais attention, il faut partager sa pitance avec d’autres. Gare aux microbes, on y fait parfois de drôles de rencontres. Préservatif vivement conseillé. Trois étoiles sur le Guide du Routard pour écureuil.
Eh oui, Roland, l’inné ou l’acquis ? C’est une bonne question. Quand on voulait savoir qui était propriétaire des noisettes volées par l’écureuil et qu’on posait cette question au grand naturaliste suédois Charles l’Inné, il répondait : « c’est a qui ? ».
Trève de plaisanterie, j’ai consulté le bouquin de Hainard, il ne dit rien sur ce problème d’acquis et d’inné concernant l’écureuil. Il dit simplement que « ces cachettes sont souvent oubliées et peuvent faire croire qu’il s’agit plutôt d’une tendance à cacher que de prévoyance ». A part ça, son article sur l’écureuil est plutôt pauvre, on n’y apprend pas grand chose. Hainard excelle lorsqu’il parle des gros animaux, au minimum de la taille du blaireau et surtout prédateurs (renard, ours, loup), mais est beaucoup moins percutant lorsqu’il parle de petites bestioles telles que les rongeurs. On ne peut pas être bon partout.
Roland, la question que tu poses concernant le comportement de la femelle est intéressante. Effectivement, on pourrait avoir tendance à dire (comme je le fais, pour agacer les lectrices de ce blog) que la femelle fait semblant de fuir (un peu comme chez l’espèce humaine ?) mais il y a certainement des raisons plus profondes à ça. Peut-être que l’excitation sexuelle est progressive, qu’il faut des jours et des jours de poursuites, avec des séquences « arrêt-poursuite » pour que le mâle soit, hormonalement parlant, prêt à l’accouplement.
La question de l’inné et de l’acquis est séduisante mais la plupart du temps indécidable. « 100 % inné 100 % acquis » s’amuse parfois de répondre l’éthologue Cyrulnik. L’éthologie, d’ailleurs, sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, me paraît bien éclairante. Connaissez-vous les travaux de Konrad Lorenz et de ses successeurs sur l’étude des comportements ?
J’aime beaucoup l’hypothèse d’Hainard : trop « humaine » en effet l’idée de « prévoyance » de l’écureuil. Beaucoup plus subtile (et déroutante) cette « pulsion d’enfouir » qu’il imagine ! En tout cas, cet écureuil-là (celui qui cache, enterre, souhaite faire disparaîte toute trace, tout ce qui dépasse ou n’est pas à sa place), je le sens au fond de moi beaucoup plus « archaïque », donc quelque part « vrai », que celui qui engrange, prévoit, thésaurise… pas vous ?
Intéressant la remarque de Hainard sur l’écureuil qui cache ses noisettes, les oublie et ne les retrouvera jamais. Petite remarque : les vieux qui mettent des pépettes à la Caisse d’Epargne (alias « l »écureuil ») meurent aussi souvent avant de les avoir récupérées. Mais là, par contre, c’est pas perdu pour tout le monde !
Barbe-Rouge, le pirate qui enterrait ses butins dans le sable des îles désertes… vous croyez qu’il avait la queue en panache ?
Si les noisettes oubliées par les écureuils peuvent produire de nouvelles forêts, que peuvent donc engendrer les pépettes déposées sur les Fonds de pension par les vieux amnésiques ? Une autre forme de jungle, nan ?
Proverbe écureuil : mieux vaut oublier ses noisettes et se taper des pépettes qu’oublier ses pépettes et se taper les noisettes !!!
(J’suis pas sûr d’avoir bien traduit… mais ça cause hyper vite un écureuil)
Enlevez-lui ses pinceaux et sa queue… et ce n’est plus qu’un vulgaire rat atteint d’Alzeihmer, votre charmant écureuil !
Oui, effectivement, sans la queue, ce ne serait qu’un vulgaire rat. C’est d’ailleurs ce que j’ai écrit en texte d’introduction à ma série d’images sur le rat sur ma galerie (cliquer ici pour y accéder).
Ce matin, j’ai aperçu depuis mon bureau un écureuil qui passait avec un gros paquet de laine de verre dans la gueule, probablement pour aller rembourrer son nid. Bel exemple d’adaptation, non ? On pourrait aussi leur donner notre amiante qui nous encombre, en voilà une idée qu’elle est bonne !
« Histoires naturelles » de Jules Renard, chapitre sur l’écureuil :
– Du panache ! du panache ! oui, sans doute ; mais, mon petit ami, ce n’est pas là que ça se met.
– Leste allumeur de l’automne, il passe et repasse sous les feuilles la petite torche de sa queue.
Michèle m’a posé une question sur ma galerie d’images consacrée à l’écureuil. Je lui réponds également sur mon blog car la réponse peut intéresser plusieurs personnes désireuses d’attirer l’écureuil autour de ches elles. J’ai en effet une technique imparable pour faire venir l’écureuil où l’on veut, y compris sur le rebord de ta fenêtre et que j’ai déjà expérimenté à plusieurs reprises :
1) Bien repérer les lieux de passage de l’écureuil et installer sur ce lieu de passage une mangeoire un peu particulière : la mangeoire est sur un piquet mais le piquet est cloué sur deux planches installées en forme de croix sur le sol. La mangeoire est ainsi déplaçable facilement.
2) Quand l’écureuil a trouvé la nourriture sur la mangeoire, ce qu’il fera tôt ou tard, on déplace de 2-3 mètres le dispositif et le rapproche ainsi tous les jours de la maison. Jusqu’au moment où il n’en sera qu’à quelques mètres.
Pour la nourriture : noix et noisettes essentiellement. En campagne, en en parlant autour de soi, on peut facilement récupérer les vieilles noix des années précédentes et avoir ainsi des tas de provisions d’avance
Bonsoir ,
Merci pour ton commentaire qui me va droit au coeur , ça fait plus de 30 ans que je cours la nature , et il y a quelques mois j’ai voulu faire partager à d’autres grâce à internet et la photographie cet amour pour la faune et la flore de ma région la Cornouaille .
J’ai réussi à dompter mon appareil photo non sans soucis et le résultat à l’air de plaire !! Où je suis fière c’est quand ma femme me dit <>
Là comme un mauvais élève qui rentre à la maison avec un 20sur20 je lui répond avec satisfaction , un petit <> en lui montrant d’autres images de ma promenade journalière …
J’apprend beaucoup en feuilletant ton blog et celui de Nico le futur marié
Je suis comblé que mes photos te parlent … C’est encouragent .
Kenavo
Yves
« En cas de morsure de vipère, sucez-vous le genou, ça fait marrer les écureuils ». (Pierre Desproges)